Geneviève Jeanson |
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Jean-Paul Soulié
À 19 ans, l'athlète de Lachine se retrouve déjà dans le groupe de tête de l'élite mondiale du cyclisme féminin.
Dimanche dernier, Geneviève Jeanson a remporté une éclatante victoire dans l'épreuve de Coupe du monde de cyclisme féminin sur route disputée sur le mont Royal. Sur le difficile parcours de 99,6 km, marqué par douze fois la montée Camillien Houde bien connue des Montréalais, elle a mené une extraordinaire échappée de 75 km, seule, franchissant le fil d'arrivée avec 7 minutes et 26 secondes d'avance sur sa plus proche rivale. Il y a deux ans, en Italie, la jeune athlète de Lachine avait réussi un doublé mémorable: elle avait été couronnée championne du monde du contre la montre et de la course sur route. Elle était alors dans les rangs des juniors. Deux ans plus tard, Geneviève, 19 ans, se retrouve dans le groupe de tête de l'élite mondiale du cyclisme féminin. Elle en a fait la démonstration dimanche dernier, devant son public, et La Presse salue son exploit en la nommant, pour la seconde fois dans sa jeune carrière, Personnalité de la semaine.
Les parents et amis de Geneviève étaient nombreux sur les pentes de la montagne pour assister à son triomphe. Et la plus enthousiaste était sans doute sa mère Nicole, une diététicienne qui a inculqué à sa fille de sages conseils de nutrition, et qui, après la course, s'extasiait: «Vous l'avez vue grimper? Un vrai petit écureuil!» Effectivement, l'écureuil n'est pas très gros. Avec ses 108 lb, ses 1,66 m, montée sur un vélo de 17 lb, elle a réussi à prendre jusqu'à plus d'une minute sur un tour de 8 km à un lot de filles puissantes et aguerries. Une belle revanche sur sa place de 24e de l'année dernière, alors qu'elle débutait dans les rangs des grandes.
Pour Geneviève, sa dernière course ne reflète pas une «maturité physique.» «Non, c'est davantage une question de mental, dit-elle. Ce sont des choses que tu as en toi.» Encore faut-il aller chercher ces «choses». Quand son entraîneur André Aubut lui a dit de pousser encore, d'aller plus vite, alors qu'elle avait déjà plus de quatre minutes d'avance, elle ne s'est pas posé de questions. «Je n'ai pas pensé: ça sert à quoi? Forcer l'allure, je n'ai rien contre. C'est pour ça que je gagne. André repousse mes limites sans cesse. Moi, c'est ce que j'aime. Mais sans doute que ce n'est pas la même chose pour tous les athlètes.»
De sa course de Montréal, Geneviève se dit «contente.» «Satisfaite? Je ne le suis jamais totalement. Je trouve toujours que je pourrais faire mieux.» Pourtant, elle se souvient de sa victoire d'il y a deux ans, aux Championnats du monde: «J'avais gagné par huit secondes seulement! Ça, c'était une vraie victoire!» Fondamentalement, ce qui la fait carburer à fond, ce sont ses émotions. «Je veux surtout être fière de moi, aimer ce que je fais, éprouver des émotions fortes. De la fierté mais aussi de l'anxiété, de la peur, de la colère. Montréal, c'est un très beau début de saison. Quand à l'avenir... J'ai des coups de coeur, des envies.» Sa prochaine compétition, du 25 au 28 juin, elle la disputera au Massachussetts, avec l'équipe Rona. Il y aura ensuite les championnats canadiens, le 25 juillet à Dieppe au Nouveau-Brunswick; et en octobre, les championnats du monde au Portugal.
Même si elle est encore toute nouvelle dans les rangs des seniors, Geneviève connaît déjà plusieurs de ses adversaires. «Il y en a beaucoup. Une Lithuanienne, une Allemande, une Finlandaise, une Espagnole et une Suédoise!» Pour les affronter, sous le maillot Rona où au sein de l'équipe nationale du Canada, il faut se préparer. «Manger du bon pain au levain, s'entraîner tous les jours, c'est ce que j'aime faire. Les sorties? Je devais aller au restaurant jeudi dernier avec une amie, mais j'étais fatiguée. Je ne sors pas souvent. Je suis très pantoufles», dit-elle en riant.
Étudiante en administration au cégep André-Laurendeau, Geneviève doit composer avec ses nombreux voyages, prendre des cours par correspondance, Son agent s'occupe des commanditaires, elle de sa forme. Mais quand un mécène surgit, en plus de Rona, LGF, et Kellog, dont les noms ornent son maillot, elle s'émerveille. «Si j'ai pu gagner la Flèche Wallonne, en Belgique et en Australie, c'est grâce à Ron McRae, un courtier en immeubles de Hudson, fixé en Arizona, qui a ramassé de l'argent pour mes voyages auprès de ses amis. Il m'a sauvé la vie!»À dix neuf ans, Geneviève n'envisage pas une carrière aussi longue que la vénérable Jeannie Longo, qui court encore à 42 ans. «Je veux avoir des enfants. Au moins deux.» Et puis, avant ça, descendre de bicyclette pour, enfin, passer son permis de conduite. «Je n'ai pas encore eu le temps.»
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