Séminaire de Québec
Société de prêtres diocésains fondée en 1663 par le Bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec


  • Homélie pour la célébration de la fête liturgique du Bienheureux François de Laval

    FONDATION DU
    CENTRE D'ÉVANGÉLISATION QUÉBEC IXTHUS

    Séminaire de Québec le 6 mai 2004

    Textes de l'Écriture: II Tim, 4, 1-5 et Jean 10, 11-16


    Travailler à l’annonce de l’Évangile 



    Chers confrères, chers amis/es,

    C’est une grâce et un cadeau pour moi en cette fête de notre fondateur, le Bienheureux François de Laval, de commenter les lectures choisies pour sa fête et de tenter bien simplement d’entendre ce que François de Laval entendait, de comprendre ce qu’il comprenait et de vivre ce qu’il vivait.

    Ce faisant, je me mets en alerte et je me laisse interpeller dans la société et l’Église où nous sommes. Un monde rempli de défis, de questionnement, d’attentes, d’imprévus qui a bien des ressemblances avec celui de la Nouvelle-France que rencontrait pour la première fois le jeune évêque de 36 ans qui débarquait à Québec en 1659.

    I- « Je connais mes brebis »

    L’évangile nous rappelle une page de saint Jean que François de Laval a entendu au plus profond de son âme. En effet, j’ai été frappé lors de mes travaux sur lui de voir à quel point sa tâche pastorale s’identifiait à sa vie. L’image du pasteur qui connaît ses brebis, qui donne sa vie pour elles lui va à merveille. On raconte qu’arrivé à Québec il n’eut pas de plus grand désir que de visiter toutes les familles de l’agglomération ainsi que les malades de l’Hôtel-Dieu. Ce qu’il fit dès le lendemain de son arrivée. Les Relations des jésuites le présente accompagné d’un prêtre et de deux paysans entassés dans un canot d’écorce et naviguant sur les cours d’eau de son vaste diocèse pour aller où se trouvaient ses « ouailles ».

    Une célébration comme celle d’aujourd’hui ne peut pas nous laisser indifférents à ces images, car les paroles de saint Jean entendues par François de Laval continuent de retentir pour nous aujourd’hui. Dans une société caractérisée par la modernité et ses enjeux qui vont de la mondialisation au suicide assisté, de la préoccupation pour l’environnement aux guerres sans fin, les « brebis » ont besoin de pasteurs à l’écoute et infatigables dans leur tâche pour les trouver, les réunir et les mettre en présence du « seul Pasteur » Jésus-Christ, lumière du monde.

    II- « Accomplis ton ministère jusqu’au bout »

    La première lecture tirée de la lettre à Timothée nous invite à comprendre le mystère que nous avons à annoncer. L’invitation: « Travaille à l’annonce de l’Évangile » ne peut se comprendre que si le disciple qui l’entend a d’abord rencontré celui qui est le cœur de cette annonce : Jésus-Christ, Seigneur et Sauveur qui s’est manifesté à lui. En effet, s’il parle, ce n’est pas de lui-même, c’est « au nom de la manifestation et du Règne du Christ Jésus ».

    Cette exhortation n’a pas été vaine chez François de Laval qui a fait de l’évangélisation sa priorité pastorale continuelle : dans les paroisses, dans les œuvres qu’il a fondées, dans ses luttes pour les amérindiens, dans ses interventions auprès du Roi de France et auprès du pape. Pasteur d’une « église naissante », comme il l’écrit si souvent, il la voulait enflammée et ardente, imprégnée de cette sève de la Parole de Dieu qu’il proclamait « à temps et à contre temps » comme Timothée est invité à le faire par Paul.

    Dans notre Église et devant les défis auxquels fait face la transmission de la Bonne nouvelle aux générations montantes, « il n’est plus possible de compter sur une culture acquise ou une appartenance préalable pour favoriser une continuité de la foi » (p. 7), écrivent les évêques du Québec dans les orientations pour la formation à vie chrétienne qu’ils proposent dans leur publication intitulée : Jésus-Christ, chemin d’humanisation. Voilà pourquoi la proposition chrétienne revêt une urgence indéniable. Les évêques, dans ce texte, après avoir montré la pertinence de la proposition chrétienne indiquent comme orientation générale pour la formation à la vie chrétienne; « ouvrir à la rencontre du Christ, voie d’humanisation intégrale pour les personnes et pour le monde. »  C’est en proposant le salut en Jésus-Christ que les chrétiens-croyants s’ancreront dans la mission évangélisatrice de l’Église.

    En effet, le danger est grand de démissionner ou encore d’adopter, au vu de la décroissance que nous vivons, une attitude de laisser-faire néfaste. Ce n’est pas notre choix comme communauté. En effet, en réponse à des besoins nouveaux clairement identifiés par Mgr l’Archevêque, le Séminaire met sur pied une nouvelle œuvre consacrée à l’évangélisation des jeunes adultes. Le figuier qui a peut-être perdu ses feuilles n’est pas mort. Les vignerons sont invités à bêcher tout autour et à remuer la terre pour lui redonner vie. Mgr Tremblay ici présent a « bêché et remué la terre » depuis le début du processus de relance de la mission du Séminaire et je voudrais souligner sa contribution non négligeable dans la fondation en ce jour même (le 6 mai 2004) et la mise sur pied de cette nouvelle œuvre.

    III- Une vie nourrie de l’intérieur

    Entendre, écouter, comprendre, vivre  la Parole de Dieu: comment est-ce possible? Comment agencer toutes ces dimensions de l’expérience spirituelle de chacun et de chacune sans une « source intérieure »? Dans un poème extraordinaire le grand maître spirituel que fut saint Jean de la Croix (1545-1591) se confie.

    Je sais une source qui jaillit et s’écoule.….

    Je sais à dire vrai qu’elle est sans origine. …..

    Elle est, je le sais bien, tout à fait insondable. …..

    Cette source d’eau vive, objet de mes désirs

    En ce vrai pain de vie je la vois, la contemple. 

    Mais c’est au profond de la nuit

    (Œuvres complètes éditées par Dominique Poirot pp. 151-152)

    Voilà où François de Laval a puisé tout au long de sa vie, qui s’est terminée à la suite d’une engelure subie lors de la célébration de l’Eucharistie dans le froid glacial d’une église sans chauffage. Voilà où nous nous retrouvons encore, ce soir (non dans le froid glacial), puisant à la même source, celle d’une Parole entendue, mais aussi celle d’un présence du Ressuscité qui pour nous encore rompt le pain et bénit la coupe et qui ainsi se manifeste à nous comme il l’a fait aux disciples d’Emmaüs, à François de Laval et à tant de disciples qui l’ont reconnu et annoncé autour d’eux… mais « c’est au milieu de la nuit », c’est dans la foi obscure, dans les incertitudes mêmes, que nous le reconnaissons comme une présence, autre certes, mais combien vivifiante et combien réjouissante.

    Conclusion

    Que cette célébration, chers amis/es, nous garde remplis d’espérance, d’une espérance qui s’appuie sur Celui qui est, qui était et qui vient. Et continuons notre célébration en mémoire de Lui, jusqu’à ce qu’il vienne.

    Amen!



    Hermann Giguère, prêtre
    Supérieur général du Séminaire de Québec
    le 6 mai 2004


  • Dernière mise à jour 28 mai 2004




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