Introduction
Le Parti social-démocrate des travailleurs est toujours au pouvoir. Il est à la tête d'un gouvernement minoritaire et a coopéré la plupart du temps avec le Parti du centre, l'un des quatre partis non-socialistes du Riksdag (Parlement). De nouvelles élections sont prévues pour 1998.
En 1996, l'économie suédoise continue de se remettre de la grave crise qui avait débuté dans les années 90. Les taux d'intérêt ont baissé et la monnaie suédoise s'est revalorisée et stabilisée. Le taux annuel d'inflation est passé de 2,7% en 1995 à une faible déflation de 0,2 % en 1996 et le PIB pour les années 1994 et 1995 a été réajusté rétroactivement. Vers le milieu de 1996, le PIB était supérieur de 1,4% par rapport à celui de 1995 à la même période.
Actuellement, les principaux problèmes politiques en Suède concernent la situation économique du pays en général ; l'entrée de la Suède dans l'Union monétaire européenne ; le chômage, qui avait atteint le taux de 7,7% en 1995 et qui, jusqu'à présent, ne semble pas être en voie de diminution ; les restrictions budgétaires sérieuses dans le secteur public et, à plus long terme, le chômage qui en découle ainsi que les charges de plus en plus lourdes qui pèsent sur les services publics tels que la Santé publique et l'aide aux personnes âgées. Bien que ne tenant pas une place prépondérante dans les préoccupations politiques officielles, le problème des réfugiés et la politique d'immigration restent une cause d'inquiétude pour beaucoup de gens.
Un certain nombre de sondages ont montré qu'il existait un mécontentement général concernant l'entrée de la Suède dans la CEE et que beaucoup de ceux qui s'étaient prononcés en faveur de cette adhésion voteraient aujourd'hui contre.
Une importante étude réalisée récemment sur le taux de criminalité parmi les immigrants montre que 12% d'immigrants de la première et deuxième génération sont les auteurs des délits en tout genre recensés durant cette période, contre 6% d'autochtones. Démentant l'opinion largement répandue selon laquelle la criminalité serait en hausse parmi les immigrants de la seconde génération dans les grandes villes, cette étude a prouvé qu'en réalité, la tendance à la criminalité diminue au fur et à mesure de l'intégration dans la société suédoise.
La violence raciale qui s'était manifestée lors d'attaques contre des centres d'hébergement pour réfugiés a considérablement diminué en 1995 et en 1996, surtout en raison du fait que ces logements sont de moins en moins nombreux. Aucun cas de meurtre spectaculaire n'a été enregistré en 1995. On ne possède pas encore de chiffres concernant le niveau général de violence raciale. Pourtant, en 1996, on assiste encore à des agressions délibérées à motif raciste et le nombre d'infractions à la loi réprimant l'incitation à la violence contre les groupes ethniques a augmenté de 4%.
En septembre 1995, un nouveau magazine antiraciste du nom d'Expo a vu le jour et il s'est avéré rapidement que, de par sa teneur même, il semait la consternation dans les rangs racistes et nazis (voir ci-dessous).
Partis politiques
Ny demokrati (ND) Démocratie nouvelle
Aux élections de 1994, le parti perdit sa représentation au Parlement. La chute de ce parti, qui se montrait ouvertement hostile aux réfugiés et aux immigrants (en particulier musulmans) et avait fait de la politique d'immigration le thème principal de sa campagne électorale en 1994, avait davantage pour cause les graves querelles intestines qui le déchiraient au printemps et à l'été 1994, que la désapprobation de sa politique par les électeurs.
Score électoral : Aux élections générales de septembre 1994, Ny Demokrati a recueilli environ 70 000 suffrages (1,2% des voix). Aux élections pour le Parlement européen en septembre 1995, ND n'a obtenu que 2 800 voix (0,1%). Dans les sondages d'opinion, le parti garde une place négligeable.
Sverigedemokraterna (SD) Démocrates suédois - Dirigeant : Mikael Jansson - · Publications : Le magazine autrefois bi-mensuel SD-Kuriren (Courrier du SD) ne paraît que de temps à autre. Un bulletin des adhérents (SD-Bulletinen ) paraît de façon également sporadique.
Parti d'extrême droite dont le programme politique officiel est principalement centré sur l'opposition à l'immigration non-européenne, mais avec une propagande interne souvent ouvertement antisémite et raciste. Nombre d'activistes du SD entretiennent des relations étroites avec le mouvement appelé NS (voir ci-dessous). Son leader, Mikael Jansson, est un ancien membre actif du parti du Centre. Tout au long de l'année 1996, le SD a souffert de conflits de pouvoir aussi bien internes qu'externes. Le SD a toujours été en contact plus ou moins régulier avec un certain nombre d'extrémistes de droite ou d'organisations néo-nazies en Europe, parmi lesquelles les Republikaner allemands dont le leader, Franz Schönhuber, a pris la parole lors d'une réunion électorale du SD à Stockholm en 1991. Le SD a été également en liaison avec le Front National de Le Pen, plus particulièrement avec ses organisations de jeunesse. On ne connaît pas le nombre d'adhérents actuel : selon les dernières estimations, il se situerait aux alentours de 1 000 ou 2 000, mais le parti a certainement perdu une partie de ses effectifs, en raison d'un niveau d'activité en baisse, de la concurrence du nouveau parti Hembygdspartiet (voir ci-dessous) et de la défection de certains adhérents passés à des groupes plus radicaux. Lors du 8e congrès du parti qui s'est tenu en mars, une nouvelle direction a été élue. Au cours de l'été, il y a eu une légère recrudescence d'activités, encore faut-il savoir si ce sont les signes précurseurs d'un renouveau. Score électoral : Le SD a obtenu environ 14 000 voix aux élections générales de 1994 pour le Parlement, ce qui représente plus du double des suffrages recueillis aux élections de 1991, ainsi que le score le plus élevé d'un parti néo-fasciste depuis 1945. Le SD a vu sa représentation aux conseils régionaux plus que décuplée : il détient désormais 4 sièges dans les conseils régionaux de Dals-Ed (2) et de Höör (2).
Hembygdspartiet - Le parti "Heimat"
Ce parti est le résultat d'une scission du SD au printemps 1995. Plusieurs membres de la "vieille école" du SD en sont les initiateurs. Parmi les protagonistes célèbres, on compte Leif Zeilon, Leif Larsson (ex-leader du Föreningen Sveriges Framtid, cf. ci-dessous) et Tommy Rydén, autrefois leader du COTC (l'Eglise du Créateur), ce dernier ayant été nommé à la tête du parti en 1996. Le parti compte un représentant au conseil régional d'Ekerö, qui avait quitté le SD pour passer au Hembygdspartiet. L'idéologie du parti "Heimat" se rapproche de celle des organisations völkisch dans les années 1920 et 1930.
Publication : Grindvakten (le Gardien des portails) dont la parution est irrégulière, et un bulletin mensuel. Le parti diffuse de grandes quantités de prospectus et d'autocollants. Il fait circuler également les mémoires d'un volontaire suédois engagé dans la division Nordland de la Waffen-SS. Le nombre de ses adhérents n'est pas exactement connu mais on estime qu'il s'échelonne entre 100 et 200. Beaucoup de ses membres influents font aussi partie du mouvement NS (voir ci-dessous). Le parti n'a pas pris part aux élections.
Groupes extra-parlementaires
NS-rörelsen (le mouvement national-socialiste)
Il existe un certain nombre de formations néo-nazies en Suède. Tous ces groupes réunis forment ce que les néo-nazis appellent parfois le NS-rörelsen, un réseau non-officiel d'activistes nazis militants et souvent violents dont certains sont ou étaient skinheads. On estime que ce réseau compte 100 ou 200 militants inconditionnels, auxquels il convient peut-être d'ajouter un millier ou deux de sympathisants actifs dans toute la Suède. Il est difficile d'évaluer le nombre de sympathisants passifs et de consommateurs de propagande émanant de différents éléments du réseau, mais cela augmente certainement encore les chiffres. La montée extraordinaire, ces dernières années, des groupes de musique néo-nazis et la large diffusion de leur musique sur disques compacts se sont quelque peu ralenties, grâce en partie à l'action accrue des autorités, y compris la police. Entre décembre 1995 et le mois de février 1996, le Comité suédois contre l'antisémitisme (SCAA) a déposé un certain nombre de plaintes officielles auprès de l'attorney général contre la diffusion de propagande nazie par l'intermédiaire de CD, de magazines et d'autocollants. A ce jour (octobre 1996), seul le producteur d'un CD de ce genre a été inculpé par l'attorney général.
Les concerts de musique dite White Noise organisés à travers le pays, dans lesquels règne une atmosphère d'antisémitisme et de racisme, sont beaucoup moins nombreux que ces dernières années : tandis qu'en 1995 on comptait en moyenne au moins deux concerts par mois, cette année, la moyenne est tombée à un par mois. En revanche, la plupart de ces concerts deviennent des événements de plus en plus importants. En 1996, (jusqu'à la fin octobre), 10 concerts au moins ont eu lieu. Le concert qui s'est déroulé à Norrköping, le 3 février, a été un véritable événement, quelque 700 à 800 néo-nazis suédois et étrangers (de Norvège, de Finlande, du Danemark, d'Angleterre, d'Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas, d'Italie et de France) s'étant rassemblés pour écouter deux groupes suédois et un groupe anglais, Brutal Attack. C'est le plus grand rassemblement néo-nazi qui se soit produit en Suède depuis la guerre. Il y a eu aussi ce qu'il est convenu d'appeler la marche Hess dans la ville de Trollhättan en août, laquelle a été suivie par un concert. Deux groupes suédois, ainsi que le groupe anglais No Remorse avec Paul Burnley, participaient au concert qui s'est déroulé en présence d'environ 300 personnes. Nombre d'activistes du mouvement NS appartiennent souvent à plusieurs organisations au sein du réseau. Certains éléments sont en contact régulier avec des groupes similaires dans d'autres pays. Une partie des membres affiliés au réseau soutiennent Ahmed Rami/Radio Islam.
Vitt ariskt motstånd (VAM) Résistance blanche aryenne
De 1991 à 1993, la VAM est devenue pour ainsi dire le noyau d'une "révolution aryenne". Mais il ne faut pas perdre de vue que la VAM n'a jamais été une organisation officielle et n'a pas eu de véritable leader. Les activistes ont adopté ce nom à la suite du battage publicitaire des médias. Des militants affiliés à ce groupe non-officiel ont été condamnés pour un certain nombre de délits à caractère violent, comme par exemple trois meurtres (en 1985, 1986 et 1990), une série de vols à main armée, des cambriolages dans des dépôts d'armes, des agressions violentes, etc. La VAM avait comme signe distinctif ce qu'on appelle un "croc de loup", un symbole runique encore en usage dans le mouvement NS. Le dernier numéro du magazine de la VAM, Storm , est daté d'avril 1993. Les médias utilisent aujourd'hui encore le sigle VAM pour des raisons de commodité.
Riksfronten (RF) Front du Reich
(Autrefois Föreningen Sveriges Framtid [FSF] - Association pour l'avenir de la Suède). Le Riksfronten est en passe de devenir une organisation de type conventionnel au sein du mouvement NS, depuis la chute de la Nationella Alliansen en 1996 (voir ci-après). C'est une formation ouvertement nazie dont l'effectif est estimé à 300 membres. En 1995, le magazine Rikslarm (Reich Alarm) a été remplacé par le Den Svenske folksocialisten (le Socialiste populaire suédois), qui tire son nom de l'une des publications nazies les plus importantes des années quarante. Le Riksfronten, qui avait déjà été restructuré en 1992, a été une nouvelle fois réorganisé en 1995. Le siège de son quartier général se trouve désormais à Fagersta, et Per Öberg en est le dirigeant. La structure exacte de son organisation n'est pas très claire, mais il existe plusieurs sections du Riksfronten réparties dans le pays. Les thèmes communs de sa propagande sont le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme. Les membres du Riksfronten portent souvent un uniforme noir orné d'insignes variés. Leur signe distinctif le plus commun est un symbole runique appelé Odal Rune (utilisé pendant la guerre par la division prince Eugène de la Waffen-SS ainsi que par le Rasse und Siedlungshauptamt). Il existe aussi une section du Riksfronten spéciale pour les femmes appelée Kristina Gyllenstierna, nom déjà utilisé par l'organisation féminine nazie suédoise dans les années trente et quarante.
Nationella Alliansen - NA (Alliance nationale)
La Nationella Alliansen est devenue rapidement célèbre à la fin de 1995, après quoi il semble qu'elle ait fait un sérieux effort pour se créer une couverture officielle et prendre l'avantage dans les conflits de pouvoir au sein des milieux nazis. La NA a été créée par Christopher Rangne, un ancien activiste de la VAM, qui a été relâché en septembre 1995 après avoir purgé une peine de prison pour vol à main armée. Il a rapidement réussi à se faire connaître comme le futur leader du mouvement nazi suédois, après être passé plusieurs fois dans l'Expressen , le plus grand journal du pays, et dans une interview sur la chaîne nationale de télévision. Rangne et ses acolytes ont parcouru tout le pays, incitant les organisations locales à rallier la NA, la plus importante de ces formations étant les SUNS (Stockholm Unga Nationalsocialister - la Jeunesse nationale-socialiste de Stockholm), dont la NA s'était attribuée le magazine, Info 14 . Après que la NA, ayant fait appel à une série d'"actions" eut revendiqué, à toutes fins utiles, la responsabilité d'un certain nombre d'agressions contre la maison d'édition du magazine antiraciste Expo et contre plusieurs de ses abonnés et de ses distributeurs, la police de Stockholm a fini par effectuer une descente au quartier général de la NA. Bien que personne n'eût finalement été accusé des attaques contre l'Expo, les remous provoqués par cette série d'actions finirent par aboutir à la dissolution de la NA.
Gula Korset (Croix jaune)
Gula Korset est l'une des répliques suédoises d'organisations telles que le HNG allemand. A l'origine, il s'agissait du fonds de solidarité de la NA pour les "prisonniers de guerre aryens". Pourtant, la désintégration puis l'effondrement de la NA n'ont apparemment pas affecté Gula Korset, qui a continué à organiser des concerts.
Ariska Brödraskapet (Fraternité aryenne) - Parallèle à Gula Korset
Stockholm Unga Nationalsocialister SUNS - (Jeunesse nationale-socialiste de Stockholm)
Un autre exemple de sous-groupe au sein du mouvement NS, ayant joué un rôle important dans la montée de la Nationella Alliansen.
Werwolf
Werwolf est une organisation anonyme au sein du mouvement NS, dont le but est de combattre les "traîtres de la race et de la nation", c'est-à-dire les personnes perçues par elle comme servant les intérêts du "ZOG" (gouvernement d'occupation sioniste). Cette organisation a un site sur Internet et poursuit des objectifs ouvertement terroristes, au moyen de provocations et de menaces de mort. Le Werwolf opère probablement à partir de la communauté néo-nazie de Gothenburg et peut être considéré comme la composante suédoise de l'organisation terroriste nazie internationale Anti Anti-Fa (AAF). En octobre 1995, le Werwolf a distribué une "liste noire" contenant les noms, adresses et numéros de téléphone de 300 Suédois, dont des membres du Riksdag.
Kommando siege
Il s'agit d'un autre groupe anonyme, probablement basé lui aussi à Gothenburg, et qui cherche à propager "une violence accrue contre les homosexuels". On ne sait pas s'il existe encore.
Nordiska Rikspartiet (NRP) Parti du Reich nordique
Le Nordiska Rikspartiet est un parti nazi de type traditionnel, fondé en 1956 et dirigé par Göran et Vera Oredsson. Cette organisation, et plus particulièrement ses "troupes de choc" RAG (Groupe d'action du Reich), avaient souvent été associées à des actes de violence et de provocation néo-nazis dans les années 1970 et 1980. Au cours de 1995 et de 1996, ses activités ont commencé à décliner, le NRP apparaissant comme de plus en plus inopérant. On estime que le nombre de ses adhérents se monte à 300. Le parti publie les magazines Nordisk Kamp ( le Combat nordique - publication trimestrielle), Solhjulet (la Sphère du soleil - qui paraît régulièrement) et Nordiska Rikspartiet (Parti du Reich nordique - trimestriel).
Radio Islam/Svensk-Islamiska Föreningen (Radio Islam/Association suédoise islamique)
Radio Islam/Svensk-Islamiska Föreningen est un groupe centré autour de la station de radio violemment antisémite, Radio Islam, qui a commencé à émettre sur le réseau radiophonique communautaire de Stockholm en 1987. Parmi ses rédacteurs en chef on trouve Ahmed Rami et David Janzon, un membre du Sveriges Nationella Förbund néo-nazi (voir ci-après), qui avait été le responsable officiel de la documentation publiée par l'organisation. Ahmed Rami assure la liaison entre des groupes néo-nazis ou plus spécialement "négationnistes", et certains fondamentalistes islamiques. Malgré tout, le soutien de la communauté islamique de Suède est dans l'ensemble assez réduit. Au cours de sa période d'interruption, entre 1993 et 1995, Radio Islam a publié un "courrier des auditeurs" qui paraît sporadiquement. Tout comme les programmes radiophoniques, cette publication a pour thèmes principaux le "pouvoir juif" et le "négationnisme". L'impact de Radio Islam sur les milieux extrémistes est en net déclin après l'apogée des années 1988-1992. Pourtant, en avril et en mai 1996, Radio Islam a fait une nouvelle entrée en force. Tout d'abord, la station de radio communautaire a repris ses émissions, sous la responsabilité officielle de Tayyar Razvi, un immigrant pakistanais. C'est Ahmed Rami qui dirige les programmes. La station diffuse le temps record de 18 1/2 heures par semaine. En outre, Radio Islam a désormais un site sur Internet, avec une documentation "révisionniste" et "antisémite" exhaustive en plusieurs langues, comme par exemple le Protocole des Sages de Sion en anglais et en suédois. Ce n'est qu'un registre parmi tout un réseau international de sites "négationnistes" et antisémites sur le World Wide Web.
Dans une interview accordée à un des derniers numéros du magazine musical néo-nazi Nordland (voir ci-dessous), Ahmed Rami a déclaré que, concernant les Juifs, Hitler était "le seul leader européen à avoir compris de quoi il s'agit".
Sveriges Nationella Förbund (SNF) Ligue nationale suédoise
Le Sveriges Nationella Förbund , dont l'histoire remonte aux années trente, est un mouvement nazi, raciste et antisémite, d'environ 200 membres, pour la plupart assez âgés. La section la plus récente du SNF à Malmö a eu des contacts avec le NSDAO/AO, l'organisation extrémiste nazie de Gary Lauck aux Etats-Unis. Cette organisation a une activité très limitée et elle est en voie de disparition.
Mimer
Mimer, qui se cache sous le nom d'"Association d'histoire et de politique", est une organisation dont l'activité consiste à publier un courrier des adhérents sous le même nom. Le siège de Mimer se trouve à Malmö. La documentation qu'elle publie est un mélange d'articles nazis, suédois et étrangers récents ou anciens. Mimer reflète pour ainsi dire la tendance intellectuelle du nazisme suédois actuel.
De Vries Institutet - Institut De Vries
"Institut" dirigé par un seul homme, Tommy Rydén, qui lui sert principalement de maison de vente par correspondance pour une propagande centrée sur la biologie raciale, le végétarisme et la légalisation de l'euthanasie.
Einar Åbergs minnesfond (Fondation à la mémoire d'Einar Åberg)
Une fondation honorant la mémoire d'Einar Åberg, un des antisémites suédois d'antan, qui avait diffusé, dès les années 20, des quantités énormes de propagande antisémite durant quatre décennies. Lors de la Seconde Guerre mondiale, Åberg avait dirigé une organisation du nom de Sveriges antijudiska kampförbund (Ligue du combat suédois anti-juif). La fondation est dirigée par Tommy Rydén.
Nationaldemokratiska partiet - NDP (Parti national-démocrate)
Le parti d'un seul homme, dirigé par Kenneth Andersson, qui est aussi un contact de Rami. Andersson et Rami se sont unis pour former l'Antisionistik Aktion (ASA, i.e. Action anti-sioniste), qui n'est pourtant pas une organisation active. Andersson milite actuellement aussi dans le Hembygdspartiet.
Nationalsocialistik Front - NSF (Front national-socialiste)
Une addition récente à la liste de plus en plus longue des nouvelles organisations nazies. Elle est basée au sud, dans la ville de Karlskrona et compte une centaine d'adhérents. Le NSF est bien organisé et a un site sur Internet. Après le meeting de commémoration en l'honneur de Hess, à Trollhättan en août, plusieurs membres du NSF ont été arrêtés par la police pour avoir enfreint la loi réprimant la provocation contre les groupes ethniques. Le NSF a l'intention de publier son propre magazine, Den Sanne Nationalsocialisten (le vrai national-socialiste), et aspire sans doute à jouer un rôle majeur dans la mouvance nazie suédoise.
PUBLICATIONS NÉO-NAZIES IMPORTANTES
Valhall est un magazine anonyme émanant manifestement des milieux nazis de Gothenburg. Il est relativement bien présenté et abonde en articles traitant du "ZOG", des conspirations juives et des affres du "mélange des races". La SCAA a déposé une plainte auprès de l'attorney général contre le numéro de l'été 1995. La couverture portait la caricature antisémite classique d'un Juif tenant la terre entre ses mains poilues et crochues, et le magazine présentait certains articles antisémites et racistes à l'extrême. Pourtant, la justice n'a pas jugé opportun d'intervenir.
Nordland , qui a remplacé Blod & Ära (Sang et Honneur) comme organe du mouvement musical raciste et néo-nazi en 1995, est véritablement le modèle du nazisme suédois. C'est une production étonnamment professionnelle, imprimée en couleur, dont le tirage est estimé à 5 000 exemplaires. Outre les articles à teneur politique et idéologique, elle soutient la promotion de disques compacts et autres produits et se vante de coopérer avec son équivalent américain, Resistance , avec lequel elle a fait cause commune contre le groupe terroriste C18. La SCAA a également déposé des plaintes contre deux numéros de Nordland , mais les autorités judiciaires n'ont pas conclu que ces magazines contrevenaient à la loi. Nordland paraît à peu près quatre fois par an. Le dernier numéro comptait 88 pages (88 = un code signifiant Heil Hitler) écrites serrées, un record en son genre.
Den svenske folksocialisten (le Peuple suédois socialiste) est la publication officielle du Riksfronten et présente régulièrement des articles racistes, antisémites et négationnistes. Elle est tirée à un nombre inconnu d'exemplaires.
Info - 14 est la page d'information de SUNS, une organisation sur laquelle la Nationella Alliansen a pris l'avantage dans le courant de 1996. Le chiffre 14 se réfère à ce qu'il est convenu d'appeler les "14 mots", une formule inventée par le néo-nazi américain David Lane. L'avenir d'Info-14 est incertain depuis la chute du NA.
AUTRES GROUPES ANTI-IMMIGRATION
Outre Ny Democrati, Sverigedemokraterna, et plus particulièrement les groupes ouvertement antidémocratiques et antisémites mentionnés plus haut, on compte trois formations dont on peut dire qu'elles constituent le principal front d'opposition à la politique d'immigration de la Suède, et surtout à la présence d'immigrants non-européens. Et même si la politique du pays à l'égard des réfugiés et des immigrants est devenue beaucoup moins généreuse ces dernières années, s'alignant davantage sur la politique européenne en général, les attaques de ces trois groupes contre le gouvernement, les médias et l'"establishment" n'ont pas diminué pour autant. Malgré quelques nuances de style et de ton, tous ces groupes ont certaines caractéristiques en commun. Tandis que Fri information est souvent franchement raciste et antisémite, les deux autres formations ont une approche beaucoup plus prudente et leur argumentation se limite aux aspects négatifs d'une société multiculturelle et à l'impossibilité d'intégrer des immigrants non-européens par suite des différences culturelles. Un des thèmes communs est l'idée d'une politique de retour des réfugiés dans leurs pays d'origine, une politique qui est censée se fonder sur les mêmes principes humanitaires que ceux des Nations-Unis. Ces trois groupes partagent aussi le même point de vue sur les phénomènes de société et leur évolution, notamment en ce qui concerne les médias et la politique nationale d'immigration, un point de vue légèrement teinté de paranoïa.
Samfundet för nationell och internationell utveckling (Ligue pour le développement national et international)
Samfundet a fonctionné, depuis fin 1994, comme un réseau de groupes de pression pratiquement inconnu, constitué d'universitaires et d'autres citoyens bien en place dans les grands partis politiques, critiquant la politique de la Suède à l'égard des immigrants et des réfugiés. Entre autres méthodes de pression courantes, les dirigeants, par l'intermédiaire de soi-disant "lettres du réseau", ont instruit les membres du réseau à adresser des lettres aux personnalités officielles et aux ministres ainsi qu'aux hommes d'affaires influents et écrivent au courrier des lecteurs de différents quotidiens, promouvant ainsi l'idéologie du Samfundet et s'élevant contre diverses campagnes antiracistes et favorables à l'immigration. Les figures marquantes de la ligue ont aussi publié différents articles dans la presse nationale sur les dangers de l'immigration. Un de ses membres éminents, Mme Ingrid Björkman, ex-maître de conférences en littérature, a écrit dans les plus grands journaux que "les Suédois ethniques" seraient en minorité vers l'année 2056 si la politique d'immigration actuelle se poursuivait. Mme Björkman cite souvent les Etats-Unis comme exemple (négatif) d'une société multiethnique et multiculturelle. Dans les années 1990, elle a également déclaré que la charge économique imposée par les immigrants sur le budget de l'Etat se montait à 80 milliards de couronnes. Mme Björkman a publié plusieurs livres décrivant ses idées, en collaboration avec d'autres membres influents du réseau. Dans un de ces ouvrages, les auteurs déclarent que "la migration du tiers monde vers l'Europe occidentale est en fait un processus de colonisation". Le dernier ouvrage en date, qui traite surtout du retour des réfugiés et des immigrants vers leurs pays d'origine, a été publié en octobre par la respectable maison d'édition SNS.
Officiellement, le réseau a désormais cessé d'exister. En mai dernier, le réseau a été démantelé, apparemment en réaction aux révélations sur l'existence du réseau et ses activités publiées par le magazine Expo. Pourtant, les dirigeants ont déclaré, dans leur dernière lettre adressée aux adhérents, que le réseau était devenu si important qu'une organisation centrale n'était plus nécessaire, et que les groupes régionaux continueraient d'agir : "De part et d'autre du pays, des groupes sont formés, écrivent-ils, des réseaux, des associations de gens qui réagissent contre une immigration de masse dévastatrice, contre la perfidie et la lâcheté des politiciens et contre la politique de désinformation des médias. Il est évident que dorénavant, les gens n'accepteront plus d'être réduits au silence et de se laisser intimider."
Blå-gula frågor (Questions bleu-jaune)
Blå-gula frågor (référence aux couleurs du drapeau suédois) est une association centrée sur une publication du même nom, critiquant la politique de la Suède sur les immigrants et les réfugiés. Au contraire de Samfundet , l'association n'a jamais cherché à dissimuler son existence. Elle est dirigée par Jan Milld et par Anders Sundholm, membre actif du Parti écologiste et juge assesseur. Les activités de Sundholm à Blå-gula frågor ont provoqué des troubles au sein du Parti écologiste et en juin 1996, il a été évincé du parti. Cette publication, ainsi que d'autres articles publiés par Milld, sont centrés à la fois sur le coût économique de la politique suédoise d'immigration, les difficultés d'intégration et l'impossibilité d'une société multiculturelle. Elle attaque aussi les médias - accusés d'être un "pouvoir d'occupation" - et l'establishment politique, affirmant qu'ils participent à une conspiration anti-nationale dont les origines ne sont pas claires. Blå-gula frågor et Samfunder font régulièrement la promotion de leurs publications respectives.
Fri information (Information libre)
Fri information est un magazine publié par Eva Bergqvist, physicienne et ex-membre actif du Parti conservateur. Elle s'est acquis une certaine notoriété en s'opposant activement à l'installation d'un centre d'hébergement pour réfugiés dans sa ville de Kimsta, activités qui lui ont finalement valu d'être mise au ban du Parti conservateur. On ne sait pas à combien d'exemplaires ce magazine est tiré ni quels sont ses rapports exacts avec les deux autres groupes, bien qu'on y trouve souvent un certain nombre d'informations sur les activités des autres groupes et qu'il fasse l'éloge fréquent des membres influents du Samfundet (voir ci-dessus). Ce magazine publie aussi des lettres d'activistes moins importants du réseau Samfundet.
Fri information se montre favorable au Front national français et à son leader, Jean-Marie Le Pen, et a publié une critique élogieuse du livre de John Sack, An eye for un eye , qui traite de "la revanche juive contre les Allemands après 1945".
BILAN
La disparition de Ny Democrati du paysage politique ne signifie pas que l'éventualité d'un mouvement populiste, nationaliste et xénophobe se soit évanouie. La preuve en est un sondage effectué en 1995 par le Centre de recherche sur la migration internationale et les relations ethniques à l'université de Stockholm, d'après lequel environ 10% de la population âgée de 16 à 76 ans ferait preuve d'un comportement raciste et xénophobe assez marqué. Les attitudes critiques à l'égard d'un pluralisme culturel et ethnique sont largement répandues et ne se limitent pas aux milieux sociaux racistes mais sont inhérentes au courant politique dominant, qu'il soit de gauche ou de droite. Les néo-nazis ont trouvé les moyens efficaces d'instituer une sous-culture clandestine, qui a connu un remarquable essor ces dernières années. Qualitativement et quantitativement, elle est l'objet d'une propagande incomparable, même dans une optique internationale. La société a été jusqu'ici lente à réagir face à ces développements, mais deux verdicts récents de la Cour suprême pourraient annoncer l'institution de mesures légales plus sévères contre les crimes et la propagande racistes. La première sentence concernait un cas d'homicide dans la ville de Klippan en septembre de l'année dernière, deux jeunes nazis ayant frappé à mort un demandeur d'asile africain. La Cour suprême a conclu qu'il s'agissait d'un homicide volontaire commis pour des raisons racistes. C'était un verdict important dans la mesure où un amendement au code pénal a été voté l'année dernière, établissant que les motifs racistes en cas de crime constituaient une circonstance aggravante. Magistrats et tribunaux sont encore réticents à appliquer cet amendement, mais après la sentence de la Cour suprême, les choses pourraient changer. L'autre sentence concernait l'utilisation de symboles nazis dans les lieux publics. Deux tribunaux d'instance ayant décrété que la loi contre les signes d'appartenance politique était incompatible avec la constitution suédoise, les magistrats commencent à utiliser la loi interdisant la provocation contre les groupes ethniques pour interdire l'usage en public d'insignes nazis sur les vêtements et les drapeaux. Lors d'un cas de ce genre, on a fait appel par deux fois, et en octobre, la Cour suprême a décrété que l'usage de tels insignes en public constituait bien une violation de la loi interdisant la provocation. Reste à savoir quel sera l'impact de ce décret.