n°25 | |||||||||||||
CULTURE Pas toutes urbaines de Claude Chanaud par Bernard Giusti |
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Claude Chanaud est un vieil ami très attaché à ses origines bituriges. On ne peut évidemment s'empêcher de penser que les deux premières syllabes de cette appellation d'origine très contrôlée ne sont pas le fruit du hasard. Ni qu'elles ne soient pas pour quelque chose dans l'écriture de Pas toutes urbaines, un recueil de nouvelles placé sous le signe de Bacchus. D'ailleurs, d'entrée, l'auteur met cartes sur table : "Une balade à pied dans Paris et un vin de bonne provenance sont, pour moi, les éléments d'une fête dont je ne me lasse pas. Toux deux me sont nécessaires et, fort heureusement, complémentaires." Lors de ses balades, "à pied et dans sa tête", Claude Chanaud pose sur la ville et sur la société un regard qui vacille, mais reste toujours lucide : parfois tendre et voilé comme certains petits vins de pays ; parfois acide, âpre et stimulant, comme la piquette partagée entre amis ou le gros rouge qui tache des parquets incertains ; ou encore ce regard de haut vol, perdu dans des infinis extatiques, de celui qui sait apprécier les grands crus. Et si la vision se trouble parfois, c'est toujours parce que la raison a laissé la place au cœur, et que chez Claude les deux sont "fort heureusement, complémentaires." Mais quel que soit l'accompagnement liquide des pérégrinations de Claude Chanaud, c'est toujours avec le regard précis et curieux d'un Fabre découvrant les amours des scorpions que l'auteur dissèque ses semblables et n'hésite pas à en dénoncer les travers, sans a priori ni méchanceté : car Claude Chanaud a cette générosité qui n'appartient qu'aux amateurs de fromage et de bon vin, de ceux qui ne se font guère d'illusions et préfèrent goûter avant de parler. Un sens du partage mâtiné d'hédonisme. Le style vous enchantera aussi, mais je laisse la parole à la quatrième de couverture, généralement destinée à faire de la réclame, mais qui en l'occurence n'en rajoute pas : "Le vocabulaire de Claude Chanaud ne recule pas plus devant l'expression rabelaisienne ou la métaphore hardie que devant le néologisme. Et le style qui lui est propre se confirme dans un cousinage avec de prestigieux prédécesseurs tels que Jacques Perret, Marcel Aymé ou Alexandre Vialatte." Avis que je partage entièrement. La couverture signée par Cabu traduit bien l'esprit de l'ouvrage, dans lequel se côtoient et se mêlent le romantisme et un réalisme sans concession, réunis par un humour dont on n'ignore pas qu'il est la politesse du désespoir... Bernard Giusti paru dans Chemins de Traverse n°30, juin 2007 |
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