Geneviève Jeanson
les Jeux olympiques de Sydney

22 septembre


Geneviève Jeanson a fait ses classes. Elle a appris le moindre détail du tracé de la course sur route
des Jeux de Sydney et c'est pour une médaille qu'elle se présentera à la ligne de départ
photo d'archives : André Viau
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Le parcours en tête et les yeux sur une médaille

Geneviève Jeanson est fin prête

Sydney - Personne, pas même les Australiennes, ne connaîtra le parcours olympique mieux que Geneviève Jeanson.

Son entraîneur et elle l'ont analysé en long et en large. Ils sont en train de mémoriser tous les détails de ce parcours urbain de 17 kilomètres dont une version modifiée accueillera le contre-la-montre.

«On sait par exemple qu'après tel virage, il y a un panneau de circulation, puis trois arbres et qu'il faut donner un coup à partir du deuxième», indique André Aubut.

«Au cours des dix prochains jours, dès qu'on a cinq minutes, on se pose des colles sur le parcours pour être certains de le mémoriser sans faille.»

Cette attention peut sembler poussée au-delà de l'extrême... mais elle est incontournable pour les deux complices.

«Au contre-la-montre, il faut chercher à gruger des secondes partout où on peut, explique Jeanson. Chaque coin compte, chaque erreur est coûteuse. C'est moins crucial en course sur route.»

Jeanson affiche une certaine préférence pour le combat individuel. Cependant, elle se dit incapable de trancher entre les deux épreuves olympiques «car gagner sur route, ça veut dire que tu es parvenue à dominer tout le monde dans des conditions identiques et dans le trafic», précise-t-elle.

Le podium en tête
La jeune cycliste de Lachine est consciente qu'elle ne se bat plus contre des juniors. Néanmoins, personne ne va lui sortir de la tête qu'un podium dès sa première présence aux Jeux olympiques est réaliste.

«Je me sens comme en Italie lors du championnat du monde junior, lance-t-elle. Je me sens tout le temps dedans et je sais que si je fais tout bien, les résultats suivront.»

Lors de ses «défaites» à la manche montréalaise de la Coupe du monde et dans la plus récente ascension du mont Washington, «je pensais trop en fonction des résultats», avoue-t-elle.

N'empêche que d'après ses calculs et ceux de son entraîneur, environ 25 filles sur la soixantaine qui prendront le départ de la course sur route pourront suivre en cas d'échappée. À peine une dizaine auront assez de «coffre» pour penser à la victoire sur ce parcours très technique.

Aucune stratégie d'équipe n'avait fait l'objet de discussions au moment de l'entrevue puisque Lyne Bessette et Clara Hughes venaient à peine de débarquer en Australie.

Fermée à l'ouverture...
Par ailleurs, Jeanson et son entraîneur ont appliqué à la lettre la consigne donnée à tous les cyclistes sélectionnés au terme des essais olympiques.

«Tout le monde s'est fait dire qu'ils pouvaient faire ce qui marchait le mieux pour eux, a fait remarquer Aubut. Nous avons donc décidé, par exemple, de ne pas participer à la cérémonie d'ouverture car au sein de cette foule multinationale, il y avait un risque que Geneviève attrape un virus contre lequel elle n'était pas immunisée.»

La jeune athlète affirme ne pas se sentir lésée de ne pas connaître les hauts et les bas de la vie au Village olympique. Pas plus que d'avoir dû regarder à la télévision une cérémonie au cours de laquelle elle aurait pu défiler avec 235 autres athlètes canadiens dans le stade Australia, vendredi soir.

«Ça ne me manque pas, dit-elle sans la moindre hésitation. J'aurais badtrippé à Sydney parce que je n'aurais pas pu rouler comme je voulais.»

Un entraîneur qui la pousse aux limites
Dans les environs de Wollongong, Aubut et Jeanson ont trouvé des endroits secrets où ils ont pu rouler tout leur soûl.

«Je m'entraîne plus fort qu'à Montréal, dit-elle. J'aime ça ! Je veux être essoufflée chaque jour. C'est comme ça qu'on s'amuse.

«D'autre part, c'est peut-être une erreur de centrer toute notre stratégie sur l'entraînement et de ne pas courser, reconnaît Jeanson. Cependant, peu de cyclistes ont un partenaire d'entraînement qui peut les pousser autant qu'André le fait dans mon cas.

«Je suis en avance sur ma forme de l'an dernier. De près de trois minutes dans un contre-la-montre de quarante kilomètres. Ça doit vouloir dire qu'on fait quelque chose de bien !»

Trente ans de retard !
Côté écriture cependant, Jeanson affirme avoir encore des croûtes à manger, comme on peut le constater dans le site Internet de son commanditaire RONA.

«J'écris la chronique, je la montre à André et je lui demande son avis, explique-t-elle. S'il me dit que je suis dans le champ, je fais des modifications.

«Quand je relis sur le Web, je me trouve poche. J'ai l'impression de devoir faire une description et je ne réussis pas à raconter l'histoire que je veux. J'ai expliqué ça à un interlocuteur à Montréal et il m'a dit : Ça ne s'apprend pas du jour au lendemain. Foglia, ça fait trente ans qu'il en fait des chroniques !»

La jeune cycliste montrera peut-être la patience nécessaire pour peaufiner ses talents d'écrivaine, mais dans le cas du cyclisme, le moment est déjà venu de penser en fonction de «plus haut, plus loin, plus vite».


Cette page du site www de Geneviève Jeanson (une section de VÉLOPTIMUM), a été mise en ligne le 22 septembre 2000 par