Geneviève Jeanson
le retour à Montréal

Geneviève a été reçue à Montréal, à son retour des championnats du monde, avec tous les honneurs dus à une grande championne.

Conférence de presse à son arrivée à Dorval, télédiffusée en direct par RDI le 11 octobre, entrevue par Stéphane Bureau à l'émission LE POINT de Radio-Canada le 12 octobre, etc. etc. du jamais vu, de mémoire de cycliste !

Voici ce qu'on pouvait lire dans les journaux du 12 octobre 1999.

12 octobre 1999

Geneviève Jeanson surprise de l'accueil

Je ne m'attendais pas à un tel accueil. Merci ! Continuez à me soutenir, car un athlète a vraiment besoin de beaucoup d'encouragement.


Geneviève Jeanson était émue lorsqu'elle a accepté les fleurs
et les embrassades d'usage à sa descente d'avion.
photo : André Viau

Martin Smith

Lunettes au nez et souriant à belles dents, Geneviève Jeanson était ravie de voir tant de parents, d'amis, de coéquipiers du club Les Espoirs de Laval et de représentants des médias l'attendre à l'aéroport Dorval, hier midi.

Deux jours plus tôt, son père Yves et sa mère Nicole ont vécu la même expérience. « Je voudrais commencer par dire merci à André et à monsieur Bedwani », a-t-elle dit en faisant référence à son entraîneur André Aubut, assis à ses côtés, et à Antoine Bedwani, président fondateur du club lavallois avec qui elle a donné ses premiers coups de pédale en compétition.

« J'ai connu une bonne saison, mais j'aurais été vraiment déçue si je n'étais pas revenue d'Italie avec un titre, a-t-elle poursuivi. J'étais très confiante car nous avions tout planifié jusque dans les moindres détails. » Pas de raccourcis
Après avoir reçu des bouquets de fleurs de petites filles qui rêvent maintenant de suivre ses traces, Geneviève Jeanson a dit : « Tant mieux si je peux servir de modèle. » Au chapitre du succès comme de la démarche pour y arriver...

« Je ne serai jamais prête à sacrifier ma santé pour des médailles », a-t-elle dit en référence aux histoires de dopage qui ont terni l'image du cyclisme.

« Je veux vivre une belle vieillesse, avoir des petits-enfants et faire du jardinage. Pas question de détruire ma santé ! » Le secret de sa réussite se résume en ces quelques mots : les raccourcis n'existent pas.

« Ce qui a fait la différence en Italie, c'est l'extraordinaire discipline démontrée par Geneviève, jour après jour depuis trois ans », a confirmé son entraîneur.

« C'est dans ma nature d'être exigeant, mais Geneviève me pousse encore plus loin », a poursuivi André Aubut.

Les deux font vraiment la paire dans leur cas.

Jeanson a gagné son premier championnat canadien junior alors qu'elle était une cadette surclassée. Elle a décroché une médaille de bronze au contre-la-montre dès sa première présence au Mondial junior et monopolisé les deux titres, cette année.

« Maintenant, je vise une présence aux Jeux olympiques », dit-elle sans fausse modestie.

Les cyclistes seniors sont mieux d'être bien préparées car rien ne résiste à l'ouragan Jeanson !

Un message du premier ministre
Les félicitations sont venues de partout, y compris du premier ministre du Québec.

Dans un message émanant de son cabinet, Lucien Bouchard s'associe au ministre d'État à l'Éducation et à la Jeunesse, François Legault, pour souligner le double exploit, le courage et la persévérance de... « madame » Jeanson.

« Elle est un exemple de détermination pour toute la jeunesse québécoise, ont-ils fait remarquer. Nous sommes heureux qu'une fois de plus, la jeunesse québécoise soit présente et se distingue sur la scène internationale. » À l'instar d'un chroniqueur montréalais, excellent au demeurant, le cabinet du premier ministre donne 17 ans à Geneviève Jeanson. Or, la jeune cycliste de Lachine est devenue majeure le 29 août dernier.

Belle complicité entre Jeanson et son entraîneur

« S'il ne pouvait plus être à mes côtés, j'arrêterais le cyclisme »

Je ne suis pas tombée dans une marmite de potion magique... J'ai travaillé très fort pour en arriver là

Martin Smith

Ses succès, Geneviève Jeanson les doit au fait qu'elle a toujours accepté de payer de sa personne, comme on dit.

Néanmoins, elle profite de la moindre occasion pour remettre tout le crédit à son entraîneur André Aubut qui se serait fait traiter de bourreau par une athlète moins déterminée.

La complicité et la relation de confiance entre Aubut et Jeanson sont telles que « j'arrêterais le cyclisme si je ne pouvais plus travailler avec lui », lance la double championne du monde junior.

Dans son entourage, les yeux s'écarquillent et les louanges pleuvent dès qu'on aborde le sujet de son éthique de travail.

« Elle a accompli le rêve de beaucoup de cyclistes parce qu'elle a accepté de faire tous les sacrifices qui s'imposaient », a souligné Yanick Cojan, un connaisseur en la matière.

« Ça fait 21 ans que je suis avec les Espoirs de Laval et je n'en ai jamais vu une autre conune Geneviève. »

Après avoir découvert ce sport grâce aux Mardis de Lachine, la jeune Jeanson a eu la chance de rencontrer André Aubut. Ce maniaque de l'entraînement arrondissait ses paies de prof d'éducation physique à la polyvalente Dalbé-Viau en travaillant les samedis à la boutique de vélo de Tino Rossi.

« J'entraînais une équipe de basket-ball et elle venait sans cesse me voir pour que je lui prépare des séances de travail, s'est rappelé Aubut. On aurait dit que je ne lui en donnais jamais assez. »

Après l'avoir vue gagner la médaille d'or sur route des Jeux du Québec de Sherbrooke en 1995, Aubut s'est rendu compte qu'il avait un diamant brut entre les mains.

« Geneviève a le physique idéal pour le cyclisme, surtout pour la montagne, a-t-il dit. Mais ce que j'appréciais le plus, c'était sa volonté de gagner, sa détermination inébranlable. »

Du coeur et des jambes
Aubut s'est mis à lui consacrer de plus de temps, convaincu qu'elle était la candidate idéale pour mettre ses théories en pratique. Pas question de prendre des risques. Dès le départ, l'orthopédiste Maurice Duquette a fait partie de l'équipe.

« Un régime de travail comme celui-là, c'est éprouvant pour l'organisme, a-t-il expliqué. Je lui ai fait passer des examens physiques et des tests sanguins très régulièrement pour être sûr que les éléments essentiels étaient corrects.

« C'est incroyable ce que Geneviève peut faire. Elle tient deux heures avec le coeur battant à 185 pulsations à la minute. Un joueur de la LNH serait très essoufflé si on lui demandait de faire ça pendant sept ou huit minutes ! »

Son bagage héréditaire et des efforts bien dosés lui ont aussi permis de développer une force extraordinaire au niveau des membres inférieurs.

« Au leg press (extension des membres inférieurs), elle peut pousser huit à dix fois d'affilée des poids que je n'arrive même pas à faire décoller », affirme Aubut.


12 octobre 1999


photo : ANDRE PICHETTE, GAZETTE
Cyclist Genevieve Jeanson of Lachine got a big hug from her mother, Nicole, when she arrived at Dorval airport yesterday wearing two gold medals from the junior women's world championships in Italy. Last week, Jeanson, 18, won the individual time trial and the road race at Verona. Her next goals: join the national team and compete in the Sydney Olympics.


de la saison 1999 de Geneviève Jeanson

Cette page mise à jour le 12 octobre 1999 par