ENTRETIEN
avec Mlle. Asha Bhargavi
Présidente
de
l'Association des Étudiantes Francophones
d'Harshakistan
L'Association des Étudiantes Francophones d'Harshakistan est la plus importante organisation culturelle estudiantine de la principauté.
Comment expliquez-vous cela ?
- La langue française continue d'occuper dans le monde une place importante, malgré ses faiblesses dans certains secteurs et malgré le pessimisme que nourrissent certains propos nostalgiques. Le français est, avec l'anglais, la seule langue parlée sur les cinq continents, elle demeure langue de travail des organisations internationales.
Il est donc normal que la francophonie bénificie d'un engouement certain auprès des étudiants et étudiantes de notre Université de Numdapha. Par ailleurs, le français nous permet de nous affranchir du "tout anglais" que connaît notre grand voisin indien.
Le français garde ainsi une image positive ?
- Des enquêtes menées dans de nombreux pays montrent que le français garde l'image positive d'une langue utile, indispensable dans certains secteurs professionnels, mais aussi d'une langue indissolublement liée à des valeurs, à une culture, à des projets de société de portée universelle.
La langue française a le privilège d'être mondialement reconnue comme une grande langue de civilisation. C'est ce statut du français qui fonde sa diffusion dans le monde, sa présence dans les systèmes éducatifs et son enseignement.
On évalue à 82, 5 millions le nombre d'élèves et d'étudiants qui apprennent le français ou étudient en français à l'étranger, et à 900 000 le nombre d'enseignants concernés. Pourquoi l'Harshakistan serait-il resté à l'écart de cette réalité ?
Quelles sont, selon vous, les valeurs particulières véhiculées par la Francophonie ?
- Nous croyons que la Francophonie est par nature une communauté ouverte sur le monde ainsi que sur les peuples et les cultures qui la composent. Pour l'essentiel, la Francophonie entend réunir autour des valeurs de fraternité, de tolérance et d'universalité des pays très divers par leur histoire, leur culture et leur niveau de développement mais qui veulent tous affirmer leur identité dans le mouvement de mondialisation actuel.
La Francophonie ne saurait donc se confondre avec l'ensemble des actions qui visent à promouvoir le rôle du français dans le monde. Elle n'est pas figée. Ses critères d'appartenance ne sont pas, contrairement au Commonwealth par exemple, conditionnés par une histoire coloniale commune.
Cette spécificité a rendu la Francophonie d'autant plus attrayante auprès des élites harshakistanaises et la langue française est en progrès constant au sein de notre population scolarisée.
D'une manière générale, les étudiantes harshakistanaises se sentent-elles différentes des autres jeunes de la principauté ?
- Il est évidente que nous avons beaucoup de chance et que nous sommes des privilégiées. En ce sens, oui, nous nous sentons différentes. Cela nous donne plus de devoirs envers nos compatriotes, envers notre pays.
Lors des manifestations pour les droits de la femme nous avons été à la pointe des revendications, y compris pour le maintien de nos traditions les plus controversées à l'étranger comme le droit d'être seins nus si nous le voulons.
Les étudiantes peuvent être seins nus à l'Université ?
- Non, nous nous couvrons la poitrine en entrant sur le campus et nous ne sommes éventuellement seins nus que pour les activités sportives. Mais un récent sondage a montré que dans la vie extérieure à l'Université près de 80% des étudiantes étaient habituellement seins nus, soit un pourcentage voisin de celui rencontré dans les zones rurales. Cette statistique est, je crois, très significative.