n°25
Extraits du
Journal de la désunion républicaine
aux temps de Sarkozy

par
Xavier Théry

Le 22 mai
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Laurent Solly, directeur de campagne adjoint de Nicolas Sarkozy vient d'être nommé directeur général adjoint de TF1. Logique vous me direz, car TF1 est en campagne permanente pour Sarkozy... Mais imaginez un seul instant que Vladimir Poutine ait nommé son directeur à la propagande électorale, directeur de la principale chaîne de TV russe. Que de cris d'orfraie n'entendrions-nous pas dans les milieux atlantistes (ou anti-russes, ce sont les mêmes...). On crierait à la caricature de démocratie, à la dictature même. Et on aurait raison. Ce qui est inquiétant , ce n'est pas tant cette nomination que la faiblesse des réactions de l'intelligentsia parisienne. Qui a-t-on entendu à part deux ou trois cocos de service ? N'y a-t-il personne à droite pour prendre conscience de cette dérive césarienne du pouvoir. N'y a-t-il une personne honnête à droite pour comprendre ce que cette nomination a de délibérément choquant et d'inédit ; qu'elle relève d'une dérive clanique et quasi-mafieuse du mode de gouvernement. Qu'elle augure d'un affaiblissement dramatique de l'idée démocratique en France. Je suis consterné de voir comment les gens s'aplatissent devant le fait accompli. Et je comprend comment d'abandons en renoncements , on peut être conduit à accepter l'inacceptable, comme l'a toujours accepté la droite française sauf dans les rares moments où elle était guidée par l'intérêt national au lieu de l'intérêt de la classe bourgeoise.

Le 23 mai
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Une semaine. Juste Une semaine !... Il n'aura pas fallu plus à Nicolas Sarkozy pour renoncer à réformer la politique économique et monétaire européenne. Le candidat, formidable bateleur d'estrade nous avait pourtant promis qu'on allait voir ce qu'on allait voir ! Avec lui, terminée la politique de l'euro fort qui ruine l'industrie européenne et française. N'a-t-il pas déclaré que cette politique nous conduirait inéluctablement à renoncer à fabriquer des Airbus en France ? Eh bien oui, il faudra s'y habituer... Le président Nicolas Sarkozy vient d'annoncer qu'il n'était pas "envisageable ni opportun" de vouloir réformer la banque centrale européenne pour l'obliger à adopter une politique monétaire qui tienne compte d'une vrai stratégie industrielle. Un semaine pour prendre conscience que dans un avenir proche (dans 5 ans ? A l'issue de son mandat ?...) il n'y aura plus d'industrie aéronautique en France.

Le soir de son élection , lors du dîner au Fouquet's, Sarkozy était pourtant entouré de ce qui l'est convenu d'appeler des "grands industriels" : Pinault, Arnault, Bouygues et Dassault. Toute la crème du Cac 40 et les premières fortunes de France. Lagardère n'était pas là, mais on se dit que Dassault a dû militer auprès de Sarkozy pour que l'industrie aéronautique reste forte en France. Car si Airbus délocalise tout, c'est tout un tissu industriel qui va se déliter. Mais est-ce si sûr que Dassault y attache tant d'importance ? Finalement, ce qui compte pour cet héritier, c'est que l'Etat français lui achète ses Rafales, mais qu'ils soient fabriqués en France ou ailleurs, quelle importance ? Idem pour les Falcons qui sont vendus à toute la jet-set internationale enrichie dans les raids financiers ou dans la main-mise rapide sur les entreprises privatisées (notamment en Russie). Non, ce qui compte , c'est que l'Etat soutienne les commandes par une politique budgétaire  forte d'investissement dans la Défense et par une politique fiscale permettant aux riches de s'acheter des avions... mais pour le reste, tous ces gens ont désormais convaincus que tout se joue à l'échelle planétaire... Alors l'ouvrier ou l'ingénieur français, là-dedans, vous comprenez...

Une semaine ! Sarkozy n'aura donc pas mis longtemps à avouer qu'il n'est que le président d'un syndicat d'intérêt. En une semaine, il renonce à l'essentiel  : défendre une vraie politique monétaire européenne qui conditionne toute politique économique et industrielle. Alors dans les cent jours d'état de grâce qui lui restent, il va amuser la galerie et servir les intérêts de son syndicat car c'est tout ce qu'il peut faire: plafond fiscal à 50% (plus besoin de réformer l'ISF), impôts sur les successions... Mesurettes ridicules qui vont concerner à peine 2% des Français. Ce qui compte pour ce syndicat et son représentant de commerce, c'est bien de servir la rente. Le petit sou, le dernier petit sou : " vous savez, avec mon exonération fiscale, j'ai pu me payer du cèdre de Macassar pour la déco intérieure de mon Falcon, il est bien ce petit Sarkozy !..."

Ces gens là croient qu'ils sont les détenteurs de la science économique. Mais leur clientèle électorale de boutiquiers ne comprend rien à l'économie. C'est pourquoi ils vivent sur ce mythe depuis si longtemps. Ils finissent par se bluffer eux-mêmes car ils ont juste la mentalité du tiroir caisse; même pas du comptable... Il suffit de regarder rétrospectivement les résultats lamentables de Barre, Balladur et Juppé pour s'en convaincre : la France a toujours eu des performances faibles au regard du contexte économique européen sous des gouvernements de droite. La dette s'est toujours aggravée avec Sarkozy au budget ou aux finances. Ne comptez pas qu'elle s'améliore, les mesures fiscales de Sarkoy président comme celles de tous les gouvernements néo-conservateurs (Reagan, Bush, Berlusconi, Thatcher) vont aggraver les déficits et creuser le trou de la dette.

Tout ce petit monde finira au fond du trou.

Xavier Théry

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