Manon Jutras

une carte postale
de Nurnberg, Allemagne

Notre séjour en Bretagne s'est terminé sur une bonne note. Lyne et moi avons profité au maximum de notre séjour dans la campagne de Guilligomarch's (8 km de Plouay). La vieille de notre départ pour l'Allemangne, Lyne en a profité pour cueillir des mûres. Elles en a fait des confitures en soirée. Délicieux sur du bon pain baguette. Avec ce deuxième séjour en sol français en trois mois, j'ai redéfini le guide alimentaire Français : baguette-espresso-chocolat-vin rouge!

Malgré la provision de confiture, l'équipe canadienne s'est amaigrie en prévision de la 8e étape de Coupe du Monde, Nurnberg. Nous ne sommes que trois cyclistes, Lyne, Sue et moi. Petit moment de panique, puisque pour inscrire une équipe à une Coupe du Monde, il faut un minimum de quatre coureuses. À la dernière minute, l'ACC recrute une cycliste canadienne vivant en France depuis peu. Suzanne Smith se joindra donc à nous pour nous permettre de prendre le départ à Nurnberg. Nous la prendrons en route, à Paris.

Vendredi matin, après une nuité à Monsoul (banlieue de Paris) la nouvelle version de l'équipe canadienne attaque la route, direction Allemagne. Attaquer c'est le cas de le dire. C'est fou comme les Européens roulent vite. 140 km/h et ils se tallonent tous. Néamoins, malgré cette vitesse excessive, notre voyage prends plus de sept heures avant d'atteindre notre destination. En voiture, c'est une éternité pour les jambes de cyclistes. Puisqu'à notre arrivée à Nurnberg le ciel s'ennuage, je décide d'installer le trainer pour une petite demi-heure d'easy spin. Dans une chambre d'hôtel européenne, c'est tout un exploit ! Après mon léger work out, je me permets une petite balade dans les rues avoisantes à la recherche d'un café internet. Je limite mes déplacements car la rencontre de punks à tous les coins de rues m'effraie un peu je l'avoue. Il est passé 9 heures après tout. Je remettrai ça au lendemain.

Samedi 30 août 2003
Une première bonne nuit de sommeil. Après une semaine en Europe, y'é temps !

Après un bon déjeuner à l'hotel IBIS, Lyne et moi prenons d'assault les rues de Nurnberg... pour en sortir. Un des plus intéressants avantages des voyages c'est de découvrir, lors de nos entraînements à vélo, les beautés des endroits visités. La jungle urbaine, on garde ça pour les sessions de shopping. Donc nous voilà dès la première heure du matin sur nos bécanes à la recherche de la campagne allemande. Après une heure de randonnée cyclotourisque, nous cherchons toujours la tranquilité rurale car nous voulons nous ouvrir les jambes pour le lendemain. Nous avons vite constaté que chaque petit village n'était séparé que par un km. Bon ok... on va adapter le plan d'entraînement. Dès l'entraînement terminé nous revoilà sur les pistes cyclables pour le retour à l'hôtel. Car Nurnberg, comme plusieurs villes européennes, a un réseau cyclable très développé. En fait c'est plus facile d'empruter les pistes cyclables, avec signalisation routière, que de retrouver son chemin par les routes.

Samedi après-midi, la vieille de la course, j'en profite pour faire la touriste mais cette fois-ci à pied. Contrairement à la majorité des cyclistes, Lyne et moi adorons marcher. Et en plus j'ai une bonne raison de magasiner, je suis à la recherche d'un adapteur pour le courant européen. La batterie de mon nouveau Mac est à plat. Je me retrouve donc au magasin SATURN. Et oui, SATURN est un marchand d'appareils électriques et électroniques. Un genre de Future Shop allemand. Pendant toutes ces heures à marcher en ville, je suis fascinée par une seule chose : tout le monde boit de la bière ! Tous les cafés, tous les comptoirs de restauration rapide, kiosques à journaux et autres marchands, la bière est omniprésente. En fait les gens s'asseoient, je devrais plutôt dire se tiennent debout. Et oui, c'est un autre comportement qui a attiré mon attention. Partout il y a des stand up café-bière. Même lorsque vous vous arrêtez à un relais routier pour faire le plein d'essence, il y a des comptoirs stand up café. Et il y a aussi les stand up comptoirs à la gare, dans les passages souterains, aux magasins genre La Baie et même dans le hall de l'hôtel. Partout en fait, il y a une occasion pour s'arrêter et prendre un bonne bière ou un café. Est-ce que le temps s'arrête mieux en étant debout qu'assis ?

Dimanche 31 août
Coupe du monde de Nurnberg. Le départ est prévue pour 9 heures 30 pour l'élite féminine. Déjà vers 8 heures on peut sentir la frénésie des amateurs. Ça se comprend. Il y a plusieurs vedettes allemandes parmi les favorites. Dont la super équipe Nurnberger. Nurnberger est une compagnie d'assurance et elle a son siège social à Nurnberg. Vous imaginez la fête qu'on fera si une allemande remporte la course. Qu'à cela ne tienne, à 9 heures on a déjà commencé à servir la Tucker en fût. Il y a quatre écrans géants sur le parcours qui permettent aux spectateurs de suivre le déroulement à tout moment. Tout ça accompagné des commentaires de l'annonceur maison.

9h30, le départ est donné. À peine 2 km de course que Lyne est impliquée dans un accrochage alors que nous roulions sur un faux plat descendant. J'ai pu l'apercevoir au sol, tout comme une dizaine d'autres cyclistes. Après ce moment, j'ai éprouvé beaucoup de difficulté à retrouver ma concentration. En fait cela m'a pris plus de 90 minutes à me remettre dedans.

La course fût contrôlée par les équipes de tête jusqu'au deux tiers. Lors des deux premiers tours, j'ai étudié le parcours. J'en ai profité pour identifier des alliées potentielles à une échappée. Je suis donc allée discuter avec Dede, une américaine de l'équipe T-Mobile. Celle-là même qui a remporté la Coupe du Monde de Montréal en 2002. Nous avons discuté du meilleur moment pour lancer notre attaque : suite au sprint de bonification du 6ième tour. C'est exactement ce que nous avons fait. En l'espace de quelques mètres nous avions réussi à créer un écart sur le peloton. Nous y allons donc à fond mais on s'est fait rattraper au bout de 5 km. Malgré le fait que nous ne soyons d'aucune menace au classement général de la Coupe du Monde, les équipes de tête voulaient vraiment y aller pour un sprint de peloton. Nous avons refait le même coup au 7e et 8e tour. Le peloton a réagi de façon beaucoup plus convaincante à mesure qu'on se rapporchait du final. Lors du 9e tour, j'ai assisté en tant que spectatrice au jeu des sprinteuses. J'avais la satisfaction du travail accompli. La gagnante, Diana Zilute (une autre championne à Montréal, en 1999 je crois) a gâché un peu la fête des Allemandes. Mais la bière a continué de couler en après-midi pour la course des hommes et pour le favori local Jan Ullrich.

Après la course, vite à l'hôtel pour avoir des nouvelles de Lyne. Elle était déjà revenue à la chambre. Sa visite à l'hôpital a confirmé une fracture de la clavicule gauche, en plus d'une commotion cérébrale. Malgré que l'os soit complètement fracturé, il ne s'est pas déplacé. Le port d'une attelle spéciale au cours des prochains jours lui permettra de favoriser une guérison optimale.

Après avoir échangé sur le déroulement de la course entre coéquipières, chacune a pris une direction différente. Sue prendra l'avion lundi matin pour retrouver sa famille à Hamilton et Suzanne prendra le train de Paris pour rentrer chez elle. Par la même occasion, Lyne prendra des arrangements à Paris pour retourner au Québec dès lundi.

Quant moi, dès dimanche midi je prends la route, direction les Pays-Bas avec mon accompagnateur, Bob, soigneur de l'équipe canadienne. WOW, toute une équipe canadienne pour le Tour de Hollande qui commence lundi en après-midi. Allo l'équipe Canada !

Je vous en reparle bientôt.

Manon


Page mise en ligne le 9 septembre 2003 par SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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