Séminaire de Québec
Société de prêtres diocésains fondée en 1663
par le Bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec
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Homélie pour l'anniversaire de la Fondation du
Séminaire de Québec (26 mars 1663)
donnée au Séminaire de Québec le 30 mars 2005
Textes de l'Écriture: Actes, 3, 1-10;Lc, 24, 13-35.
LES DISCIPLES D'EMMAÜS
« Reste avec nous Seigneur, le soir approche
et déjà le jour baisse »
Chers frères et sœurs,
Jean Delumeau, le grand historien bien connu, témoigne ainsi de sa foi dans la préface d’un petit ouvrage suggestif intitulé « Pour vous, qui est Jésus-Christ? ». Il écrit : « Parce que le christianisme donne à Jésus sa plus grande dimension, parce que la résurrection du Sauveur donne un sens et un avenir à notre parcours terrestre, si difficile soit-il parfois, je continue à m’attacher à lui. » (p. 14) Quelle belle profession de foi.
Cette citation de Jean Delumeau m’est revenue en parallèle avec le récit de l’évangile d’aujourd’hui, car les disciples d’Emmaüs témoignent d’une rencontre du Ressuscité où leur attachement à lui se voit confronté au mystère de l’absence. Regardons de plus près le récit de saint Luc.
I- Une rencontre imprévue et une voie nouvelle d’attachement
Trois jours après la mort de Jésus, les disciples ruminent les événements qui se sont passés. Ils prennent acte d’une fin tragique qui les prive d’une présence physique qui soutenait leur attachement à Jésus. Privés de cette présence physique, ils sentent la tristesse les envahir. Leur attachement commence déjà à flancher. Ils ont mangé avec Jésus, ils ont entendu le son de sa voix, ils l’ont suivi sur les routes de Palestine. Ils se sont attachés à lui, et maintenant, il n’est plus là que deviendra cet attachement?
En effet, vous connaissez le dicton; « Loin des yeux, loin du cœur ». L’être humain a besoin de sentir, de toucher, de voir pour entrer en relation avec les personnes. Les disciples d’Emmaüs ne sont pas différents. Et pourtant l’étranger qu’ils croisent leur enseignera une autre façon de vivre leur attachement à Jésus : celle de la foi.
Privés de la présence physique de Jésus, ils découvrent la force des mots et des gestes pour vivre leur attachement. C’est dans la mémoire d’une histoire qui les dépasse qu’ils trouvent, grâce à leur compagnon, une signification aux évènements. Et ils réalisent, comme le dit saint Paul si justement, que « vaine est leur foi » si Jésus n’est pas Ressuscité.
C’est la confession de foi que reprendront les apôtres après la Pentecôte. « ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité » dira Pierre dans sa prédication le Jour de la Pentecôte. Et saint Paul s’appropriant les paroles d’une hymne chrétienne écrira aux Philippiens « c’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom et il est devenu Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ».
« Seigneur, Ressuscité, Vivant » tels sont quelques-uns des mots qui nous ont été transmis pour décrire ce qu’est Jésus maintenant pour les croyants. Les disciples d’Emmaüs furent parmi les premiers à être confrontés à un acte qui les amenaient sur un chemin différent et combien déroutant : celui de la foi.
Cette foi n’est pas seulement une « mémoire », un souvenir qui déroule le fil de l’Alliance, mais elle est aussi une « brûlure » du cœur. Pour reprendre les mots de Jean Delumeau, ils « s’attachent » à celui qu’ils ont rencontré et l’absence se transforme en présence vivante.
Voilà le mystère de la foi, de l’ « attachement » à Jésus.
II- Le chemin de l’Eucharistie
Allons maintenant à la fin du récit de saint Luc. « Ils racontaient …comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain. » Manifestement, saint Luc situe son récit dans un contexte eucharistique. Pourquoi?
Plusieurs réponses sont possibles.
Le temps de la composition de son texte ou encore l’expérience des premières communautés chrétiennes qui s’adonnaient disent les Actes des apôtres et les lettres de saint Paul à la « fraction du pain ».
Ces réponses sont justes, mais incomplètes, car l’importance de la « fraction du pain » devenue la célébration de l’Eucharistie touche au mystère de l’absence elle aussi.
En effet, le sacrement de l’Eucharistie se situe tout entier dans le registre de la foi. « Mysterium fidei - Mystère de la foi ». Une foi qui ne cherche pas d’abord à comprendre, mais une foi qui s’attache à une personne. Si les gestes et les manifestations eucharistiques comme les Congrès eucharistiques, l’Année eucharistique décrétée par Jean-Paul II, l’adoration eucharistique et la célébration de l’Eucharistie dominicale ont pris une si grande place dans la vie de l’Église, c’est qu’elles nous permettent à travers des paroles et des gestes de redire de jour en jour, de semaine en semaine, un attachement à Jésus qui ne se nourrit plus de présence palpable, mais s’attache à une présence réelle bien que non-palpable.
« Chaque fois que vous faites cela, vous annoncez la mort et la résurrection du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » dit saint Paul.
Conclusion
Les premiers chrétiens qui ont conservé la célèbre prière « Maranatha » « Seigneur, viens » savaient qu’ils ne pouvaient jamais rendre témoignage totalement de la richesse de cette présence nouvelle de Jésus parmi eux.
Nous le découvrons nous aussi à chaque jour. C’est pourquoi, nous nous rassemblons pour refaire les gestes qu’ils ont faits, pour écouter les Écritures et nous retrouver le cœur brûlant auprès du Ressuscité qui ne vit maintenant que pour Dieu (saint Paul).
Amen!
Hermann Giguère, prêtre
Supérieur général du Séminaire de Québec
le 30 mars 2005
HG/mdb
- Dernière mise à jour 26 novembre 2005
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