Téléphone mobile entre sphère publique et sphère privée


Projet science technique société - été 99


Département d'électricité
CH-1005 Lausanne
Auteur: M. Stefan Gachter
Consultant: M. Dominique Joye
Responsables: M. Roland Wetter
et M. Jacques Dos-Ghali

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Table des matières
1 Entrée en matière
  1.1 Préparer le sujet
1.2 L'aperçu du rapport
2 Approche théorique
  2.1 Le développement du marché du téléphone mobile
2.2 Le pourquoi du téléphone mobile
2.3 L’effet du téléphone mobile
2.4 Résumé des différents aspects
3 Approche pratique
  3.1 Les questionnaires utilisés 3.1.1 Questionnaire téléphone mobile
3.1.2 Questionnaire vibreur
3.2 Le dérangement dû au signal acoustique 3.2.1 La perspective des producteurs du téléphones mobiles
3.2.2 La perspective des usagers du téléphone mobile
3.3 Le dérangement par la double communication 3.3.1 La confrontation des usagers à la sphère publique
3.3.2 Les usagers à la recherche de la sphère privée
4 Conclusion
  4.1 Une redéfinition du privé et du public? A Référence
B Questionnaire téléphone mobile Référence
Réponses
C Questionnaire vibreur Référence
Réponses
D Publicités
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    Entrée en matière

     
     
     
          Ce projet "Science technique société" a ses racines dans le sujet suivant: "Analyse des causes de l'exhibitionnisme lié à la téléphonie mobile". L'exhibitionnisme est évidemment lié au téléphone mobile. Qui n'a pas assisté aux monologues d'un usager d'un téléphone mobile? Des monologues qui provoquent des sentiments étranges. Parle-t-il avec moi? Y a-t-il quelque chose qui m'échappe? Où est l'interlocuteur? M'observe-t-il moi? Je l'ai toujours su: Big Brother is Watching You. Surtout une exagération, mais, comme l'exhibitionnisme physique, l'exhibitionnisme psychique est refusé par notre société.

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      1.1 Préparer le sujet
       
          Continuer avec ces constatations intuitives fait tarder à aborder un résultat concret. Je recommence avec des questions fondamentales. Existe-t-il un phénomène de l'exhibitionnisme lié au téléphone mobile? Un problème limité, ou un problème répandu dans notre société actuelle? Quelles sont les influences et les effets? Un problème qui disparaîtra avec l'accroissement continu du nombre de possesseurs d'un téléphone mobile? D'autres questions se posent et montrent la vaste diversité de ce sujet. Pour aider à trouver la question essentielle, je continuerai avec un exemple de la vie quotidienne.
          Une jeune femme prend place dans un compartiment de train. Au moment du démarrage elle reçoit un appel sur son téléphone mobile. Elle décroche et commence à parler avec une voix haute à cause des perturbations de la transmission. Ceci dirige l'attention de l'entourage vers elle. Elle remarque ce changement et se concentre sur sa conversation. De plus le contrôleur vient, mais elle n'arrête pas tout de suite la conversation. Les compagnons et le contrôleur commencent à se moquer de ce comportement. Après le téléphone, elle s'excuse avec un grand sourire pour détendre l'atmosphère et se faire pardonner.
          L'analyse de cette situation est la suivante: Le train représente une sphère publique. C'est à dire que le comportement entre les différents voyageurs, les conversations actives ou passives, suivent certaines règles inscrites par une morale sociale – dans l'idée des encyclopédistes, ceci est constitué par un public instruit de manière implicite. Donc une sphère publique est constituée de plusieurs sphères privées restreintes à ces règles. L'appel sur le téléphone mobile pénètre dans cette sphère publique provocant un déséquilibre. Une partie plus grande de la sphère privée de la jeune femme est maintenant accessible à l'entourage. Pour continuer sa conversation, elle essaye de reconstituer sa sphère privée en se délimitant mentalement de l'entourage. Elle se concentre sur sa conversation.
          Cet exemple mène à une question concrète "Jusqu'à quel point le téléphone mobile porte la sphère privée dans la sphère publique et comment est-ce que l'usager gère cette situation?".
          Ceci va dans le sens du mélange de la sphère privée et de la sphère publique par l'usage du téléphone mobile, exprimé par une double communication. Une communication entre l'utilisateur et un interlocuteur présent passif et une communication entre l'utilisateur et un interlocuteur lointain actif.

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      1.2 L'aperçu du rapport
       
          Les idées et conséquences qui sont liées à la question posée ci-dessus amènent la suite de ce rapport. Je commencerai par une approche théorique. C'est plutôt une réunion des différentes sources sociologiques, journalistiques et philosophiques. Je continuerai avec une approche pratique, dont plusieurs interviews avec des usagers d'un téléphone mobile font partie. Ceci permet d'extraire les différents points de vue. Dans cette partie-là, j'inclurai également la publicité concernant le téléphone portable. La publicité comme miroir de notre société, car la vente d'un produit réussit seulement si on connaît les vœux et les soucis du consommateur. Je finirai avec une conclusion, dont la comparaison entre les deux sphères.

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    Approche théorique

     
     
     
          Le problème du mélange de la sphère privée avec la sphère publique par le téléphone n'est pas nouveau mais a pris une nouvelle dimension. Si on observe le développement du téléphone dans le public on peut constater une lente ouverture. Avec la cabine téléphonique, on a un endroit fermé qui conserve l'intimité de l'utilisateur. Dans le passé, on a commencé à ne plus construire des cabines fermées, surtout dans des bâtiments publiques et on les a remplacées par des coupoles ouvertes. Le pas suivant fut même de supprimer les coupoles et de monter les appareils directement sur le mur. Avec le téléphone mobile ces endroits fixes sont dispersés dans tout l'espace et l'augmentation des participants passe d'un problème marginal à un problème répandu.
          Dans le paragraphe suivant, je veux monter cette problématique avec sa nouvelle dimension.

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      2.1 Le développement du marché du téléphone mobile
       
          Ces dernières années, dans le monde entier, les monopoles des télécommunications ont cessé les uns après les autres. Ceci a permis un énorme progrès en créant de nouveaux marchés, entre autres celui du portable. Il a pris sa place dans la vie quotidienne grâce à la baisse des prix des appareils et des frais. Un fait résumé par Marion Kittelmann [13].
          "Die Wettbewerbseinführung in der mobilen Kommunikation wird als stärkste Antriebskraft für das starke Teilnehmerwachstum gesehen. Der Wettbewerb reguliert Preissenkungen bei Endgeräten, Bereitstellungspreis, monatlicher Grundpreis und Minutenpreis. Der Wettbewerbsfaktor wird als Hintergrund aller anderen "Triebkräfte" auf der Angebotsseite gesehen. [...] Die allgemeine Produktewahrnehmung wird durch intensives Marketing der Netzbetreiber verstärkt, wodurch auch die Akzeptanz und die Identifikation mit dem Produkt weiter steigen soll."
          Il y a une année, en 1998, le pas vers une libéralisation du marché des télécommunications a été entrepris également en Suisse. Une décision tardive si on la compare avec les autre pays de l'OCDE. Début 1996 seuls l'Islande, le Luxembourg et la Suisse restaient dans un état de monopole. Ceci impliquait que Swisscom, le successeur de l'ancien établissement public Telecom PTT, est à présent l’entreprise dominante qui offre entièrement le téléphone mobile. Les concurrents diAx et Orange sont en train de s'agrandir en construisant leurs réseaux avec l'espoir de participer également à la croissance explosive de ce marché.
          Une étude faite avant la libéralisation en 1996 par Booz, Allen & Hamiltion [1] souligne cet aspect. Elle a prévu une augmentation mensuelle de 50'000 détenteurs de téléphones mobiles. Ceci engendrerait 0.9 millions de clients en l'an 2000 et 2 millions de clients en l'an 2010 représentant ainsi un taux de population passant de 25% à 30%. Ces chiffres sont déjà presque rattrapés. L'article de Facts du 3 septembre 1998 [9] indique une part de 20%. Une stagnation n'est pas encore prévisible, si on compare avec la Finlande comme, exemple particulier. Selon un article de la NZZ du 12 janvier 1999 [2] 50% de la population dispose d'un téléphone mobile et parmi les jeunes le taux monte même jusqu'à 70%.

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      2.2 Le pourquoi du téléphone mobile
       
          Mais qu'est-ce que le téléphone mobile a de nouveau pour provoquer une telle demande? L'étude Booz, Allen & Hamilton [1] cite la fonctionnalité, l'accessibilité permanente, comme une raison primordiale.
          "Zum ersten Mal war es technisch möglich, von nahezu jedem Ort [...] zu telefonieren sowie selber für die Mitmenschen überall und [...] jederzeit zu sprechen zu sein. Damit war prinzipiell eine Lösung für das alte Problem gefunden, dass mehr als die Hälfte aller Anrufe im herkömmlichen Telefonnetz [...] nicht zum Ziel führen, weil sich der Angerufene gerade nicht an seinem Arbeitsplatz befindet oder aber nicht zu Hause ist."
          Toutefois ce désir d'accessibilité sans frontières n'est pas seulement explicable par sa fonctionnalité. Il existe des motifs plus profonds. D'après Gilles Willet [3] c'est la vie qui est caractérisée par la capacité intrinsèque d'envoyer et de recevoir des messages. Cette attitude de l'homme assure sa survie psychologique et lui donne une identité personnelle. Ceci nécessite une mobilité, soit liée aux messages eux-mêmes, soit liée aux hommes eux-mêmes. Selon Klaus Lange [15] cette inquiétude intrinsèque de l’homme permettant d'échapper à la monotonie n’est pas seulement un besoin fondamental, c’est également un moyen pour atteindre des buts concrets: consolidation du travail et de la subsistance, consolidation de l’accroissement et de l’aisance. Donc, pour continuer avec Gilles Willet, la survie physique de l’homme est liée à la capacité intrinsèque d'organiser qui promet certitude, structure et stabilité. Ceci donne un sens à l'échange des informations.
          La conclusion que fait Gilles Willet est la suivante:
          "Present-day telecommunication networks and systems bear witness to human beings' intrinsic ability to organise."
          Le point de vue de Gilles Willet contient un élément dynamique: L'échange des informations provoque des actions. Les conditions changées remplacent la certitude par l'incertitude. Ceci implique une nouvelle recherche et tout recommence de nouveau. Le téléphone mobile accélère ce processus car il facilite la communication. Donc la phrase:
          "Die Dynamik der modernen Gesellschaft ist ohne erweiterte Kommunikationsformen nicht vorstellbar."
          extraite d’une autre étude de Booz, Allen & Hamilton [14], pose la question de la cause ou de l'effet du téléphone mobile dans cette dynamique.
          Les observations de Francis Jauréguiberry, sociologue français, vont dans ce sens [22]:
          "Le téléphone portatif est utilisé dans un souci d'efficacité, de gain de rentabilité. Il s'agit de gérer l'urgence, de rentabiliser les temps morts, de rationaliser les tâches en temps réel, bref d'être performant. Le fait de pouvoir être simultanément dans deux endroits (l'un physiquement , l'autre médiatiquement) décuple les possibilités d'action, donc de gain éventuel."
          La dynamique de la mobilité résulte dans une accélération par un dédoublement du temps entre temps physique, comme contrainte, et temps médiatique, comme moyen de rentabilisation [22]. Donc le téléphone mobile permet d'augmenter son efficacité à la recherche de la certitude. Cette certitude réside également dans des liens sociaux. Dans ce contexte l’élément dynamique est nourrit par une contradiction. Avec les mots de Vilém Flusser, philosophe en média et communication [17] :
          "Jedem Medium ist hinsichtlich der Kommunikation eine Dialektik eigen: Es verbindet und trennt diejenigen die durch das Medium kommunizieren. "
          La contradiction entre le lien médiatique et la séparation physique des interlocuteurs. Le vrai désir de constituer une relation réelle (face-à-face) est remplacée par une relation abstraite. Le téléphone mobile permet de vérifier ces relations réelles indépendamment du temps et de l’espace. Francis Jauréguiberry [10] dépasse cette contradiction avec l’introduction de l'expérience du branché.
          "[La] logique d'intégration renvoie moins à un problème de socialisation, d'identification ou de participation, qu'à un problème de lien, de reliance médiatique entre un individu ubiquitaire et ses réseaux d'appartenance. L'expérience du branché est chaque jour davantage faite de relations déterritorialisées, portées par des flux médiatiques quasi immatériels, se superposant à l'inscription spatiale du lien social. Le désir du branché (activer le bon réseau au bon moment, partager à distance et être reconnu malgré l'absence) le conduit à une logique de connexion afin de maintenir une intégration élargie."
          Sonia Branca [5], professeur de linguistique, faisait une constatation semblable.
          "Das Handy sei [...] eine individuelle Einrichtung; und gleichzeitig scheine der Handy-Nomade als Teil seines "Stammes" [Personen, denen er seine Handy-Nummer bekannt gibt] nicht mehr von der Isolation bedroht, weil ständig kommunikationsfähig."
          Le maintien des liens sociaux résulte également d'une communication permanente. Norbet Bolz [4], théoricien de communication allemand, désigne ceci avec le désir de bavarder. Il soutient que la fascination de communiquer prend ses racines dans la communication en elle-même et non pas dans l'échange des informations. Ceci se confirme par la constatation du psychologue anglais Robin Dunbar [20], que deux tiers du temps de la communication se restreint à des commérages.
          Une conclusion absolue, qui inclut les constatations précédentes, est la définition de la société par un réseau de communication entier. Ceci est décrit par Niklas Luhmann, théoricien de système sociologique [18] :
          "Das System der Gesellschaft besteht aus Kommunikation. Es gibt keine anderen Elemente, keine weitere Substanz, als eben Kommunikation. Die Gesellschaft besteht nicht aus menschlichen Körpern und Gehirnen. Sie ist schlicht ein Netzwerk von Kommunikation. "

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      2.3 L’effet du téléphone mobile
       
          Jusqu'à maintenant, nous avons vu la forte diffusion du portable dans notre société et des différentes raisons de ce développement. Ceci laisse supposer qu'aujourd'hui personne ne puisse échapper au téléphone mobile et ceci cause des problèmes.
          L'utilisation du téléphone mobile dans un espace public est perçu par une partie de notre société comme un dérangement. La demande pour des zones libres de téléphone mobile se manifeste partout. Un exemple est l'introduction des zones de silence dans les trains IC des CFF. Un autre exemple est une affiche dans le Satellite – Bar d'étudiants de l'EPFL – qui invite à éteindre les téléphones mobiles. Une enquête faite parmi 500 Suisses en 1997 [11] montre que 40% souhaitent une interdiction dans les restaurants et plus de 30% une interdiction dans les transports publics.
          Le dérangement peut avoir deux causes différentes. D'un côté, c'est la sonnerie du téléphone mobile qui ne réveille pas seulement des attentes chez le possesseur mais aussi chez les personnes présentes. Une réaction qui est causée par la nature insistante du téléphone: une invitation implicite à l'interaction [12]. Selon l'article de la NZZ [2] déjà mentionné l'avancement du téléphone mobile cause dans les écoles finlandaises un nouveau problème pour les enseignants.
          "[...] dass die elektronischen Töne, welche die Geräte von sich geben, einem konzentrierten Unterricht alles andere als förderlich seien."
          Cet obstacle du signal acoustique peut être contourné par le possesseur en mettant le téléphone mobile dans un mode de signalisation par vibration ou par un signal optique.
          La Weltwoche du 28 mai 1998 [7] décrit une autre solution radicale, qui a été développée par une entreprise israélienne: l'appareil bloque tous les téléphones mobiles dans son entourage et les possesseurs ne sont plus capables de téléphoner. Une fois de plus on a la possibilité de corriger par la technologie un désavantage issu d'une nouvelle technologie.
          D'un autre côté, c'est la conversation elle-même qui pose problème. C'est une nouvelle situation: une personne parle avec la main à l'oreille dans un espace vide et l'entourage est souvent obligé de participer à sa conversation. Dans le passé, ces conversations étaient seulement liées à un milieu bien défini et sélectionné par les personnes en communication comme le bureau, l'appartement ou la cabine.
          Eric Auziol, sociologue français, parle dans ce contexte de la double communication [19] :
          "La première, fonctionnelle, utilitaire, est portée par le contenu du message, elle s’installe sur la distance. La seconde, relationnelle, de proximité, affirme des valeurs, précise la place que celui qui est à l’initiative de la communication assigne à ses voisins, elle signifie une démarche intentionnelle, un choix de préférences axiologiques."
          La conséquence est une confusion car on a deux interlocuteurs différents.
          "[...] les deux sens de la communication, contenu et relation, ont ici des destinataires distincts. Le même acteur tient un discours à son correspondant lointain pendant qu’il construit une relation avec ses interlocuteurs proches. Pour ces derniers, il y a forcément discordance entre le message qu’ils écoutent sans qu’il leur soit intentionnellement adressé et leur présence dans l’espace d’émission - réception. De cette discordance découle la difficulté qu’ils éprouvent à se construire une attitude compatible avec les paramètres de la situation. "
          La nouvelle façon de communiquer cause une immersion de la sphère privée dans la sphère publique. C'est une tendance générale qui a envahi notre société. Christine Daborn-Doerig [6] a constaté ceci également dans une interview:
          "Sie sind [die Mobiltelefone], wie vieles andere auch, Ausdruck davon, dass Privates und Öffentliches immer mehr verwischt wird."
          Le téléphone se transforme en une affaire publique. Le sociologue allemand Stefan Müller-Doohm parle d'une acceptation de l'indiscrétion. Le désir de prendre une vue dans l'intimité et le privé est devenu un amusement diffusé par tous les média. C'est une perte d'équilibre délicate entre la sphère privée et la sphère publique. Stefan Müller-Doohm tire la conclusion suivante [8]:
          "Man kann [...] die neue Indiskretion im Licht einer allgemeinen Enttabuisierung begreifen. Dann jedoch kann nicht mehr vom Rückgang der öffentlichen Sphäre zugunsten der privaten Sphäre gesprochen werden, sondern von einer Vermengung des Privaten und des Öffentlichen."
          Ce n'est pas seulement une publication de la vie privée, c'est également une privatisation de la publicité [21].
          Donc, cette abolition d'une limite entre la sphère privée et la sphère publique, renforce l'utilisation du téléphone mobile et change la manière de communiquer. L'intimité n'est plus assurée, puisque il y a des auditeurs. Elle est remplacée par un anonymat. La communication est restreinte à des informations courtes ou des bavardages bénins.
          Ceci une stratégie décrite par la notion de pare-engagements (involvement-shields): L’essai de s’isoler de la sphère publique et construire sa propre sphère privée. Cité Eric Auziol [19] :
          "Les pare-engagements sont des sortes de "boucliers" qui ont pour fonction de masquer ce qui pourrait indiquer que l’acteur s’évade de la situation présente."
          Pour offrir une solution, il fait la conclusion :
          "[...] le seul pare – engagement mobilisable consiste à se réfugier dans l’isolement, à montrer en quelque sorte qu’on respecte l’interlocuteur en se déplaçant vers un lieu où plus personne n’est présent dans l’environnement proche. "
          Une attitude souvent intuitivement adaptée par les usagers d’un téléphone mobile. Après la sonnerie, on peut observer une personne qui commence à se balader.

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      2.4 Résumé des différents aspects
       
          Dans le chapitre précédent, j'ai donné une introduction au téléphone mobile du point de vue de sa diffusion dans la société et des problèmes causés par son utilisation en public. Suit un bref résumé des matières traitées:
          L'introduction d'une nouvelle technologie de communication se présente en trois étapes consécutives. Pendant la première étape, la technologie reste réservée à l'économie et aux militaires. Dans la deuxième étape, la technologie est utilisée comme distinctive dans la société. La troisième étape aboutit à un produit de consommation de la technologie.
          La communication et la télécommunication sont deux capacités différentes de l'homme. La communication apparaît comme un phénomène naturel fondé sur des processus biologiques. La télécommunication est un phénomène artificiel que l'homme doit développer et apprendre.
          Le nouvel aspect du téléphone mobile est l'accessibilité permanente du possesseur. Cette accessibilité permet d'une part une indépendance fortement désirée, mais d'autre part une immersion avec des informations qui forcent un traitement permanent.
          Le mélange de la sphère publique avec la sphère privée crée une société transparente et sans secrets. La communication devient superficielle et ne se justifie que par la communication elle-même.

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          Approche pratique
          Comment réagissent les usagers d'un téléphone mobile face à ses problèmes? Quelles sont les moyens introduits par les producteurs des portables mobiles pour diminuer les effets mal perçus? Deux questionnaires m'ont permis de trouver des réponses: L'un ciblant des personnes ayant l'expérience du branché, l'autre ciblant plusieurs entreprises ou agences de téléphones mobiles en Suisse. Les deux questionnaires étaient utilisés comme référence pour des interviews. Voici une description de leurs structures.

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      3.1.1 Questionnaire téléphone mobile
         
          Le questionnaire est constitué de quatre parties: Généralités, Publicité, Sphère Publique et Sphère Privée et Conclusion (cf. Annexe B).
          Le paragraphe Généralités fixe les coordonnées de l'usager: la motivation, le moment pour se procurer un téléphone mobile et également la fréquence d'utilisation.
          Récemment deux campagnes publicitaires sont apparues, qui ont un lien direct avec le sujet présent: celle de diAx et celle de Panasonic. Je vais les présenter plus tard dans leur contexte. C'est pourquoi le paragraphe Publicité apparaît dans le questionnaire. L'idée est de présenter au candidat plusieurs publicités actuelles (cf Annexe D) et d'observer si le sujet a été influencé dans son choix du téléphone, concernant l'utilité, le produit et le service.
          Le paragraphe Sphère Publique et Sphère Privée engendre l'approche théorique faite au chapitre précédant. Le candidat est introduit dans la problématique par un exemple concret illustré par la publicité de Panasonic – un mariage et le téléphone mobile de la fiancée qui sonne. Ensuite je confronte le candidat avec sa propre expérience, d'un côté comme usager, de l'autre côté "victime" du téléphone mobile. A partir de quand le candidat définit-il sa propre sphère privée et publique? Le point suivant est la double communication, comment elle est perçue par le candidat et quelles sont les stratégies pour modifier cette situation.
          Le dernier paragraphe Conclusion pose la question concrète concernant un probable mélange de la sphère publique et de la sphère privée.

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      3.1.2 Questionnaire vibreur
       
          Le questionnaire est constitué de plusieurs points (cf Annexe C): les coordonnées de l'entreprise ou de l'agence, la présente gamme de téléphones mobiles, l'équipement avec un vibreur, les avantages et désavantages de celui-ci, ainsi que les autres moyens pour signaler un appel et quelles motivations ont conduit à la réalisation des téléphones mobiles avec vibreur.

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      3.2 Le dérangement dû au signal acoustique
       
          Nous avons vu que le dérangement dû au signale acoustique du portable est provoqué par son caractère insistant: il est difficile de résister à sa sonnerie persistante. Voici les mots de Marshal McLuhan [12]:
          "The telephone is an irresistible intruder in time or place."
          Ceci n'est pas seulement provoqué chez l'usager mais également chez les personnes interceptantes. Pour éviter cette situation délicate, le téléphone mobile silencieux existe. Le journal Construire [23] indique les possibilités suivantes: la sonnerie silencieuse (par vibration, par des bips ou par une seule sonnerie), le short messages system (echange de brefs messages écrits), le combox (les appels sont stockés sur un serveur) et la déviation (les appels sont déviés vers un autre appareil). Maintes fonctions sont disponibles depuis longtemps. Donc l'apparition explicite du vibreur dans la publicité du téléphone paraît être contradictoire, que se soit l'exemple de la publicité de Panasonic ou de Motorola (cf. Annexe D). Dans la publicité de Panasonic est présenté, d'une manière exagérée, le résultat du dérangement dans un lieu public par la sonnerie du téléphone mobile. Par contre, dans la publicité de Motorola, est présentée la solution pour celui-ci: le vibreur, un atout pertinent. Si on considère la publicité comme miroir de la société, le problème de la sonnerie, est-il enfin reconnu par les producteurs comme urgent, ou était-ce demandé par les usagers? La réponse est donnée dans le paragraphe suivant.

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      3.2.1 La perspective des producteurs du téléphones mobiles
         
          En général, les producteurs essaient de satisfaire les besoins des usagers. La large gamme des différentes téléphones mobiles de Nokia (6 modèles), d'Alcatel (5 modèles), de Motorola (4 modèles) et de Bosch (4 modèles) montre bien ce fait: à chacun son propre portable. Toutefois, la présomption, affirmant les producteurs aient réagit à un problème présent, est fausse. Ceci est démontré par les interviews menés avec différentes agences de téléphone mobile et deux interviews détaillés avec M. Christian Deck (John Lay Electronics AG, agence Panasonic) et Mme Irene Ñanculaf (Motorola AG).
          Lorsque l'usager reçoit un appel, trois de ses cinq sens sont mobilisables: l'ouïe, la vue et le toucher. La vue exige que l'appareil soit dans le champ visuel. Par contre, en ce qui concerne l'ouïe et le toucher, si le téléphone est portée de main mais pas dans le champ visuel, cela distrait l'attention de l'usager de appareil – l'enquête montre que la vue n'est pas utilisée comme indicateur (Bosch va introduire en juin prochain un téléphone mobile translucide avec quatre lumières sous le clavier qui clignotent en cas d'appel, mais, à mon avis, ceci a plutôt sa raison d'être dans le sillage du iMac). Il y a six, ans Motorola a, à partir de ces réflexions, inventé le vibreur comme accessoire. Aujourd'hui, le vibreur est entièrement disponible pour les portables, car la pile d'alimentation est remplaçable par une pile avec vibreur. Le défaut de cette pile est un temps d'exploitation réduit. L e progrès technologique a maintenant permis aux producteurs d'intégrer le vibreur dans le téléphone mobile (Motorola, Panasonic: 3 modèles, Nokia, Alcatel: 1 modèle). Ceci est également la raison du lancement du vibreur comme sujet dans les publicités actuelles de Panasonic et Motorola, afin de persuader l'usager que le téléphone mobile est plus performant et plus maniable.

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      3.2.2 La perspective des usagers du téléphone mobile
       
          Les candidats interrogés ne sont guère influencés directement par la publicité. C'est plutôt l'entourage personnel comme les coétudiants, les collaborateurs et les copains qui a amené vers un certain choix. Dans ce contexte la problématique du signal acoustique comme sujet de publicité reste infructueuse. Malgré tout, la situation décrite dans la publicité de Panasonic est bien comprise. Elle représente des réactions telles que l'épouvante, l'indignation, la colère ou l'étonnement, à cause de la sonnerie dans un lieux publics. Indépendamment de la fréquence d'utilisation, ils ont tous fait une expérience semblable et les différents endroits montrent que l'endroit de l'incident est un facteur primordial. Les endroits mentionnés – le cinéma, le bar, le bus – présentent une forte condensation de personnes avec un volonté ou un contrainte d'y rester. La dernière restriction se reflète également dans une enquête faite parmi 500 Suisses en 1997 [11]: presque 80% des personnes consultées souhaitent la possibilité de téléphoner sur des places publiques. Au contraire, ce sont 30% à 40% des mêmes personnes qui souhaitent une interdiction dans un endroit isolé. La première restriction est mentionnée par un candidat comme des lieux "inappropriés" . Francis Jauréguiberry parle dans le même contexte d'une subjéctivité partagée [24]:
          "La nature des réaction propre à un lieu en cas d'utilisation d'un téléphone portable informe assez bien sur la nature de ce lieu. Plus les réactions sont vives et négatives, plus il y a de chance pour que le lieu de référence soit associé, [...], à une ambiance, [...]. Spontanément, les témoignages renvoient à une subjectivité partagée."
          Donc, la dépendance de la réaction quant à l'endroit est évidente: la réaction de l'entourage dans le bus est décrie ainsi "comme si on était une bête curieuse", au contraire, dans le bar, dans une ambiance conviviale cela provoque "des plaisanteries à mon égard". Ce n'est pas étonnant que les candidats apprécient le vibreur, ou un autre moyen silencieux indiqué précédemment, s'il est incontournable de recevoir un appel dans un endroit "trop public". Toutefois ils déconnectent leur téléphone plutôt que de déranger quelqu'un.
          Je vais reprendre la problématique de l'endroit, associé à la sphère publique, ainsi que les engagements des entreprises pour éviter le dérangement, dans le paragraphe suivant.

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      3.3 Le dérangement par la double communication
       
          L'autre campagne de publicité, qui a une relation à première vue avec le sujet, est celle de diAx (cf. Annexe D). Le service de téléphone mobile est présenté comme panacée contre les cheveux gris, contre les rides dûes souci, pour rendre les dents brillantes ou un meilleur sex appeal. Ce sont tous des caractéristiques fortement associées dans notre société à la vanité, l'arrogance et l'assurance d'une personne, qui lui permettent de se présenter ou de s'imposer en public. Le téléphone mobile avec son usager attirent l'attention du public. Ainsi, il serait incontournable d'être vaniteux? Non, aujourd'hui le portable est trop diffusé pour qu'il soit encore associé à la vanité. Bien sûr, il y a encore des personnes qui les achètent pour cette raison; mais comme après chaque vague de la mode, il y en a toujours quelques-uns qui restent. Le téléphone mobile est devenu un élément commun et un élément de masse. Ceci concerne également les candidats interrogés, qui l'ont acheté pour une raison utilitariste telle que "travail partiel", "départ à l'armée", "je roule beaucoup et donc on peut toujours me joindre n'importe où, n'importe quand" ou pour une raison sociale "mon copain me l'a offert à mon anniversaire pour pouvoir me joindre tous le temps".
          Pour souligner les constations précédentes, je cite une interview entre M. Henri Plïoudy, journaliste pour Le Temps, et M. Daniel Comte, directeur de creation chez McCann-Erickson et responsable de la campagne de publicité de diAx [25]:
          "D'où est venue l'idée de cette campagne qui évoque l'imagerie des années 70?: [...] Avec Diax nous avons choisi de remplacer ce concept de "hard selling" [...] par celui de "heartselling" [...]. C'est une campagne qui fonctionne sur le mode de la dérision, où l'ironie est reine. Notre communication s'adresse à des consommateurs mûrs en terme publicitaires. Nous nous sommes inspirés des plus mauvaises publicités pour dentifrice et crèmes de beauté, et nous les avons détournées pour mettre en évidence notre argument de vente: seule compte la qualité de la voix au bout de fil."
          Car l'usager commun est loin de se perdre dans la vanité et l'arrogance, comment réagit-il à la confrontation du public pendant un téléphone?

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      3.3.1 La confrontation des usagers à la sphère publique
         
          La sphère publique se laisse définir comme contraire à la sphère privée. Nous avons vu que cette dualité est en pleine transformation et la limite entre les deux sphères est toujours moins perceptible. Selon Kurt Imhof, sociologue Suisse [26]:
          "Der Gegensatz zwischen dem Öffentlichen und dem Privaten zählt zu den Grundbegriffen der Menschheit. Heute beobachten wir, dass das Private in Form von Gefühlen und als Ausdruck des Intimen die Öffentlichkeit zu durchdringen beginnt. Dabei kann Öffentlichkeit als Mediensystem definiert werden, dass sich an ein Massenpublikum richtet, während unter Privatheit die subjektive Innerlichkeit eines Individuums verstanden wird: Gefühle, Eindrücke, Affekte und Assoziationen. Immer dann, wenn diese Innerlichkeit ist, wird das Private öffentlich."
          Kurt Imhof définit la sphère publique comme un système de médias orienté vers un public de masse. L'apparition de la sphère privée sur ces plates-formes, tel que l'infotainement, fait partie de l'abolition de la limite entre les deux sphères. Mais ceci n'est pas forcément valable pour la situation du téléphone mobile. Dans le sens de la double communication constituée d'une communication avec un interlocuteur lointain actif et une communication avec un interlocuteur présent passif, la dernière n'est pas prévue en général, bien moins encore par un public de masse. L'affirmation essentielle énoncée par les candidats est qu'ils se reconnaissent au travers de cette définition de la double communication. Malgré cette importation de la sphère privée dans la sphère publique, les candidats ne la comparent pas forcément avec l'abolition de la limite présentée dans les médias.
          La définition de la sphère publique par les candidats dépend fortement de la situation évoquée.
          D'un côté, la sphère publique est conçue d'après le niveau de dérangement. Un endroit tranquille, un lieu où le silence est prévu tel que la salle de cours, le cinéma ou l'église, est déclaré par les candidats "plus public" alors qu'un endroit bruyant et diligent est déclaré "moins public" tel que la cafétéria ou la gare. Ce n'est pas étonnant que cette définition coïncide avec les expériences faites avec la sonnerie du portable. Donc, la sphère privée est liée à des endroits personnels et ceci sont pour les candidats leur propre appartement ou la voiture.
          D'un autre côté la sphère publique est définie par le contenu de la conversation. Ainsi, ce fait dépend vivement de l'utilisateur de protéger, plus ou moins, sa sphère privée. Le problème pour certains candidats est souvent le fait que la mobilité implique un changement d'endroit et avec celui-ci, également, le taux d'acceptation de la sphère publique varie. Donc, la distinction entre les deux sphères, faite par les candidats, est constituée par l'entourage: ceux que la conversation concerne, comme sphère privée et ceux que la conversation ne concerne pas comme, sphère publique.

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      3.3.2 Les usagers à la recherche de la sphère privée
       
          Quelles sont les stratégies de l'usager d'un téléphone mobile pour qu'il puisse engager une conversation malgré la sphère publique? Autrement dit, comment l'usager peut-il obtenir la sphère privée recherchée? Le phrase tiré du magazine Facts [20] montre bien cette situation contradictoire de l'usage du portable.

          "Das Mobiltelefon, so öffentlich wie es benutzt wird, bleibt ein teils intimes Gerät."

          Pour que le téléphone mobile reste un appareil intime, l'usager se sert des pare-engagements, qui rendent possible, selon Erving Goffman [19] le fait

          "[...] s'adonner en toute quiétude à des activités qui font normalement l'objet d'interdiction."

          Les pare-engagements mentionnés par les candidats se distinguent avec les deux différentes définitions de la sphère publique: par l'endroit et par la conversation.

          Nous avons vu que le silence est associé à des endroits "moins public", toutefois dans le contexte des pare-engagements ce sont des endroits peu fréquentés. Selon les candidats, la première réaction après un appel est souvent le déplacement vers "un coin tranquille" , "aller un peut plus loin des gens" ou "je me mets à l'écart du monde si possible". Si ce pare-engagement échoue, c'est la conversation qui s'adapte. L'usager se restreint à une durée, la plus courte possible. Ceci s'exprime également par un contenu différent. Les candidats n'attendent même plus une "discussion profonde" . Ils utilisent le téléphone mobile pour s'organiser et se repérer et épargnent les "affaires personnelles" pour assurer la sphère privée.

          La tendance de rompre une conversation est plus grande que celle de continuer avec des conditions désagréables, donc "avant de commencer à chuchoter j'arrête la conversation". Pour ne pas en arriver à ce point là, les candidats préfèrent déclencher le téléphone mobile, surtout si les situations gênantes sont prévisibles, la prévention étant la meilleur pare-engagement.

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          4
          Conclusion
      4.1 Une redéfinition du privé et du public?
       
          La question posée au début "Jusqu'à quel point le téléphone mobile porte la sphère privée dans la sphère publique et comment est-ce que l'usager gère cette situation?" mène aux constations suivantes.
          La connaissance la plus importante est que l'utilisation du téléphone mobile n'implique pas nécessairement un mélange de la sphère privée et de la sphère publique. Le mélange résulte plutôt d'une situation contrainte, c'est à dire que la mobilité, qui est proprement liée à ce moyen de communication, impose à l'usager d'importer sa sphère privée dans la sphère publique. C'est une contrainte, parce que l'usager essaye en générale de préserver sa sphère privée tant que cela est possible. Cette constatation est soulignée par les différentes stratégies – le changement de lieu et de contenu de la conversation – utilisés par l'usager. Ensuite, c'est la distinction faite à partir du contenu de la conversation et qui diffère pour chaque téléphone, permettant par hasard d'intercaler la sphère privée dans la sphère publique. Si le téléphone s'annonce par un signal acoustique, il est aisément perçu le public. Donc, c'est moins un mélange qu'un ressortiement des contrastes des deux sphères.

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          A
                    Référence
          [1] Booz, Allen & Hamilton Hrsg, Untersuchungen des Mobiltelefonmarktes Schweiz und Regulierungsempfelungen, Bundesamt für Kommunikation, 1996
                     
          [2] Mobiltelefonie-Manie in Suomi, Neue Zürcher Zeitung, n° 8, Vermischte Meldungen, 12.01.1999

          [3] Willet Gilles, Global communication: a modern myth?, http://www.unisa.ac.za/dept/press/comca/212/willet.html

          [4] Mühlemann Susanne, Die Lust am Geschwätz, Tages Anzeiger, p. 28, 11.07.1998

          [5] Brändle Stefan, Recht auf Funkstille, Tages Anzeiger, p. 29, 16.11.1998

          [6] Rothenbacher Susanne, Eine Frage der Kinderstube, Tages Anzeiger, p. 71, 17.2.1998

          [7] Mobiltelefone: Stopp dem Geplauder, Weltwoche, n° 22, Extrakte, 28.5.1998

          [8] Müller-Doohm Stefan, Die Politik braucht Geheimnisse, Die Welt, Gastkommentar, 29.9.1998

          [9] Schenk Thomas, Völlig losgelöst von der Erde, Facts, n° 36, pp. 70bis, 3.9.1998

          [10] Jauréguiberry Francis, L'usage des téléphones portatifs, CNRS-Info, n° 345, pp. 15 –16, 1997, http://www.cnrs.fr/Cnrspresse/n345a5.html

          [11] Anständig ständig erreichbar sein, Facts, n° 37, pp. 72bis, 11.9.1997

          [12] Chandler Daniel, Using the telephone, 1994, http://www.aber.ac.uk/~dgc/phone.html

          [13] Kittelmann Marion, Handy – ein Imagekampagne für die De Te Mobil, eine Diplomarbeit im Studiengang Kommunikationsdesign, 1996, http://www.uni-wuppertal.de/FB5-Hofaue/Brock/Projekte/Kittelmann/intro.html

          [14] Booz, Allen & Hamilton Hrsg, Mobilfunk: Vom Statussymbol zum Wirtschaftsfaktor, Frankfurt am Main: IMK, 1995

          [15] Lange Klaus, Zur Ambivalenz des Mobiltelelfons, Garbe Detlef, Lange Klaus Hrsg, Technikfolgenabschätzung in der Telekommunikation, pp. 153-163, 1991

          [16] Jauréguiberry Francis, Activité professionnelle, gestion du temps et télécommunication mobile, Rencontre de la communication mobile, Actes du colloque Motorola, Paris, pp. 43-46

          [17] Flusser Vilém, Gesten : Versuch einer Phänomenologie, Düsseldorf, p. 234, 1991

          [18] Luhmann Niklas, Kommunikationsweisen und Gesellschaft, Rammert, Werner und Bechmann Hrsg, Gotthard: Technik und Gesellschaft, Frankfurt am Main, p. 12, 1989

          [19] Auziol Eric, La double communication dans les situations d’usage des nouvelles technologies, 1997, http://www.cnet.fr/ust/EAuziol.html

          [20] phossli@aol.com, rpoehner@facts.ch et rzimmermann@facts.ch, Plaudertaschen, Gesellschaft, Facts interaktiv, 1999, http://facts.ch/stories/9912_ges_handy.html

          [21] Imhof Kurt, Schulz Peter, Hrsg, Die Veröffentlichung des Privaten – die Privatisierung des Öffentlichen, Reihe "Mediensymposium Luzern" Band 4, 1998

          [22] Jauréguiberry Francis, L'usage du téléphone portatif comme expérience sociale, Réseaux, n° 82-83, pp. 149 –164, 1997

          [23] Contre le sans-gêne, la resistance s'organise, Construire, n°4, 1998, http://www.construire.ch/SOMMAIRE/9804/04nat2.html

          [24] Jauréguiberry Francis, L'urbanité blessée par la brutalité médiatique? Usages des téléphones portables dans les cafés, Les Annales de la Recherche Urbaine, n° 77, pp. 59-62, 1998

          [25] Plouïdy Henri, Les plus mauvaises pubs pour dentifrice ont inspiré la campagne de Diax, Le Temps, p.45, Samedi 20 mars 1999

          [26] Imhof Kurt, Gefühle und Intimes machen Karriere, NLN, 14. Februar 1998, http://www.foeg.unizh.ch/Medienecho/Mediensymposium/nln2.html
           
           

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          B
        Questionnaire téléphone mobile
      Référence
           
           
      Réponses
[Q1] sexe: homme âge: 24 (notes prises par moi-même)

Généralités

  1. j'en avais un
  2. non
  3. raison professionnelle, travail partiel
Publicité
  1. pas du tout
  2. le prix a fait beaucoup
  3. il n'y avait que Telecom
  4. aucune
  5. je ne me base pas sur les publicités, mais plutôt ce que pensent les amis qui ont un Natel
Sphère Publique et Sphère Privée
  1. oui, c'est pas tolérable dans un endroit public
  2. non, je l'ai toujours éteint
  3. oui
  4. au cinéma
  5. c'est énervant
  6. dans un endroit tranquille
  7. le conversation n'est pas publique dans la majorité du temps
  8. je faisait une distinction entre des gens à qui concernent la conversation t à qui concernent pas la conversation
  9. oui
  10. oui
  11. oui
  12. je fais le moins longtemps possible en publique
  13. à voix basse en public, discrétion
  14. je cherche un coin tranquille
Conclusion
  1. oui, certains aiment bien étaler leur vie au téléphone en publique
  2. non, sûrement pas, les gens on toujours besoin d'un certain privé
[Q2] sexe: homme âge: 23 (notes prises par moi-même)

Généralités

  1. oui
  2. non
  3. un an
  4. départ à l'armée
Publicité
  1. non
  2. Motorola
  3. le texte de présentation expose bien, de manière amusante, les
  4. ossibilité du téléphone
 Sphère Publique et Sphère Privée
  1. pas compliqué à la portée des femmes, mais à condition de savoir l'utiliser à bon escient
  2. oui, il y a des moments pas appropriés (par exemple en cours)
  3. oui
  4. dans un bar, à Satellite
  5. plaisanterie à mon égard
  6. oui
  7. dépend d'endroit et de la situation (c'est gênant dans une ambiance tranquille, pas problème dans un endroit bruyant, cafétéria)
  8. domaine public
  9. qui ne concerne que moi
  10. non, pas forcement, Je ne dirai pas la même chose en public que si je suis chez moi.
  11. de chez moi
  12. confidentialité
  13. confidentialité, sphère privée: tout genre de conversation, sphère publique: seulement si nécessaire
  14. oui
  15. oui
  16. oui
  17. oui, j'utilise le téléphone pour organiser (rendez-vous) et pas pour des discussions profondes
  18. oui et non, avant de commencer à chuchoter j'arrête avec la conversation
  19. oui, je me mets à l'écart du monde si possible
Conclusion
  1. ça les fait changer
  2. non, certaine choses qui restent privées (salaire)
[Q3] sexe: femme âge: 21

Généralités

  1. oui
  2. oui
  3. le 11.10.98
  4. mon copain me l'a offert à mon anniversaire pour pouvoir me joindre tout le temps
Publicité
  1. oui
  2. oui
  3. oui, le design
  4. non
  5. diAx
  6. parce qu'elle est "jeune" et agréable à l'œil
Sphère Publique et Sphère Privée
  1. une situation embarrassante
  2. oui
  3. non, je l'éteint dans les endroits "très" publiques, par contre, je suis parfois gênée dans le
  4. ndroits "moins" publiques
  5. dans le bus
  6. tout le monde regarde comme si on était une bête curieuse
  7. compliquée
  8. mon appartement ou celui de mon copain, agréable
  9. non et oui
  10. à la maison, dans la rue
  11. parce que "personne" ne suit vraiment votre discussion
  12. privé: on suit pas ce que vous dites, public: tout le monde écoute ce que l'on raconte
  13. non, en tout cas pas ce qu'ils disent
  14. non
  15. oui
  16. oui, je suis plus "profonde" en privé qu'au téléphone
  17. oui, plus fort au téléphone
  18. non, à part aller un peu plus loin des gens pour parler au téléphone
 Conclusion
  1. oui
  2. oui
[Q4] sexe: homme âge: 23 (notes prises par moi-même)

Généralités

  1. oui
  2. moyennement, surtout les weekends
  3. 6 mois
  4. je roule beaucoup et donc en cas de panne, on peut toujours me joindre, n'importe où, n'importe quand
Publicité
  1. non
  2. pas du tout
  3. légèrement
  4. pas du tout
  5. la première de Motorola
  6. ils présentent une gamme assez large (offre varié), bien mis en valeur , le texte est clair
Sphère Publique et Sphère Privée
  1. présentation d'une scène qui met mal à l'aise pour vanter les mérites du vibreur
  2. oui, bien sûr
  3. non
  4. les gens râlaient
  5. oui
  6. au cinéma
  7. discrétion, respect autrui
  8. sphère privée: lieu ou l'on peut dire ce que l'on veut et ce que l'on pense
  9. oui, parfois
  10. dans n'importe qu'elle sphère, bien que je préfère légèrement la sphère privée
  11. je peux parler de chose plus personnelle
  12. non
  13. non, on est toujours deux interlocuteurs actifs
  14. oui
  15. oui, les affaires personnelles, je les garde pou la sphère privée
  16. non, pas du tout
  17. non
Conclusion

 

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C

Questionnaire vibreur
Référence

Fragebogen Vibrationsalarm
Mobiltelefon zwischen öffentlicher und privater Sphäre

          1. Wieviele Mobiltelefone umfasst ihre momentane Produktepalette?
          2. Wieviel davon sind mit Vibrationsalarm ausgestattet?
          3. Besitzen ihre Mobiltelefone andere Möglichkeiten das Läuten zu signalisieren?
          4. Waren dabei Kundenreaktionen ausschlaggebend oder wurde von ihrer Firma die Auswirkungen des Mobiltelefons auf die Gesellschaft untersucht?
          5. Wenn ja, was waren dabei die wichtigsten Erkenntnisse?
      Réponses
[V1] modèle: Bosch agence: Bosch, 8112 Otelfingen
          1. Zur Zeit umfasst unsere Palette 4 Telefone, ab Juni 99 wird die neue Palette bestehen aus GSM 509 DUAL, GSM 908, GSM 718 und GSM 909 DUAL und wird ergänzt ab September mit dem GSM 909 DUAL S
          2. Für jedes Gerät bieten wir einen Akku mit Vibrationsalarm an. D. h. man kann bei allen unseren Geräten mit Vibra-Alarm arbeiten.
          3. Ab Juni 99 kommt das GSM 509 DUAL, welches in Translucent Farben erhältlich sein wird. Wenn ein Anruf kommt, gehen unter der Tastatur 4 Lichter an, somit erkennt man im Dunkeln dass man angerufen wird.
          4. In der Regel wird auf den Markt und somit auf den Kunden geschaut und beobachtet, welche Bedürfnisse die Kunden haben.
(suivante les notes prises par moi-même)

[V2] modèle: Bang&Olufsen agence: Staeger AG, 8800 Thalwil

          1. 1 Mobiltelefon im Angebot, Beocom 9800, basiert auf Philips Genie Sport
          2. kein Vibrationsalarm, der Hersteller setzt auf Eigenverantwortung des Benutzer (Stummschaltung)
          3. nein
[V3] modèle: Motorola agence: Motorola AG, 8952 Schlieren
          1. 4 Mobiltelefone im Angebot, V3688, CD930, d520, StarTac 130
          2. 3 mit Vibrationsalarm ausgestattet, ist diskret an einem "stillen" Ort (Konzert, Meeting), oder an einem ganz lauten Ort
          3. eingegangener Anruf im Display
          4. eigene Entwicklung, Motorola war erster Anbieter von Mobiltelefonen mit Vibrationsalarms (seit 6 Jahren)
          5. -
[V4] modèle: Ericsson agence: Ericsson AG, 8306 Brüttisellen
          1. 8 Mobiltelefone im Angebot, u.a. SH888, I888, GF788i
          2. 1 mit Vibrationsalarm ausgestattet, ansonsten zusätzliches Modul mit Vibrationsalarm erhältlich, geräuschlos, diskret
          3. nein
          4. die Weiterentwicklung der technischen Komponenten (Miniaturisierung) erlaubt den direkten Einbau im Mobiltelefon, Gerät wird dadurch handlicher und leichter
[V5] modèle: Panasonic agence: John Lay Electronics AG, 6014 Littau
          1. 3 Mobiltelefone im Angebot, EB-G520, EB-GD70, EB-G600i
          2. 3 mit Vibrationsalram ausgestattet
          3. nein
          4. Entwicklung ging von der Firma aus, nachdem die Wünsche mit einer Marktumfrage abgeklärt wurden
[V6] modèle: Maxon agence: Telanor AG, 4654 Lostdorf
          1. 2 Mobiltelefone im Angebot, MX-3204, MX-3205
          2. nein, Vibra-Akku als Option erhältlich, diksert, ohne dass die Umwelt gestört wird
          3. bei einem Anruf blinkt zusätzlich eine LED
[V7] modèle: Nokia agence: autronic ag, 8600 Dübendorf
          1. 6 Mobiltelefone im Angebot, 8810, 9110, 5110, 6081, 6110, 6150
          2. 1 mit Vibrationsalarm ausgestattet, Vibra-Akku als Option erhältlich
[V8] modèle: Alcatel agence: Wycom AG, 5430 Wettingen
          1. 5 Mobiltelefone im Angebot, HE-1 One Touch CLUB+, HD-8 One Touch pocket, PC-1 One Touch Com
          2. 1 mit Vibrationsalarm ausgestattet, Vibra-Akku als Option erhältlich