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CULTURE Critique Mémoires d'un gardien de musée de Jehan van Langhenhoven par Bernard Giusti |
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Nais. Nais ! Tout ! Tout... (mémoires d'un gardien de musée) Le dernier recueil de Jehan van Langhenhoven, illustré avec talent par Roxane Maurer, nous plonge dans ce que le langage a peut-être de plus fondamental, la vacuité de l'être, et cette tentative permanente, plus ou moins évidente selon les locuteurs (les logopodes, dirait Jehan), de communiquer l'incommunicable, l'irréductible. Et pour atteindre à ce qu'on pourrait désigner ici comme le noyau dur de l'essence, l'auteur réussit le tour de force d'utiliser en même temps le langage dans ce qu'il a à la fois de plus riche et de plus dépouillé. Paradoxe et grand écart permanent, le discours se place sous le signe de dualités qui s'entrecroisent, se heurtent, se mêlent, s'abolissent. Ainsi sommes-nous tout à la fois nos propres musées et nos propres gardiens, visiteurs d'une exposition permanente pris au piège entre le corps et la mémoire, un piège où l'être se noie, s'engloutit, disparaît dans la fonction pour ne laisser, après quelques rondes, que quelques ronds à la surface d'un temps impassible. A l'origine, dès sa prise de quart le gardien de musée se doit d'avoir une amie. Une seule et unique amie : sa montre. Impossible aussi la fuite dans l'imaginaire, fût-il poétique : rien n'élève que l'illusion, et en définitive la chute, qui n'a rien de biblique, est perpétuelle. Il y a les poètes, peu. Les femmes, les champions et les roses. Puis les philosophes peut-être. Et leur métaphysique. Qui à les croire concernerait Dieu, l'Etre et le Temps. Autant dire une onomatopée, une longue suite d'hypothèses et un puits sans fond... C'est qu'en fin de compte, "le gardien de musée garde le gardien de musée". Et le paradoxe ira jusqu'au bout : si le désespoir prend les apparences de la lucidité, ce n'est jamais le désespoir du pathos, mais plutôt la noblesse du désespoir, de ce désespoir qui à l'instar de Chronos rend au centuple l'énergie qu'il dévore. Bernard Giusti Nais. Nais ! Tout ! Tout... (mémoires d'un gardien de musée) - Oeuvres picturales de Roxane Maurer - Editions Rafaël de Surtis, 2007 - 76 p., 12 euros |
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