Back to Homepage Annuario 2002
p. 9
Le monde romain dans l’Historia
Langobardorum
de Paul Diacre
Université de Bucarest
L’importance de l’œuvre
historique de Paul Diacre ne réside pas seulement dans les informations
concernant l’Italie pendant l’Antiquité tardive et le début du Moyen Age, mais
aussi dans la vision de l’auteur sur les changements qui ont eu lieu dans
l’intérieur de la société italienne. Paul Diacre est le mieux placé pour
pouvoir observer le jeu complexe des identités et altérités dans le royaume
lombard. Barbare par naissance et fier d’appartenir à la noblesse
lombarde, l’historien est aussi Romain par culture et par son attachement
sincère à la religion chrétienne. Donc, il est le plus en mesure
de parler du processus qui menait alors vers le changement de Romania mais aussi de Barbaricum, par ce que Ferdinand Lot a
désigné sous le nom de « la pénétration mutuelle du monde barbare et du monde
romain[1]
».
L’objet
de cette étude sera donc d’analyser le rôle joué par l’altérité romaine dans
l’Histoire des Lombards et les moyens utilisés par l’auteur pour construire
l’image des Romains en tant qu’Autres.
Tout
d’abord, il faut préciser que nous supposons Paul Diacre d’être un
écrivain engagé du coté de son peuple[2],
dans un période quand, suite à la conquête faite par Charlemagne,
le royaume lombard a cessé d’exister. On a pu parler même, partant des
données biographiques qu’on a sur lui, et des ses écrits, d’un promoteur de la
réconciliation avec les Francs[3].
Dans cette perspective, ce qu’il nous dit sur l’altérité romaine n’est pas
neutre de point de vue idéologique. L’image de l’autre peut être utilisée
pour renforcer l’image du soi, pour construire une identité lombarde dans une
époque ou l’existence même du peuple lombard était mise en doute.
A ce
moment-là, il faut se demander qui sont les Autres dans l’Histoire des Lombards, œuvre achevée par Paul Diacre après son
retour de la cour de Charlemagne, vers 790, et peut être rédigé pour la
cour du duc de Bénévent[4].
Ici on doit faire la
distinction entre les Romains et les Barbares, car une des originalités des
auteurs qu’on peut appelé, avec Walter Goffart « narrators of barbarian history » est d’utiliser pour l’analyse des
rapports entre Soi et l’Autre un système tripolaire. Dans la tradition
classique, il y avait l’opposition ferme entre les Romains et les Barbares,
dont les premiers en tant que représentants de la civilisation et les derniers
du monde de la barbarie[5].
L’œuvre de Paul Diacre nous présente un peuple élu, les Lombards,
Barbares du point de vue ethnique mais
qui ont su, en devenant chrétiens, dépasser l’état de la barbarie, puis les
autres Barbares, et finalement les Romains.
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D’une
certaine façon, on pourra dire, comme l’a fait François Paschoud au sujet de
Salvien, que Paul Diacre vit dans un monde renversé, car « les Barbares se
sont civilisés et les Romains sont devenus les vrais Barbares »[6].
Evidement,
les autres Barbares, ceux qui ne font pas partie du peuple élu, et les Romains
peuvent être intégrés dans la même catégorie générique de l’Altérité.
Mais nous croyons qu’il y a plutôt de différences que de ressemblances entre la
manière de présenter les Romains et le portrait des Barbares. C’est
vrai, le Romain est devenu, pour Paul Diacre, un ennemi qu’on doit rejeter, un
être inférieur placé dans une situation d’égalité ontologique avec les
Barbares. Nous avons ici un reflet du sentiment de la supériorité ethnique, qui
« est un trait universel de la condition humaine ; c’est le corrélat
ethnocentrique, au niveau du groupe, de l’égocentrisme individuel »[7].
Quand-même, l’image du monde romain reste l’élément essentiel pour la
construction, par antithèse et par imitation, de l’identité des
Lombards. L’explication réside dans le patriotisme « lombard » de
l’auteur[8],
qui s’est mis à exalter les qualités de son peuple au moment même
quand le royaume de Léovigild n’existe plus.
On
utilise le syntagme de « monde romain » pour parler d’une réalité
qui, chez Paul Diacre, n’est pas du tout homogène, comme l’était dans la
période classique, quand il y avait une identité entre la civilisation et la Romania. Pour mieux définir cette
réalité qui représente une partie importante de l’altérité pour les Lombards,
il doit toujours se situer très attentivement dans l’espace et dans le
temps, car on peut parler des manières différentes du monde romain.
Pour
nous, Paul Diacre est un témoin
intéressant du processus de morcellement spatial et politique succédant la
disparition de l’Empire Romain de l’Occident. Pour lui, le monde romain
subsiste seulement en Italie, car dans les autres territoires de l’Empire
occidental d’autrefois, il y a maintenant des royaumes barbares tout court.
L’empire de l’Orient est perçu des maintenant comme étant grec. Quand l’auteur
parle de la tentative du duc Gottschalk de trouver refuge à
Constantinople en fuyant son roi, il dit que celui-ci essaya de »fuir en
Grèce »[9].
En ce
qui concerne le plan temporel, il y a aussi des différences entre ce que le
« monde romain » peut signifier dans un moment ou dans un autre. Dans
un passé révolu, le monde romain était l’équivalent de l’ancien Empire Romain,
soit du monde civilisé en dehors duquel
se trouvait la barbarie. Mais les Lombards de Paul Diacre n’entrent pas en
contact direct avec les anciens et authentiques Romains, car à leur
arrivée en Italie la virtus romana
avait été déjà disparue et ils
rencontrent seulement les impuissants successeurs des Romains, qui ne
peuvent pas leur résister. « Les
Romains n’avaient alors guère de faculté de résistance, à cause
de la peste qui sévait sous Narses et qui en avait tué un nombre considérable
en Ligurie et dans les Vénéties, et de l’extrême famine qui survint […]
et qui faisait des ravages dans l’Italie tout entière »[10].
Paul Diacre dit aussi que « beaucoup de nobles romains furent tués
à ce moment-là, par cupidité, tandis que les autres étaient
reportés entre les hôtes et devenaient tributaires, versant aux Lombards le
tiers de leurs
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récoltes »[11].
Les exégètes modernes pensent que l’auteur voulait suggérer qu’il
s’agisse d’une extinction « naturelle » aussi bien que d’une
extermination de la classe politique romaine par les Lombards et qu’en Italie
restaient seulement les débris d’une plèbe sans importance politique[12].
Mais, si ce genre d’interprétations radicales veulent que « toute la noblesse
romaine ait été passée au fil de l’épée »[13],
le plus naturel est de penser que les grands propriétaires ont été eux aussi
mis à la contribution dans le cadre du régime de l’hospitalité. Pour
nous, le problème est de savoir si en parlant des « nobles
romains », Paul Diacre pense qu’il s’agit des Romains authentiques.
L’usage qu’il fait de la terminologie ethnique et politique, que nous allons
analyser plus tard, nous suggère qu’il pense qu’avant l’arrivée des
Lombards, les Romains s’étaient transformés, en perdant leur force morale et
physique.
Les
Romains authentiques sont pour Paul Diacre les conquérants qui ont été une fois
les maîtres de la Germanie, d’où sont venus puis les vagues des
Barbares. Les vrais Romains avaient le monopole de la culture et du savoir, et
ils expliquaient tout par interpretatio
romana. Ou du moins c’est ce que pense l’auteur quand il dit au sujet de
Wotan que « c’est le Mercure des Romains »[14].
Ils étaient ceux qui pouvaient apporter le salut religieux aux peuples de la Germanie,
comme le montre l’histoire de sept dormants, insérée par Paul dans son récit.
« A voir leur costume, on dirait des Romains. […] Peut-être,
puisqu’on pense qu’il ne peut pas s’agir que de chrétiens, leur faudra-t-il un
jour pour prêcher pour le salut de ces gens »[15].
Donc, on observe que pour cet auteur il existe déjà l’idée d’une
identité entre les Romains et les chrétiens, par opposition avec les
païens de Germanie, et de ce point de vue, les Romains représentent des
modèles à suivre. Leur histoire aussi offrait de modèles
pour l’histoire des Lombards, au moins si on pense aux légendes racontées par
Paul Diacre. Au début de leur histoire, les Lombards sont dirigés par deux
frères, Ibor et Aio, qui ressemblent un peu au Romulus et Remus[16].
Mettre en écrit les coutumes, un des événements importants du règne de
Rothari est une action inspirée par la tradition romaine, et aussi, la
correction des lois faite par Grimuald ressemble bien à l’œuvre
législative de Justinien[17].
Si les
Romains de l’époque de l’ancien Empire se montrent dans une lumière
assez favorable dans l’œuvre de Paul Diacre, en tant que modèle
parce qu’ils ont su exercer leur suprématie
politique sur tout l’Univers connu[18],
il ne va pas de même avec leurs successeurs, les Italiens et les Byzantins.
On doit préciser que l’auteur parle de Romani,
sans faire toujours les distinctions nécessaires. Mais il est évident qu’il
sait qu’il y a une différence profonde entre les latinophones de l’Italie et
les Byzantins qui parlent le grec.
Tout d’abord,
pour mieux marquer ces différences, il
faut voir quelle est la terminologie utilisée par Paul Diacre pour désigner la
population d’origine romaine de l’Italie. En général, dans son œuvre, Romanus a un sens régional, en désignant
la population de la ville de Rome. Par exemple, il dit que les Romani allèrent se plaindre
de Narses devant
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l’empereur Justin et sa femme Sophie[19] ;
avec eux le roi Agilulf conclut un accord de paix, grace aux bonnes offices de
Teodolinda et de pape Grégoire I [20];
ces Romains sont obligés de recevoir chez eux, pour 20 jours, l’empereur
Constant II[21]. Cives Romani est employé dans un sens
politique qui s’applique dès maintenant seulement aux citoyens de la
ville de Rome. Dans ce sens, Paul Diacre a ressenti le besoin de dire que
Marinus, l’archevêque de Ravenne, était cives Romanus[22].
Donc, en utilisant dans ces contextes des termes comme Romanus, Romani, Paul
Diacre ne songe plus aux citoyens de
l’ancien Empire, mais il nous prouve la résurgence du patriotisme municipal
dans les moments de confusion dans le plan de l’exercice de l’autorité
politique[23]. De
même, un habitant de Brescia qui fit réparer le monastère Monte
Cassino ne peut être plus qualifié comme Romanus, mais comme cives
Bresciae[24]. D’habitude, quand il veut parler d’une
manière générale de la population d’origine romaine d’Italie, il utilise
populus, populi[25]. Suzanne Teillet croit que pour
l’époque du principat et du Bas Empire le pluriel populi désignait les différentes populations de l’Empire par
rapport à l’Empereur. Puis, dans les royaumes barbares, populi devient synonyme de gentes, qu’on peut donc appliquer aussi
aux Barbares[26]. Si ce
terme est utilisé par Paul Diacre avec une telle signification, ça peut
suggérer que notre auteur ne croie plus dans la distinction opérée pendant la
période classique entre les Romains et les Barbares. En fait, Grégoire de
Tours, qui a été beaucoup utilisé par Paul Diacre parle de populi de la même manière, en se rapportant à
la population d’origine romaine de Gaule[27],
ce qui nous donne à penser qu’il s’agit d’un usage bien plus général. Et
c’est évident que dans un royaume barbare, comme celui des Lombards, les
Romains ont cessé d’être le peuple roi et sont devenus une population
parmi les autres.
Quand
l’auteur désire faire plus de précisions, il nous apprend que ses personnages
sont ravennati ou veneti, selon leurs régions d’origine.
Un cas très intéressant est celui des peuples venus en Italie avec les
Lombards. Paul Diacre parle des différentes gentes
barbares, qui donnent leurs noms au territoire ou ils se sont assises, et parmi
elles il parle aussi de pannonici et norici[28].
C’est évident que ces appellatifs qui rappellent les territoires d’origine,
utilisés dans le même contexte que les noms ethniques des Barbares
désignent la population d’origine romaine des anciennes provinces Pannonia et
Noricum, jadis abandonnées par l’Empire. Ces affirmations de Paul Diacre sont
aussi une preuve que la population romanisée continuait d’exister dans ces
provinces à la fin du VIe siècle, malgré les invasions
qui les ont beaucoup troublées[29].
Paul Diacre nous donne ainsi la preuve que l’ancienne identité romaine et
provinciale s’est maintenue jusqu’assez tard ; mais la manière dont
il parle de ces anciens citoyens romains, en les mélangeant avec les Barbares
en
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mouvement nous prouve aussi qu’il les
considère maintenant très semblables aux gentes barbares de l’environnement.
En ce
qui concerne le rôle joué par cette population italienne, on a déjà
discuté plus haut que l'auteur insiste sur le fait qu’elle n’a plus
d’importance politique. Il nous a dit qu’en raison de la peste, de la famine,
des inondations la population de l’Italie ne peut pas s’opposer aux Lombards.
Mais le même auteur nous montre que les habitants de Ticinum ont résisté 3
ans au siège fait par Alboin, qui en prenant la ville est empêché
par un miracle de les tuer tous, comme il avait juré[30].
Et puis, c’est la langue latine qui est imposée par cette population romaine
aux Barbares de l’Italie, ce qui Paul Diacre trouve d’être absolument
normal. La preuve c’est son étonnement d’apprendre que les Bulgares établis
dans le royaume lombard parlent encore leur propre langue aussi que le latin[31].
Paul
Diacre ne parle pas seulement d’une manière générale de la population
italienne, on peut aussi trouver quelques personnages qui se sont un peu
distingues par rapport à la masse anonyme. C’est le cas de Marinus,
l’évêque de Ravenne, dont on a déjà parlé, puis c’est Romanus,
patrice de la même ville ou, toujours de Ravenne, Longinus, celui qui reçoit
Rosamonde après le meurtre de son mari[32].
Il y a aussi un certain nombre de prêtres et des moines, parmi lesquels
le plus honoré est saint Benoît de Nurcie, en tant que fondateur de l’abbaye de
Monte Cassino et a qui Paul Diacre a dédié ses distiques élégiaques[33].
Mais ces individualités sont assez peu nombreuses, et on pourrait dire que le
pape Grégoire le Grand est le seul parmi les Romains qui a vraiment retenu
l’attention de Paul Diacre. On peut se demander si l’auteur ne l’apprécie en premier lieu pour ses efforts pour
assurer la paix et pour déterminer la conversion des Lombards au christianisme,
ce qui pouvait leur sauver les âmes. Et ce qui est peut-être le plus
important, le pape a refusé de contribuer à la destruction du royaume
lombard : « si moi […] j’avais voulu me mêler de la mort des
Lombards, leur peuple n’aurait aujourd’hui ni roi, ni duc, ni comtes ; il
serait divisé, dans la plus complète anarchie »[34].
Selon
les affirmations de Paul, ces habitants de l’Italie qui sont d’origine romaine
et qui parlent le latin sont très conscients qu’ils sont différents de
ceux venus de Constantinople, appelés par eux Grecs. L’opposition est si forte que les habitants de Rome, qui
réclament à l’empereur les abus de Narses, disent qu’ils
préférèrent Gothis potius servire
quam Grecis[35].
Le plus souvent, Paul appelle les Byzantins Romani,
qui a seulement une connotation politique et pas ethnique. Mais il parle aussi,
à leur sujet, de Graeci, et même, par dérision, de Graeculi[36].
Paul Diacre n’est pas le premier auteur qui utilise Graeculus avec un sens péjorative, car déjà depuis les temps
de la République et de l’Empire on se moquait ainsi des intellectuels grecs
ayant une origine base et un comportement servile[37].
C’est
évident qu’en ce qui concerne l’usage de la terminologie pour désigner les
Byzantins on peut discerner deux niveaux. Appliqué à eux, Romani a seulement un sens politique, en
temps que Graeci est le nom ethnique.
Par exemple, l’auteur parle de Maurice
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en tant que le premier empereur de race grecque ex graecorum genere[38].
Soit qu’il les appelle Romains ou Grecs, il sait très bien que leur
langue est le grec, car il dit que pour eux le nom de l’Eglise Sainte Sophie de
Constantinople est graeco vocabulo Hagiam
Sophiam[39].
Du point de vue politique, le pays des Byzantins peut encore être nommé imperium, romanae reipublicae, Romanorum regnum, mais c’est aussi clair que pour Paul Diacre ces
gens qui parlent le grec habitent Graecia[40].
Par
raison de la compétition politique entre les Lombards et les Byzantins pour la
domination de l’Italie, l’attitude de Paul Diacre envers ces derniers est
extrêmement négative. L’Empire de l’Orient garde encore en Italie
quelques territoires importants, où la présence de son armée, orientalis exercitus représente une
réalité quotidienne et menaçante[41].
Comme pour se venger, l'auteur insiste
sur les vices moraux des Byzantins, parmi lesquels on peut trouver la lâcheté
et l’avarice, Graecorum avaritia[42].
L’intention péjorative est très forte dans ce dernier cas, parce-que
l’auteur n’utilise pas, avec avaritia
le nom politique des Byzantins, Romani, mais
la dénomination ethnique, elle-même chargée de mépris. Aussi, du point de
vue physique les Byzantins sont assez insignifiants par rapport aux Lombards,
veut nous convaincre notre auteur, qui raconte comme Amalongus, porteur
habituel de la lance du roi lombard, pendant une bataille avec l’armée de
l’empereur Constant II, « porta de deux mains un violent coup de lance
à un de ces petits Grecs, le souleva de sa selle et le leva en l’air
au-dessus de sa tête »[43].
En plus, le christianisme ne les empêche pas de piller les églises, comme
le montre l’histoire du duc Grimoald qui a remporté une victoire « lors
d’une incursion des Grecs, venus à cette époque-là pour piller le
sanctuaire de l’archange saint Michel au mont Gorgon »[44].
Mais,
à part les raisons politiques et idéologiques qui poussent Paul Diacre
d'exprimer ces points de vue peu favorable envers les Byzantins, on peut
trouver dans son œuvre aussi quelques prises de position plus nuancées.
Les identités ne semblent pas être bien définies, une fois pour
toujours ; les critères de distinction ne sont pas toujours
très fermes ; les loyautés n’ont pas seulement des racines ethniques
ou religieuses. Par exemple, Paul
raconte la légende qui veut que Narses, le vainqueur des Ostrogoths,
invite les Lombards en Italie pour se venger contre la population locale qui
l’avait offensé[45].
Aujourd’hui on peut discuter si cette information offerte par Paul Diacre
suggère seulement la confusion des identités et la disparition de
l’intérêt publique dans une Italie bulversée par les interminables
guerres contre les Goths. Car il est possible de saisir quelque chose de vrai
dans cette légende, et se peut que Narses ait vraiment fait appel, selon la
coutume, aux Barbares pour aider l’Empire contre les autres Barbares[46].
Il y a
aussi, parmi les Lombards, quelques individus qui décident se changer de
l’identité, en choisissant le parti des Byzantins. On a le cas du duc Gottschalk
de Bénévent, qui essaye de fuir la colère de roi Liutprand à
Constantinople[47], ce
qu’aurait valu, en cas de réussite, le changement d’identité politique. Le duc
lombard de Perugia, Maurice, est tué
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par le roi Agilulf parce qu’il était le partisan des
Byzantins[48]. Dans ce
cas, on peut se demander si son nom n’est pas romain ou chrétien, ce qui
pourrait ajouter aussi une explication religieuse au conflit qui l’opposait au
roi païen.
Mais le
cas le plus connu d’un multiple changement d’identité est celui de Droctulf.
D’origine ethnique suéve ou allamane, il est devenu duc des Lombards en raison
de ses qualités militaires. Puis, il entre dans l’armée byzantine et finit ses
jours à Ravenne où il est enseveli dans l’église San Vitale[49].
Quand Paul Diacre raconte qu’il y a une
épitaphe fort élogieuse sur le tombeau de Droctulf, il est fier qu’un
personnage devenu « Lombard » à un moment donné a été si
connu. Mais, en fait, la raison de la renommée de Droctulf (dont nous parlent
aussi les historiens byzantins, comme Théophilact Simocatta) est son changement
d’identité. Passé du côté byzantin, il renonce à son ancienne identité
barbare, et il devient « Romain » du point de vue politique. Aussi,
on sait que ce n’était pas un cas isolé, car en suivant la même tradition
de recrutement des mercenaires dans l’Antiquité tardive, le duc Gisulphe de
Frioul s’enfuit avec son armée chez les Byzantins[50].
Il y a
aussi des exemples d’attitudes au moins nuancées si non ambivalentes envers les
romains (ou plutôt les Byzantins), comme l’histoire de Theodota, « une
jeune fille d’une famille romaine de très haute noblesse »[51].
Remarquée aux bains, grâce à sa grande beauté, par la femme de roi
Cunikbert, elle est recommandée imprudemment par celle-ci à son mari. Le
roi s’eprit de la belle romaine, il en fait son amante, puis il la place dans
un monastère. Cette histoire est intéressante par plusieurs raisons.
Premièrement, c’est le seul lieu ou Paul reconnaît que la beauté
physique peut être trouvée parmi les Byzantins, qui d’habitude sont
présentés par lui d’une manière peu flattant. Puis, cette histoire
ressemble étrangement à celle de Justina, la grand-mère de Galla
Placidia. Remarquée dans les mêmes circonstances par Valentinien I, elle
a eu plus de chance et est devenue la femme de l’empereur[52].
C’est
difficile à dire si Paul connaissait l’histoire de Sozomenos ou il
s’agit tout simplement d’une sorte de topos.
Mais d’une certaine façon, l’attrait exercé par la jeune romaine sur le roi
lombard peut signifier aussi la fascination exercée encore par l’idée de Rome.
Le rejet final de la fille, reléguée dans le monastère, nous
suggère aussi l’attitude ambivalente face au monde romain, à la
fois désiré et rejeté.
Quand
on parle du monde romain chez Paul Diacre, il faut aussi prendre en considération
le modèle politique romain, même si pour lui celui-ci ne semble
pas avoir une grande importance. L’Empire Romain, appelé pour la plupart Respublica, a un certain prestige,
reconnu au début de leur présence en Italie par les Lombards. En fait, l’Empire
reste la seule source pour la légitimité politique, donc les Lombards ont du
être au début les alliés des Romains contre les Goths, et ils ont du
être invités par Narses prendre la possession de la péninsule. Mais Paul
Diacre appèle aussi l’Etat romain de l’Orient regnum[53],
ce qui montre l’évolution de la terminologie politique. Dans le moment
où notre auteur écrit son œuvre, la royauté n’était plus perçue
comme un corps étranger pour le
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système politique romain, et l’Empire était
lui-même devenu une royauté dans le sens biblique du mot[54].
Parmi
les empereurs romains, Justinien est une figure bien appréciée par Paul, qui le
présente comme un modèle grâce à ses succès militaires,
à son activité législative et
à son orthodoxie dans une période avec hérésies multiples[55].
Plus atypique est la figure d’un autre Romain, le général Narses, qui offre le
modèle du chef idéal. A l’origine de ses qualités politiques semblent se
trouver ses qualités de bon chrétien, nous dit Paul Diacre[56].
Cette sympathie est probablement la conséquence du fait qu’il aurait invité les
Lombards dans la péninsule, ce qui pour Paul représente la base juridique pour
leur domination de l’Italie[57].
Donc, pour légitimer leur mainmise sur l’ancien cœur de l’Empire, les
Lombards de Paul Diacre ont besoin d’une légitimité d’origine romaine. Ce
problème de légitimité, cette fois dans le cadre du royaume lombard, se
pose aussi dans les termes hérités de la tradition romaine. L’adoption de la
distinction faite pendant la période classique entre le roi légitime et
l’usurpateur permet à l’auteur de qualifier Alahis ou les autres comme tyrrannus. De même, l’adoption par
Authari du cognomen impérial Flavius[58],
signifie un ralliement fictif à la seconde dynastie des Flavii, dont faisait partie Constantin
même. Pour un roi barbare, prendre ce nom d’empereur suggère
évidemment une acceptation, même partielle, du modèle impérial.
D’une manière paradoxale, on peut observer dans tout le monde barbare le
succès du gentilice constantinien des Flavii, mais il faut se rappeler
que l’adoption d’un nom romain pouvait être un indice du patriotisme
romain[59].
Aussi, Authari instaure un ordre qui peut passer comme romain après le chaos barbare[60],
et marque le début d’une nouvelle époque d’or[61].
Parmi les qualités d’un bon empereur il y a aussi son talent d’administrateur,
et en parlant dans ces termes du roi Alboin, Paul réalise une autre adaptation
du modèle romain au cas lombard[62].
On peut
donc affirmer que Paul Diacre nous présente la constitution d’une royauté
lombarde sur le modèle impérial romain. L’application de ce
modèle était d’autant plus nécessaire que l’Italie lombarde se
confrontait avec les problèmes de structure crées par le pouvoir de
ducs. Il est évident que l’auteur aurait désiré une royauté plus forte, et une
succession au trône gouverné par des règles plus strictes, comme dans
l’Empire. A partir du moment de la conversion au christianisme catholique, le
couronnement des rois lombards suit le modèle byzantin. C’est le cas
d’Adaloald, rex gratia Dei, qui organise cette cérémonie dans le cirque de
Milan, comme l’empereur de Constantinople le faisait à l’Hippodrome. Le
cérémonial impérial était bien connu de Paul, car il l’avait décrit avec
l’occasion de couronnement de Tibère et de Maurice. Donc, il en reprend
la description qui avait une valeur de propagande, et qui pouvait donner une
autre image du roi lombard, plus proche de modèle impérial.
Nous
avons dit plus haut que les rois lombards assument quelques fonctions des
empereurs romains, mais très rarement une seule personne peut en cumuler
plusieurs. En
p. 17
général, Paul parle, pour les rois exemplaires,
d’une fonction impériale dominante. Par exemple, sous l’influence de
Teodolinda, Agilulf devient un fervent advocatus ecclesiae. Rothari, même arien, est apprécié pour
son activité législative, qui le fait d’une certaine façon rassembler à
Justinien. Et on doit se rappeler que vivre sous l’empire des lois était, du
point de vue des Romains, la caractéristique par excellence des peuples
civilisés. Et l’insistance avec laquelle notre auteur fait remarquer que
Rothari est le 17e roi des Lombards[63],
en prenant l’idée exprimée par le roi même dans le Prologue de son Edit de 643[64],
n’est pas sans relation avec le modèle romain[65],
car la tradition parlait de 17 rois entre Aeneas et Romulus. Quand-même,
il se peut que ce modèle n'ait été adopté pas directement, mais par
l’intermédiaire de Getica de Jordanes
ou il y avait aussi 17 rois des Goths[66].
En fin de compte, même s’il s’agit d’une médiation gothique, l’origine de
la signification du nombre de 17 générations des rois ne reste pas moins
romaine.
Pour Paul Diacre comme pour les chroniqueurs byzantins de la
même époque, la principale qualité d’un chef n’est plus sa capacité
politique ou militaire, mais l’attitude envers l’Eglise.
Dans son œuvre, la plus
importante valorisation d’une composante du modèle romain est celle de
l’Eglise catholique[67].
Parce qu’il était probablement de sa naissance dédié à l’Eglise, comme
le montre son nom, seul d’origine romaine parmi les noms germaniques de ses
parents[68],
Paul apprécie beaucoup cette institution. Mais le paradoxe est qu’il ne raconte
pas d’une manière assez claire le moment de la conversion des Lombards
de l’arianisme au catholicisme, même ça signifiait à l’époque
l’acceptation d’un élément essentiel du modèle romain,
c’est-à-dire de la civilisation[69].
On peut se demander s’il ne voulait éviter de parler trop sur l’arianisme de
son peuple, dans un moment ou il devrait insister sur le droit des Lombards
à une histoire glorieuse. Un Grégoire de Tours pouvait faire de la
conversion directe à catholicisme, sans l’étape arienne
intermédiaire, un titre de gloire du roi Clovis; mais pour Paul, parler de
la conversion des Lombards de l’arianisme au catholicisme, dans la période de
Charlemagne, qui était si préoccupé de réaliser l’unité religieuse de son
empire, pourrait signifier mettre son peuple dans une lumière peu
favorable. Même s’il ne parle trop de cette conversion, il manifeste un
attachement sincère envers l’Eglise catholique, et les papes, parmi
lesquels la figure de Grégoire le Grand est spéciale, sont des personnages
assez bien mis en valeur dans son histoire. Rome, en perdant son rôle de centre
politique du monde, reste quand-même son centre religieux. La preuve la
plus convaincante est le désir de plusieurs rois anglo-saxons d’être
baptisés et de mourir à Rome[70].
En plus, les Lombards ont joui de la protection d’un saint très
important pour l’Eglise catholique. Il s’agit de saint Jean Baptiste, qui les
assure longtemps sa protection et
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qui les aide, grâce à l’église que la reine
Teodolinda a fait bâtir à Monza en son honneur[71].
Les Lombards ont été battus par les Francs, nous suggère Paul, parce
qu’ils ont abandonne cette église, et donc la protection du saint a finalement
cessée. D’une certaine manière, on peut se demander s’il ne s’agit pas
d’une croyance semblable à celle des Romains païens, qui
affirmaient que la chute de Rome est le résultat de l’abandon des anciens
dieux.
On peut donc conclure que
pour Paul Diacre la Rome impériale reste le modèle incontesté pour la
royauté et l’Etat lombard, mais la romanité contemporaine est jetée dans le
domaine de la barbarie. L’ancien Empire romain offre le modèle pour la
royauté lombarde, même si celui-ci est juxtaposé par une profonde
inspiration biblique, ayant comme source l’Ancien Testament. L’influence de
l’Empire Romain sur l’Etat lombard peut être directe, mais aussi elle peut agir par
l’intermédiaire de l’Empire Byzantin, plus proche du point de vue chronologique
et géographique, grâce à sa présence en Italie. Cet Empire Byzantin,
dont on conteste vivement la domination de certains partie de l’Italie, reste
toutefois la seule source de légitimité pour la royauté lombarde. Mais les
Italiens de l’époque de Paul Diacre ne représentent plus qu’une gens parmi les autres, car, du point de
vue politique, ils ne font plus partie du monde romain, centré des lors sur
Constantinople, qui se préparait à émerger. C’est un signe que le
« processus de métissage et d’acculturation, par lequel des Barbares se
romanisèrent et des Romains adoptèrent des usages barbares »[72]
entrait alors dans une phase avancée. L’œuvre de Paul Diacre nous permet
donc de mieux comprendre, dans le niveau de l’imaginaire politique, le moment de
transition entre le monde romain, qui se transformait, et le monde médiéval
à suivre.
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Istituto Romeno di cultura e ricerca umanistica 4 (2002), edited by ªerban
Marin, Rudolf Dinu and Ion Bulei, Venice, 2002
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© ªerban Marin, August 2002, Bucharest,
Romania
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[1] Ferdinand Lot, Les invasions germaniques. La pénétration mutuelle du monde barbare et
du monde romain, 2e. ed., Paris, 1939.
[2] Plusieurs arguments
sur ce sujet dans Ecaterina Lung,
Istoricii ºi politica la începuturile
evului mediu european, Bucuresti,
2001 : passim.
[3]
Walter Pohl, “Memory, Identity and Power in Lombard Italy”,
in The Uses of the Past in the Early Middle Ages (ed. by Itzak Hen and Mathew Innes), Cambridge, 2000: 21.
[4] Karl Heinrich Krüger, „Zur beneventanischen Konzepzion der
Langobardengeschichte des Paulus Diaconus“, Frühmittelalterische
Studien 15 (1981): 18-35.
[5] Yves Albert Dauge, Le Barbare. Recherches sur la conception romaine de la barbarie et de
la civilisation, Bruxelles, 1981 : passim.
[6] François Paschoud, « Le Mythe de Rome à la fin de l’Empire
et dans les royaumes romano-barbares », dans Convegno
Internazionale : Passagio dal Mondo Antico al Medio Evo. Da Teodorico a
San Gregorio Magno, Roma, 1977, Atti dei Convegni Lincei 45 (1980) :
136.
[7] Jack Goody, L’Orient en Occident (trad.
Pierre-Antoine Fabre), Paris,
1999 : 6.
[8] Pohl, « Der Gebrauch der Vergangenheit in der Ideologie der Regna »,
dans Ideologie e pratiche del reimpiego nell’alto Medioevo, Settimane
di studi sull’alto medioevo 46 (1998) : 166.
[9] Paul Diacre, Histoire des Lombards (présentation et traduction par François Bougard), Brepols, 1994 : VI, 57.
[10] Ibidem: II, 26.
[11] Ibidem: II, 32.
[12] Paola Maria Arcari, Idee e sentimenti politici dell’alto medioevo, Milano, 1968 :
263.
[13] Bougard, op. cit. : 162,, note 167.
[14] Paul Diacre, Histoire des Lombards : II, 1.
[15] Ibidem: I, 4.
[16] Ibidem: I, 3.
[17] Ibidem: I, 25.
[18]
Luigi Alfonsi, “Romani e Barbari nella Historia
Langobardorum di Paolo Diacono”, Romanobarbarica 1 (1976): 7.
[19] Paulus Diaconus, Historia Langobardorum, dans Monumenta
Germaniae Historiae, Scriptores Rerum Langobardorum (ed. L. Bethmann et G. Waitz): II, 5.
[20] Ibidem: IV,
8.
[21] Ibidem: V, 11.
[22] Ibidem: IV,
11
[23] Arcari, op.cit.: 264.
[24] Paul Diacre, op. cit.: VI, 40.
[25] Ibidem: V, 11.
[26] Suzanne Teiller, Des Goths à la nation gothique. Les origines de l’idée de nation
en Occident du Ve au VIIe siècle, Paris, 1984 : 35-36.
[27] Grégorius Turonensis, Historiarum Libri Decem : II. 1. 7.
[28] Paul Diacre, op. cit. : II,
25.
[29] Massimiliano Pavan, « Romanesimo, Cristianesimo e immigrazioni nei territori pannonici »,
Romanobarbarica 9 (1986-1987) : 216.
[30] Paul Diacre, op. cit. : II,
27.
[31] Ibidem :
II, 29.
[32] Ibidem :
IV, 11 ; II, 29.
[33] Ibidem: I, 26.
[34] Ibidem: IV, 29.
[35] Ibidem: II. 5.
[36] Ibidem: V, 16; V, 10.
[37] Herbert Hunger, Graeculus Perfidus-italos itamos. Il
senso dell’alterita nei rapporti greco-romani ed italo-bizantini, Rome, 1987 :
25.
[38] Paul Diacre, op. cit. :
III. 15.
[39] Ibidem : I. 25.
[40] Ibidem : III. 15 ; IV,
27 ; III, 12 ; VI, 57.
[41] Ibidem : V, 12.
[42] Ibidem: V, 11.
[43] Ibidem :
V, 10.
[44] Ibidem: IV, 46.
[45] Ibidem: II. 5.
[46]
Neil Christie, “Invasion or invitation ? The Longobard
occupation of northern Italy, A.D. 568-569”, Romanobarbarica 11
(1991): 79-108.
[47] Paul Diacre, op. cit. : VI, 57.
[48] Ibidem : IV, 8.
[49] Ibidem : III, 8.
[50] Pohl, « L’armée romaine et les Lombards : strategies militaires et
politiques », dans L’armée romaine et les Barbares du IIIe au
VIIe siècle (eds. Françoise Vallet et Michel Kazanski), t. 5 des
Mémoires publiées par l’Association Française d’Archeologie Mérovingiene ;
1993 : 294.
[51] Paul Diacre, op. cit. : V, 37.
[52] Socrates, Historiai, 4, 31, Patrologia Graeca, LXVII, 54813, apud Paschoud, « Le mythe de Rome », cit. :
128.
[53] Paul Diacre, op. cit. :
III. 12.
[54] Marc Reydellet, La royauté dans la littérature latine de Sidoine Apollinaire à
Isidore de Séville, Rome, 1970.
[55] Paul Diacre, op. cit.: I, 25.
[56] Ibidem:
II, 3.
[57] Christie, cit.
[58] Paul Diacre, op. cit.: III, 5.
[59] Bertrand Lançon, Le monde romain tardif, IIIe-VIIe siècle
ap. J. C., Paris, 1992 : 171.
[60] Paul Diacre, op. cit.: III, 16.
[61]
Gabrielle Zanella, La legittimazione del potere regale nelle
storie di Gregorio di Tours e Paolo Diacono: 73.
[62] Ibidem: 74.
[63] Paul Diacre, op. cit. : IV, 42.
[64] Walter Wolfram, « La typologie des ethnogenèses: un essai », dans Des
royaumes barbares au Regnum
Francorum. L’Occident à l’époque de Childeric et de Clovis (vers
450-vers 530). Actes des XVIIIes Journées Internationales d’Archeologie
Mérovingienne, Saint Germain en Laye, 23-24 avril 1997 (ed.
Françoise Vallet, Michel Kazanski et Patrick Périn), 1997 : 132.
[65] Pohl, op. cit.: 15.
[66] P.
J. Heather, Goths and Romans,332-489,
New York, 1991: 22.
[67]
Patrick Amory, People and Identity …: 5.
[68] Goffart, op.
cit.: 345.
[69] Nicola Cilento, « La storiografia nell’età barbarica. Fonti Occidentali sui
barbari in Italia », dans Magistra
barbaritas… : 330.
[70] Il s’agit de
Caedwalla, mort en 688, et de Coinred et Offa, venus à Rome vers
710 ; Paul Diacre, op. cit. : VI, 15 ; VI, 28.
[71] Paul Diacre, op. cit. : V, 6.
[72] Lançon, op. cit.: 173.