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Interviews : Prémonition n°12 (fevrier 1993)
Ne dites plus "Trisomie 21".
C'est fini. Ils n'en veulent plus de ce nom ambigu qui leur a valu
nombre de réflexions indignées. Maintenant c'est T.21. Le
petit diminutif dont les affublaient affectueusement les fans. Et ils sont
nombreux ces fans, qui ont fait une légende de ces chti-mi plutôt
discrets. Une discrétion liée à celle des médias,
plutôt timides sur le sujet, mois aussi entretenue pour ménager
le mythe.
"A la longue, il s'est avéré que le choix du nom était
une erreur. On avait 18-20 ans quand on l'a adopté et à l'époque
il nous semblait marrant et provocateur. Avec les années on mûrit,
on fait peut-être aujourd'hui une musique plus adulte et il se trouve
que le nom devient une barrière pour toucher un public plus large.
Quand on n'a pas accès aux médias, c'est difficile d'en expliquer
le choix. Alors on a contourné la difficulté en passant à
quelque chose de moins concret. Ça a forcément un côté
commercial puisque le but est de cibler plus large mais il ne faut pas
voir dans ce changement une démarche publicitaire. On est toujours
un peu déçu de constater qu'on ne s'intéresse pas
plus à nous, mais en même temps, pour nous, l'important c'est
de pouvoir faire ce qu'on aime, bien plus que d'acquérir une quelconque
reconnaissance."
Depuis leurs débuts les frères Lomprez, Hervé
et Philippe, ont su préserver l'intégralité et la
ligne musicale de T.21. Ils ont été épaulés
en cela par Jean-Michel Matuszak, gérant-ami et conseiller artistique
omniprésent. Ça a l'odeur du manager, la couleur du manager
et pourtant T.21 se refuse à parler de manager...
Philippe : "II est suffisamment extérieur au groupe pour apporter
quelque chose, mais en même temps trop dedans pour pouvoir nous représenter
commercialement." Hervé : " Il n'est pas musicien, donc son monde
est à part, mais il est là depuis le début et sans
lui il n'y aurait pas eu Trisomie. Il fait partie de la genèse !"
Jean-M. : "Je suis là pour tempérer les passions et les tensions
qui sont inévitables entre deux frères. Je fignole l'image
du groupe (diopos, etc..). On réfléchit ensemble, on regarde
le monde, on se l'approprie, et après la discussion, eux le restituent
par le biais de leurs compositions."
T.21, il fut un temps, comptait un bassiste dons ses rangs. Depuis son
départ, les frères Lomprez assument seuls les performances
scéniques. En studio, par contre, ils jouent l'ouverture. Et si
pour beaucoup Trisomie reste synonyme de synthétisme glacé,
l'étonnement est grand avec leurs nouveaux disques. Trois tomes
regroupés sous le nom de "Works", où des sonorités
nouvelles modifient considérablement le climat. "Nous avons fait
un trypique ! Un maxi, "Works in Progress", travaux en cours, un album
"Works", l'oeuvre, et un autre maxi qui devrait sortir en septembre, "Final
Work, The Missing Pièce", la pièce manquante. On essaie de
faire à chaque fois quelque chose de très différent.
Cet album est beaucoup plus rock et un peu moins planant que les précédents.
On a essayé de faire des choses beaucoup plus chaudes pour redonner
un côté humain à la machine. C'est la tin du courant
post-industriel. L'industrie c'est gris, alors on tente de mettre un peu
de couleur. On a fait appel à des gens extérieurs, des musiciens
professionnels et on a appliqué une nouvelle méthode de travail.
Il y a plus de recherche et la technique est beaucoup plus nécessaire.
C'est presque "hors Trisomie."
Pour un groupe mythe, T.21 ne paie pas trop de mine. le look c'est plutôt
La Redoute que Jean-Paul Gaultier. Déjà en cela il se classe
en marge des groupes typiques 80's qu'on nous vend par paquet de dix sous
emballage millésimé. C'est rare aujourd'hui ce genre d'attitude
insouciante vis-à-vis de l'image. Mais ne confondons pas image et
look. Parce que sorti de la musique nos trisomiques se passionnent pour
le visuel d'art et plus particulièrement pour la photo. A preuve
les diapos projetées en concert et qui méritent bien plus
que les quelques secondes que leur accordent les lois de la scène.
Si Hervé arrêtait la musique, ce serait pour troquer son micro
contre un appareil photo. Et cet aspect du groupe vous sera révélé
lors d'une exposition itinérante qui devrait suivre la tournée.
Philippe, lui, ce serait plutôt le studio. Ingénieur du son
de métier, il a aussi signé quelques musiques de film. Bref,
un groupe aux multiples facettes et qui nous réserve encore bien
des surprises.
&
Trisomie 21
Prémonition n°12 (fevrier 1993)
Groupe légendaire mais discret de la scène française.
Trisomie 21 nous offre pour la première fois un entretien. "La presse
et nous, nous n'avions plus rien à nous dire". C'est pourtant à
bâtons rompus qu'ils se dévoilent et prennent le temps de
passer en revue plus de dix ans de carrière.
Quelle est la situation géographique actuelle de Trisomie 21
?
Hervé : Philippe est toujours dans le nord et moi je me suis
installé dans le sud depuis le mois d'Août. Il y fait plus
chaud... non, ça n'a rien a voir, ni avec le groupe. Départ
pour raison privée !
N'est-ce pas gênant pour le groupe ?
Hervé : Nous avons une méthode de travail qui s'adapte
facilement aux distances. Nous avons depuis très longtemps abandonné
le système des répétitions et des réunions
communes. Philippe fait différents essais de voix sur des bases:
rythmiques, il essaie des variations de timbres, pose les textes... et
après seulement on recale, en fonction de l'évolution du
morceau. Tout est retravaillé à base de samplers. Que nous
soyons à 1000 km l'un de l'autre n'est pas gênant. Nous avons
toujours bossé comme ça.
Appliquez-vous une logique globale ou ponctuelle dans Trisomie 21 ?
Hervé : II y a toujours eu une démarche réfléchie
dans Trisomie 21, mais ce qui change pour "Distant voices", c'est que c'est
notre premier disque qui n'ait pas de concept. Les autres avaient tous
un fil conducteur, ce qui n'est pas le cas ici. C'est un album de chansons
et il n'y a aucun lien entre chaque titre, aucun rapport avec ce que nous
avons fait avant et certainement pas avec ce qu'il y aura après.
Cette idée nous plaisait. Mais on ne doit pas non plus le mettre
en dehors de ce que nous avons fait jusqu'à présent.
Les premières productions.
Hervé : "Passions divisées" date de 1981, "Le repos des
enfants heureux" a été enregistré beaucoup plus tard.
Nous avons mis un bout de temps à le sortir, il devait contenir
cinq titres au total, mais nous avons finalement fait d'autres morceaux
six ou sept mois après.
Wait and dance / Chapter IV / Chapter IV and Wait and dance remixed.
Hervé : Nous expliquons le remix de "Chapter IV" sur la pochette
du CD. Nous n'avons jamais vraiment su pourquoi, mais nous nous sommes
retrouvé avec une énorme erreur technique, ce qui lui donne
un son très étrange. Il est inécoutable en mono. Si
il passe en radio, tu n'entendras pas la basse, et il te manquera un tas
de choses. C'est un problème qui est arrivé de je ne sais
quelle manière. On s'en est rendu compte, mais il n'était
pas possible de financer un autre enregistrement à ce moment-là.
Nous ne pouvions rien faire, c'était trop tard. Mais le remix comportait
encore des erreurs, cette fois-ci au niveau de la pochette. "Le je ne sais
quoi et le presque rien" a disparu de la pochette finale, "Nightflight"
(vol de nuit) est devenu "Nightfly" (mouche de nuit). C'est assez infernal,
ne pas réussir à avoir une pochette de disque sans faute
!
Le terme de "remix" était-il vraiment opportun ?
Philippe : Nous nous sommes également posés la question...
il faut le prendre au sens littéral.
Pourquoi n'avez-vous pas retravaille de la même manière
les deux premiers albums ?
Philippe : C'est bien simple, le master du "Repos des enfants heureux"
n'est plus en notre possession, et le CD a été remasterisé
à partir du vynil.
Hervé : Nous n'étions plus sur le même label. Et
puis, retravailler les premiers... il n'y avait pas la même envie.
Et ça ne concernait plus les mêmes personnes. Pour "Chapter
IV", nous étions les trois mêmes. Au niveau éthique,
nous ne pouvions pas nous le permettre.
Vous n'étiez pas sur Play It Again Sam dès vos débuts
?
Philippe : Non, et c'est pour ça que nous avons mis du temps
à sortir le deuxième album. Nous étions sur un petit
label à l'époque de "Passions divisées", sur lequel
se trouvait également Norma Loy. Nous avions confié les bandes
du "Repos des enfants heureux" à une firme belge, Himalaya / Les
disques du crépuscule, qui en ont sorti un nombre important en pirate.
Ils avaient tout changé, sauf le nom, Trisomie 21. Et ils ont toujours
le master.
Hervé : Nous n'avons pu intenter un procès qu'à
notre label, car ce sont eux qui étaient en contrat avec Himalaya.
Nous l'avons gagné mais nous n'avons jamais réussi à
récupérer le master ! PIAS avait appris que nous étions
en froid avec tout le monde à cette époque-là, ils
nous ont donc contactés et nous n'avons pas hésité.
Joh' Burg / Shift away.
La face B de "Joh' Burg" regroupe de nouvelles versions de La fête
triste, II se noie, Djakarta.
Hervé : Nous étions harcelés de toutes parts pour
que l'on ressorte les deux premiers albums. Mais nous ne pouvions pas,
vu que nous n'avions plus les masters. On a donc choisi de réenregistrer
ces trois titres, parce que ce sont des morceaux que nous avions faits
tout les deux. loh' Burg est très particulier.
Hervé : A l'époque, il y avait un important renouvellement
des machines, c'était l'arrivée des premiers samplers. C'est
quelque chose que nous n'avions jamais fait et ça a été
un peu galère, car les machines n'étaient pas encore tout
à fait au point.
Philippe : Nous voulions utiliser un côté technique que
personne ne connaissait, qui n'avait jamais été exploité.
Hervé : Ces deux maxis étaient vraiment un défoulement,
un décrassage après l'album.
Million lights
Philippe : "Million lights" perdait le côté rock de "Chapter
IV" car nous n'étions plus que deux.
Hervé : Mais c'était toujours Trisomie 21, il n'y a pas
eu de rupture.
Pourquoi Laurent Dagnicourt, le bassiste, a-t-il quitté le groupe
?
Philippe : Désaccord sur la musique. Laurent ne composait que
quatre ou cinq lignes de basse quand Hervé en faisait une vingtaine.
Au bout d'un moment, lorsqu'on te dit que le bassiste est excellent, des
conflits apparaissent si les qualités sont attribuées à
quelqu'un qui n'est pas apte à les recevoir. Nos rapports se sont
réellement dégradés quand Laurent a commencé
à se persuader qu'il était vraiment très bon (rires)
! Nous avons été obligés de mettre les choses au point.
Trisomie 21, c'était Hervé et moi, pas lui... donc, rupture...
The official bootleg.
Hervé : C'est un album 33 tours live destiné uniquement
à la vente de fan club. On nous reprochait le côté
trop sage du groupe, alors nous avons décidé de faire tourner
un clochard avec nous, qui chantait et jouait du violon. Selon son état,
son répertoire allait des chansons à boire à certaines
choses plus intéressantes. Malheureusement, nous n'avons jamais
réussi à faire le tri dans ce qu'il faisait...
Philippe : II aimait particulièrement "La vie en rose", et puisait
dans le vieux répertoire français. C'est un mec qui avait
joué avec Piaf et des gens comme ça. C'était décapant,
du moins pour les oreilles !
Hervé : Ça a bien surpris, et c'était souvent
très chaud, il a même eu peur plusieurs fois.
Philippe : Au Rex, la première partie s'était faite jeter,
les lumières s'éteignent et on leur envoie un mec avec une
seule godasse... mais ça a fait un succès.
Works
Pourquoi ne pas avoir utilisé des samples de guitares mais un
vrai guitariste ?
Hervé : C'était un pied de nez à certaines personnes
de la presse. Quelqu'un nous a dit au cours d'une interview "Le jour où
l'on verra des guitares saturées dans Trisomie, là ça
sera franchement nouveau". On avait trouvé ça rigolo, le
fait d'intégrer ces guitares sans changer notre image.
Philippe : II est vrai que les guitar heroes sont assez rares dans
la musique électronique.
Hervé : Bruno Objoie en a bavé! Mais nous en gardons
untrès bon souvenir.
Vous avez un temps transformé votre nom en T21. Le mot trisomie
commençait-il à vous gêner ?
Philippe : II y a sans doute un peu de ça. Nous sommes arrivés
à la fin de l'époque punk, Trisomie 21 était un nom
violent, dérangeant. Mais au bout d'un moment, tu recherches une
sorte de reconnaissance, et vis à vis des médias, s'appeler
Trisomie n'est pas l'idéal. Et nos fans nous appelaient sans cesse
T21. C'était une abréviation, pas un changement de nom, qui
allait très bien avec le concept "Works". Et c'était temporaire...
Work in progress / Works / Final work.
Hervé : Dès le départ, nous avions comme optique
de faire une trilogie.
Philippe : Travail en cours, travaux et travail final, c'est une chronologie.
T21 plays the pictures.
Hervé : Ce disque est en fait un album de commande ; PIAS nous
a demandé des titres assez courts dans cette ambiance. Les disques
ne sont qu'une partie de notre activité, nous travaillons également
sur les 3 musiques de génériques. Il y a des titres de "T21
plays the pictures" qui avaient été initialement vendus sur
des produits vidéos dont on a repris la bande son. Nous l'avons
fait dans un délai assez court, en une dizaine de mois.
Philippe : Nous tenons à ce que "T21 plays the pictures" soit
traité à part, car il n'est pas représentatif du reste.
Même si nous reviendrons peut-être un jour vers ces ambiances-là.
Sur quels autres projets avez-vous travaillé ?
Hervé : Nous réalisons des films publicitaires. J'ai
fait le film et la bande son de la pub du TGVAtlantique, une autre pour
Kiabi... des choses qui n'ont rien à voir avec le coté artistique
de Trisomie 21. Philippe n'intervient que très rarement. J'aime
assez faire ce genre de choses. Ça me lave la tête de réaliser
des créations sur mesure ou des post-synchronisations. J'ai fait
des versions rap d'un morceau de la Compagnie Créole, C'est bon
pour le moral, c'est un excellent exercice de style. On vient d'ailleurs
de faire le même genre de chose avec notre propre musique, mais avec
quelqu'un d'extérieur... Je ne sais pas pourquoi, mais j'avais envie
de reprendre La fête triste en plusieurs versions. Je suis allé
voir un pianiste de conservatoire, je lui ai dit "Voilà le morceau,
je veux que tu me proposes cinq versions au piano". Elles sont complètement
différentes : une version piano bar, une dans le style Sakamoto,
une très "conservatoire", sans aucune fausse note... nous avons
gardé celle-là et une autre à laquelle j'ai ajouté
toute une gamme de synthés, dans un esprit musique de film. Il est
prévu que ça devienne un disque de promo, qui devrait sortir
en mars.
Une longue absence a suivi "T21 plays the pictures".
Hervé : On n'a pourtant pas chômé, il y a eu la
tournée !
Philippe : C'était l'horreur !
Le concert au Bataclan...
Hervé : Nous arrivions dans une salle célèbre,
nous nous attendions à tomber sur un personnel compétent
et ils nous envoient des décharges de 380 V dans tous les instruments
une heure avant le concert ! Tout a brûlé !
Philippe : Heureusement que tous les concerts ne sont pas comme ça.
Je me souviens du Festival des Musiques de Traverses, à Reims, où
nous avons été obligés de faire deux concerts le même
soir, alors que nous n'étions pas tête d'affiche. L'organisateur
est venu nous voir pour nous demander de remonter sur scène une
seconde fois car toute une partie du public n'avait pas pu rentrer et attendait
dehors. Il avait peur pour les voitures. Un délire total !
Hervé : Lorsqu'il y a projection de diapos, que la salle est
adaptée, on a parfois un confort de travail fantastique.
Allez-vous continuer à faire des concerts ?
Hervé : Non. Des souvenirs comme celui du Bataclan ne sont pas
stimulants. Mais nous devons faire une tournée des Fnac en mars,
on pourra parler avec le public.
Philippe : Nous sommes le seul groupe à ma connaissance dont
le contrat stipule un plafond de prix d'entrée des concerts. C'est
une démarche réfléchie. Mais malgré tous ces
gardes fous, ça foire quand même. Nous avons refusé
certains concerts parce que nous jugions que les conditions n'étaient
pas assez bonnes. C'est PIAS qui nous pousse. Nous n'avons jamais été
vraiment convaincus, mais là, nous le sommes encore moins. Fondamentalement,
nous ne sommes pas un groupe de scène.
Raw material.
Hervé : Nous avons sorti ce live pour casser les ventes des
cassettes pirates. Nous n'avons jamais vraiment été pour
le principe du fan-club qui vends des t-shirts ou des K7, mais si tu ne
le fais pas, il y aura toujours des gens qui le feront a ta place !
Philippe : Nous avons toujours fait la poursuite des K7 et je trouve
qu'on en voit moins. Nous avons interdit les enregistrements, les appareils
photos... Nous ne y sommes pas contre la collectionnite, mais le problème,
c'est que ceux qui enregistrent revendent systématiquement, et cet
argent, c'est nous qui y avons droit.
Side by side.
Hervé: C'est aussi à la demande du public. Les gens n'achètent
pas beaucoup de CD singles, et les majors ont tué ce marché
avec leurs compilations. De fait, nous hésitions à ressortir
les maxis, mais les gens nous bassinaient pour les avoir. Cette compilation
nous a donc permis de trouver un compromis.
Philippe : Ça nous embêtait de voir des morceaux que nous
apprécions disparaître. Le but est quand même de communiquer,
et il est dommage qu'une partie de ce que tu fais tombe dans une oubliette
parce que ce n'est plus adapté au marché. C'est dans ce sens-là
que nous l'avons sortie, plus que par démarche commerciale.
Distant voices, où l'on peut découvrir la quatrième
partie d'"Is anybody home" !
Philippe: C'est une espèce de private joke, un raccord avec
tout ce que l'on a fait avant, un clin d'il pour garder un lien avec ceux
qui nous suivent depuis le départ.
Hervé: Le titre entraîne tout un imaginaire "Qui est derrière
cette porte ? Qu'est-ce qui se passe ?". J'ai toujours pris beaucoup de
plaisir à faire ça.
C'est la première fois que vous travaillez avec des gens extérieurs
au groupe ?
Philippe : Jean-Christophe Ducatel avait enregistré le deuxième
album, il a fait quelques concerts avec nous, c'est une continuité.
Hervé : Lena Kane est une choriste noire. Ça a été
particulièrement dur de travailler avec elle. Elle chantait un type
de chur sur une piste pendant tout le morceau, puis un autre type, puis
un autre, et je me suis retrouvé avec une matière importante
sans savoir ce que j'allais en faire. J'ai tout samplé et je me
suis rendu compte que j'aurais beaucoup de chance si je m'en sortais. Elle
a une manière vraiment très bizarre de placer ses mots sur
les temps. J'ai du faire travailler les ordinateurs sur ces voix sans demander
de réflexion à la machine. Si tu lui demandais de quantifier,
elle te plaçait ça n'importe où !
Vous connaissiez bien Blaine Reininger de Tuxedomoon ?
Hervé : Nous avons avec lui des contacts plus professionnels
qu'amicaux. Il a joué du violon pendant cinq minutes et nous avons
recollé en différentes parties. Nous avons essayé
d'utiliser des machines à partir de choses jouées par les
gens.
Philippe : Les intervenants avaient leur identité et leur feeling
mais ils jouaient Trisomie 21. Nous leur donnions des indications très
précises et nous choisissions. Ce n'est pas du vampirisme, ce sont
les relations normales que peut avoir un chef d'orchestre avec ses musiciens.
Nous avons une idée tres précise de ce que doit être
un violon sur un morceau. Nous pensons à quelqu'un, il vient jouer
et nous essayons d'utiliser sa façon de jouer de son instrument
par rapport à ce que nous voulons en faire. Et quoiqu'il arrive,
c'est nous qui décidons si nous utilisons ou pas le résultat.
Quel est ce bambin que l'on retrouve sur absolument toutes vos pochettes
?
Philippe : C'est une partie de la pochette du "Repos des enfants heureux",
les gosses qui sont en ligne, une photo que l'on avait extraite de la revue
France-URSS. C'était un camp de vacances des jeunesses communistes.
C'était une façon de lutter contre l'embrigadement. Nous
nous sommes retrouvés interdits d'affiches. Nous étions
méchants !
Hervé : Un paquet de concerts annulés, des alertes à
la bombe C'est aussi pour ça que nous n'avons jamais vraiment cherché
à faire des concerts. C'était l'enfer !
Philippe : À une époque, les associations d'enfants inadaptés
ne nous lâchaient plus.
Hervé : Quand on a fait la tournée de "Works", Vigoureux
a tenté de nous interdire à Marseille, il a fallu qu'on organise
deux faux concerts le même soir, pour que nous puissions jouer dans
une salle si les flics débarquaient dans l'autre.
Que représente la pochette de "Distant voices" ?
Philippe : C'est un tableau existant, la seule pochette sur laquelle
nous ne soyons absolument pas intervenus. "Chapter IV" avait été
au moins remise dans un contexte. On peut voir un tas de choses sur ce
tableau, mais principalement un mal de vivre.
"Jazz" est votre second titre en français.
Philippe : Oui, on l'a fait sans prétention. Nous avons commencé
à chanter en anglais pour nous démarquer de tous ces chanteurs
français du genre Starshooter sur les disques desquels on posait
des macarons bleu blanc rouge. À l'époque, on disait aux
jeunes d'apprendre l'anglais, il fallait faire l'Europe, et en même
temps on encensait des groupes 100 % français. Nous avons quand
même fait une chanson en français, "II se noie", pour montrer
que nous en étions capables. Nous sommes nord-européens,
notre vision est mondiale, et à partir de là l'anglais est
plus adapté.
Hervé : Nous vendons moyennement dans une trentaine de pays.
Ça dépend des albums. Pour la France c'est "Chapter IV",
le Brésil et l'Angleterre préfèrent "T21 plays the
pictures".
Philippe : Si je chantais uniquement en français, nous serions
beaucoup plus limités.
Pourquoi accordez-vous si peu d'interviews ?
Hervé : A un moment, nous les rerusions toutes. Une chose que
nous ne supportons pas, c'est que nous prenons de notre temps pour venir
faire des interviews, et que beaucoup trop de gens ne prennent même
pas du leur pour t'en envoyer une copie. Tu es de moins en moins incité
à te déplacer s'il n'y a pas un respect mutuel.
La presse nationale ?
Philippe : Les Inrocks... nous n'avons jamais eu d'atomes crochus avec
eux.
Hervé : C'est surtout eux qui n'en ont pas avec nous. De toutes
façons, nous avons toujours été là sans eux,
ils sont plus jeunes que nous. Ça ne nous dérange pas. Je
sais qu'il n'est pas toujours facile de retranscrire une interview, mais
ce n'est pas agréable non plus de trouver des choses souvent très
déformées. Nous n'avons jamais été à
l'aise avec la presse et on sentait quelle n'avait rien à nous dire,
et nous non plus. C'est justement pour cette raison que nous avons monté
le fan-club, pour échapper à la presse, pour essayer d'avoir
un lien direct avec les gens qui nous écoutent. C'est un échec
relatif, il faut quand même que le mec écrive et nous recevons
tellement de lettres qu'il est difficile de suivre tout le monde.
Philippe : Voilà pourquoi, maintenant, nous faisons des interviews.
Christophe Labussière
(NOTE: Thanks to Denis Raynal for the interviews!)
The original online version of this article can
be found here : http://thearchive.free.fr/arch-t21iw.htm
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