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Istituto Romeno’s Publications
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Quaderni 2004
p. 95
Emmanuel
Constantin Antoche,
Institut de Stratégie Comparée
de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes IV–Sorbonne, Paris
A la mémoire de mon oncle, l’archéologue Adrian
Constantin Florescu (1928-1986)
de l’Institut d’Histoire et Archéologie «A. D. Xenopol»
de Jassy (Roumanie)
A la fois outil logistique, de transport et d’habitat, le
chariot[1]
se révéla aussi comme une arme de guerre efficace dont sa fonction défensive fut
souvent appliquée sur divers théâtres d’opérations militaires depuis
l’Antiquité jusqu’à l’aube du XXe siècle, que ce soit
en Europe, en Asie, en Afrique méridionale ou sur le continent nord-américain.
Le 23 août 1514 dans la vallée de Çaldiran (Chaldiran)
en Anatolie Orientale à mi-chemin entre Erzincan et Tabriz, non loin du
lac Van, l’armée ottomane commandée par le sultan Selim Ier Iavuz
(1512-1520) infligea une cuisante défaite aux forces du Chah Ismail Ier
(1502-1524), chef religieux et militaire de tribus turques des
Kïzïlbach qui l’avaient porté au pouvoir dans ces contrées de l’Iran
Occidental[2].
Les salves d’une
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puissante
artillerie de campagne ainsi que l’arquebuserie des janissaires qui combattirent couverts par les chariots du tâbur çengi [3],
anéantirent les charges de la cavalerie persane, aussi redoutable que par le
passé, en lui infligeant de lourdes pertes[4].
Douze ans plus tard à la bataille de Panipat (20
avril 1526), ville située à une journée de marche au nord de Delhi,
Zahiruddin Muhammad Babur (1526-1530) le conquérant d’Inde et fondateur de la
dynastie des Grands Moghols dut recourir à une tactique défensive
semblable pour mettre en déroute l’armée du sultan Ibrahim II ibn Sikandar Lodi
(1517-1526), richement pourvue en artillerie et éléphants de combat: «Nous levâmes le camp, déployâmes en ordre de
bataille l’aile droite, l’aile gauche et le corps de bataille et passâmes
l’inspection. Le nombre de mes hommes me parut moins important que ce que je
pensais. Dans ce campement, j’ordonnai que chaque homme fournisse un nombre de
chariots proportionné à son rang. On réunit sept cents chariots.
J’ordonnai à Maître Alï Qulï de les attacher les uns aux
autres à la manière du pays de Rum[5], mais en utilisant des courroies de cuir de
bœuf à la place des chaînes, et de disposer six ou sept mantelets
entre chaque chariot, de façon à abriter les arquebusiers. Nous
demeurâmes cinq à six jours dans ce camps pour exécuter ce travail.
Lorsque ces préparatifs furent terminés, je convoquai au conseil tous les bégs
et guerriers d’élite qui pouvaient utilement y prendre part. Nous tînmes un
conseil général où il fut décidé que la ville de Panipat ayant de
nombreuses maisons et des faubourgs de tous côtés, il fallait en fortifier les
abords avec les chariots et les mantelets derrière lesquels
s’abriteraient arquebusiers et fantassins.
Cette
décision prise, nous levâmes le camp et, après une étape, arrivâmes
à Panipat le jeudi, dernier jour du mois du dernier jumada. A notre
droite se trouvaient la ville et les faubourgs de Panipat; en face de nous, les
mantelets qu’on avait disposés; sur la gauche, à certains endroits, on
avait aménagé des fossés et des abattis. A un jet de
p.
97
flèche les uns des autres, on
avait pratiqué des passages permettant la sortie de cent ou cent cinquante
cavaliers»[6].
En Afrique méridionale, l’histoire du chariot est
indissociablement liée à la migration des trekboers[7],
les colons hollandais du Cap, fondée en 1652, dont la plupart étaient des
fermiers en quête de nouveaux pâturages, des agriculteurs et des
chasseurs. Dès les premières décennies du XVIIIe
siècle, lorsqu’ils entament leur expansion vers le nord-ouest, en
direction des actuels Etats de Transvaal, de l’Orange et du Natal, ils se
heurtent d’abord à la résistance des Hottentots et des Bochimans qui ne
se révèlent que de piètres guerriers en comparaison avec les
Bantou, plus agressifs et plus disciplinés pendant les combats contre les
colons. Ces derniers se déplacent dans des chariots de type «western», frère du «covered wagon» américain, traîné par
six, huit, ou dix bœufs sous la direction de deux à trois
conducteurs, véhicule suffisamment robuste pour supporter des poids
considérables et assez élastique pour s’adapter aux terrains les plus variés[8].
Femmes et enfants s’y entassent avec provisions et mobilier tandis que les
hommes à cheval ou à pied, avancent comme éclaireurs.
Il est vrai que les trekboers
disposaient des montures et des mousquets contre les Bantous, qui, compte tenu
de leur supériorité numérique écrasante, mais insuffisamment pourvus d’armes de
jet efficaces, étaient obligés de chercher toujours le corps à corps
pendant les affrontements en rase campagne. Cependant, dès les
premières rencontres, ce problème d’ordre tactique fut pourtant
résolu d’une manière ingénieuse, lorsque Adriaan van Jaarsveld qui
commandait en 1779-1780 les forces boers dans «la première guerre cafre»[9]
inventa le laager[10],
dispositif formé par une ou plusieurs rangées de chariots, mis en cercle dont
les interstices étaient remplis de branches épineuses et de peaux de bœufs
qui, tendues entre les roues renforçaient la protection des défenseurs. Une
telle forteresse ambulante était capable de briser l’élan de l’assaillant,
p. 98
interdisant
le corps à corps, tandis que les occupants du laager avaient le temps de recharger leurs armes pour maintenir un
feu nourri. L’assaut une fois repoussé, les cavaliers se lançaient à la
poursuite des Bantous, tirant de loin sur eux, en ayant soin toujours de
demeurer à distance. En cas de contre-attaque, ils se retiraient de
nouveau à l’abri des chariots[11].
Les indigènes ne réussirent jamais de trouver la
parade à cette innovation tactique, car ils s’acharnèrent
à emporter la décision en suivant leurs principes de guerre
traditionnels à l’instar des Ndébélés-Matabélés et même des
Zoulous qui, pendant le règne de Chaka (1806-1828), avaient
considérablement amélioré leur organisation militaire. D’ailleurs, les colons
hollandais furent obligés d’affronter régulièrement ces tribus après
1835, année dans laquelle commença le grand
trek[12],
conséquence directe de la mainmise anglaise sur la colonie du Cap (1806) et des
tensions et conflits engendrés par la rivalité qui opposait depuis, les anciens
et les nouveaux occupants[13].
Le 16 octobre 1836, quarante fermiers avec leurs familles
furent encerclés par environ trois mille guerriers Ndébélés à Vegkop sur
le cours supérieur de l’Orange. Protégés par un laager de cinquante chariots, les trekboers réussirent à l’emporter contre tout espoir
après trois heures de combats acharnés. Si leurs pertes
s’élevèrent finalement à deux morts et quatorze blessés, les
indigènes durent abandonner quatre cent trente cadavres qui formaient
une véritable muraille autour du camp. Même scénario, le 16 décembre 1838
contre les Zoulous de Dingaan à la bataille de Blood River, affluent de
la rivière Buffalo au nord de l’actuelle ville de Durban. Assaillis par
douze mille guerriers indigènes, les quatre cent soixante-dix fermiers
sous les ordres d’Andreas Pretorius, entourés par soixante-quatre chariots
infligèrent une défaite décisive à leur ennemi qui dut déplorer
la perte d’environ trois mille morts et blessés[14].
Nul doute que le chariot fut un outil logistique et de
transport, indispensable lors de la conquête au XIXe
siècle du Far West, ces immenses
territoires montagneux ou larges plaines désertiques qui dominent la géographie
des Etats-Unis, de Mississipi jusqu’à la côte pacifique. Dès la
troisième décennie, aventuriers, chasseurs de bisons, chercheurs d’or ou
courageux fermiers se ruèrent vers les richesses longtemps inexplorées
de ces régions tandis que les caravanes de marchands établissaient des
relations commerciales avec les villes du Texas, de l’Arizona ou du Nouveau
Mexique
p. 99
appartenant
encore au jeune Etat mexicain, indépendant depuis 1821[15].
Pour arriver à destination, il fallait cependant traverser des contrées
hostiles habitées par les tribus indiennes, décidées à défendre leurs
terres et leur liberté face au nouveaux conquérants. Les pionniers découvrirent
et établirent des pistes pour les longues colonnes de chariots afin d’éviter
les obstacles naturels ou les harcèlements des guerriers sioux, pawnee,
ou comanches, qui menaient une guérilla efficace basée sur embuscades et
attaques par surprise.
Une des premières pistes fut celle qui reliait la
ville de Santa Fe au Nouveau Mexique avec Kansas City sur le Missouri en
traversant les immenses territoires du Kansas et du Colorado, aussi réputés par
la beauté des paysages que par l’hostilité que les voyageurs y rencontraient
lorsqu’ils franchissaient ses frontières: «If Indian «sign» was detected, the captain usually ordered a
different order of march, with the caravan moving forward in four parallel
columns, and with mounted scouts ranging ahead alert for danger. If hostile
«redskins» were sighted the bullwhackers whipped up their animals and each
column was wheeled about to form one side of a hollow square, a maneuver that
took only a few minutes. With the animals within this enclosure and the wagons
pushed together, the traders were safe in a fortress that could withstand any
attack. This method of travel was one of the significant contributions of the
Santa Fe traders to the conquest of the Far West, for its adoption by the
overland pioneers allowed thousands of persons to cross the plains in safety»[16].
Contrairement aux Bantou ou aux Zoulous d’Afrique
Méridionale, les Indiens des Plaines nord-américaines ne furent pas conquis
suite aux défaites subies sur le champ de bataille. Souvent on utilisa contre
eux des moyens plus efficaces: massacre systématique des troupeaux de bisons,
leur principale source de subsistance, mais aussi des populations sans défense
(femmes, enfants et vieillards) comme ce fut le cas à Chivington dans le
Colorado (1864), à Fetterman dans le Wyoming (1866) ou à Wounded
Knee en 1890 sans oublier la distribution de whisky ou de la nourriture
empoisonnée[17].
Entre 1865 (bataille de Pumpkin Buttes) et 1876 (victoire
du général Miles face à Tatanka Yotanka dit Sitting Bull (1834-1890) qui
se termina par la retraite précipitée
p. 100
des
Sioux), douze grands combats furent engagés, dans lesquels les Indiens ont
presque toujours eu l’avantage. Deux ont pris fin par l’anéantissement complet
des troupes blanches; trois autres auraient été aussi désastreux pour les
Américains sans l’arrivée des renforts au dernier moment; un seul s’est conclu
par la négociation et la distribution des cadeaux en signe de paix.
L’anthropologue Stanley Vestal a fait le calcul suivant: nombre d’Indiens
engagés dans l’ensemble des douze combats: 10.356; nombre de Blancs engagés:
5.249. Nombre d’Indiens tués: 69; nombre de Blancs tués: 383. A la seule
bataille de Little Big Horn dans le Montana (1876), les 204 soldats du 7e
de Cavalerie commandé par le général Custer sont tous tués, contre seulement 16
des 1.500 guerriers indiens qui prirent part à l’affrontement[18].
Ces chiffres montrent que les Indiens avaient pour règle de ne livrer
bataille que lorsqu’ils avaient l’avantage numérique, et dans des conditions
qui leur permettaient de subir le minimum de pertes tout en en infligeant le
plus grand nombre à l’ennemi. Quant à la supériorité technique
des troupes américaines il faut au moins mentionner qu’à cette époque
les Indiens des Plaines ne disposaient que d’un fusil pour deux hommes et ne
possédaient aucune pièce d’artillerie[19].
***
****
Qu’il s’agisse de l’Afrique méridionale ou du continent
Nord américain, l’utilisation tactique du chariot sur le champ de bataille fut donc,
indissociablement liée au mode de vie des colons hollandais et des pionniers du
Far West. Moyen logistique qui leur
avait servi en même temps d’abri et d’habitation, cette maison à
quatre roues se montra aussi une arme défensive efficace dans les combats
contre les indigènes de deux continents. Certes, l’observation que nous
venons de faire s’applique davantage aux mœurs des peuplades migratrices
qui sillonnèrent l’espace européen à des époques plus reculées de
l’histoire. Si l’arc à flèche symbolise à juste titre,
mieux encore que le chariot, l’art militaire chez les peuples de la steppe tels
que les Scythes[20], les Alains[21]
p. 101
ou
les Huns[22], qui
étaient avant tout des archers à cheval, ce moyen de transport fut un
usage pour tous les migrateurs, ce qui inclut aussi les tribus germaniques. En
effet, Végèce nous informe que, au IVe siècle ap.
J.–C., tous les peuples migrateurs qu’il qualifiait indifféremment de Barbares avaient l’habitude de disposer
leurs chariots en cercle autour d’eux et de passer ainsi la nuit en
sûreté à l’abri de toutes les surprises[23].
Nous pouvons en déduire que longtemps avant l’observation de Végèce, la
première fonction tactique du chariot fut de protéger et de fortifier un
campement contre les ennemis éventuels ou potentiels tandis que des
sédentaires, les armées de l’Empire romain par exemple utilisaient le castrum[24].
p. 102
Les Teutons originaires du Mecklembourg entreprennent aux
environs de 115 av. J.–C., aux côtés des Cimbres et des Ambrons, une puissante
migration vers la Méditerranée. Après plusieurs années passées dans la
plaine de Pô, l’Espagne Orientale et la Gaule Méridionale, ils seront enfin
écrasés en 102 av. J.–C. par les légionnaires de Marius dans la bataille
d’Aquae Sextiae (Aix-en-Provence), à l’est du Rhône. Doutant de leurs
chances contre une armée romaine nouvellement réformée, les Teutons ont
assemblé les chariots autour de leur campement afin de trouver un ultime refuge
à l’abri de cette fragile forteresse [25].
Nous trouvons d’autres informations concernant l’emploi
tactique du chariot chez les Germains, mais aussi chez les Celtes dans De Bello Gallico de César. Lorsque nous
mentionnons les Celtes nous faisons bien sûr allusion aux tribus
helvètes qui en 58 av. J.–C., affrontent Eduens et Romains dans une bataille
décisive à Bibracte près de Montmort, à l’ouest de
Toulon-sur-Arroux, dans le Morvan[26].
Trois mois plus tard, probablement en septembre 58 av. J.–C., César bat aussi
les Germains d’Arioviste dans la plaine d’Alsace. Il nous décrit l’ordre de
combat choisi par ses adversaires: «Alors
les Germains, contraints et forcés, se décidèrent à faire sortir
leurs troupes: ils les établirent, rangées par peuplades, à des
intervalles égaux, Harudes, Marcomans, Triboques, Vangions, Némètes,
Sédusiens, Suèves; et pour s’interdire tout espoir de fuite, ils
formèrent une barrière continue sur tout l’arrière du
front avec les chariots et les voitures. Ils y firent monter leurs femmes, qui,
tendant leurs mains ouvertes et versant des larmes, suppliaient ceux qui
partaient au combat de ne pas faire d’elles des esclaves des Romains» [27].
p. 103
L’enceinte des chariots était un élément si
caractéristique des Goths que son nom latin d’origine gothique carrago a été conservé jusqu’au XVe
siècle[28]. Du point
de vue étymologique, il pourrait s’agir d’une combinaison du terme celtique carr et du mot germanique hago (clôture)[29].
Les Tervinges (Goths de l’Ouest) à partir d’une période située entre 378
et 418 ap. J.–C., qui coïncide à peu près avec leur
migration vers l’Europe Occidentale, constituèrent un «nouveau peuple» que «Cassiodore fut le premier à appeler
les Wisigoths»[30].
En 376, leurs tentatives de se défendre contre les Huns en établissant des
camps fortifiés et des remparts (vallum)[31]
ou de résister après la défaite dans cette région accidentée connue sous
le nom de Caucaland [32],
semblent confirmer qu’ils étaient des fantassins[33].
Leur célèbre enceinte avait souvent la forme d’un cercle et servait
à protéger le campement des attaques fortuites dans un territoire
hostile[34].
Pour son emploi sur le champ de bataille nous croyons discerner trois fonctions
tactiques:
p. 104
1) celle de protection et de renforcement
d’un dispositif de combat. Derrière un rempart de chariots, les
fantassins pouvaient se protéger contre les projectiles de l’ennemi
(flèches, pierres etc.) et aussi contre les attaques de cavalerie.
2) celle d’un dernier dispositif défensif en
cas de défaite.
3) celle de protection d’une retraite et de
retardement des forces ennemies en poursuite.
L’Histoire Auguste
atteste la présence du carrago, lors
de la grande invasion des Goths dans l’Empire qui débuta au printemps de 268[35].
Vaincus, ils rassemblèrent les chariots, s’en firent un rempart «et voulurent s’enfuir par le mont Gessace»[36].
Si le passage en question est véridique, il s’agit de la troisième
fonction tactique: celle de protéger une retraite. Cependant, il paraît que les
Goths ont réussi à se retirer avec une bonne partie de leurs chariots et
qu’ils durent abandonner les autres sur le trajet aux mains des Romains[37].
Le carrago joua
aussi un rôle tactique important pendant la révolte des Tervinges, établis sur
le sol romain, qui commença en janvier 377. A la bataille qui se déroula vers
la fin de l’été au «lieu des Saule » (Ad
Salices), en Dobroudja (dans l’actuelle Roumanie)[38],
les Goths attendirent l’attaque des forces romaines, retranchés dans leur
habituelle forteresse circulaire de chariots[39].
Une année plus tard, le 9 août 378, les troupes commandées par l’empereur
Flavius Valens (364-378) subirent une cuisante défaite à Andrinople[40],
bataille considérée comme un tournant décisif dans l’histoire
p. 105
de
la tactique militaire, car avec elle, commence l’indiscutable suprématie de la
cavalerie sur l’infanterie qui se prolongera jusqu’aux XIVe-XVe
siècles[41]. Ce serait
d’ailleurs un point de vue excessif que de faire confiance à de telles
conclusions trop générales. Andrinople représente plutôt la victoire fortuite
d’une combinaison tactique assez originale au IVe siècle:
celle du carrago, comme élément
défensif prioritaire des Tervinges, et de la cavalerie ostrogothique comme
élément offensif de décision.
L’emploi tactique du chariot ne s’arrêtera point
dans ces parages des Balkans, témoins de tant d’événements qui marqueront
à jamais la passionnante histoire des Tervinges. La forteresse mobile
sera partout présente lors de leur migration à travers l’Europe qui fera
des Goths Occidentaux un nouveau peuple: les Wisigoths[42].
On la retrouve dans les batailles de Pollentia (Pollenzo, 402) et Vérone (403),
lorsque le général romain Stilichon essaie de fermer la voie de l’Italie aux
hordes conduites par Alaric (395-410)[43].
Finalement, le foedus du 418
concédera l’installation des Wisigoths dans l’Empire, plus précisément en
Aquitaine. Cette fois-ci il s’agissait «de
faire du Wisigoth, le chien de garde de la romanité»[44].
Par deux fois ils se montreront de fidèles fédérés, la première
en 422 en suivant le général Carstin, pour combattre de l’autre côté de
Pyrénées les Suèves, la deuxième fois en 451, en suivant Aetius
contre les Huns[45] dans le
choc considéré comme «la bataille du
siècle»: Campus Mauriacus
ou Champs Catalauniques (20 juin 451), qui laissa le souvenir d’un affrontement
gigantesque[46] et qui
reste encore couverte d’énigmes pour tout historien militaire cherchant
à la
p. 106
reconstituer[47].
Sans aucun doute, elle fut indécise des deux côtés, jusqu’au coucher du soleil,
lorsque les cavaliers huns rompirent le combat pour se replier derrière
leur barricade de chariots qu’ils défendirent le lendemain à coups de
flèches[48].
***
****
Au Moyen Age, le chariot continua d’assurer la logistique
d’une armée en campagne, d’autant que le ravitaillement en vivres et en
munitions demeurait une des conditions essentielles pour la réussite de toute
opération militaire d’une durée prolongée en territoire ennemi. Par exemple
dans la France de l’époque carolingienne, les villes royales étaient obligées
de fournir des chariots à vin ou à farine, couverts de cuir et
rendus imperméables pour la traversée des cours d’eau. Chaque équipage devait
être armé d’un bouclier, d’une lance et d’un arc à flèches
afin d’assurer sa propre défense[49].
Dès le VIe siècle toujours dans
l’Occident européen, les chariots furent aussi employés au sièges des châteaux
et des places fortes pour approcher et escalader les murailles en assurant la
protection des assaillants. Il est vrai que dans l’Antiquité, certains peuples
du Moyen-Orient (Assyriens, Perses etc.), les armées des cités grecques et
surtout les légions de Rome avaient disposé d’un important parc de
siège, mais à l’époque des invasions barbares ce savoir faire qui
nécessitait de profondes connaissances techniques fut perdu dans l’espace
européen sauf dans l’Empire Romain d’Orient où les ingénieurs militaires
continuèrent à jouir d’une certaine estime au sein de l’armée.
Dans son œuvre majeure Gesta
Francorum, l’évêque Grégoire de Tours (538-594) nous relate la ruse
dont fit usage Landegésile, un chef de guerre au service de Gontran roi de
Bourgogne (581-592) lors du siège de Saint-Bertrand de Comminges en mars
585[50].
Plus tard, au XVIIIe siècle, le chevalier Jean-Charles de
Folard (1669-1752), écrivain militaire et théoricien de la colonne, en fait
mention à nouveau dans ses Commentaires
sur Polybe, où elle attire l’attention du roi de Prusse Frédéric II
le Grand (1740-1786), l’éditeur présumé d’une version abrégée de l’œuvre
de Folard. Selon cette édition, le Bourguignon: «[…] ayant investi cette place et préparé toutes choses pour l’attaquer, se
trouva fort embarrassé pour approcher de la place et la battre avec le bélier.
Il ne trouva pas de meilleur expédient pour le mener à couvert, que de
ranger deux files de chariots joints bout à bout. On couvrit
l’entre-deux des ais en travers avec des claies par-dessus, ce qui formait une
galerie, à la faveur de laquelle on pouvait
p.
107
marcher sans danger
jusqu’auprès de la ville, et dont Landegésile se servit pour conduire le
bélier et les choses nécessaires pour faire le siège»[51].
Parfois on les utilisait en tant que projectiles
incendiaires comme ce fut le cas contre le château du Puiset assiégé en 1111
par l’armée du roi de France Louis VI le Gros (1108-1137), où les
troupes royales essayèrent de mettre le feu à la porte principale
en précipitant des chariots enflammés et chargés de bois et de graisse[52].
Trois ans plus tard, en 1114, les chariots retrouvèrent leur principale
fonction défensive lorsque l’empereur Henri V (1106-1125) en train d’assiéger
la ville de Cologne (Köln), ordonna à ses hommes de s’enfermer durant la
nuit dans le Wagenburg afin d’éviter
les surprises provoquées par une sortie intempestive des défenseurs, type de
combat, dont l’issue paraissait souvent incertaine[53].
Dans l’Italie médiévale, le chariot prit les allures d’un
symbole sur le champ de bataille. Aux XIIe-XIIIe
siècles, le mouvement communal transforma progressivement la carte
politique de la Péninsule en faisant des villes des organismes politiques
autonomes. Qu’il s’agit de Pise, Lucques, Milan, Modène, Florence, ou
Bologne, elles enregistrèrent une croissance économique rapide au sein
de laquelle le commerce et l’ouverture vers Byzance et le monde musulman
jouèrent sans doute un rôle important. Ceci suscita l’esprit
d’initiative et le désir d’autonomie des populations urbaines voulant allier
richesse et participation au pouvoir. L’essor des communes inquiéta les
empereurs d’Allemagne qui avaient des droits régaliens dans certaines villes de
Lombardie, provoqua des difficultés avec la Papauté et même des conflits
armés entre certaines communautés citadines voisines[54].
Les nécessités liées à une défense efficace en cas
de guerre dans les régions caractérisées par une certaine densité urbanistique
au Moyen Age (par exemple Flandre aux XIIIe-XIVe
siècles ou le royaume de Bohème aux XIVe-XVe
siècles) avaient conduit irrémédiablement à la formation des
milices communales, dont les premières unités dans
p. 108
le
cas italien apparurent en Lombardie, notamment à Milan[55].
Organisés par divisions des quartiers ou corporations des cités, ces pedites, se comportaient comme de bons
combattants, même si «leur mission
les cantonnait en général à un rôle plutôt défensif»[56],
surtout lorsqu’ils furent obligés d’affronter aux batailles de Legnano (1176)
et de Cortenuova (1237) la chevalerie allemande des empereurs Hohenstaufen
descendue dans la Péninsule pour arroger ses droits[57].
Cette «vocation primitivement défensive
de l’infanterie communale, déterminée par les nécessités de la guerre féodale»[58]
se manifesta dans la tactique et l’armement. Les unités de fantassins armés de
la lanzalonga qui dut s’allonger pour
atteindre trois ou quatre mètres ou de la gialda, archers et arbalétriers protégés par les palvesari (porteurs du grand écu
rectangulaire)[59]
combattaient en rangs serrés autour du Carrocio
(chariot) «emblème mobile de la
cité en guerre»[60].
Couvert par les couleurs de la ville en arborant ses symboles héraldiques, il
représentait le dernier point de ralliement en cas de défaite, telle
l’oriflamme de Saint-Denis pour la chevalerie du roi de France[61].
Cependant, la fonction tactique essentielle du chariot
qui consistait à protéger le campement d’une armée ou renforcer un
dispositif de combat à vocation défensive continua d’être
appliquée en Europe Orientale dans les conflits qui opposèrent entre le
VIe et le XIIIe siècle, les armées byzantines aux
dernières vagues des peuplades migratrices, c’est-à-dire les
Slaves, les Avares, les Bulgares, les Hongrois, les Petchénègues et les
Coumans, dont certains finirent par fonder des formations étatiques stables sur
la carte politique de notre continent. Contraints de reformer à
plusieurs reprises le système militaire de l’Empire pour mieux s’adapter
aux évolutions tactiques pratiquées dans un monde oriental en plein expansion,
les stratèges byzantins tirèrent sans doute, des renseignements
sur les mœurs ou sur les ruses guerrières de leurs
p. 109
ennemis.
Cette richesse en matière de pensée militaire[62]
nous fut transmise dans des ouvrages comme le Traité sur la tactique d’Orbikios, le Stratégikon de l’empereur Maurice (582-602), la Leonis Imperatoris Taktika de l’empereur
Léon VI (886-912) ou le Traité de la
guerre des frontières (De
Velitatione) de l’empereur Nicéphore Phokas (963-969)[63].
Beaucoup de références concernent le chariot, utilisé par ces peuplades migratrices
pour entourer et fortifier leurs campements, en les protégeant ainsi contre les
attaques ennemies, menées par surprise.
Vers la fin du IXe et les débuts du Xe
siècle, les tribus turques des Petchénègues envahirent les
plaines situées au nord de la mer Noire où elles devinrent une sérieuse
menace pour l’Empire[64].
Après de nombreuses incursions dans les provinces balkaniques, en 1087,
les Petchénègues réussirent à infliger une cuisante défaite aux
troupes de l’empereur Alexios Ier Comnène (1081-1118) quelque
part entre Dristra (en roumain Dîrstor) et Beroe (aujourd’hui Stara Zagora en
Bulgarie). Dans sa chronique intitulée Alexiada,
Anne Comnène la fille de l’empereur nous décrit l’attaque par surprise
déclenchée par les cavaliers de la steppe qui se servirent d’une forteresse de
chariots pour s’approcher des troupes byzantines contre lesquelles ils
lancèrent plusieurs vagues de flèches[65].
Quatre années plus tard avec l’aide des Coumans, la revanche du Byzance se
révéla cependant décisive à la bataille de Lebunion (29 avril 1091)[66]
mais en
p. 110
1122
pendant le règne de l’empereur Jean II Comnène (1118-1143), un
dernier affrontement opposa les deux adversaires non loin de l’ancien champ de
combat du 1087. Historia, ouvrage du
chroniqueur Nikita Choniates relate avec richesse de détails cette victoire
byzantine: «[…] durant cette guerre, les Scythes (les
Petchénègues) auxquels le besoin
avait fourni les choses nécessaires ont inventé la chose suivante: ils
ramassent tous les chariots et les disposent en cercle et bon nombre d’entre
eux montent dans les voitures en les employant comme s’il s’agissait de
remparts; ensuite ils ont frayé beaucoup de chemins obliques parmi ces
chariots. Et lorsqu’ils étaient contraints par les Romains à fuir, ils
tournaient le dos et couraient dans cette enceinte de chariots qui formait un
mur inébranlable, en préparant ainsi de la meilleure façon leur retraite. Une
fois reposés ils sortaient de leur enceinte comme sur des portes ouvertes et
réalisaient de vaillants exploits. Ainsi, les Scythes ont improvisé au beau
milieu de la plaine un véritable combat des remparts qui a failli faire
souffrir les Romains»[67].
Dans la première moitié du XIIIe
siècle, les armées des principautés russes furent obligées de trouver
une solution tactique défensive qui puisse faire échouer les terrifiantes
évolutions de la cavalerie mongole. Dans ces vastes plaines de l’Europe
Orientale allait naître le gulaïgorod
(la ville mobile)[68].
Il s’agissait en effet d’une enceinte de chariots liés par des chaînes et
couverts de grands pavois et boucliers qu’on mettait aussi entre les véhicules
pour bloquer les espaces restés libres. Les pavois étaient disposés sur des
roues pour pouvoir être déplacés assez vite vers leur position de combat
en cas de danger. Pour des effectifs manœuvrant dans un terrain plat et
ouvert, le gulaïgorod se montra
un système défensif efficace à condition que l’ennemi mongol
dispose seulement d’archers et qu’il n’ait point d’artillerie (balistes,
catapultes, etc.). Son défaut consistait dans le fait que pendant l’action il
était immobile[69], donc
susceptible d’être bloqué, encerclé et enfin assiégé jusqu’à
l’extermination totale des défenseurs par l’épée ou par la famine.
Grâce à leur extraordinaire mobilité tactique sur
le champ de bataille, les Mongols réussirent à vaincre la résistance du gulaïgorod et l’emploi d’une
artillerie efficace (balistes, catapultes), héritage de l’art militaire
chinois, fut souvent déterminant. Pendant le combat, ils utilisaient des
projectiles pleins de goudron brûlant pour créer des écrans de fumée en
lançant aussi des bombes et des grenades incendiaires afin de harceler les
lignes ennemies lorsque le terrain ne se prêtait pas aux manœuvres
des archers[70]. Dans la
dernière phase de la bataille de Kalka (31 mai 1223)[71],
l’armée des
p. 111
princes
russes de Halicz, de Kiev, de Tchernigov et de Smolensk, alliés avec les
Coumans, fut taillée en pièces par un corps de 25.000 cavaliers mongols
sous la conduite des meilleurs généraux de Gengis-Khan: Djébé et Subôtai. La cavalerie
de Halicz et les Coumans chargèrent l’adversaire sans attendre le
renfort constitué par les troupes de Kiev. En raison de ce défaut de
coordination le contingent kievien, resté seul, dut se défendre trois jours
entiers dans un gulaïgorod placé
sur une colline, contre les incessants assauts des Mongols. Les survivants
furent exterminés sans pitié par le vainqueur, tandis que ceux qui
échappèrent à l’encerclement furent poursuivis durant six jours
par les cavaliers de Subôtai[72].
L’armée hongroise du roi Béla IV (1235-1270) devait subir
une défaite comparable à Möhi, sur la rivière de Sajó (11 avril
1241), lorsque le Royaume de Saint Etienne fut envahi par les minggan de Batu[73]
qui franchirent sur plusieurs points les défilés des Carpates, avec «une connaissance du terrain bien supérieure
à celle des défenseurs de la Hongrie»[74]. Encerclée
après une résistance héroïque par un corps de cavalerie mongole qui
traversa par surprise la rivière à la veille de la bataille, la
chevalerie de Béla dut se replier à l’intérieur du camp royal entouré
par un cercle de plusieurs centaines de chariots reliés les uns aux autres par
des chaînes et des cordes[75].
Après un bombardement avec des rochers lancés par des catapultes et
plusieurs nouées de flèches incendiaires tirées par les archers mongols,
les derniers chevaliers templiers ainsi que ceux hongrois rassemblés par
Koloman prince de Galicie et frère cadet du roi
p. 112
Béla
formèrent un dispositif en coin pour recevoir les escadrons lourds des
Mongols, menés à la charge par Cheïban, un des meilleurs généraux
de Batu[76].
Leur sacrifice permit au roi entouré de sa garde ainsi qu’aux autres rescapés
du désastre de percer sur la route de Pest qui, jonchée des cadavres sur
près de cinquante kilomètres[77]
témoigna de l’acharnement dont furent poursuivis les vaincus.
Même un siècle et demi plus tard lorsque les
Mongols finirent par représenter une menace constante pour l’ensemble du
continent européen, les terrifiantes évolutions de leur cavalerie
continuèrent de poser de sérieuses problèmes d’ordre tactique aux
armées obligées de l’affronter encore en rase campagne que ce soit aux confins
orientaux du royaume polonais, sur la frontière danubienne où
dans la lointaine Russie qui demeurait toujours sous l’emprise de la Horde
d’Or. Une autre victoire mongole contre des systèmes défensifs
statiques, en occurrence l’enceinte de chariots fut celle remportée le 13
août 1399 à Vorskla, affluent du Dniepr (entre les villes de
Kharkov et Krementchoug en Ukraine), bataille rarement mentionnée dans les
annales de l’histoire militaire. Ses conséquences politiques furent d’autant
plus importantes car elle empêcha la formation dans l’Europe Orientale
d’un puissant royaume lituanien indépendant de la Pologne ayant comme futur
souverain le Duc Witold (1401-1430), frère du monarque polonais
Wladyslaw II Jagellon (1386-1434)[78].
Pour parvenir à la couronne royale lituanienne il fallait cependant
contrôler les Tatars du Khanat de
Qiptchaq, tout en poussant les frontières du nouveau Etat vers l’Est en
marge de principautés russes[79],
expédition qui échoua lamentablement malgré la participation de la chevalerie
polonaise, de l’Ordre teutonique et d’un contingent envoyé par la principauté
de Moldavie. Devant les rapides évolutions de la cavalerie tatare de Qiptchaq
commandée par Temür Kutlug, khan de la Horde d’Or (1395-1400/1401), le Wagenburg des alliés, armé de
canons et d’arbalètes[80]
eut le même sort que celui des Hongrois sur la rivière de Sajó.
Ce fut pourtant en Occident à la bataille de
Mons-en-Pévèle (18 août 1304)[81]
où, deux ans après la défaite de Courtrai, la chevalerie
française de Philippe IV le Bel (1285-1314) affronta à nouveau
l’infanterie des villes flamandes que le chariot connut
p. 113
une
utilisation défensive assez originale en ce qui concerne la mentalité tactique
de l’époque. Les contingents de Bruges, Courtrai, Gand et Ypres, entre 12.500
et 15.000 combattants, prirent position au sud du village sur un front de 1.000
à 1.200 m.[82]
ayant le flanc droit appuyé au courant de Coutiches et le gauche aux haies de
Mons-en-Pévèle. Pour protéger le dos de cette phalange compacte, les
Flamands rangèrent en ligne, trois remparts successifs de chariots[83],
tandis que dans le camp opposé, les Français comptaient à peine sur
2.500 à 2.600 chevaliers et peut-être quelques centaines de
fantassins[84]. Quelques
décennies plus tard dans les mêmes contrées de Flandre à la
bataille de Beverhoutsfeld (3 mai 1382) lorsque les milices de Bruges durent
combattre contre leurs voisins de Gand, ces derniers disposaient de trois cent ribaudeaux, que le chroniqueur Jean
Froissart décrit comme de «hautes
charettes» pourvues à l’avant de piques de fer et de trois ou quatre
petits canons[85].
Les Anglais utilisèrent à leur tour le
chariot comme appui défensif sur le champ de bataille, lorsque la combinaison
tactique, cavalerie démontée – archers, armés du longbow, commença à porter ses fruits au début du XIVe
siècle, notamment en Ecosse, puis en France avec la victoire de Crécy
(26 août 1346). Afin de rendre inattaquables ces formations d’archers
soutenus par la chevalerie qui combattait à pied, il fallait choisir en
général des positions dominantes, si possible, accrochées entre deux massifs
boisés, deux villages ou deux accidents de terrain qui empêchaient tout
débordement. «Pour interdire mieux encore
les accès sur les flancs droit et gauche, on travaille ou, plus
exactement, on «machine» dès cette époque le terrain,
accumulant obstacles, abattis et chariots, bref, tout ce que l’on peut trouver
pour se retrancher et se mettre à l’abri»[86].
Cependant à Crécy[87],
le roi Edouard III (1327-1377), obligé par les Français de leur
p. 114
livrer
bataille, prépara soigneusement son dispositif défensif sans le renforcer avec
des chariots, malgré ce que prétend Ferdinand Lot[88].
C’est le campement qui fut entouré d’une enceinte carrée pour mieux protéger
les chevaux de l’armée[89]
et les précieuses réserves de flèches, dont il fut si prodigue au cours
de cette tragique journée.
Le Wagenburg
fut présent aussi à Grunwald (Tannenberg), le 15 juillet 1410 au sein du
dispositif teutonique, bataille où l’armée de la branche prussienne de
l’ordre fut brisée par les forces polono-lituaniennes du roi Wladyslaw II
Jagellon[90]. La
chevalerie du Grand-Maître Ulrich von Jungingen (1407-1413) dut combattre en
infériorité numérique car elle comptait à peine 3.850 gens d’armes
et 3.000 valets tandis que les 4.000 fantassins (piquiers, hallebardiers,
archers, arbalétriers) demeurèrent dans le camp des chariots, placé
derrière le dispositif constitué par les troupes à cheval [91].
Il faut mentionner aussi que durant la bataille, la poudre des canons
teutoniques fut mouillée par une tempête et que les frères chevaliers de Kulm, opposés à l’administration
de
p. 115
l’Ordre,
auraient baissé pavillon et pris la fuite[92].
Quant au Wagenburg, malgré la
résistance acharnée des défenseurs, il fut enlevé d’assaut à la fin des
combats[93].
Rapportée à notre sujet, l’importance de cette bataille prend de
nouvelles dimensions car parmi les 800 combattants tchèques qui contribuèrent
à la victoire polonaise se trouve mentionné aussi Jean Žižka
(1376-1424), hobereau originaire de Trocnov à la tête d’une petite
troupe de cavaliers[94].
Nous ne savons pas si le Wagenburg de
l’Ordre teutonique lui laissa une impression quelconque, malgré les propos de
certains historiens qui affirment que lors de la journée de Grunwald, «il apprit peut-être quelques-unes des
coutumes militaires et des règles stratégiques dont il se servit plus
tard si habilement»[95].
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[1] Nous préférons employer le terme chariot: «Voiture
à quatre roues pour le transport des fardeaux. Chariot de ferme. Voir
Char, charrette, guimbarde. Chariot de foin, de fourrage […]», etc., Le
Petit Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française
(sous la direction de A. Rey et J. Rey-Debove), Paris, Dictionnaires Le Robert,
1990, p. 290, plutôt que celui de char: «Voiture rurale tirée par un ou
plusieurs animaux, à quatre roues et sans ressorts. Voir Chariot,
charrette. Char à foin, Char à bœufs […] Char à
banc», Ibidem, p. 288, qui dans un sens plus large, notamment dans le
domaine militaire peut signifier Char de guerre ou d’apparat, voiture à
deux ou à quatre roues, tirée par des chevaux ou des onagres, utilisée
dans la Haute Antiquité, surtout au Moyen Orient et dans la Grèce de
l’époque homérique, Ian Russell Lowell dans Atlas historique de la Guerre.
Les armes et les batailles qui ont changé le cours de l’histoire (sous la
direction de Richard Holmes), éd. française, Paris, Hachette, 1989, pp. 10-13,
mais aussi Char de combat ou d’assaut (Tank, Blindé), véhicule blindé,
puissamment armé, monté sur chenilles, invention du lieutenant-colonel
britannique, Ernest Swinton dont les premiers quarante-neuf pièces de
modèle Mark I interviendront le 15 septembre 1916 dans la phase finale
de la bataille de la Somme, Eric Morris, Blindés, éd. française, Paris,
Nathan, pp. 20-25; Ian Beckett dans The Guinness Encyclopedia of Warfare
(sous la direction de Robin Cross), Londres, Guinness Publishing, 1991, p. 192.
[2] Jean-Louis Bacqué-Grammont dans Histoire de l’Empire
Ottoman (sous la direction de Robert Mantran), Paris, Fayard, 1989, pp.
142-143, ainsi que son ouvrage, Les Ottomans, les Safavides et leurs
voisins. Contribution à l’histoire des relations internationales dans
l’Orient islamique de 1514 à 1526, Nederlands
Historisch-Archaelogisch Instituut te Istanbul, 1987. Les enjeux diplomatiques
du conflit furent étudiés aussi par A. Allouche, The Origins and Development
of the Ottoman-Safavid Conflict (1500-1555), Berlin, 1993.
[3] Le tâbur çengi «[…] consisted of heavy wagons, which
were chained to each other and reinforced with guns and arquebuses ranged
around the main part of the army, like a fortress […] This order of battle was
actually not unfamiliar to the Turco-Mongols in the steppes –they called it
«küriyen» or «küren» in Mongol and «çaper» or « çeper » in Turkish. But what was new for the Ottoman was the reinforcement of
this formation with fire-arms»., Halil Inalcik, «The Socio-Political Effects of
the Diffusion of Fire-arms in the Middle-East», dans War Technology and
Society in the Middle-East (sous la direction de Vernon J. Parry et M. Y.
Yapp), Oxford, U.P., 1957, p. 204.
[4] Pour Çaldiran voir notamment, Colonel Muzaffer Kan,
«Selim I’s Iranian and Egyptian Expeditions», dans Revue Internationale
d’Histoire Militaire, no. 46, Ankara, 1980, pp. 79-85 ainsi que la
bibliographie donnée par Stanford J. Shaw dans History of the Ottoman Empire
and Modern Turkey, t. I, Cambridge University Press, 1976, p. 311. Parmi les
rares ouvrages occidentaux qui analyse cette bataille nous renvoyons à Histoire
universelle des Armées (sous la direction de Jacques Boudet), t. II, Paris,
1966, pp. 19-22. Pour l’art de la guerre ottomane à cette époque, cf.,
plus récemment, Rhoads Murphey, Ottoman Warfare (1500-1700), New Jersey,
Rutgers University Press, 1999, pp. 4-26, pp. 49-114.
[5] Babur fait référence sans doute aux Ottomans dont
l’armée impressionna fortement les Persans douze ans plus tôt à
Caldiran, Parry, article «Bārūd» dans Encyclopédie de l’Islam,
t. I, Paris, Maisonneuve-Larose, 1975, p. 1094.
[6] Le Livre de Babur. Mémoires de Zahiruddin Muhammad
Babur de 1494 à 1529 (trad. du turc tchaghatay et annoté par
Jean-Louis Bacqué-Grammont), Paris, POF, 1980, pp. 316-317. Pour l’histoire de
Babur voir plus récemment Jean-Paul Roux, Histoire des Grands Moghols. Babur,
Paris, Fayard, 1989. Une description de la bataille de Panipat dans Douglas E.
Streusand, The Formation of the Mughal Empire, Delhi, 1989, pp. 51-54.
Pour le dispositif défensif de Babur cf. dernièrement, Jos Gommans, Warhorse
and Gunpowder in India, c. 1000-1850, dans War in the Early Modern World
1450-1815 (sous la direction de Jeremy Black), Londres, UCL Press Limited,
1999, p. 117: «This consisted of a number of wagons chained together to form an
effective barrier against cavalry charges and to give cover to matchlockmen and
a few light-guns. At the start of the sixteenth century the wagenburg made an
initial impact, but it certainly failed to herald a new gunpowder era in which
artillery and infantry were to dominate Indian warfare».
[7] Boer signifie fermier et trek correspond à une
idée de déplacement. Les migrations étaient suivies sur des pistes découvertes
par des voortrekkers, les chasseurs, les éclaireurs et les fermiers qui
lançaient des expéditions à l’intérieur des territoires inconnues,
littéralement, les trekkers qui étaient à l’avant ou les pionniers.
[8] Une description détaillée du chariot des trekkers dans
Robert Lacour–Gayet, Histoire de l’Afrique du Sud, Paris, Fayard, 1970,
p. 126.
[9] Guerre contre les tribus indigènes qui vivent en
Afrique du Sud. D’origine arabe, le mot cafre signifie infidèle.
[10] En afrikaans moderne: laer.
[11] Cf., chap. «La stratégie boer» dans Louis C. D. Joos, Histoire
de l’Afrique du Sud, Paris, Editions du Centurion, 1966, pp. 77-79.
[12] La Grande Migration suite au quelle furent fondés l’Etat
libre d’Orange et la République du Transvaal.
[13] Leo Marquard, The Story of South Africa, Londres,
Faber and Faber, 1963, p. 124-131; R. Lacour–Gayet, op. cit., pp.
110-141; Anthony Nutting, Scramble for Africa. The Great Trek to the Boer
War, Londres, 1970, pp. 49-59.
[14] L. Marquard, op. cit., p. 132 , pp. 138-139; R.
Lacour–Gayet, op. cit., pp. 134-135, pp. 142-143; L. C. D. Joos, op.
cit., p. 118, pp. 122-123 ainsi que l’article de Bernard Lugan, «La longue
marche des Boers», dans Terres d’histoire, no. 2, Paris, septembre 1989,
pp. 86-93. Pour la colonisation de l’Afrique du Sud, cf. aussi l’excellent
ouvrage de Charles Venter, The Great Trek, Don Nelson, Le Cap, 1988.
[15] Le Texas proclama son indépendance en 1835 pour devenir
dix ans plus tard membre de l’Union, tandis que les territoires du Nouveau
Mexique et d’Arizona furent cédés par Mexique suite à la défaite dans la
guerre de 1846-1848; a ce sujet, cf. David Pletcher, The Diplomacy of
Annexation: Texas, Mexico and the Mexican War, Columbia, Missouri Press,
1973.
[16] Ray Allen Billington, The Far Western Frontier
(1830-1860), Londres, Hamish Hamilton, 1956, p. 31. Parmi la vaste
littérature historique concernant le sujet nous renvoyons à l’ouvrage
classique de Henry Nash Smith, Virgin Land: The American West as Symbol and
Myth, New York, Vintage Books, 1957; Frederick J. Turner, La
frontière dans l’histoire des Etats Unis, éd. française, Paris,
1963; Robert M. Utley, The Indian Frontier of the American West, 1846-1890,
Albuquerque, 1984, ainsi que le chapitre «Les Etats-Unis au milieu du XIXe
siècle» dans la synthèse remarquable de James M. Mc Pherson, La
Guerre de Sécession (1861-1865), éd. française, Paris, Robert Laffont,
1991, pp. 11-55, avec notre compte-rendu dans Revue Roumaine d’Histoire,
t. XXXIV, no. 3-4, Bucarest, 1992, pp. 374-375.
[17] Notamment R. M. Utley, op. cit., pp. 31-64.
[18] Apud E. Marienstras, La Résistance indienne aux
Etats-Unis (XVIe-XXe siècles), éd. française,
Paris, Gallimard, 1980, p. 124.
[19] Ibidem; sortis à peine d’une guerre civile
meurtrière, les officiers supérieurs de l’armée américaine furent
obligés de reconnaître les qualités militaires de leurs nouveaux adversaires:
Custer disait: «Aucune race d’hommes, pas même les fameux Cosaques, ne
fait preuve d’une adresse aussi merveilleuse à cheval». Le général
Benteen les qualifiait ainsi: «Bons tireurs, bons cavaliers, les meilleurs
combattants qu’on ai vus sous le soleil». Le général King voyait en eux «des
ennemis beaucoup plus redoutables que n’importe quelle cavalerie européenne
[…]», Ibidem, p. 125. Pour l’évolution militaire des Indiens des grandes
plaines voir l’étude de Franck Raymond Secoy, Changing Military Patterns of
the Great Plains Indians, University of Nebraska Press, Bison Books, 1999.
A les comparer au moins avec les tribus géorgiennes et tchétchènes du
Caucase qui combattirent avec le même acharnement, les mêmes
tactiques et à la même époque l’autre future super-puissance du XXe
siècle: la Russie. A ce sujet, dernièrement, Matei Cazacu, Au
Caucase. Russes et Tchétchènes, récits d’une guerre sans fin,
Genève, Georg Editeur, 1998.
[20] Selon Hérodote qui nous raconte la campagne des Perses
contre les Scythes en 514 av. J.–C., ceux dernières «avait fait prendre
les devants à leurs chariots, qui tenaient lieu de maisons à
leurs femmes et à leurs enfants, et leur avaient donné ordre d’avancer
toujours vers le nord. Ces chariots étaient accompagnés de leurs troupeaux,
dont ils ne menaient avec eux que ce qui leur était nécessaire pour vivre», Histoires
(trad. du grec par Pierre-Henri Larcher. Introd. et notes par François Hartog),
Paris, Maspero, 1980, livre IVe, CXXI, p. 242.
[21] Bernard S. Bachrach, A History of the Alans in the
West. From Their First Appearance in the Sources of Classical Antiquity through
the Early Middle Ages, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1973, p.
20; Vladimir Kouznetsov, Iaroslav Lebedynsky, Les Alains, cavaliers des
steppes, seigneurs du Caucase, éd. française, Paris, Errance, 1997, p. 38.
[22] Otto J. Maenchen-Helfen, The World of the Huns.
Studies in their History and Culture, Berkeley, Los Angeles, University of
California Press, 1973, p. 215.
[23] Flavius Renatus Vegetius (Végèce), Epitoma rei
militaris, (Abrégé des questions militaires), éd. Karl Lang, Leipzig, 1885,
livre III, X, p. 91: «Omnes barbari carris suis in orbem conexis ad similitudem
castrorum securas superuentibus exigunt noctes». Pour la circulation de
l’œuvre de Végèce dans l’Occident médiéval, cf. dernièrement
Philippe Richardot, Végèce et la culture militaire au Moyen Age (Ve-XVe
siècles), Paris, Economica, 1998. Selon John Frederic Charles
Fuller, Les batailles décisives du monde occidental, éd. française, t.
I, Paris, Berger-Levrault, p. 121, la plupart des tribus de Barbares nomades
appartenaient à une catégorie qu’il nomme «le peuple des chariots». Leur
mode de vie était d’autant plus précaire qu’ils formaient non point des armées
mais des communautés en perpétuel mouvement; les femmes, les enfants, le
cheptel, les bagages, exigeaient des taches constantes de surveillance et de
protection. Notons enfin, une observation de Lucius Caecilius Firmianus dit
Lactantius (Lactance), tirée de l’ouvrage De mortibus persecutorum (Sur
la mort de persécuteurs), éd. Jean Moreau, Paris, 1954, I, p. 88: «Les Barbares
ont l’habitude de partir en guerre avec tout ce qu’ils possèdent,
embarrassés par leur multitude même et empêtrés de leurs bagages».
[24] Une des premières utilisations tactiques du
chariot, mentionnée par les sources nous vient pourtant, de la part des peuples
sédentaires à l’instar des Triballes, tribu appartenant à la
famille des Thraces qui vivait au IVe siècle av. J.–C. entre
le Danube et les monts Balkans (dans l’actuelle Bulgarie). Arrian (Arrien) nous
raconte comment en 335 av. J.–C. ils essayèrent d’empêcher l’armée
macédonienne d’Alexandre le Grand (336-323 av. J.–C.) à franchir le col
de Chipka, Histoire d’Alexandre. L’anabase d’Alexandre le Grand, traduit
du grec par Pierre Sevinel suivi de Flavius Arrien entre deux mondes par
Pierre Vidal Naquet, Paris, éd. de Minuit, 1984, t. I, 1, 6-13, pp. 18-19. Neuf
ans plus tard, en 326 av. J.–C après la bataille de Hydaspe, les forces
macédoniennes se heurtèrent à la résistance des Cathéens, tribu
indien du Punjab qui décidèrent d’affronter l’ennemi devant la ville de
Sangala, retranchés dans une enceinte de trois remparts successifs de chariots
disposés en cercle, Ibidem, V, 22, 2-4, pp. 178-179. Un autre récit sur
les combats dans Quintus Curtius (Quinte-Curce), Histoires (éd. Henri
Bardon), Paris, Belles Lettres, t. II, 1965, livre IX, I, p. 349. Parmi les
historiens militaires ayant analysé la bataille de Sangala voir notamment J. F.
C. Fuller, The Generalship of Alexander the Great, Londres,
Eyre-Spattiswoode, 1958, pp. 255-257. Toutes ces informations qui proviennent
des sources narratives de l’Antiquité contredisent les propos de John Childs,
auteur de l’article «Waggon-laager» dans Dictionary of Military History,
edited by André Corvisier, Oxford, 1994, p. 853: «The employment of waggons to
form a defensive perimeter in battle was first recorded by Julius Caesar. He
described how the Helvetii retreated to a waggon–lagger after an unsuccessful
action against the Romans»!
[25] Theodor Mommsen, Histoire romaine, éd. française,
livres I-IV, (éd. Claude Nicolet), Paris, Laffont, t. I, 1985, p. 841.
[26] Caius Iulius Caesar (César), Guerre des Gaules
(préf. Paul Marie Duval, trad. et notes L. A. Constans), Paris, Gallimard,
1981, liv. I, 2-4, p. 52-54: «Les Helvètes, qui suivaient avec tous
leurs chariots, les rassemblèrent sur un même point; et les
combattants, après avoir rejeté notre cavalerie en lui opposant un front
très compact, formèrent la phalange et montèrent à
l’attaque de notre première ligne […]. On se battit encore autour des
bagages fort avant dans la nuit: les Barbares avaient en effet formé une
barricade de chariots et, dominant les nôtres, ils les accablaient de traits
à mesure qu’ils approchaient; plusieurs aussi lançaient par-dessous,
entre les chariots et entre les roues, des piques et des javelots qui
blessaient nos soldats. Après un long combat, nous nous rendîmes maîtres
des bagages du camp». Pour le lieu de la bataille, voir Constans, notes 41, 42,
46, p. 383.
[27] Guerre des Gaules, liv. I, 51, p. 94. De
même, les guerriers bretons commandés par la reine Boadicée dans la
bataille décisive qui les opposa en 61 au légions romaines du gouverneur
Suetonius Paulinus: «Quant aux Bretons, leurs bandes à pied et à
cheval paradaient et voltigeaient tumultueusement, plus nombreuses que jamais,
et animées d’une telle audace, qu’ils traînaient leurs femmes à leur
suite pour les rendre aussi témoins de la victoire, et les plaçaient sur des
chariots qui bordaient l’extrémité de la plaine», C. Cornelius Tacitus
(Tacite), Annales (trad. d’après Burnouf, et annot. par Henri
Bornecque), Paris, Garnier-Flammarion, 1965, livre XIV, XXXIV, p. 395-396.
[28] Herwig Wolfram, Histoire des Goths, éd. française,
Paris, Albin Michel, 1990, p. 113. Selon Edward Gibbon, Histoire du déclin
et de la chute de l’Empire Romain (Rome de 96 à 582), éd. française,
t. I, Paris, Laffont, 1983, p. 773: «Le «charroi» qui environnait l’armée doit
être une phrase familière à ceux qui ont lu Froissart ou
Comines». Pour le XVe siècle, dans Le livre de la
description des pays de Gilles le Bouvier, contemporain du roi de France
Charles VII (1422-1461), nous trouvons le terme de charios. Il s’agissait cette
fois-ci des chariots hussites, Philippe Contamine, La Guerre au Moyen Age,
Paris, P. U. F., 1980, p. 239. Mais l’enceinte des chariots, Wagenburg en
allemand a été traduite en français par chastiaul sur char ou par chastel
charral, Ibidem, p. 240.
[29] J. Straub, Studien zur Historia Augusta, Berne,
1952, p. 11, pp. 20-28. Sur l’origine et les variantes du terme jusqu’au XVe
siècle, voir Karol Titz, Ohlasy husitskèho valìcnictvi
v Europì,
Prague, 1922, p. 63. Voir aussi Ion Barnea, article «carrago» dans Enciclopedia
arheologiei ºi
istoriei vechi a României (sous la direction de Constantin Preda), t. I,
Bucarest, 1994, pp. 257-258.
[30] H. Wolfram, op. cit., p. 131.
[31] Ibidem, p. 112. Les Tervinges ont construit des
«muros altiu » entre la rivière de Gerasos (Siret) et le Danube. La
seule relation appartient à Ammianus Marcellinus (Ammien Marcellin),
dans Histoire Romaine, livre XXVII, V, 3, dans Ammien Marcellin,
Jordanès, Frontin (Les Stratagèmes), Végèce, Modestus,
avec la traduction en français, publiés sous la direction de M. Nisard, Paris,
Dubochet, le Chevalier et cie, 1849, p. 391. L’identification du vallum pose
encore des problèmes aux spécialistes: Radu Vulpe, «Le vallum de la
Moldavie inférieure et le «mur» d’Athanaric», dans Studii ºi Cercetãri de
Istorie Veche, t. I, no. 2, Bucarest, 1950, pp. 163-174; M. Brudiu, «Cercetãri
arheologice în zona valului lui Athanaric», dans Danubius, no. 8-9, Galaþi,
1979, pp. 151-163; Emmanuel C. Antoche, Marcel Tanasachi, «Le «vallum» (Troian)
de la Moldavie Centrale», dans Etudes Roumaines et Aroumaines, (sous la
direction de Paul Henri Stahl), «Sociétés Européennes», t. VIII, Paris, EHESS,
1990, pp. 130-133.
[32] Peut-être les régions des sous-carpathes
orientales roumaines. A ce sujet M. Cazacu, «Montes Serrorum» (Ammianus
Marcellinus, XXVII, 5, 3 ). Zur Siedlungsgeschichte der Westgoten in Rumänien»,
dans Dacia, t. XVI, Bucarest, 1972, p. 299 avec la bibliographie du
problème, ainsi que Gheorghe Diaconu, article «Caucaland», dans Enciclopedia
arheologiei, t. I, p. 265.
[33] H. Wolfram, op. cit., p. 112.
[34] Ammien Marcellin, XXXI, XVII, p. 357; H. Wolfram, op.
cit., p. 112; Robert E. Dupuy, Trevor H. Dupuy, The Encyclopedia of
Military History, from 3.500 BC to the Present, New York–San Francisco, Harper
Row, 1977, p. 136. Les suppositions des derniers auteurs en ce qui concerne
l’origine de l’enceinte des chariots chez les Goths nous semblent erronées:
«Whether this was an original idea, or was inherited from Asia, or was an
adaptation of the Roman system of castrametation is not clear». Chez un peuple
de race germanique, et surtout migrateur, toujours en contact avec d’autres
peuples qui mènent le même genre de vie, l’origine de
l’utilisation tactique du chariot ne semble pas représenter une énigme. L’idée
d’une influence romaine doit être exclue. Cependant elle s’est
certainement manifestée dans la construction des valla, si caractéristiques de
l’architecture militaire impériale.
[35] Ecrivains de l’Histoire Auguste (trad. Florence
Legay), t. I, Paris, 1844: Gallienus Pater, XIII, pp. 330-331; Divus Claudius,
VIII, pp. 434-435; J. Straub, op. cit., pp. 59-60.
[36] «quo comperto, Scythae facta caragine per montem
Gessarem, fugere sunt conati», Gallienus Pater, XIII, p. 330. Pour
l’identification du mont Gessace (Gessax), voir H. Wolfram, op. cit., p.
68: Il s’agit «d’une montagne de Thrace que l’on peut situer soit dans le pays
des Besses soit dans la chaîne des Rhodopes».
[37] Dans une lettre que l’empereur Claude II (268-270)
adressa à Brochus, le gouverneur d’Illyrie, où lui annonça sa
victoire, il avait mentionné que «nullum iter purum est: ingens carrago deserta
est», Divus Claudius, VIII, p. 434. Straub, pp. 37-40, note une série des
éléments communs entre la capture des chariots barbares à la bataille de
Naïssus (l’actuel Niš en Serbie), livrée en 269 et un épisode semblable
qui se passe en 379, après Andrinople, lorsque les Romains s’emparent
aussi d’environ 4.000 voitures! Voir Zosimos (Zosime), Histoire nouvelle
(éd. François Paschoud), Paris, Belles Lettres, 1971, t. II, 2e
partie, Paris, 1979, pp. 287-288. Pour Straub, l’anonyme latine de l’Histoire
Auguste, s’inspire des événements de 379 pour attribuer un exploit analogue
à Claude II.
[38] André Piganiol, L’Empire chrétien (325- 395),
Paris, P. U. F., 1947, p. 167, note 93; I. Barnea, op. cit., p. 258.
[39] Ammien Marcellin, XXXI, VII, p. 357-358; H. Wolfram, op.
cit., p. 135.
[40] Ammien Marcellin, XXXI, VII, pp. 364-366; Zosime, livre
IV, XXII-XXIV, pp. 283-287; E. Gibbon, op. cit., pp. 773-779; H. Wolfram,
op. cit., pp. 136-141; R. E. Dupuy, T. H. Dupuy, op. cit., pp.
156-157; Sir Charles Oman, A History of the Art of War in the Middle Ages,
IIe éd., t. I, New York, 1924, pp. 13-15; A. Piganiol, op. cit.,
pp. 167-169 avec une bibliographie jusqu’en 1947, dans la note 100, p. 168; L.
Schmidt, Geschichte der deutschen Stâmme. Die Ostgermanen, Munich, 1941,
pp. 410-412; Ernest Stein, Histoire du Bas Empire (éd. J. R. Palanque),
t. I, Paris, 1959, pp. 189-191; T. S. Burns, «The Battle of Andrinople, a
Reconsideration», dans Historia 22, Londres, 1973, pp. 341-345; Franco
Cardini, Alle radici della cavaleria medievale, Florence, La Nouva
Italia, 1981, pp. 5-7; Hans Delbrück, History of the Art of War, éd.
américaine, t. II, «The Barbarian Invasion», (trad. par W. J. Renfroe Jr.),
Bison Book, 1990, pp. 269-284 ainsi que l’analyse de la bataille faite par Ph.
Richardot dans La fin de l’armée romaine (284-476), 2e éd.,
Paris, Economica, 2001, pp. 271-291.
[41] A. Piganiol, op. cit., pp. 167-169; C. Oman, op.
cit., p. 15; Bernard Law Montgomery, vicomte d’Alamein, Histoire de la
Guerre, éd. française, Paris, France Empire, 1970, pp. 138-139; Gérard
Chaliand, Anthologie mondiale de la stratégie. Des origines au nucléaire,
Paris, Laffont, 1990, p. XXIX.
[42] H. Wolfram, op. cit., p. 63.
[43] Ibidem, pp. 165-166; Ferdinand Lot, Les
invasions germaniques. La pénétration mutuelle du monde barbare et du monde
romain, Paris, Payot, 1935, pp. 65-71; E. Stein, op. cit., pp.
226-228.
[44] Michel Rouche, L’Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, 418-781.
Naissance d’une région, Paris, éd. de l’EHESS, 1979, p. 24.
[45] Ibidem, p. 28-29.
[46] Pour une courte bibliographie sur la bataille voir en
premier Jordanès, De Getarum Sive Gothorum, Origine et Rebus Gestis,
XXXVI-XLI dans Ammien Marcellin, Jordanès, Frontin (Les
Stratagèmes), Végèce, Modestus, pp. 456-462. Des commentaires,
chez E. Gibbon, op. cit., pp. 1027-1029; E. Stein, op. cit., p.
335; Ph. Richardot, La fin de l’armée romaine, pp. 323-341; J. F. C.
Fuller, Les batailles décisives, pp. 148-151; Franz Altheim, Attila
et les Huns, éd. française, Paris, Payot, 1952, pp. 177-179; E.
Paillard, «Essai sur l’ancien itinéraire de Metz à Orléans et la
localisation de la défaite d’Attila en 45», dans Mémoires de la Société
d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, t. 82, 1967, pp.
51-84; U. Täckholm, «Aetius and the Battle of the Catalaunian Plains», dans Opuscula
Romana, t. VII, 1969, pp. 259-276; Louis Hambis, Attila et les Huns,
Paris, P. U. F., 1972, pp. 88-95; Giuseppe Zecchini, Aezio: 1’ultima difesa
dell’Occidente Romano, Centro Ricerche e Documentazione sull
Antichità Classica, Rome, 1983, pp. 268-273.
[47] L. Hambis, op. cit., p. 93. Même si,
d’après G. Zecchini, op. cit., p. 269, «la descripzione di questa
battaglia constituisce il «pezzo forte» dei Getica», les passages en question
ne suffisent pas du tout à reconstituer les combats.
[48] Jordanès, XL, p. 461; Chez L. Hambis, op. cit.,
p. 92, les Romains et les Wisigoths n’osèrent pas attaquer les défenses
des Huns, car ils les jugèrent trop fortes.
[49] Ph. Contamine dans Histoire militaire de la France
(sous la direction d’André Corvisier), t. I, «Des origines à 1715»,
Paris, Quadrige/P. U. F., 1997, p. 33.
[50] Grégoire de Tours, Histoire des Francs (éd. R.
Latouche), t. II, Paris, 1965, pp. 119-120.
[51] Esprit du chevalier Folard, tiré de ses commentaires
sur l’Histoire de Polybe/par main de maître, Berlin, chez Chrétien Frédéric
Woss, 1761, p. 36. A ce sujet, voir notamment l’ouvrage de Jean Chagniot, Le
chevalier de Folard ou la stratégie de l’incertitude, Monaco, Ed. Du
Rocher, 1997, p. 121, pp. 259-260.
[52] Ph. Contamine, Histoire militaire, p. 65. Entre
le XIIe et le XIVe siècle, lorsque les techniques
de siège s’améliorent, «ces machines-tours, beffrois ou châteaux de
bois, assez fréquemment représentés dans les miniatures, portent des noms
divers, dont certains hérités de l’Antiquité ou retrouvés dans les œuvres
des spécialistes latins: truies, vignes, chats ou chattes, belettes, guérites,
«chats châteaux». Abritant des archers, des chevaliers, des arbalétriers, la
plupart de ces machines pouvaient être placées sur rouleaux pour
s’avancer à proximité de la muraille adverse sous la poussé de dizaines
et de dizaines de manœuvres. D’autres plus petites étaient montées sur des
chariots»., Idem, La Guerre au Moyen Age, p. 209. Plus tard, à
partir de la deuxième moitié du XIVe siècle,
même les pièces d’artillerie «étaient transportées dans des chars,
des chariots, munis en général de quatre roues, et il fallait les déposer avant
qu’elles pussent tirer. Les canons étaient installés sur un chevalet, ou un
châssis», Ibidem, p. 266.
[53] Mihail P. Dan, Cehi, Slovaci ºi Români în veacurile
XIII-XVI, Sibiu, 1944, p. 213.
[54] A ce sujet nous renvoyons surtout aux contributions de
Gina Fasoli, Dalla «civitas» al comune, Bologne, 1961; Idem, «Governanti
e governati nei comuni cittadini italiani fra l’XI ed il XIII secolo», dans
Etudes Suisses d’Histoire Générale, t. XX, Berne, 1962-1963, pp.
141-173, et de Paolo Brezzi, I comuni medioevali nella storia d’Italia,
Turin, 1970.
[55] J. F. Verbruggen, «L’art militaire en Europe Occidentale
du IXe au XIVe siècle», dans Revue
Internationale d’Histoire Militaire, no. 16, Paris, 1955, p. 493.
[56] F. Cardini, La culture de la guerre, éd. française,
Paris, Gallimard, 1992, pp. 53-54. Sur les milices communales italiennes, voir
la bibliographie présentée à la p. 458 de l’ouvrage.
[57] J. F. Verbruggen, De Krijkunst in West-Eüropa in de
Middeleeuwen, (IXe tot begin XIVe eeuw), Bruxelles,
1954, p. 561. Sur Legnano et Cortenuova cf. Bertrand Hanow, Beiträge zur
Kriegsgeschichte der staufischen Zeit. Die Schlachten bei Carcano und Legnano,
Berlin, 1905; Karl Hadank, Die Schlacht bei Cortenuova am 27 November 1237,
Berlin, 1937 ainsi que la bibliographie donnée par Wolfgang Erben dans Kriegsgeschichte
des Mittelalters, Munich–Berlin, 1929, p. 120.
[58] F. Cardini, La culture de la guerre, p. 54.
[59] Ibidem.
[60] Ibidem, ainsi que l’essai de H. Zug Tucci, «Il
carrocio nella vita comunale italiana», dans Quellen und Forschungen aus
italienischen Archiven und Bibliotheken, t. LXV, Tübingen, 1985, pp. 1-104.
[61] Ph. Contamine, L’oriflamme de Saint-Denis aux XIVe-XVe
siècles. Etude de symbolique religieuse et royale, Nancy, 1975. Lors
d’une autre célèbre bataille, celle de Bouvines (le 27 juillet 1214),
«face à Philippe Auguste, à la bannière royale
fleurdelisée, à l’oriflamme de Saint-Denis, le terrifiant étendard
impérial avec son dragon surmonté d’un aigle», était fixé au sommet d’un chariot
à quatre roues, Idem, Histoire militaire, p. 83.
[62] En ce qui concerne l’art de la guerre byzantin cf.
notamment, F. Lot, L’art militaire et les armées au Moyen Age en Europe et
dans le Proche Orient, t. I, Paris, 1946, pp. 32-72; Histoire
universelle des Armées, t. I, Paris, 1965, pp. 162-174; J. F. Haldon, Some
Aspects of Byzantine Military Technology from the Sixth to the Tenth Century,
Londres, 1975.
[63] F. Aussaresses, L’armée byzantine à la fin du
Ve siècle d’après le Strategikon de l’Empereur Maurice,
Bordeaux–Paris, 1909; Alphonse Dain, Les Stratégistes byzantins (Travaux
et mémoires. Centre de recherche d’histoire et civilisation byzantines), no. 2,
Paris, 1967, pp. 329-361; G. T. Dennis, E. Gamillscheg, Das Strategikon des
Maurikios, Vienne, 1981; Gilbert Dagron, «Byzance et le modèle
islamique au Xe siècle. A propos des Constitutions tactiques
de l’empereur Leon VI», dans Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
Comptes rendus des séances de l’année 1983, pp. 219-242; G. T. Dennis, Maurice’s
Strategikon. Handbook of Byzantine Military Strategy, Philadelphia, 1984;
Idem, Haralambie Mihãiescu, Le traité sur la guérilla (De velitatione) de
l’empereur Nicephore Phocas (963-969), Paris, Editions du CNRS, 1986.
[64] Sur les Petchénègues voir René Grousset, L’Empire
des Steppes. Attila, Gengis-Khan, Tamerlan, Paris, Payot, 1965, pp.
238-240; Gheorghe I. Brãtianu, La Mer Noire. Des origines à la
conquête ottomane, «Acta historica», t. IX, Munich, 1969, pp.
161-162; Petre Diaconu, Les Petchénègues au Bas-Danube, Bucarest,
1970; Mihai Sîmpetru, «Le Bas-Danube au Xe siècle de notre
ère», dans Dacia, nouv. série, t. XVIII, Bucarest, 1974, pp.
239-264; Victor Spinei, «Les Petchénègues au nord du Bas-Danube aux Xe-XIe
siècles», dans Actes du XIIe Congrès International
des Sciences Préhistoriques et Protohistoriques, Bratislava, 1-7 septembre
1991 (sous la direction de Jan Pavuk), t. IV, Bratislava, 1993, p. 285-290,
ainsi que son dernier ouvrage, essentiel dans l’étude des migrations tardives
qui mérite sans doute, une nouvelle édition dans une langue de circulation
internationale, Marile migraþii din estul ºi sud-estul Europei în secolele
IX-XIII, Jassy, Institutul European, 1999, pp. 88-151 avec la bibliographie
du sujet, pp. 147-151.
[65] Anne Comnène, Alexiade (ed. Bertrand Leib),
t. II, Paris, 1943, pp. 90-93. Cette campagne fut étudiée par Karl Dieter dans
«Zur Glaubwürdigkeit der Anna Komnena. I. Der Petschenegenkrieg 1084-1091»,
dans Byzantinische Zeitschrift, t. III, Munich, 1894, pp. 386-390 et par
P. Stephenson, Byzantium’s Balkan Frontier. A Political Study of the
Northern Balkans, 900-1204, Cambridge, 2000, pp. 89-103.
[66] R. Grousset, op. cit., p. 240; Gh. I. Brãtianu, op.
cit., p. 162; V. Spinei, Marile migraþii, pp. 137-138.
[67] Nikita Choniates, Historia dans Fontes Historiae
Daco-Romanae, t. III (éd. Alexandru Elian, Nicolae ª. Tanaºoca), Bucarest,
1975, pp. 245-247 (trad. française par Matei Cazacu), événements décrits aussi
dans la chronique de Jean Kinnamos, cf. Ioannis Cinnami, Epitome rerum ab
Ioanne et Alexio Comnenis gestarum (éd. A. Meininke), Bonn, 1836, pp. 7-8.
[68] C. Oman, op. cit., t. II, New York, 1925, p. 363;
H. W. Koch, La guerre au Moyen Age, Paris, Nathan, 1980, p. 63.
[69] C. Oman, op. cit., t. II, p. 363.
[70] Bertold Spuler, Les Mongols dans l’histoire, éd.
française, Paris, 1961, pp. 23-24; Charles Commeaux, La vie quotidienne chez
les Mongols de la conquête, Paris, 1972, p. 131; James Chambers, Les
cavaliers du diable. L’invasion mongole en Europe, éd. française, Paris,
Payot, 1988, pp. 102-103. Il paraît qu’à la bataille de Leignitz (le 9
avril 1241), les Mongols avaient utilisé «des fusées ou des produits
fumigènes asphyxiants, sortes de feux grégeois qui, ajoutés à
l’extrême efficacité de leurs volées de flèches, décidèrent
de leur victoire, un instant compromise par la charge des chevaliers
silésiens», Histoire Universelle des Armées, p. 284. Pour l’organisation
militaire et l’art de la guerre chez les Mongols, cf. le récit de Jean de Plan
Carpin, Histoire des Mongols (trad. et annot. par Jean Becquet et Louis
Hambis), Paris, 1965, pp. 73-90, pp. 91-100 et Histoire secrète des
Mongols (Monqghol-un ni’uca tobciyan). Chronique mongole du XIIIe
siècle, annot. et trad. du mongol par Marce–Dominique Even et Rodica
Pop, Paris, Gallimard, 1994, ainsi que l’excellente analyse de V. Spinei, Marile
migraþii, pp. 340-351 avec la bibliographie du sujet, Ibidem, pp.
443-451.
[71] Sur Kalka, voir, Ibidem, p. 378 avec présentation
des sources, notes 172, 173; R. Grousset, op. cit., pp. 307-308; B.
Grekov, A. Iakoubovski, La Horde d’Or et la Russie. (La domination tatare
aux XIIIe et XIVe siècles de la Mer Jaune à
la Mer Noire), éd. française, Paris, Payot, 1961, pp. 190-195; John
Fennell, The Crisis of Medieval Russia (1200-1304), Londres–New York,
1962, pp. 66-68; Alexandru Gonþa, Românii ºi Hoarda de Aur. 1241-1520,
Münich, 1983, pp. 34-35; J. Chambers, op. cit., pp. 54-55.
[72] «Les Mongols reculèrent et n’acceptèrent
le combat que lorsque l’ennemi fut convenablement fatigué et que ses divers
corps d’armée se trouvèrent suffisamment espacés entre eux», R.
Grousset, op. cit., p. 308. Voir aussi Gh. I. Brãtianu, op. cit.,
p. 162; B. Grekov, A. Iakoubovski, op. cit., pp. 191-192; Al. Gonþa, op.
cit., pp. 34-35.
[73] Neveu de Gengis Khan et fondateur du Khanat de la Horde d’Or
(1242-1256).
[74] Gh. I. Brãtianu, op. cit., p. 201.
[75] Batu aurait déclaré à juste titre : «[…] ils
sont dans nos mains, car ils sont mal dirigés et, à la manière
des moutons ils se sont enfermés dans un bercail étroit», apud, Lájos Makkai, Histoire
de la Hongrie (sous la direction de E. Pamlényi), éd. Corvina, Roanne,
Budapest, 1974, p. 81. Le chariot fut souvent employé comme moyen de défense
par les tribus hongroises lors de leurs chevauchées à travers l’Europe
au Xe siècle, Ph. Contamine, La Guerre au Moyen Age,
p. 113.
[76] Pour la bataille voir Gustav Köhler, Die Entwickelung
des Kriegswesens und der Kriegführung in der Ritterzeit von Mitte des 11
Jahrhunderts bis zu den Hussitenkriegen, t. V, Breslau, 1890, p. 451-453;
C. Oman, op. cit., t. II, p. 363; J. Chambers, op. cit., pp.
151-155; Al. Gonþa, op. cit., pp. 68-69, ainsi que l’article essentiel
de O. Olchváry, «A muhi csata», dans Századok, t. XXXVI, Budapest, 1902,
pp. 309-325, pp. 412-427, pp. 505-527.
[77] L. Makkai, op. cit., p. 82; J. Chambers, op.
cit., p. 155.
[78] Alexander Gieysztor, Histoire de la Pologne,
Varsovie, Ed. Scientifiques de Pologne, 1971, p. 149.
[79] R. Grousset, op. cit., p. 523; Al. Gieysztor, op.
cit., p. 149.
[80] Ibidem, p. 149; Nicolae Grigoraº,
Þara
româneascã
a Moldovei pînã
la ªtefan
cel Mare (1359‑1457), Jassy, Junimea, 1978, pp. 71‑72; Al.
Gonþa, op. cit., p. 158; Constantin Cihodaru, Alexandru cel Bun (23
aprilie 1399‑1 ianuarie 1432), Jassy, Junimea, 1984, p. 180.
[81] Henri Delpech, La tactique au XIIIe
siècle, t. I, Paris, 1886, p. 294; Jacques Hérent, La bataille de
Mons-en-Pévèle, Lille, 1904; J. F. Verbruggen, «De Slag bij de
Pelenberg», dans Bijdragen voor de Geschiedenis der Nederlanden, t. VI,
1952, pp. 169-198; Idem, De Krijkunst in West-Eüropa, pp. 325‑335
avec un résumé en français, pp. 568‑569; Idem, L’art militaire en
Europe Occidentale, pp. 486‑496.
[82] Ibidem, p. 568.
[83] Ibidem. On peut se rappeler le dispositif de
combat choisi par les Germains d’Arioviste pour affronter César en 58 av.
J.–C.: «et pour s’interdire tout espoir de fuite, ils formèrent une
barrière continue sur tout l’arrière du front avec les chariots
et les voitures», G. César, Guerre des Gaules, I, 51, p. 94. Quant aux
Flamands ils disposèrent les chariots sur trois lignes derrière
leur formation pour se protéger contre les tentatives de débordement de la
cavalerie française.
[84] J. F. Verbruggen, De Krijkunst in West-Eüropa, p.
327, p. 568. Comme d’habitude, dans ce genre de confrontation entre les
formations d’infanterie et les chevaliers, ces derniers disposaient des
effectifs presque insignifiants par rapport à leurs adversaires. Ni
à Crécy (1346) ni à Azincourt (1415) ils n’ont eu de supériorité
numérique sur l’ennemi qu’ils étaient en train de charger. A ce sujet, voir,
Ph. Contamine, «Crécy (1346) et Azincourt (1415), une comparaison», dans Divers
aspects du Moyen Age en Occident, Actes du Congrès tenu à Calais
en septembre 1974, Calais, 1977, pp. 30‑31, pp. 35‑36, p. 42.
[85] Idem, La Guerre au Moyen Age, p. 340.
[86] Histoire universelle des Armées, t. II, 1966, p.
100.
[87] Pour la bataille, consulter notamment la bibliographie
donnée par W. Erben, op. cit., pp. 127‑128 ainsi que C. Oman,
op. cit., t. I, pp. 136-147; F. Lot, L’art militaire et les armées
au Moyen Age, t. I, pp. 341‑347 et H. Delbrück, op. cit., t.
III, «Medieval Warfare», pp. 453-463; J. G. Kerkhoven, «Les Anglais ont‑ils
fait usage d’armes a feu a la bataille de Crécy?», dans Revue Internationale
d’Histoire Militaire, no. 19, Den Haag, 1957, pp. 323‑33; Ph.
Contamine, Crécy (1346) et Azincourt (1415), pp. 29‑44; Idem,
La vie quotidienne pendant la guerre de Cent Ans. France et Angleterre. (XIVe
siècle), Paris, Hachette, 1976, pp. 245‑250; Desmond Seward, The
Hundred Years War. The English in France (1337‑1453), New York, Atheneum,
1978, pp. 53‑69.
[88] F. Lot, L’art militaire et les armées au Moyen Age,
t. I, p. 341: «Des abattis, des chariots en quantité bouchaient toutes les
fissures de son front de bataille regardant vers le sud‑est, vers la
route antique, la voie romaine». Cependant C. Oman, op. cit., t. I, p.
138, note 2, avait écrit que: «It is certain that the two or three foreign
chroniclers who speak of the waggon park as a part of the English line are
wholly wrong. None of the good authorities place it anywhere save in the rear».
[89] Ibidem, p. 138; D. Seward, op. cit., p.
65. Nous retrouvons la même fonction tactique dans un plan de bataille
soumis à l’approbation du duc de Bourgogne, Jean sans Peur en 1417,
où on prévoit pour le cas où l’ennemi attaquerait, «de faire mettre
pied à terre aussi bien l’avant-garde et les deux ailes d’archers et
d’arbalétriers, que le corps de bataille principal, qui devra se tenir ou bien
sur le côté de l’avant garde (si la place est large) ou bien à 50-60 pas
en arrière, tandis qu’à un trait d’arc plus loin (100-200m) se
tiendrait l’arrière-garde, composée de 400 hommes d’armes à
cheval et 300 hommes de trait, veillant à ce que l’armée puisse
être tournée. Enfin, plus loin, au-delà de l’arrière-garde,
le charroi se rassemblerait pour former une sorte de camp fortifié», Ph.
Contamine, La guerre au Moyen Age, p. 384‑385, ainsi que l’article
de J. F. Verbruggen, «Un plan de bataille du duc de Bourgogne (14 septembre
1417) et la tactique de l’époque», dans Revue Internationale d’Histoire
Militaire, Bruxelles, 1959, pp. 443‑451.
[90] La source principale demeure la chronique de Jan
Dlugosz, Historiae Polonicae, t. I, Leipzig, 1711, col. 255‑270.
Pour les commentaires de l’historiographie: H. Delbrück, op. cit., t.
III, pp. 523‑526; W. Erben, op. cit., pp. 130-131 avec la
bibliographie allemande jusqu’en 1920; F. Lot, L’art militaire et les armées
au Moyen Age, t. II, Paris, 1946, pp. 154‑158; Otto Laskowski, Grunwald,
Londres, 1945; Stephan D. Kuczinski, Wielha Woina z Zakonem Krzyzaskim w
latach 1409‑1410, Varsovie, 1960, p. 30‑55; S. Ekdahl, Die
Banderia Prutenorum des Jan Dlugosz eine Quelle zur Schlacht bei Tannenberg,
1410, Gottingen–Zurich, 1976; Frédéric de Salles, Annales de l’Ordre
Teutonique ou de Sainte‑Marie‑de‑Jérusalem depuis son origine
jusqu’à nos jours, Paris, Genève, 1986, pp. 112‑116;
Erik Christiansen, Les croisades nordiques. La Baltique et la
frontière catholique (1100-1525), éd. française, Condé-sur-Noireau,
Alerion, 1996, pp. 365-369. Pour l’armement et la mentalité militaire de
l’époque voir l’étude d’Andrzej Nadolski, «Les combattants polonais en lutte
contre les Chevaliers Teutoniques à la fin du XIVe et au
commencement du XVe siècle» dans Le combattant au Moyen
Age, Histoire ancienne et médiévale (Publications de la Sorbonne, no. 36),
Paris, 1995, pp. 151-160.
[91] Pour les informations concernant le Wagenburg, voir J.
Dlugosz, op. cit., col. 266; Hugo Toman, Husitské váleènictvi
za doby Žižkovy
a Prokopovy, Prague, 1898, p. 8 et F. Lot, L’art militaire et les armées
au Moyen Age, t. I, p. 156; Pour les effectifs consulter notamment H.
Delbrück, op. cit., t. III, p. 523. L’adversaire comptait dans ses
rangs, en dehors les Polonais et les Lituaniens, des Russes, des
Tchèques, des Silésiens et des Moldaves. L’effectif total de l’armée
alliée était d’environ 16.000 combattants.
[92] F. Lot, L’art militaire et les armées au Moyen Age,
t. II, Paris, 1946, pp. 157-158.
[93] Ibidem, p. 158; H. Delbrück, op. cit., t.
III, p. 526.
[94] Fr. de Salles, op. cit., p. 114; Ernest Denis, Huss
et la guerre des Hussites, Paris, 1878, p. 221. Voir aussi M. P. Dan, op.
cit., p. 136 avec une large bibliographie. Parmi les autres chefs
tchèques qui avaient combattu à Grunwald du côté polonais, notons
la présence d’Angel de Smerpurk, Salav, Rakovec de Rakovo, Stanislávek,
etc.
[95] E. Denis, op. cit., p. 221. De toute
manière, dès 1413 le seigneur Hájek de Hodìtin
qui rédigea sur ordre du roi de Bohême, Venceslas IV (1378-1419), la
première constitution militaire tchèque énumérait à son
tour les fonctions tactiques des chariots dans la défensive, qu’il s’agissait
de la sécurité du campement d’une armée en campagne ou, en les mettant en ligne
pour couvrir un dispositif constitué d’archers ou d’arbalétriers, Ibidem,
pp. 225‑226, p. 229; H. Delbrück, op. cit., t. III, pp. 488-489;
Jan Macek, Jean Hus et les traditions hussites (XVe-XIXe
siècles), éd. française, Paris, Plon, 1973, p. 41. Pour l’art
militaire des Hussites nous renvoyons à quelques ouvrages essentiels:
Frederic Bezold, König Sigmund und die Reichskriege gegen die Hussiten,
t. I-III, Berlin, 1872-1877; Wácslaw Wladiwoj Tomek, Jan Žižka. O
sepsáni Ziwotopisu jeho pokusil se Wácslaw Wladiwoj Tomek, Prague, 1879;
Idem, Déjini válek husitskyeh (1419-1436), Prague, 1898; Rudolf Urbánek,
Jan ižka, Prague, 1925; Jan Pekar, ižka a jeho doba, t. I-II,
Prague, 1927-1933; Hans Kuffner, Husitské v obrazech, Prague, 1932; Jan
Durdík, Husitské vojenstvi, Prague, 1954; Christian Willars, Die
böhmische Zitadelle, Vienne–Münich–Mölden, 1965, avec un bon appareil critique,
pp. 435-444; Frederic Smahel, Jan ižka z Trocnova, Prague, 1969; F. G.
Heyman, John Zizka and the Hussite Revolution, New York, 1969; Anthologie
hussite (textes traduits du tchèque et commentés par Jan Lávicka),
Paris, P. U. F., 1985; I Taboriti. Avanguardia della rivoluzione hussita
(sec. XV). Gli scritti essenziali, a cura di Amedeo Molnár, Turin, Claudiana Editrice,
1986.