Le réservoir Taureau

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Depuis 1930, Saint-Ignace-du-Lac à fait place au lac Taureau.  Cet immense réservoir ne sera pas sans avoir d'impact sur l'économie de la région. Sa présence favorisera l'établissement de nombreux villégiateurs.  Depuis quelques années, les gens prennent conscience du potentiel touristique de ce plan d'eau.  On projette d'y établir des complexes hôteliers pour y attirer notamment la clientèle européenne.  Voilà sans doute la seule consolation que peuvent éprouver les anciens résidents de Saint-Ignace-du-Lac, celle de savoir que cette eau qui les a chassés permettra d'offrir des emplois à leurs enfants et petits-enfants. D'ailleurs, il s'agit du plus grand plan d'eau dans un rayon de 160 kilomètres autour de Montréal.  Son potentiel est immense.  Espérons que l'on saura l'exploiter judicieusement.  En terminant, voici l'histoire de deux sites importants de ce réservoir

 

La chute « à Ménard »

La chute de la rivière Matawin, située au pied du mont Roberval, est le site autour duquel Léandre Brassard, le fondateur de Sainel-des-Saints, voulait ériger son village:   
Au printemps 1863, le curé de Saint-Roch, Moïse Brassard, âgé de 64 ans, frère de Léandre, se rend sur le site pour continuer les travaux.
Le 11 août 1863, un moulin  à scie et à farine de 60 pieds de longueur, 48 pieds de largeur et 49 pieds de hauteur est mis en chantier.  Il entrera en fonction le 10 octobre.
Les terres autour de la chute deviendront la possession de Louis-Joseph-Alexandre Ménard, le premier maire de Saint-Michel-des-Saints, d'où le nom qu'on lui connaît.  C'est M Ménard, en association avec deux ingénieurs de Montréal,  qui fera installer les premières équipements pour produire de l'électricité sur la chute.  L'entreprise prendra le nom de Matawin Power.  Le 23 décembre 1923, déjà huit maisons pouvaient compter sur un éclairage électrique.
Entre temps, un pont avait été installé au-dessus de la chute (page suivante, en haut).  Après son effondrement, une nuit d'été, un pont couvert sera construit plus en amont (page 63, en bas). 
Le 28 août 1928, la Shawinigan Water & Power Company  se portera acquéreur de ces installations pour la somme de 115 000$.  Au printemps 1931, ces premières installations sont noyées par le lac Taureau.  Jusqu'en 1933, la Shawinigan fournira de l'électricité grâce à un système à vapeur installé dans le moulin de Camille Beauséjour.  Après 1933, et jusqu'en 1948, la Shawinigan produira à nouveau de l'électricité à partir de la « chute à Ménard ».  De nouvelles installations y avaient été aménagées (photo du centre page 63).  Depuis 1948, l'électricité parvient à Saint-Michel-des-Saints par des lignes provenant des régions plus au sud.
Aujourd'hui, la chute ne joue plus aucun rôle économique si ce n'est l'attrait touristique qu'offre la beauté de son site aux différents moments de l'année.

La baie de la Bouteille

La région de la Matawinie doit sa survie à l'industrie forestière.  En 1929 et 1930, les compagnies Laurentide et Shawinigan Engeneering font la coupe du bois dans le bassin du futur lac Taureau.  Jean J. Crête, qui sera longtemps présent dans la région, est l'un des « jobbers ».
En 1944, la Consolidated Paper Corporation Limited a déjà fait l'acquisition de plusieurs des anciennes compagnies forestières.  Elle possède des moulins de fabrication de pâte à papier et doit augmenter son approvisionnement en bois.  Comme elle n'a pas les contacts politiques ni les moyens nécessaires pour établir elle-même des chantiers dans la région, elle s'associe avec un riche homme d'affaire de l'entourage de Maurice Duplessis, John Murdock.  Ce sera le « contracteur ».  C'est lui qui obtient les droits de coupe et qui engagera les « jobbers ».  Il sera responsable du dépôt de la Bouteille (du nom de la baie du Taureau du même nom) en 1944 - 1945.  On y coupe 35 000 cordes de bois et John Murdock réalise des profits d'un dollar la corde !  Il pouvait bénéficier de ses contacts politiques pour éviter les inconvénients de la guerre et du rationnement.  Au dépôt, on obtenait en abondance ces coupons de rationnement, nécessaires pour l'achat de vivres. 
En 1945 - 1946,  la  compagnie  Dupéré-Asselin  remplace  John  Murdock  à  titre  de « contracteur ».  Jean J. Crête Ltée, propriété de celui que l'on surnommait « le roi de la Mauricie », prendra le relève de 1946 à 1949.  Ces « contracteurs » donneront donc en sous-contrat les coupes de bois aux « jobbers  ».  Ce sont eux qui opéreront les chantiers.  Ceux-ci étaient rattachés au dépôt de la Bouteille.  Il y en avait entre autre à la rivière aux Cenelles, tenu par Félix et Victorien Bruneau, à la baie Bouteille, près du dépôt, tenu par Stanislas Beaudoin, aux lacs au Cap, du Loup,  Tremblay et Bouteilles, de même que dans la baie du Canot Rouge.  En tout, entre 2 500 et 3 000 hommes tireront leurs revenus de ces chantiers.  Les travailleurs venaient de partout au Québec. 
Le nom officiel de l'endroit sera le Toro dépôt.  Environ 75 personnes travaillent directement sur ces lieux. 
En 1949, le dépôt déménage au lac Cyprès.  La consolidated Paper prend progressivement en charge elle-même les coupes de bois.  Dans les années 1960, elle fusionnera avec la compagnie Bathurst, de la ville du même nom au Nouveau-Brunswick, pour former la Consolidated Bathurst Company.  À cette époque, elle exploite deux autres secteurs du Taureau, la baie du Milieu et la baie du Poste.  Finalement, elle deviendra Stone-Consol, puis, récemment, Abitibi-Consol. Jusqu'à la fin des années 1980, tout le bois à papier de la région sera transporté vers la Mauricie via le lac Taureau.

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