La Transocéane |
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31 août 2002
La cessation des activités de la Transocéane avant même son premier coup de pédale s'est déroulée de manière tellement rapide qu'on reste un peu pantois face à la séquence des événements qui ont marqué les derniers jours.
Un commentaire de
Mais lorsque la poussière retombe, un des premiers constats qui s'impose est le fait qu'il y a deux poids, deux mesures lorsque vient le temps d'appuyer une manifestation d'envergure.
Le faible appui donné par le gouvernement fédéral à un projet arborant un concept unique d'une première course sur deux continents avec les défis qui vont de pair n'a pas fini de faire jaser.
Surtout lorsque l'on sait que la gouvernement fédéral est prêt à débourser une bonne partie du budget de 15 millions au comité organisateur des championnats mondiaux à Hamilton, pour une activité durant seulement une semaine en 2003. Qui plus est, le comité organisateur de ces championnats mondiaux n'a pas encore été en mesure de tenir une autre compétition servant de rodage, soit les championnats canadiens, ce qui fait pourtant partie des pratiques habituelles pour des événements de cette envergure.
Et pourtant, les championnats mondiaux ont été octroyés à Hamilton il y a déjà deux ans.
Pendant cette même période de temps, dans la région Brome-Missisquoi, on s'affairait simultanément à préparer le Grand Prix féminin international du Québec de 2001 et la Transocéane prévue pour cette année. Trouvez l'erreur!
Chose certaine, la présentation des championnats mondiaux à Hamilton constituerait un autre coup fumant pour la ministre Shella Copps - qui représente cette circonscription - si elle devait encore tenter sa chance dans la course à la chefferie du Parti libéral du Canada. Un fiasco donnerait toutefois un autre dur coup à l'image du Canada qui n'a pas présenté les championnats mondiaux sur route depuis ceux de Montréal en 1974.
Mais de l'autre côté de la médaille, l'Association cycliste canadienne songe à retirer la candidature de Hamilton, si le gouvernement ontarien ne se commet pas financièrement et ouvre ainsi la voie à l'octroi des championnats à un pays européen. Pendant ce temps, des organisations québécoises seraient intéressées à tenir un tel événement et l'on rejette cela du revers de main. Essayez d'y comprendre quelque chose...
Il s'en trouvera par ailleurs pour penser que la Transocéane était un projet trop ambitieux pour l'envergure de la MRC Brome-Missisquoi, notamment au niveau des commandites. Ce serait dommage de faire une telle opération de rapetissage parce que le potentiel d'une activité majeure et ayant une importante visibilité était là. Il sera intéressant de voir si les dirigeants de la MRC Brome-Missisquoi voudront tenter de relancer cette course au cours des prochaines années.
Ce que je crains le plus, c'est que d'aucuns se réjouissent de cette déveine, le malheur des uns faisant le bonheur des autres. Là où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie, et son pendant naturel... là où il y a de la politique, il y a de la politicaillerie.
La progression constante du Grand Prix féminin international du Québec et l'avènement de la Transocéane, il ne faut pas se le cacher, ont fait ombrage à des personnes qui aiment bien se retrouver sous les réflecteurs.
Une autre chose qui sera difficile à encaisser est la possibilité qu'on ne revoit pas de sitôt l'élite internationale du cyclisme féminin dans la région. Cela serait un dur coup pour les bénévoles qui se sont dévoués corps et âme pour assurer la réussite de la Transocéane. Ces gens-là étaient à portée du fil d'arrivée, mais la mauvaise gestion des deniers publics dans le scandale des commandites - qui a coûté le poste de deux ministres - a tout fait dérailler. Il sera intéressant de voir si les dirigeants de la MRC Brome-Missisquoi voudront tenter de relancer cette course au cours des prochaines années, compte tenu de l'expertise acquise.
Le président de la Transocéane Jean Lessard va écoper pour cette déconfiture, mais le principal reproche qu'on peut lui adresser est d'avoir tardé à admettre l'ampleur du déficit et déclencher la sonnette d'alarme. Tout comme plusieurs autres responsables d'événements dans la région et au Québec, il a vu son budget fondre comme neige au soleil, mais dans ce cas-ci, ce qui est plus grave, à quelques semaines de la tenue de la manifestation qui lui tenait tant à coeur.
Dans les conditions actuelles, il était condamné à vivre une course contre la montre qu'il avait bien peu de chances de remporter. Il a eu faire à son deuil très rapidement d'un événement monté de toutes pièces au fil des deux dernières années et quiconque a vécu des situations similaires sait qu'il n'est toujours pas facile de lâcher prise et d'accepter le cours des choses.
Un autre aspect à ne pas négliger est le fait que le Tour du Grand Montréal risque de devenir la principale course par étape en cyclisme féminin, et ce sans compter des ascensions majeures telles que Jay Peak ou Sutton. Encore une fois, la région de Montréal aurait la priorité sur une activité en région.
Malgré tout, la présentation du Grand Prix féminin pendant cinq ans aura permis de faire vivre de beaux moments aux adeptes de vélo. Cette course a mis en valeur des athlètes de différents pays qu'on a pu voir à l'oeuvre aux Jeux olympiques de Sydney de même que d'autres dont on admirera les prouesses aux Jeux olympiques d'Athènes en 2004, de Pékin en 2008 et même dans un avenir encore plus éloigné.
Le mot de la fin revient peut-être à Daniel Baron, maire d'Allaire, une ville de Bretagne où devait avoir lieu une des étapes en sol français, dans un courriel d'appui au comité organisateur en fin de semaine dernière.
«La Transocéane apparaissait si belle... si ambitieuse... Quel dommage!»
Quel beau gâchis, en effet !
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grâce à la collaboration de Dominique Beaudoin