La nécropole hypogéique de "Sa Figu" à Ittiri (Sassari,
Sardaigne, Italie)
La
nécropole hypogéique de "Sa Figu" se place sur le bord septentrional
du plateau de Coros, à nord-est de la petite ville d'Ittiri (Province de
Sassari, Sardaigne du nord-ouest), près d'un autre important groupe de sépultures
hypogées néolithiques, du type à "domus de janas": celui de
"Ochila". La nécropole de "sa Figu" a été signalée et
explorée pour la première fois par E. Contu, en 1961 (fouilles de Tombes I et
III); des autres recherches topographiques ont été menées entre les années
soixante-dix (E. Castaldi, E. Contu) et quatre-vingt-dix (P. Melis) du XX siècle.
Depuis 2001, sous la direction de Paolo Melis, on a repris les fouilles systématiques
du site archéologique, qui comprend les tombes hypogées, un cercle mégalithique
et un protonuraghe. La nécropole se compose, à ce moment, de 11 tombes
encore visibles et traces d’autres tombes détruites: les dernières fouilles
ont regardée les Tombes II IV, V, VIII, IX, X et le cercle mégalithique.
Seulement les hypogées II, IV, VIII et IX ont révélé traces des sépultures
et des dépôts archéologiques; les explorations ont documentées au moins six
moments de utilisation du complexe funéraire, à partir de la première
excavation des tombes, dans le Néolithique, jusqu’à le dernier remploi à
l’âge romaine.
Le
moment d'utilisation mieux connue de cette nécropole, toutefois, est à l'âge
du Bronze: surtout, Bronze Ancien et Moyen (1900-1400 avant J.C., dates calibrées),
correspondants aux phases culturelles de "Bonnanaro/Sant'Iroxi" (BA-BM),
de "Sa Turricula" (BM1) et de "San Cosimo" (BM2).
Pour
la phase de Sant'Iroxi, du grand intérêt est la Tombe IX: une "domus
de janas" avec plan complexe, aujourd'hui très ruinée. En 2002, la
fouille a été concentrée uniquement dans le couloir d'accès (dromos)
et la première chambre (anticella). Au point de vue de la stratigraphie,
on à mis en évidence seulement un véritable niveau culturel (US2), au-dessous
de la couche de surface (US1) et au-dessus d'une couche mince de terre grise
(US3), peut-être cendre. La couche 2 était caractérisée par un tas d'ossements
réduits en fragments, tous
avaient été exposés au feu, placés
entre une grossière enceinte de pierres, était surmonté par un crâne presque intact.
Les ossements étaient associés à nombreux tessons de céramique dont n'a été
pas possible reconstruire aucune forme complète, à l'exception de deux petits
vases presque miniaturisés: une tasse mono ansée et surtout une
petite reproduction de jarre, avec deux anses diamétralement opposées ainsi
que deux boutons également opposés.
L'interprétation
qu'on peut donner à ce contexte est celle d'un rite funéraire typique de la Culture de Bonnanaro
(Bronze Ancien), tel que celui observé par M. L. Ferrarese Ceruti dans les nécropoles
de Su Crucifissu Mannu (Portotorres – Sassari), Santu Pedru (Alghero -
Sassari), L'Abbiu (Sorso - Sassari) et S'Isterridolzu (Ossi - Sassari). L'analyse
des céramiques ne laisse pas doutes quant à l'attribution chronologique de la sépulture
de Sa Figu, que nous situons dans la Culture de Bonnanaro, et pour la précision
à un moment final, dans la phase appelée "Sant'Iroxi", récemment
individualisée par G. Ugas. Le cadre de culture matérielle de la Tombe IX de Sa
Figu, toutefois, plus que avec les sites de la Sardaigne, se rapporte mieux à
la couche VII de l'abri de Capula (Alta Rocca, Corse du Sud), dont la datation a
été fixée par Lanfranchi au Bronze Moyen (XVIII siècle avant J.C.), en
parallèle avec la dernière phase du Bronze Ancien de la Sardaigne, et donc
avec la phase de "Sant'Iroxi". A Capula on trouve la même jarre
avec deux anses diamétralement opposées ainsi que deux boutons également
opposés, tel que à Sa Figu.
Au
cours du Bronze Moyen, la nécropole de Sa Figu connaît sa phase plus
importante et monumental, avec la réalisation des "Tombes hypogéiques à
façade architectonique": véritables "Tombes de Géants"
nuragiques creusées dans le roc. Quatre tombes ( T4, T5, T7 et T8) ont été
creusées ex novo en Bronze Moyen, tandis que trois autres tombes (T2,
T3, T6) ont été réalisées en transformant des tombes hypogéiques plus
anciennes (domus de janas).
La
Tombe 2, une "domus de janas" transformée, est une structure
mixte, hypogéique et mégalithique: devant la tombe plus anciennes, creusée
dans le roc, ont étés placées la grande dalle centrale avec une petite porte
(stele centinata) et les pierres orthostatiques latérales à délimiter
un espace cérémonial demi-circulaire dit "exèdre". Au-dessus de la
tombe, on à réalisée un tumulus allongé en pierres et dalles, en imitant les
"Tombes de Géants" mégalithiques de la même période.
La
fouille de la tombe a mené à la découverte d'une petite grotte naturelle,
au-dessous du plan de la celle interne; cette grotte a été utilisée comme
ossuaire, au cours des réutilisations successives. Les matériaux archéologiques
(poêles, tessons carénés, surtout vases avec des petits cordons verticaux en
relief près du rebord) datent cette tombe à la phase de "Sa Turricula"
(Bronze Moyen 1), et a cette période on peut dater même les restes humains de
l'ossuaire, tandis que les quelques ossements retrouvés dans les celles de la
tombe peuvent-ils être datés à la dernière phase d'emploi de la tombe, à l'âge
du Fer, attestée par la découverte d'une petite "pilgrim flask"
avec décoration géométrique (environ VIII-VII sec. avant J.C.).
La
Tombe 4 est, sans doute, la plus monumentale de la nécropole; entièrement
creusée dans le roc, se compose d'une vaste chambre de 6 mètres de diamètre,
précédé en la front par une "stèle" et une "exèdre"
gravées dans le calcaire corallien. Au-dessus, même le tumulus allongé (8,80
mètres, le plus long entre les "tombe à façade architectonique" de
la Sardaigne) à été entièrement creusé dans le roc. La tombe à été
utilisées a partir du Bronze Moyen (matériaux de phase "Sa Turricula"),
à l'âge
du Fer (bracelets en bronze avec décorations géométriques, grains de collier
en cristal de roche) et jusqu'à l'époque romaine; quelques ossements et matériaux
archéologiques ont été découverts dans une seule couche très renversées.
La
Tombe 8 appartient au même type de la Tombe 4, toutefois elle est de forme plus
simple; il s'agit d'une chambre allongée creusée en la roc, qui à l'origine
était précédée par la "stèle" et "l'exèdre", aujourd'hui
extrêmement ruinées. La fouille à mené à la découverte de nombreuses
restes céramiques du Bronze Moyen (surtout poêles, en très grand quantité,
quelques tessons carénés et fragments de vases avec des petits cordons
verticaux en relief près du rebord, fusarolles); la tombe à été re-utilisée
même à l'âge du Fer (grains de collier en pâte de verre, du type dit "à
yeux", de production phénicienne) e jusqu'à la période romaine (patères
à vernis noire, lampes à huile, etc.). A l'âge du Fer, peut-être, on peut
dater quelques ossements brûlées, selon un rite de crémation.
Les
rites funéraires
L'état de conservation des ossements, ainsi que les remplois des hypogées
et le bouleversement des couches, ne permettent pas de comprendre chaque détail
des rites funéraires des enterrements du Bronze Moyen, tels que ceux issus de
la fouille des Tombes II, IV et VIII. On peut supposer un rite prédominant d'inhumation
en dépôt primaire, avec peut-être des pratiques de déplacement secondaire.
Quelques incinérations peuvent regarder des sépultures successives, de l'âge
du Fer (Tombe VIII), cependant on ne peut pas exclure une datation au Bronze
Moyen (Tombe IV).
Bien différent est le cas de la Tombe IX, qu'on peut définir un véritable
"contexte fermé", attribuée culturellement à la phase de
"Sant'Iroxi" (à la fin du Bronze Ancien). L'extrême fragmentation
des ossements et leur exposition au feu, ainsi que la réduction en fragments
des vases, suggèrent l'hypothèse d'un dépôt secondaire de plusieurs
individus, peut-être du même lignage, tous ensemble simultanément. On peut
exclure une crémation directe, à moins de penser à un événement tragique
qui a comporté la décimation du groupe humain (une épidémie? une guerre?);
plus croyable est l'hypothèse d'un dépôt secondaire rituel, fait en une
occasion particulière (M.L. Ferrarese Ceruti a parlé d'un "jour des morts"),
en déplaçant des enterrements précédents, temporaires, peut-être en simples
fosses. L'incinération, en ce cas, peut-elle s'expliquer comme feu de
purification; on peut même supposer le déplacement de groupe humain en entier,
qui transportait avec lui les restes des ses morts, en utilisant le feu comme
pratique hygiénique.