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Considérations sur le concept de limes

dans la région du Bas Danube

 

 

Costin  Croitoru,

Musée Régionale d’Histoire de Galatzi

 

Dans une étude consacrée au concept de limes, Benjamin Isaac[1] essaie de démontrer que la traduction par le syntagme «defended border» dans le sens de «any physical form of military organization» est incorrecte, quelle que soit la période prise en considération. Mais son hypothèse peut être combattue par le renvoi à n’importe quel des travaux basés sur l’étude des sources antiques, relatifs à ces questions[2], le sien y inclus. Plus récemment, l’auteur revient sur son hypothèse[3] en admettant l’identification du limes avec un système militaire complexe qui pourrait être conçu plutôt pour assurer la sécurité des communications et le contrôle des populations voisines que pour lutter contre une menace externe [!?][4].

Dans l’acception initiale, le mot latin limes désigne une route militaire. Les limites du bord du Rhin, de l’Allemagne libre, sont considérées comme étant les premières. Elles ont été ouvertes et utilisées par Tiberius et Domitianus (Velleius Paterculus, Historiae Romanae, II, 120; Statius, Silvae, IV, 3, 40; Lucretius, De rerum natura, 2, 406; Tacitus, Annales, I, 50; II, 7; Frontinus, Strategemata, I, 3, 10).

Après la fin des conquêtes romaines, au début du IIe siècle après J.-C., les populations restées extra fines Imperii sont appelées génériquement du nom de Barbares (non Romains)[5]. L’individualisation de Orbis Romanus par rapport aux diverses gentes

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barbares a également généré l’apparition des frontières ethno-linguistiques[6]. C’est toujours à cette époque que la valeur sémantique s’est modifiée car le limes commence à être utilisé dans le sens de «frontière artificielle fortifiée». Il semble que, dans sa seconde acception, le terme soit attesté pour la première fois dans l’œuvre de Tacitus (Agricola, 41) et confirmé ultérieurement (Lucanus, Pharsalia, 2, 487; Tacitus, Germania, 29; SHA, Vita Hadriani, 12), dans la plupart des cas en contraste avec la notion de ripa (=frontière naturelle).

Il reste à voir, pour la seconde valeur sémantique du mot, quelles étaient les composantes qui définissaient un limes. À la base de ce concept il y a par conséquent la notion de route, via (militaris), un élément représentatif pour son existence en tant que zone de contact située entre l’Empire et Barbaricum, par conséquent le premier élément qui se trouvait devant l’adversaire potentiel. Le fonctionnement de la frontière ne peut être imaginé sans l’existence d’une route en deçà de cette frontière, et il y a au moins trois raisons qui rendent indissoluble la relation limesvia (militaris).

Qu’elle soit conçue à la suite d’une décision purement administrative ou en tant que premier obstacle érigé face à l’ennemi, grâce à ses caractéristiques techniques et surtout à sa forme, la frontière constitue toujours, sans aucun doute, un système défensif[7] car, dans le cas contraire, les Romains, reconnus pour leur sens pratique, n’auraient plus utilisé le système vallum–fossa pour tracer une limite administrative, mais ils auraient probablement fait appel à de simples marques placées à la surface du terrain et qui étaient beaucoup plus convenables de tous les points de vue[8]. Par conséquent, dans un cas comme dans l’autre, il faut supposer la présence des troupes dans la zone de frontière avec diverses missions (construire, desservir et entretenir les éventuelles fortifications aux alentours du limes, ou bien observer les mouvements des populations voisines, les intimider et, en dernière instance, défendre le territoire), d’où la nécessité impérative des moyens d’accès.

Il est d’habitude reconnu le fait que la plupart des populations voisines se trouvaient dans divers rapports juridiques avec l’Empire[9]. Si nous pensons à quelques-unes des étapes des pourparlers ou plutôt de l’imposition de certaines prévisions contractuelles (la présence de l’armée romaine, l’échange de prisonniers, etc.), aux rituels utilisés dans de telles circonstances (la prestation d’un serment de soumission devant les enseignes de l’Empire ou devant l’empereur, l’arrivée dans l’Empire de prisonniers de rang noble accompagnés de tout leur cortège, ou de butins de guerre, etc.)

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et à la réalisation des conditions (l’envoi des troupes alliées en vue d’une guerre et, selon le cas, de certaines subventions de la part des Romains ou d’un tribut de la part des Barbares, l’accès des légions par le territoire voisin vers le lieu des opérations), nous voyons encore une fois la nécessité de «frayer» des voies d’accès vers les zones limitrophes de l’Empire et même au-delà. Une importance secondaire, mais qui doit être soulignée, était accordée à la route destinée aux nombreux commerçants qui allaient dans Barbaricum pour divers échanges commerciaux.

Les autres éléments définitoires du limes sont, comme nous avons pu l’observer plus haut, les fortifications dans lesquelles stationnaient les troupes (castra, castella, burgus), ainsi que les éléments liés aux activités spécifiques de protection de la frontière (turres, specula). Une autre composante du limes sur laquelle nous allons insister c’est le vallum. Celui-ci peut être accompagné d’une berme et d’une fossa[10], mais la présence de ces dernières n’est pas obligatoire, d’autant moins là où leur rôle est pris par un cours d’eau (voir, par exemple, l’absence du fossé à la limes transalutanus). Le rôle du vallum dans le cadre des éléments composants du limes a été minimisé par certains historiens qui ont prétendu que celui-ci serait un simple «accessoire», non indispensable au limes[11]. Sans entrer dans une polémique par rapport à l’importance de chaque élément constitutif du limes en comparaison avec les autres, en l’absence d’une ripa ou de son «succédané» le vallum, nous ne pouvons éviter de nous poser des questions, sur la manière dont les Anciens auraient pu délimiter et faire la différence territoriale entre Orbis Romanum et Barbaricum? Même là où les frontières impériales consistaient dans des «zones de contact»[12], la limite en était de facto toujours le vallum en raison d’un fait reconnu selon lequel la stratégie romaine était de s’assurer un «espace de sécurité», caractérisé par l’interdiction d’habiter devant la frontière proprement-dite de l’Empire. L’historiographie allemande[13] désigne cette pratique par le terme «vorlimes» qui se traduit à peu près par le syntagme limes au-delà du limes.

La première et la plus ancienne attestation littéraire de cette pratique, celle de délimiter le territoire romain de Barbaricum par un vallum à fossa, date de l’an 146 av.

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J.-C. et nous la retrouvons chez Plinius (Naturalis historia, V, 25). Le fait de creuser un fossé (fossa regia) pour délimiter le territoire de la province romaine Africa du royaume de la Numidia présuppose la disposition de la terre excavée sur l’un des bords du fossé et donc la formation d’un vallum, bien que celui-ci ne soit pas attesté comme tel. Cette pratique continue à être utilisée même si aux alentours apparaissent d’autres éléments défensifs qui adaptent le limes aux nouveaux besoins tactiques. Quelques siècles plus tard on la retrouve attestée in Notitia dignitatum (Partibus Occidentis, XL), où les éléments constitutifs du limes d’Hadrianus de Bretagne sont disposés per lineam valli[14] (preuve de la persistance de cette pratique), ce qui signifie soit l’ensemble des structures défensives permanentes, soit une organisation militaire et administrative formelle, mais presque invariablement une contrée marginale située dans la plupart des cas d’un côté et de l’autre d’une frontière[15]. D’ailleurs, de nos jours, les normes mêmes de droit international classifiant les frontières, les répartissent toujours en deux grandes catégories[16] établies, en principe à peu près de la même manière : frontières naturelles (géographiques) et frontières artificielles (géométriques) – auxquelles les conquêtes de l’époque moderne ont ajouté aussi les frontières astronomiques.

La première catégorie définie par la prise en considération des particularités géographiques du terrain, établit les limites entre les Etats sur le lit de certains cours

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d’eau, sur la ligne imaginaire de séparation de certaines vallées ou de certains fleuves, sur la ligne de faîte de certaines hauteurs alpines, sur le bord des mers ou des océans, etc.

Dans le second cas, le territoire de certains Etats est séparé par les frontières géographiques – des lignes qui traversent dans diverses directions et sens des formes de terrain variées. C’est là qu’intervient la différence par rapport à la pratique des Anciens. De nos jours, en raison de certaines considérations pratiques on admet que la ligne de la frontière géométrique s’écarte du trajet le plus court entre deux repères importants, pour contourner une localité ou différents objectifs, ou bien pour éviter de laisser une localité sans approvisionnement d’eau. Les Romains, pour des raisons faciles à comprendre, qui s’expliquent généralement par leur humeurs belliqueuses, renoncent eux aussi au choix du trajet le plus court pour tracer des frontières géométriques, mais ne le font qu’en faveur du respect de certains principes[17] satisfaisant leur stratégie offensive ou défensive par rapport à la population voisine.

Par conséquent, les éléments décrits constituent un limes dans sa seconde acception, celle qui apparaît à partir de la seconde moitié du IIe siècle. Ainsi le terme limes (Tacitus, Agricola, 41, 1: «nec iam de limite imperii et ripa, sed de hibernis legionum et possessione dubitatumi»; Rufius Festus, 8, 1: «[…] et limes inter Romanos et barbaros ab Augusta Vindelicorum per Noricum, Pannoniam et Moesiam constitutus») désignait une frontière artificielle, comportant tout l’ensemble vallum, castra, via militaris, castella, specula[18], destiné à la défense des limites de l’Empire, prolongeant une frontière naturelle – ripa (Tacitus, Annales, 4, 5: «ripamque Danuvii legiones duae in Pannonia, duae in Moesia attinebant»; Ovidius, Epistulae ex Ponto, 4, 9, 76: «et illo ripa ferox Histri sub duce tuta fuit»[19]).

Sur le terrain, le limes était une zone bien définie par une frontière extérieure et une frontière intérieure[20], chacune ayant des fonctions spécifiques: prévenir la pénétration des ethnies étrangères ou bien la sortie des habitants de l’espace délimité[21], selon que les Romains ou les Barbares se trouvaient en-deçà ou au-delà des frontières[22].

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Nous considérons que la zone de frontière[23] pouvait être délimitée d’un côté comme de l’autre, soit par des fortifications linéaires, soit par le vallum et la ripa (la situation la plus probable surtout en ce qui concerne la Dacie où à l’extérieur il y avait le vallum et à l’intérieur la ripa c’est-à-dire le Danube). Dans un cas comme dans l’autre le vallum de la limite extérieure avait une nature bureaucratique, désignant «l’espace de sécurité» de la province romaine.

À partir de la seconde moitié du Ier siècle, les principes défensifs établis par Augustus (Tacitus, Annales, 1, 3, 6; 6, 11, 4; Cassius Dio, 56, 33) seront adaptés aux nouvelles nécessités du terrain. La défense des grandes frontières naturelles, qui étaient continuellement menacées, requiert la création d’«espaces de sécurité» et la construction de «têtes de ponts» dans le Barbaricum, c’est-à-dire d’un «vorlimes». Toutes ces opérations complexes de modification/adaptation de la frontière romaine aux nouvelles réalités du terrain posent à l’historien une série de questions quant à la nature, la signification et le procès de transformation du limes et relatives à la nature-même du limes.

 

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Pour la zone carpato-danubiène-pontique, on accepte en général le fait que la frontière impériale ait été fixée au début du Ier siècle, pendant le règne d’Augustus (Rufius Festus, Breviarium, VIII, 1: «et limes inter Romanos et barbaros ab Augusta Vindelicum per Noricum, Pannonias ac Moesiam est constitutus»), mais qu’elle se soit matérialisée en tant que limes lors de la construction de la route qui longeait le Danube (CIL, III, 13813 d. = ILS, 1698), devenant «opérationnelle» seulement à l’époque de la division de la Moesia, en 86. Bien que la recherche des éléments de cette frontière soit assez avancée, les positions des historiens diffèrent de certains point de vue.

Traitant du «limes danubien», l’historiographie roumaine s’est occupée de l’étude de la «frontière méridionale de la Dacie», alors que les historiens yougoslaves ont étudié «la frontière du Nord de la Moesia (Superior)», chacun ignorant les fortifications de l’autre rive[24]. La question a été en quelque sorte solutionnée avec le traitement d’ensemble du sujet et l’apparition d’une étude «globale» dédiée au limes[25].

Un autre problème est suscité par le mode d’organisation de la frontière danubienne après que universa Dacia devicta est (IDRE, II, 367). Les principales hypothèses ont comme point de départ les vieilles discussions relatives à l’encadrement du fleuve dans un certain type/concept de fonctionnalité de la frontière romaine[26].

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On a cru que, du point de vue stratégique, l’existence d’un limes entre les deux provinces (Dacia et Moesia Superior/Inferior) durant l’existence de la Dacie était devenue superflue et par conséquent il a été supprimé[27]. Et pourtant, la renonciation à l’organisation militaire de la zone (l’abandon et la dislocation des troupes) ne peut pas être prouvée véritablement. Le nombre des troupes auxiliaires[28] cantonnées dans les fortifications du limes a évidemment baissé, mais ceci en comparaison avec la situation qui existait lors des guerres daciques (CIL, XVI, 46)[29]. Rapporté à une date antérieure à l’ouverture du conflit, leur nombre est presque inchangé. Dans un diplôme daté entre 103-107 il apparaît deux alae et onze cohortes (CIL, XVI, 54); dans les diplômes de 159/160 il apparaît deux alae et dix cohortes (CIL, XVI, 111); et si on compare, un diplôme de l’année 93 mentionne trois alae et neuf cohortes (CIL, XVI, 39). À ceci s’ajoute Classis Flavia Moesica[30] ainsi que les neuf troupes légionnaires, selon A. Garzetti[31]. Pour l’instant, en ce qui concerne le secteur danubien de la Moesia Superior nous n’avons d’attestées que les troupes suivantes: legio II Adiutrix à Singidunum, legio VII Claudia à Viminacium, et pour la Moesia Inferior: legio I Italica à Novae, legio XI Claudia à Durostorum, legio V Macedonica à Troesmis, et peut-être legio XVI F(lavia) f(irma) dans la Moesia Inferior[32], legio XXX Ulpia Victrix, II Traiana [?] et legio XIII Gemina dans la Moesia Superior[33].

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Théoriquement parlant, le nombre de fortifications qui étaient en service sur le limes danubien aux IIe-IIIe siècles devait être directement proportionnel avec le nombre des unités attestées dans la même zone. Les recherches archéologiques démontrent le fait qu`en ce temps-là il y avait en fonctionnement les fortifications[34] suivantes: Ram/Rama – Lederata, Golubaæ – Cuppae, Brnjica-Gradac na Èesavi – Novae, Boljetin – Smorna/Smyrna, Donji Milanovaæ – Taliata, Tekija – Transdierna [?], Davidovak-Carataš – Diana [?], Caput Bovis [?], Kostol – Pontes, Brza Palanka – Egeta. L’étude des répertoires de ces fortifications nous laisse voir que leur situation dans le terrain respecte le principe linéaire, la stratégie de leur disposition voulant assurer la sécurité de la route construite au Ier siècle après J.-C. De toutes ces constructions, ce sont les castrum qui ont été préservés et surtout dans les points stratégiques: aux bouches/entrées des rivières (vers le Sud – Kostolaæ, D. Milanovaæ, Lom; vers le Nord – Banatska Palanka, Orºova, Drobeta) et dans le voisinage des vallées, là où le fleuve pouvait être facilement dépassé (Ram, Pojejena, Cezava, Golubaæ). Dans le cas des derniers castrum, vu leur importance accrue, il y en a trois qui reçoivent des «doublures» sur l’autre rive du fleuve: Ram – Banatska Palanka, Golubaæ – Pojejena, Kostol – Drobeta.

De tout ce qui a été affirmé ci-dessus, nous pouvons dire que le limes danubien, du point de vue de l’organisation militaire, a continué aussi à fonctionner après la conquête de la Dacie. La situation inhabituelle de maintenir en fonctionnement, en même temps, des fortifications sur les deux rives du fleuve («têtes de pont»[35]) a été expliquée par le fait que, de cette manière, les Romains essayaient de contrôler le plus strictement possible le trafic de personnes et de marchandises véhiculées de l’autre côté du Danube[36]. De la même façon, cette situation pourrait être expliquée par le caractère international de la navigation qui aurait imposé des mesures défensives spéciales[37].

Par superficialité ou par ignorance, certains historiens préoccupés par l’étude de la frontière romaine nient ou minimisent le fonctionnement d’une frontière au Nord du fleuve lors de l’existence de la province romaine en Dacie[38].

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L’identification, dans Barbaricum, à une distance assez grande par rapport au limes proprement-dit, de certains éléments, en dernière instance, défensifs, dénote l’importance accordée au territoire gauche du Danube dans le cadre du système des provinces romaines. En même temps, la présence dans le terrain de certaines fortifications linéaires[39], qui pourraient être encadrées à un moment donné dans le cadre général du concept de frontière, ne constitue pas une particularité de l’espace auquel nous faisons référence. Cette pratique avait été familière au monde méditerranéen où il y avait, non pas une seule, mais des centaines de frontières[40], et s’était perpétuée jusqu’à l’époque de l’Empire Byzantin[41]. Certes, dans la région du Bas Danube, elle n’était pas le résultat des implémentations ou des traditions stratégiques, qui avaient trouvé leur applicabilité dans d’autres coins de l’Empire, mais de certaines réalités locales. Si la frontière politico-militaire qui sépare Romanum solum par Barbaricum solum (Paul Orosius, Historiae adversus paganos, VII, 28, 29; VII, 32, 9) peut être identifiée sur le Danubius (limes danubianus?), Alutus (limes alutanus; limes transalutanus?) ou sur la corona montium (limes dacicus?), les constructions linéaires ne sont autre chose que des frontières culturelles, économiques et juridiques, c’est-à-dire l’effet, sous leurs diverses formes, des relations établies entre les Romains et les nombreuses gentes barbarae. Par conséquent, chacun de ces vallum peut être considéré à un moment donné comme une frontière bureaucratique (juridique, linguistique, culturelle) ou bien, lorsqu’ils sont complétés avec d’autres fortifications et d’autres troupes, même comme une frontière politique. Avec le temps, les vallums ont été modifiés, complétés ou délaissés, en fonction des nécessités dans le terrain. Après les reconquêtes du Nord du Danube faites par l’empereur Constantin le Grand une partie a été réutilisée, ce qui est prouvé par la stratigraphie du vallum et par le profil du fossé. La flexibilité de cette politique apparemment ambiguë, de tracer des frontières linéaires, ne dénote guère un «lack of organization», mais plutôt l’adaptabilité des stratèges romains qui, dans la région du Bas Danube, devaient tenir tête à des gens numquam fida (Tacitus, Historiae, III, 46, 2). Il ne faut pas oublier non plus que c’est la menace du regnum Decebali qui a fait les Romains se décider à conquérir la Dacie; comme dans d’autres situations, sans minimiser les raisons économiques[42], ce sont surtout les raisons stratégiques qui ont décidé[43]. Les

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efforts faits pour conquérir la Dacie ne pouvaient que continuer par la création, au Nord du Danube, d’un système (bastion) défensif à la mesure de ces efforts[44]. Les motivations économiques, mais surtout le prestige gagné par Optimus Princeps à la suite de la conquête de la Dacie oblige ses successeurs au trône de Rome à maintenir la province – cet éperon de Barbaricum. De façon plus ou mois justifiée, ceux-ci s’attribuent constamment des titres comme restitutor Daciarum, Carpicus Maximus ou bien Dacicus Maximus (CIL, II, 4949, 4597 = ILS, 517; CIL, III, 1176 = ILS, 514)[45]. Lucius Domitius Aurelianus quitte la Dacie[46], tout en constituant en échange, au sud du fleuve et pas du tout par hasard, suam Daciam (SHA, Vita Aureliani, 39, 7: «cum vastatum Illyricum ac Moesiam deperditam videret, provinciam Transdanuviana(m) Daciam a Traiano constitutam sublato exercitu et provincialibus reliquit, desperans eam posse retineri, abductosque ex ea populos in Moesia conlocavit appellavitque suam Daciam quae nunc duas Moesias dividit»; Daciam novam au Lactantius, De mortibus persecutorum, IX, 2: «[…] cum mater eius transdanubiana infestantibus Carpis in Daciam novam transiecto amne confugerat»; voir aussi Rufius Festus, Breviarum rerum gestarum populi romani, VIII, «[…] Aurelianum translatis exinde Romanis, duae Daciae in regionibus Moesiae ac Dardaniae factae sunt»; Iordanes, 217: «Aurelianusque imperator, evocatis exinde legionibus, in Mysia conlocavit ibique aliquam partem Daciam Mediterraneam Daciamque Ripensem constituit»). Dans le même contexte, nous rappelons aussi le syntagme «Dacia restituta», du panégyrique prononcé le 1er mars 297 [?] devant l’empereur Constantinus Chlorus (Panegirici latini, IV, III, 3: «Partho quippe ultra Tigrim redacto, Dacia restituta, porrectis usque ad Danuvii caput Germaniae Raetiaeque limitibus […]»). En même temps, Constantin le Grand, à la suite des reconquêtes nord-danubiennes se considère même l’égal de Trajan[47].

L’observation que sur toute la période de l’existence de la Dacie romaine, sur la ligne du Danube il continue à être maintenu un système défensif complexe et ceci par des raisons qu’aujourd’hui nous ne pouvons que soupçonner, est juste, mais elle n’exclut pas l’existence de certaines frontières au nord du fleuve. Nous considérons que cette situation est due à la stratégie militaire romaine, encore tributaire aux principes concernant les frontières naturelles établis par Augustus (Tacitus, Annales, 1, 3, 6; 6, 11, 4; Cassius Dio, 56, 33). Tous les éléments défensifs de la Dacie s’appuient sur la frontière danubienne; il s’agît en fait d’une défense en profondeur – d’un «vorlimes».

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Hadrianus, dans le primis imperii diebus même (SHA, Vita Hadriani, VI, 3-9) doit tenir tête aux Sarmathes lors de l’appréhension de la nouvelle portant sur la mort du conquérant de la Dacie (SHA, Vita Hadriani, I, 5, 2: «nam deficientibus his nationibus, Traianus subegerat, Mauri lacessebant, Sarmat(a)e bellum inferebant»). Avant de prendre les mesures politique-diplomatiques qui s’imposaient dans cette situation, l’empereur ordonne la destruction de la structure en bois du pont élevé à Drobeta[48] par Apollodor de Damas ; c’était justement pour isoler la Dacie et pour empêcher l’accès des Barbares sur le territoire de l’Empire sud-danubien (Cassius Dio, LXVIII, 13, 6). Il s’agit là d’une mesure temporaire destinée à limiter le front d’action des Sarmathes et non pas d’une soi-disant intention de l’empereur de renoncer aux conquêtes nord-danubiennes de son prédécesseur (C. Fronto, Principia Historiae, II: «provincias manu Traiani eaptas variis bellis ac nova constituendas omittere maluit, quam exercitu retinere […] has omnes provincias, Daciam et Parthis amissas partes, ultro restituit») action dont ses amis l’auraient empêché (Eutropius, VIII, 6, 1-2: «idem de Dacia facere conatum amici deterruerunt ne multi cives Romani barbaris traderentur»). Ce bruit qui courait était le plus probablement semblable à la manière complètement différente du nouvel empereur de résoudre les questions de politique externe dans la région du Bas Danube (SHA, Vita Hadriani, 5, 1: «tenendae per orbem terrarum paci operam intendit»).

L’application de la méthode comparatiste dans le cas de la frontière Nord-danubienne est dès le début vouée à l’échec. Par exemple, toute action édilitaire supposée être entreprise par l’empereur Hadrianus au Bas Danube en vue de fortifier le limes, n’est rien par rapport aux fortifications similaires de Bretagne. Le vallum d’Hadrien de Bretagne ne suppose pas de comparaison avec le soi-disant limes transalutanus. Au-delà de cet aspect, un regard attentif révèle le fait qu’au niveau régional le système défensif organisé autour de la rivière Olt (Alutus) cumule tous les éléments et les fonctions constitutives d’un véritable limes. Dans ce cas aussi les réalités dévoilées par les fouilles archéologiques sont tout a fait en concordance avec la tradition littéraire de la question et nous faisons référence ici à l’ordre de l’empereur Hadrien de dresser des clôtures avec des piliers et des palissades afin de mieux marquer les frontières impériales (SHA, Vita Hadriani, 12: «in plurimis locis, in quibus barbari non fluminibus sed limitibus dividuntur, stipitibus magnis in modum muralis saepis funditus iactis atque conexis barbaros separavit»).

Tous les systèmes défensifs linéaires nord-danubiens sont susceptibles d’avoir rempli à un moment donné le rôle des frontières politico-militaires ou juridiques. La construction en Dacie de trois fortifications linéaires ayant une longueur de plus de 1.000 km et de trois autres sur le territoire Nord-danubien de la Moesia Inferior ayant une longueur de plus de 250 km, parlent évidemment de la présence et du fonctionnement d’une frontière à gauche du fleuve. Comme nous avons essayé de démontrer, pour toute la période de l’existence des provinces du Nord du Bas Danube, le fleuve a constitué, du point de vue défensif, un appui ferme pour les stratèges romains, ferme mais insuffisant.

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Bons connaisseurs des réalités locales, ceux-ci ont mené en permanence une politique d’adaptation du système défensif. En fonction du rapport de forces existant dans la région, la politique impériale développe principalement trois particularités: a) le transfert des populations vivant ici dans l’Empire et la création de certains «espaces de sécurité»; b) le versement de subventions vers ces populations non seulement pour ne pas entreprendre d’expédition dans l’Empire, mais aussi pour arrêter le déferlement d’autres populations dans cette zone; c) l’annexion à l’Empire. Aucune de ces opérations ne peut être pensée sans tracer sur le terrain des moyens de démarcation qui les soutiennent. C’est sur de telles constructions linéaires complétées et soutenues par des troupes, des routes et des fortifications qu’il faudra chercher l’extrémité nord du limes du Bas Danube.

 

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© ªerban Marin, June 2005, Bucharest, Romania

 

Last updated: July 2006

 

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[1] B. Issac, The Meaning of the Term Limes and Limitanei, dans «Journal of Roman Studies», 78, 1988, pp. 125-147.

[2] Parmi les premiers travaux qui traitent le limes en tant que système défensif, nous rappelons le travail de D. van Berchem, L’armée de Dioclétien et la réforme constantinienne, Paris 1952 (avec d’amples références à Notitia Dignitatum) et des plus récents, dont l’auteur est l’un des «disciples» mêmes de B. Isaac, C. Zuckerman, Sur le dispositif frontalier en Arménie. Le limes et son évolution, sous le Bas-Empire, dans «Historia», XLVII, 1, 1998, pp. 108-128 (avec des renvois généreux aux sources de l’Empire Byzantin).

[3] B. Isaac, The Limits of Empire. The Roman Army in the East, Oxford 1990 (2e édition revue et complétée, publiée en 1992), p. 175.

[4] Hypothèse combattue plus récemment par S. Th. Parker, Two books on the eastern Roman frontier: nomads and other security threats, dans «Journal of Roman Studies», 5, 1992, pp. 467 seqq; E. L. Wheeler, Methodological Limits and the Mirage of Roman Strategy, in «Journal of Military History», 57, 1993, pp. 7-41, pp. 215-240.

[5] H. Elton, Defining Romans, Barbarians, and the Roman frontier, dans Shifting Frontiers in Late Antiquity, ouvrage rédige par R. W. Mathisen, H. S. Sivan, London 1996, pp. 126-135.

[6] A. A. Lund, Zum Germanenbild der Römer. Eine Einführung in die antike Ethnographie, Heidelberg 1990.

[7] R. Vulpe, Les Valla de la Valachie, de la Basse-Moldavie et du Boudjak, dans Actes du IXee Congrès International d’Études sur les Frontières Romaines, Mamaia 6-13 septembre 1972, Bucarest–Cologne–Vienne 1974, p. 267.

[8] B. Isaac, The Limits of Empire, pp. 396-397; voir aussi F. Millar, The Emperor in the Roman World (31 BC-AD 337), London 1977, pp. 435-438, avec des discussions sur la construction de certaines «boundary stones».

[9] J. Klose, Roms Klientel–Randstaaten am Rhein und an der Donau. Beitrage zu der Geschichte und rechtlichen Stellung im 1 und 2 Jahrhundert n. Ch., Breslau 1934.

[10] Le terme fossatum apparaît au IVe siècle avec le sens de fortification (commandement fortifié de certaines troupes, voir Procopius, De aedificis, IV, 11, 20) ce qui va donner en roumain le mot «sat»(=village); C. Daicoviciu, Fossatum – sat, dans «Dacoromania», 5, 1927-1928, pp. 478-479 = Idem, Dacica. Studii ºi articole privind istoria veche a pãmântului românesc, Cluj 1969, p. 586.

[11] G. Forni, Limes, dans Dizionario epigrafico di antichità romane, IV, Roma 1958, pp. 1084-1086: «[…] gli altri elementi che vi si aggiungono, possono considerarsi come integranti o accessori; ma in nessun caso la loro mancanza può essere invocata per negare l’esistenza del limes (ci si riferisce particolarmente a preconcetti tuttora perduranti e tendenti a interpretare il limes come vallum e fossatum) […]» ; voir les appréciations critiques de N. Gudea, Câteva precizãri în legãturã cu limesul Daciei romane. Observaþii la articolul „Limes”, fascicolele privind Dacia, dans «Acta Musei Porolissensis», VIII, 1984, pp. 231-236; pour la plus récente définition de limes, voir aussi la concise note de G. Corradi, Limes, dans L’Enciclopedia, 12, Torino 2003, p. 431.

[12] C. R. Wittaker, Les frontières de l’Empire Romain, Paris 1989, pp. 32-33.

[13] Voir plus récemment J. Kunow, Zum Limesvorland der Provinz Germania Inferior, dans Akten des 14. Internationalen Limeskongresses 1986 in Carnuntum. Der römische Limes in Österreich 36/2, I, Vienne 1990, pp. 499-504.

[14] ªt. Ferenczi, Câteva precizãri în legãturã cu noþiunea de limes dacicus, dans «Apulum», IX, 1971, p. 605, insiste sur ce syntagme essayant de nier la linéarité géométrique du limes «en raison du fait que le vallum lui-même était bidimensionnel». Certes, les ingénieurs, les topographes, les stratèges romains avaient une grande habileté à s’adapter aux exigences du terrain lorsqu’ils recourraient à la construction d’un vallum, car ils profitaient beaucoup des formes de relief spécifiques (c’est chez S. W. Hanson, The Nature and Function of Roman Frontiers, dans «British Archaeological Reports», 471, 1989, p. 59, que nous retrouvons une hypothèse intéressante qui affirme que l’élévation de ces vallum ignorait fréquemment la topographie ou les éventuels avantages tactiques offerts par la configuration du terrain. Une telle théorie n’a pas d’appui, du moins dans le cas des fortifications linéaires de la Dacia. A propos de ce système défensif, voir aussi la théorie de A. von Domaszewski, dénommée Talsperre, chez E. Fabricius, Limes, dans Realencyklopädie der klassischen Altertumswissenschaft, XIII, I, ouvrage rédige par A. F. von Pauly, G. Wissowa, Berlin 1926, col. 642), mais ce que l’historien de Cluj-Napoca perdait de vue c’est le fait que les Anciens désignaient du même nom les éléments constitutifs du limes, même si ceux-ci suivent une ligne parfaitement droite ou qu’ils se plient aux formes de relief (H. Elton, op. cit., p. 127: «it is well-known that frontiers are zones, and need to be distinguished from borders, which are linear features»; voir aussi, dans l’historiographie française «défense linéaire» ou bien «ligne fortifiée» chez L. Musset, Les invasions: les vagues germaniques, I, Paris 1965, pp. 66-67. Pour l’acception que les Anciens donnent à ces «linear borders» voir, plus récemment, aussi C. Nicolet, Geography, Space and Politics in the Early Roman Empire, Michigan–Ann Arbor 1991). D’ailleurs, aujourd’hui même, un corps linéaire, qu’il soit courbe ou brisé, bidimensionnel ou tridimensionnel, il sera décrit toujours comme une ligne; les contemporains définissent eux aussi la frontière de l’Etat comme une ligne naturelle ou conventionnelle tracée entre différents points sur la surface du globe qui délimite le territoire d’un Etat du territoire d’un autre Etat, de la mer ou de l’espace cosmique.

[15] C. H. Opreanu, Dacia romanã ºi Barbaricum, Timiºoara 1998, p. 16.

[16] Dans le cas de la Roumanie, voir S. Neagoe, Teritoriul ºi frontierele în istoria românilor, Bucarest 1995, p. 27.

[17] M. Brudiu, Cercetãri privind valurile antice din sudul Moldovei, dans Din istoria Europei romane, Oradea 1995, pp. 227-336; C. Croitoru, Câteva consideraþii cu privire la rolul valurilor de pãmânt de pe teritoriul Daciei, dans «Argessis. Studii ºi comunicãri», X, 2001, pp. 58-59.

[18] Pour les éléments composants du limes construit selon toutes les exigences stratégiques, voir, dans l’historiographie roumaine, l’œuvre de D. Tudor, Arheologia romanã, Bucarest 1976, pp. 133-134.

[19] Phrase traduite par C. C. Petolescu, Dacia ºi Imperiul Roman. De la Burebista pânã la sfârºitul Antichitãþii, Bucarest 2000, p. 33: «les bords terriblement escarpés du Danube sont devenus sûrs». Nous trouvons hors de doute le fait que le syntagme ripa […] Histri, se rapporte au type de frontière romaine et non pas à l’aspect du cours du fleuve, voir aussi Lactanius, De mortibus persecutorum, XVIII, 6: ad ripam Danubii.

[20] Th. Mommsen, Der Begriff des Limes, dans «Gesammelte Schriften», V, 1908, p. 456-464: «es scheint den Limes-forschern wenig zum Bewusstsein gekommen zu sein, dass der Limes seinem Wesen nach bei allen sonst möglichen Verschiedenheiten, eine irgendwie markierte zweifache Grenze, eine äussere und eine innere fordert».

[21] O. Lattimore, Inner Asian Frontiers of China, London–New York 1940, p. 240.

[22] H. Elton, op. cit., p. 126.

[23] C. R. Witttaker, op. cit, pp. 32-33.

[24] Voir N. Gudea, Despre graniþa dintre provinciile romane Dacia ºi Moesia Superior în secolele II-III e. n., dans «Drobeta», IV, 1980, pp. 87-109, avec la bibliographie et les discussions sur la question.

[25] Voir G. Forni, dans Dizionario epigrafico, IV, p. 1263.

[26] P. G. Michelotto, Aspetti e problemi dell’età traianea, dans Storia della società italiana, III, Milano 1994, p. 53-55: «nella moderna discussione sulla natura, sui significati e sui processi di trasformazione del fenomeno della frontiera (e del concetto stesso di ‘frontiera’), il dibattito sembra tornare a incentrarsi, per il periodo dai Flavi ad Adriano, proprio sulla ‘potamologia’, vale a dire sull’interpretazione della funzione del grande fiume e della sua valenza in rapporto alle scelte di ‘politica estera’»; voir aussi l’opinion récemment exprimée par M. Hasan, Geopoliticã medievalã timpurie. Limesul romano-bizantin din Dobrogea ºi capetele de pod din Câmpia Românã ºi Banat (secolele V-VII), dans «Studia Medievalia. Lucrãrile Masteratului de Studii Medievale Central-Europene», I, 2004, pp. 25-31.

[27] C. Patsch, Der Kampf uns den Donauraum unter Domitian und Trajan (Beiträge zur Völkerkunde von Südosteuropa), V, 2, Vienne–Leipzig 1937, p. 13; C. Daicoviciu, La Transylvanie dans l’Antiquité, Bucarest 1945, p. 96; G. Forni, op. cit., p. 1266.

[28] Pour auxilia Provinciae Moesiae voir particulièrement G. L. Cheesman, The Auxilia of the Roman Imperial Army, Oxford 1914, passim; W. Wagner, Die Dislokation der römischen Auxiliaformationen in den Provinzen Noricum, Pannonien, Moesien und Dakien von Augustus bis Gallienus, Berlin 1938, pp. 142-244, pp. 256-262; K. Kraft, Zur Rekrutierung der Alen und Kohorten am Rhein und Donau, Berna 1951, p. 37, p. 47, p. 155, pp. 172-173; A. Radnóti, Zur Dislokation der Auxiliartruppen in der Donauprovinzen, dans Limesstudien. Vorträge des 3. Internationalen Limeskongresses in Rheinfelden, 1957, Basel 1959, p. 134-150; J. Beneš, Auxilia Romana in Moesia atque in Dacia, dans «Sbornik Praci Filosoficke Fakulty Brnìnské University», 15, 1970, pp. 159-209 – avec certains remaniements regardant les auxiliaires de la Dacie chez I. I. Russu, Auxilia Provinciae Daciae, dans «Studii ºi Cercetãri de Istorie Veche», XXIII, 1, 1972, pp. 63-77. Dans le cas de la Dacie, voir plus récemment C. C. Petolescu, Auxilia Daciae. Contribuþie la istoria militarã a Daciei romane, Bucarest 2002.

[29] Voir N. Gostar, L’armée romaine dans les guerres daces de Trajan (101-102, 105-106), dans «Dacia. Revue d’archéologie e d’histoire ancienne», nouvelle série, XXIII, 1979, pp. 115-122.

[30] E. Condurachi, Classis Flavia Moesica au Ier siècle de n. e., dans Actes du IXee Congrès, p. 83-88; P. Petroviæ, Classis Flavia Moesica na Dunavu u Gorjoj Meziji, dans «Starinar. Organ Srpskog Arheoloskog Društva», 50, 41, 1989, pp. 207 sqq.

[31] A. Garzetti, L’Impero Romano da Tiberio agli Antonini, Bologna 1960, p. 342.

[32] B. Gerov, La romanisation entre le Danube et les Balkans (II), dans «Annuaire de l’Université de Sofia. Faculté de Lettres», XLVII, 1954, p. 54.

[33] H. M. Parker, The Roman Legion, Cambridge 1961, p. 158.

[34] N. Gudea, Die Nordgrenze der Römischen Provinz Obermoesien. Materialien zu ihrer geschichte (85-275 n. Chr.), Mainz 2001, avec la bibliographie.

35 D. Bondoc, “Bridge heads” on the Northern Border of the Dacia Ripensis Province between the 4th and the 5th centuries, dans The Roman and Late Roman City. The International Conference, Veliko Tãrnovo 26-30 July, Sofia 2002, pp. 167-172.

[36] J. C. Mann, The Frontiers of the Principate, dans Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II/1, ouvrage rédige par H. Temporini, Berlin–New York 1974, p. 513: «why when did the Roman army for so long hold long stretches of the Rhine and Danube? The answer is surely that the choice is primarily a bureaucratic one. A river constitutes a clearly-defined line on the ground, ideal for purposes of checking on movement […] Frontier control is simplified»; dans le même ordre d’idées, voir, plus récemment, P. A. Gianfrotta, Le vie di comunicazione, dans Storia di Roma, IV, Roma 1992, p. 301.

[37] D. Benea, Dacia sud-vesticã în secolele III-IV, Timiºoara 1996, p. 70.

[38] J. C. Mann, op. cit., p. 521: «the legionary and auxiliary garrison along the latter remained virtually unchanged, almost as if no province of Dacia existed. Dacia itself was merely covered with a network of roads and forts, forming an enormous salient across the river, but with no concentration of effort on any rigid, continuous barrier to mark its precise limits […] can such lack of organization be dignified with the title of ‘policy’?»; Idem, Power, Force and the Frontiers of the Empire, dans «Journal of Roman Studies», LXIX, 1979, p. 180: «more surprising is the case of Dacia, the great salient pushed out across the lower Danube. Here again, as in Tingitana, the garrison (including legionaries) was distributed throughout the occupied area. But there was no heavily garrisoned linear frontier, with forts and watch-towers connected by a frontier road and lying behind a screen of outposts. The frontier consisted merely of the peaks of the Carpathians, with a most a few watch-towers».

[39] C. Croitoru, Fortificaþii liniare romane în stânga Dunãrii de Jos (sec. I-IV p. Chr.), Brãila 2004 (en proximité de parution).

[40] F. Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, I, Paris 1949, p. 141.

[41] H. Ahrweiller, La frontière et les frontières de Byzance en Orient, dans Actes du XIVe Congrès International des Etudes byzantines, I, Bucarest 1971, pp. 209 sqq.

[42] P. MacKendrick, The Dacian Stones Speak, Chapel Hill 1975, p. 71: «Dacia had a reputation for fabulous wealth» [!?]; voir plus récemment P. G. Michelotto, op. cit., p. 80, avec des discussions sur «la questione dell’oro dei Daci».

[43] E. N. Luttwak, The Grand Strategy of the Roman Empire from the First Century AD to the Third, Baltimore–London 1976, pp. 93-104; J. S. Richardson, Imperium Romanum: Empire and the Language of Power, dans «Journal of Roman Studies», LXXXI, 1991, p. 4: «even in terms of the primarily economic analysis adopted by such approaches, it is clear that in empires such as that of Rome, economic interests, though always significant, were secondary to political and military interests».

[44] C. Patsch, op. cit., p. 3.

[45] N. Gostar, Les titres impériaux Dacicus Maximus et Carpicus Maximus, dans Actes de la 12e Conférence Internationale d’études classiques, Cluj 2-7 octobre 1972, Bucarest–Amsterdam 1975, pp. 643-649.

[46] C. H. Opreanu, The Last Decades of Roman Dacia, dans «Transilvanian Review», X, 2, 2001, pp. 66-77.

[47] T. Zawadzki, L’idée de la reconquête de la Dacie, dans «Dacoromania», I, 1973, pp. 65-68.

[48] D. Tudor, Les ponts romains du Bas-Danube, Bucarest 1974, passim.