EN DESSOUS DE TOUTE CRITIQUE
La gauche, la guerre et lontologie capitaliste
Avril 2003
Dire après la guerre ou avant la guerre revient au même, étant donné que le capitalisme signifie, en essence, agression, destruction et autodestruction. La fin de la guerre froide na pas apporté les Dividendes de la Paix (lexpression même dévoile une illusion quant au caractère de la terreur économique), mais elle a marqué le point de départ historique de la barbarie globale, de la décadence sociale et des brutales guerres de rangement mondial menées à bout par une police mondiale sous légide de la dernière puissance mondiale, les USA. La phénoménologie des faits est évidente, mais les interprétations diffèrent, étant donné que lappareil conceptuel classique est devenu obsolète. Pas en dernier terme, cela sapplique aux réactions de ce qui reste de la gauche dans le monde entier. Lirrésistible tendance vers le «pragmatisme politique» et la fausse immédiateté du désir defficacité au niveau social, sans avoir procédé auparavant à un éclaircissement des propres supposés, mènent droit à la paralyse de la pensée et de la conduite critique du capitalisme. Par conséquent un débat théorique de principes, une réévaluation de lhistoire de la modernisation, un renouvellement de la critique radicale de léconomie politique et de la théorie politique des crises deviennent nécessaire.
LA MODERNISATION ET LA CRITIQUE ABUSIVEMENT SIMPLIFIÉE DU CAPITALISME
Le système moderne producteur de marchandises, connu aussi comme capitalisme, ne constitue pas une identité évidente, mais il se démultiplie en contradictions structurelles et historiques. Loin dêtre un état, il représente plutôt un procès irréversible. Cest pour cela que le capitalisme se trouve en conflit avec soi-même de façon permanente. La concurrence universelle se présente aussi comme le combat entre polarités immanentes et comme la lutte de conditions nouvelles contre dautres anciennes qui cependant se développe sur un terrain d'un système de références commun. Dans la critique du capitalisme nous pouvons distinguer, sous cet aspect, deux paradigmes historiques.
Approximativement depuis le XVIème siècle jusquau début du XIXème siècle, depuis les guerres paysannes jusquaux luddites, les mouvements sociaux ont lutté, sur la base de considérations traditionnelles propres des sociétés agraires autour dune «économie morale» (E.P. Thompson) et beaucoup de fois sous apparences religieuses, contre leur intégration de force dans les nouvelles conditions dimpertinence du «travail abstrait» (Marx). A cette époque là il nexistait pas encore un concept pour désigner le capitalisme, qui ne se trouvait alors que dans un état embryonnaire de formation et, par conséquent, il ny avait pas non plus une perspective dune émancipation qui pointerait au-delà de la Modernité productrice de marchandises.
Plus ou moins à partir de la moitié du XIX siècle, la critique même du capitalisme a commencé à bouger dans le terrain du «travail abstrait», entre-temps converti en objet solide à force dintense éducation et dintériorisation, et des catégories formelles du système moderne producteur de marchandises (forme de la valeur, forme du sujet, économie industrielle, forme générale de largent, marché, état, nation, démocratie, politique). La philosophie de la dite Illustration, qui avait fourni la légitimité idéologique fondamentale à la forme bourgeoise du sujet, est aussi devenue le fondement positif de lhistoire des idées de la gauche. La gauche et les mouvements sociaux ont commencé à agir dans le «corset de fer» (Max Weber) des catégories capitalistes comme sujets bourgeois. A tout cela sannexe ladoption de la «dissociation sexuelle» (R. Scholz) de tous les moments de la vie qui ne semboîtent pas dans la forme de la valeur, sans lesquels la relation du capital ne pourrait même pas exister. Les femmes ont été transformées en «femmes des déchets» de la reproduction et de lhistoire capitaliste; dans la mesure ou elles ont été depuis toujours aussi simultanément actives, par moyen dune « double socialisation » (R. Becker-Schmidt), dans les formes prédominantes du «travail abstrait», dans la politique, etc., elles se sont maintenues comme subalternes. Le caractère structurellement « masculin » du sujet compétitif bourgeois sest reproduit dans la gauche de la modernisation.
Dans la même mesure où la critique du capitalisme a adopté ainsi la façon dêtre générale de la bourgeoisie et la forme généralisée bourgeoise du sujet, on pourrait parler de lattachement à une ontologie capitaliste. La «critique», dans ce cas, se réfère uniquement aux modalités de la forme capitaliste. En même temps, la gauche a pris note de certains pôles de la structure capitaliste (la politique face à léconomie, le sujet par opposition à lobjectivation), sans acquérir conscience de lidentité de ces contraires. Néanmoins, la gauche est devenue surtout le « moteur » du « progrès » capitaliste, en opposition aux forces récalcitrantes. Son rôle a été essentiel dans le contexte de la «modernisation a posteriori». En Occident, le mouvement ouvrier combattait, sur la base de catégories capitalistes déjà développées, au-delà des avantages sociaux, pour une pleine reconnaissance des travailleurs salariés comme sujets juridiques bourgeois (liberté dassociation, droit de vote, etc.). A lest et au sud, les mouvements de libération socialistes et nationaux luttaient pour leur indépendance et pour leur reconnaissance comme sujets nationaux du marché mondial, pour que le « travail abstrait » et les formes qui laccompagnent soient encore imposées dans les respectives sociétés.
De la seule chose que ces derniers ont profité de la théorie de Marx se furent les éléments compatibles avec la subjectivité bourgeoise, avec lidéologie illustrée et une acception positiviste de l«économie politique» (marxisme du mouvement ouvrier), résumés en ce que la phraséologie démocratique a de plus trivial. Dans ce lot sencadrent aussi lontologie positive du « travail » et la dite lutte de classes qui, selon lexpression même, nest rien dautre quune forme de concurrence au sein des catégories capitalistes (le capital et le travail comme deux états dagrégation de la valorisation de la valeur).
Toute la théorie de Marx qui allait au-delà de lontologie capitaliste (spécialement la critique du fétiche) est restée à lécart. Même si le désir émancipateur de la gauche et des mouvements sociaux avait leurs « moments dexubérance », ils nont pas réussi à échapper à la force gravitante de la forme bourgeoise du sujet, intériorisée malgré linexistence du concept correspondant.
LA FIN DU MOUVEMENT DE LA MODERNISATION
La réévaluation critique de lhistoire de la modernisation ici ébauchée, est nécessaire pour que nous puissions comprendre, en contraste avec elle, les conditions des crises contemporaines postérieures au changement dépoques. Dans la troisième révolution industrielle de la microélectronique, le développement capitaliste atteint ses limites historiques. La main duvre devient superflue dans la mesure où elle ne peut pas être compensée. Le capital même fond ainsi la substance de son accumulation. En Occident, la rationalisation microélectronique conduit à un chômage massif structurel et irréversible; les systèmes de sécurité sociale et les respectives infrastructures se démantèlent. Parallèlement à ce développement le capital se réfugie dans laccumulation apparente des bulles financières. À lest et au sud, des économies nationales et régionales entières entrent en collapsus, précisément parce que, face au manque de capacité financière, elles ne peuvent pas effectuer l«upgrade» microélectronique de leur production et, elles glissent ainsi vers une position plus proche des modèles de productivité et de rentabilité du marché mondial. Parallèlement, une économie de pillage sempare des ruines de la production en décadence.
Ce que lon désigne comme globalisation est le résultat de ce développement. Le processus global de fermeture de capacités excédentaires de production et qui ne sont plus rentables, crée des zones de misérabilisation et de barbarie de crise, pendant que la reproduction capitaliste se dilue en chaînes transnationales de création de richesse. La traditionnelle exportation de capitaux est remplacée par l outsourcing [littéralement, «recherche de moyens dehors»: délégation de travaux dune entreprise à une autre, quand ceux-ci ne sont plus rentables pour la première] de fonctions dans le terrain de léconomie industrielle, commandé également par le capital transnational des bulles financières. Les espaces fonctionnels et régulateurs des économies nationales sont détruits et, même dans les centres, létat renonce à son rôle traditionnel en tant que « capitaliste collectif idéal ». Ce qui reste, dans le terrain de la «dérégulation», cest pas à pas sacrifier ses compétences régulatrices et poursuivre sa mutation fonctionnelle en direction de la répressive et exclusive administration de la crise. Le principe territorial de la souveraineté est entré en érosion car il est devenu obsolète considérer les populations dans leur ensemble comme « main duvre collective ». Les parties des fonctions internes de la souveraineté de lappareil de violence sont de plus en plus grandes, sans exception, et sont «privatisées» ou assumées par des bandes de malfaiteurs, des seigneurs de la guerre, princes de la terreur, etc.
Dun côté, par cette voie tout «développement national» est devenu une plaisanterie de mauvais goût. La logique des «mouvements de libération nationale» de la périphérie perd toute perspective de succès. La «lutte de classes» dans le terrain de lontologie capitaliste est devenue aussi obsolète, en parallèle à la décadence du «travail abstrait». La subjectivité juridique bourgeoise du travail salarié perd sa substance. La relation de dissociation sexuelle qui laccompagne aboutit à un postmoderne «abrutissement du patriarcat» (R. Scholz), dans le terrain duquel tout le poids de la crise est déchargé sur les femmes et, spécialement sur celles qui habitent les zones de misérabilisation et les segments les plus pauvres des sociétés, pendant quune violence masculine sans nord se gonfle jusquà la terreur pratiquée par des adolescents.
Par ailleurs, le développement même fait comme si la concurrence impériale autour de la division territoriale du monde était restée sans effet. La place des vielles puissances nationales expansionnistes est occupée par un impérialisme sécuritaire et excluant collectivement démocratique et dirigé par la dernière puissance mondiale, les USA, qui agissent en tant que puissance protectrice de limpératif global de la valorisation. La finalité consiste à maintenir coûte que coûte le monde soumis au contrôle des catégories capitalistes, même si elles ont perdu leur capacité de reproduction.
Les guerres de rangement mondial organisées jusquà ce jour, depuis la chute de lUnion Soviétique, contre lIrak et ce qui reste de la Yougoslavie, les mega-attentats* terroristes de l11 septembre, la campagne militaire en Afghanistan et les «guerres de désétatisation» massives menées à bout dans de vastes parties du monde démontrent que limpérialisme sécuritaire global ne peut atteindre que des victoires pyrrhiques, qui devront échouer en dernière instance puisque cest lui-même qui finit par reproduire, maintes et maintes fois, les fantômes de la crise de son propre système. En même temps, avec la finalisation de la conjoncture de bulles financières des années 90, il existe la menace dune dépression mondiale induite par léconomie centrale hyper-endettée des USA, qui traînerait derrière eux tout lOccident et, simultanément, mènerait à la fin de la capacité de financement de la machine militaire appuyée sur la haute technologie.
A quel point la situation se trouve mûre peut être déduit du fait que, au sein de limpérialisme global démocratique sont évidentes certaines contradictions légitimantes et même des réactions de panique, comme cela cest passé pendant les longs prolégomènes de la plus récente campagne contre lIrak. La dernière puissance mondiale, sans aucune compétence militaire, est disposée à opter pour la fuite en avant en compagnie de quelques vassaux, afin dinstaurer un régime militaire global immédiat qui jette par-dessus bord les fondements de la légitimation du monde capitaliste établis après 1945 par les USA même (ONU, droit international, etc.) La «vielle Europe» des Schröeder, Chirac et autres insiste sur cette même légitimation, surtout par manque de moyens propres de pouvoir et contrôle et, par conséquent, de peur de perdre le contrôle sur les développements futurs. Néanmoins, la dynamique de la crise mondiale, les processus de barbarisation y inclus, ne peut plus être arrêtée dans le cadre du système en vigueur. Le fait que lagissement de ladministration Bush se caractérise en grande mesure par des traits irrationnels, sinserte pleinement dans cette même dynamique. La négation de la «souveraineté» est une partie logique de ce cadre clinique, et rend caduques, comme un tout, les relations contractuelles bourgeoises.
LA CRISE DE CAPITALISME EN TANT QUE CRISE DE LA GAUCHE
La critique conventionnelle au capitalisme est paralysée par ce développement, étant donné quelle ne réussit pas à se libérer de son attachement aux formes du moderne système producteur de marchandises. Si le marxisme du mouvement ouvrier, dans lhistoire de lascension du système, avait encore justifié sa prétention dun contrôle et dune régulation politiques, auprès dune « économie politique » abusivement simplifiée par un abordage positiviste y une analyse développante du mouvement historique daccumulation basée sur elle-même, tout ce complexe, cependant, a été mis au rancart dans le dépôt de ferraille comme «économiciste». La terreur des catégories est restée réduite, au sein du discours de la gauche, à un bruit de fond irréflexif. Ce qui reste de la gauche se révolte avec complaisance, dans son ignorance, comme le fumier restant de la forme bourgeoise du sujet, réduit à la non-politisation, au culturalisme et à la «critique idéologique» dépourvue de fondements en termes de critique de la forme et danalyse réelle. Dans ces déplorables conditions, elle nest plus capable dexpliquer les nouvelles guerres de rangement mondial.
En observant dun point de vue superficiel, le résultat est une polarisation irréductible entre un large courrant danti-impérialistes traditionnels dun côté, et une minorité sectaire de bellicistes pro-occidentaux de lautre. Les deux procèdent à une rétro projection anachronique des phénomènes de la crise actuelle sur lépoque des guerres mondiales, même si quelques-uns préfèrent le modèle de la Première Guerre Mondiale et dautres celui de la Deuxième. Les deux escamotent lexistence dune crise et dune limite de la reproduction du capitalisme mondial, sans faire le moindre effort pour offrir une justification théorique. Les uns sympathisent avec un féminisme «nationaliste» de sang et terre; les autres, par manque de réflexion sur le lien entre la forme de la valeur et la logique de la dissociation, réduisent la relation entre les sexes à un problème secondaire dordre empirique-sociologique. Les uns critiquent la globalisation dans des moules réactionnaires parce que, en leur opinion, celle-ci subjugue les « nations » et les respectives « cultures »; les autres posent, en grande partie, comme «escamoteurs de la globalisation», quand ils supposent, à contre-courant des faits, que le monde après la guerre froide aurait retourné à la concurrence entre puissances national-impérialistes autour de la redistribution territoriale. Au-delà de la question actuelle de la guerre, les différences et les ressemblances démontrent que cette gauche est condamnée à ruminer jusquà lexténuation les contradictions du sujet bourgeois dans les limites du capitalisme à lintérieur de son propre horizon intellectuel clôturé.
Les deux évoquent avec la même ingénuité acritique les topiques essentiels en relation avec le fait que dans lontologie et la métaphysique réelle capitalistes on a trouvé des fondements dans la philosophie illustrée. Les anti-impérialistes revenus à un ordinaire léninisme de taverne hallucinent avec le retour dune association entre la lutte ouvrière de clase et la «libération nationale». De même que dans son temps le régime de développement national du Vietnam sest consacré avec toute naïveté à copier la Constitution des USA, et que la bureaucratie de la RDA sest rassasié de remuer le «légat» de lIllustration prussienne, ceux-ci prétendent, dans leur folle compulsion répétitive, arborer les idéaux bourgeois pourris de la perspective classiste et tiers-mondiste contre le fantôme des bourgeoisies occidentales national-impérialistes.
Les anti-impérialistes régressifs confèrent un relief inattendu au fait, jamais éclairci de façon critique, que déjà lidéologie de la «modernisation a posteriori» dinspiration marxiste rattachait bien avec les légitimations « nationalistes » y du kitsch ethno-culturel desquelles ils étaient on ne peut plus pleins, tel que même dans les versions originales du XVIIIème siècle, lanti-Illustration a été un produit de lIllustration même et un moment de lauto contradiction bourgeoise. Le racisme et lantisémitisme déclarés du grand illuminateur Kant et de la majorité de ses cousins intellectuels de lOccident européen avaient leur origine dans le camp dimmanence logique du sujet illustré. Dautant plus nette est la dégradation nationaliste et antisémite de tous les projets résiduels dun «développement national» criés dans les conditions de son manque de fondement historique et secondés par une assistance pseudo-léniniste, que moins leur ont été superposées nimporte comment, comme de mauvaises herbes, des idéologies post-religieuses de folie et dassassinat au titre dune continuation de la concurrence par dautres moyens.
Le délire des bellicistes nest pas moindre, tant hard que softcore qui maintenant paradoxalement rétroprojectent la même promesse profondément erronée des idéaux illuministes du capitalisme sur limpérialisme occidental de crise et sécuritaire. Après que le «développement à posteriori» aurait succombé irrémédiablement au choc avec le marché mondial, cest précisément la machine militaire de la dernière puissance mondiale capitaliste qui est supposée rapporter la libération des souffrances des régimes quils administrent après leur chute.
Lexpression toute faite du démocratisme primaire est en hausse, comme si la démocratie nétait pas un spectacle peuplé de sujets du marché et de largent et comme si les conditions occidentales de zone pour piétons (même celles qui se trouvent déjà en érosion) pouvaient être renvoyées, indépendamment de la correspondante capacité de résister au marché mondial, à travers des bombardements de haute technologie tout comme sil sagissait de e-mails. Nimporte quel jeune des luttes antifascistes récemment converti aux vertus du pro-occidentalisme et de leurocentrisme, et qui ignorait encore hier ce que serait le contexte formel dune société, consomme les neurones en se souciant pour si en Irak, les «formes bourgeoises de relation» pouvaient être instaurées par linfanterie des USA comme si lIrak vivait peut-être dans des conditions «pre-bourgeoises», comme si la moelle de la forme légale, donc de la forme de la relation bourgeoise, nétait pas depuis toujours la violence pure et dure, et comme si lIrak ou lAfghanistan, lex-Yougoslavie, etc., nétaient pas des exemples scolaires des «formes de relation bourgeoises» dans les conditions dimpossibilité de la reproduction capitaliste.
OPPORTUNISME DES MOUVEMENTS, INSULTES À DES MOUVEMENTS OU RUPTURE AVEC LONTOLOGIE CAPITALISTE?
Létat peu appétissant dun radicalisme de gauche qui, des deux côtés de la polarisation immanente, se démenti soi-même, ne devrait pas être confondu avec les mouvements de masses contre la guerre en gestation, la globalisation capitaliste et le démontage du système social. Même sils ne sont pas « innocents », mais de même que la conscience générale de la société sont imprégnés par les interprétations de crises de lidéologie bourgeoise, ils ne sy trouvent pas engagés, et ils ne se trouvent pas non plus tellement impliqués dans des patrons anachroniques comme la gauche résiduelle. Le chemin à suivre par le vrai mouvement reste ouvert. En tout cas les fausses alternatives du discours rétrograde de gauche na pas de quoi contribuer à une orientation émancipatrice.
Lopportunisme du mouvement des anti-impérialistes traditionnels ignore les courants de fond ou de caractère «nationaliste» et antisémite ou en fait lui-même les assimile comme quelque chose de positif dans une attitude dune certaine dégénération idéologique. Lattitude inverse, qui consiste en insultes au mouvement provenant des bellicistes de gauche, discrédite complètement la critique nécessaire, par ses références pro-capitalistes et pro impériales. Les mêmes fausses alternatives que dans la question de la guerre menacent de se reproduire dans la question de la lutte contre le démontage du système social, dans la mesure ou les uns se comportent dune façon opportuniste ou positive face à des formulations «ethno-politiques» de la question sociale, en même temps que les autres dénoncent toute ébauche dun mouvement de caractère social comme étant à priori suspect dantisémitisme.
Dans ce contexte, cest vrai que la dissolution morale et théorique du marxisme du mouvement ouvrier et de lanti-impérialisme en produits de décomposition de lidéologie illustrée, enrichis avec des éléments nationalistes et antisémites, constitue la tendance principale. Cepandant, une tendance contraire, critique et émancipatrice, se trouve bloquée précisément par le fait que les agitateurs pro-occidentaux en faveur des «formes bourgeoises de relation» se sont retranchées en grande partie dans les déconcertés médias de gauche, et leur volume de voix, leur présence publicitaire et leur tourisme de congrès évoluent en proportion inverse à leur substance théorique. Ils ont le culot daccuser les mouvements dune «critique au capitalisme abusivement simplifiée», comme si leur propre apologie de la forme bourgeoise du sujet et du capitalisme métropolitain de vaches grasses en dissolution accélérée nétaient pas depuis longtemps en dessous de toute critique. La gauche radicale perdra sa lutte contre les tendances nationalistes et antisémites et régressivement national-keynessianistes à lintérieur des mouvements, si elle ne licence pas de son discours les opérateurs idéologiques des batteries antiaériennes de limpérialisme de crise et les lobbyistes du complexe humanitaire et industriel postés derrière les fronts de batailles des guerres de rangement mondial.
Cependant, un paradigme nouveau de la critique radicale ne pourra être trouvé que quand la gauche arrive à sauter par-dessus de son hombre historique, à fin de se libérer de lontologie et de la forme du sujet capitaliste. Il faudrait une Anti-Modernité émancipatrice qui, dans son actuel état dobsolescence, est si essentiellement non viable comme les mouvements du «travail abstrait»; néanmoins, après le passage par lhistoire de la modernisation, elle pourrait briller pour la première fois par une approche qui va au-delà du système producteur de marchandises de la logique de la valorisation.
LE « CORSET DE FER» DES CATEGORIES CAPITALISTES DOIT ÊTRE BRISÉ, ET PAS EN DERNIÈRE INSTANCE QUANT À SA LOGIQUE FONDAMENTALE DUNE RELATION DE DISSOCIATION SEXUELLE. LE BUT PEUT ÊTRE SIMPLEMENT UNE SOCIÉTÉ AUTO-MÉNAGÉE OU CONSEILLÈRE AU-DELÀ DE TOUTE MASCULINITÉ OU FÉMINITÉ, AU-DELÀ DES FORMES DE LA MARCHANDISE ET DE LARGENT, AU-DELÀ DU MARCHÉ ET DE LÉTAT, AU-DELÀ DE LA POLITQUE ET DE LÉCONOMIE. À FIN DE POUVOIR CONCRÉTISER UNE TELLE DÉTERMINATION DE BUTS, LA CRITIQUE, DES MAINTENANT, DOIT CONTEMPORISER AVEC LE DÉVELOPPEMENT DE LA CRISE DU CAPITALISME, CEST À DIRE, ELLE DOIT SE RETOURNER CONSCIEMMENT, DE SON CÔTÉ ET DE FAÇON TRANSNATIONALE, CONTRE NIMPORTE QUELLE SOUVERAINETÉ ET «DEVELOPPEMENT NATIONAL». CE SERA SEULEMENT DANS CE CONTEXTE QUE LE CAMP DE LIMMANENCE POURRA RECEVOIR AUSSI DE NOUVEAU UNE CONNOTATION MOBILILSATRICE, DE LANNULATION GLOBALE DES DETTES ET LA RÉFORME AGRAIRE, ETC., JUSQUÀ LA RÉSISTENCE CONSÉQUENTE CONTRE LES GUERRES DE RANGEMENT MONDIAL ET LA «LUTTE DE LA CULTURE SOCIALE CONTRE LA CONCEPTION DE MAIN DUVRE BON MARCHÉ DES ADMINISTRACIONS DE CRISE. (Les majuscules sont à nous, Contracorriente)
Original allemand: «Unter aller kritik»
http://www.giga.or.at/others/krisis/r-kurz_unter-aller-kritik.html en: www.krisis.org
Traduction allemand-portugais: Lumir Nahodil
Traduction portugais-espagnol pour Pimienta negra: Round Desk.
Traduction espagnol-français : Contracorriente
*Note de Contracorriente:
mega-AUTOATTENTATS, daccord avec la réalité de ce qui sest passé.