La preuve du syndic du Collège présentée lors des
représentations sur sentence du docteur Duquette...
Geneviève Jeanson pourrait rencontrer des obstacles majeurs sur la route qui, l'espère-t-elle, la mènera aux J.O. d'Athènes.
Outre sa convocation par les autorités cyclistes canadiennes, il appert que la preuve préparée par le procureur du syndic du Collège des médecins du Québec pour étayer les 14 chefs d'accusation à l'endroit du docteur Maurice Duquette sera déposée lors des représentations sur sentence de l'orthopédiste.
« Les trois journées d'audition pourraient avoir lieu en février ou un peu plus tard cet hiver», a indiqué Nathalie Savoie, de la direction des affaires publiques et des communications du Collège des médecins.
Cette preuve devait être présentée devant le comité de discipline, mais n'a pas pu l'être à la suite du plaidoyer de culpabilité enregistré la semaine dernière par le docteur Duquette.
Cependant, il y a lieu de croire que les documents et témoignages recueillis par Me Jacques Prévost - dont le bureau agit comme procureur du syndic du Collège depuis près de trente ans - forment une preuve solide.
De l'Eprex à plusieurs reprises ?
Les observateurs présents lors du plaidoyer de culpabilité ont bien entendu Me Prévost préciser au moment de la lecture du 13e chef d'accusation concernant Geneviève Jeanson : « Votre client plaide coupable pour une seule administration d'Eprex, mais je suis en mesure de faire la preuve que cette administration a été faite à maintes reprises. »
Lors de la conférence de presse de Geneviève Jeanson et de son avocat, Me Alain Barrette, on a insisté sur une lettre subséquente du docteur Duquette dans laquelle il affirme « n'avoir jamais prescrit ou donné de l'Eprex à Geneviève Jeanson. »
De plus, Me Barrette a répété à plus d'une reprise qu'on a déjà vu des preuves présumées solides disparaître sous les coups de boutoir d'un contre-interrogatoire serré.
Une farce non prisée
Cependant, un avocat, bien au courant du dossier, estime que la cycliste n'est pas au bout de ses peines.
« Les preuves doivent être solides car le procureur du syndic se discréditerait en disant qu'il a des preuves s'il n'en a pas, a dit cet avocat. J'ai donc l'impression que Me Prévost n'est pas heureux du tout du volte-face du docteur Duquette, car ça transforme en farce le processus devant le comité de discipline du Collège. Le procureur du syndic va tenter de faire rebondir le boomerang du docteur Duquette dans sa face ... »
Par ailleurs, la thèse avancée par un chroniqueur montréalais à l'effet que le docteur Duquette est un médecin extravagant pour qui un plaidoyer de culpabilité n'est pas très important ne tiendrait pas la route.
« Il faut être plus qu'insouciant ou extravagant pour plaider coupable devant le comité de discipline de son ordre professionnel en rapport avec des accusations dont on connaît la teneur depuis huit mois ! » a commenté l'avocat interviewé hier par Le Journal de Montréal.
« Un plaidoyer de culpabilité, on ne décide pas ça bien assis dans son fauteuil, une jambe balançant par-dessus l'autre ... »
Un mauvais quart d'heure
D'après la directrice des communications du Collège, l'intention déjà exprimée par le procureur du syndic est de « sortir le docteur Duquette des gymnases » en demandant au comité de discipline de lui imposer une radiation de quatre mois et une limitation permanente de prescription du type de traitement qui lui a valu les quatorze chefs d'accusation.
Lors des représentations sur sentence, Me Jean-François Lepage, avocat du docteur Duquette, pourrait appeler Geneviève Jeanson comme témoin.
La tactique pourrait faire passer plus qu'un mauvais quart d'heure à la cycliste de haut niveau.
« Le procureur du syndic a déjà indiqué qu'il aimerait bien avoir Jeanson comme témoin, a rappelé l'avocat interviewé par Le Journal. Il a même indiqué que la séance pourrait durer de deux à trois heures. »
page mise en ligne le 19 novembre 2003 par SVP