Le côté Martyr
   du groupe
Les fans de KISS, un peu comme les fans de Star Trek, vont souvent être ridiculisé par les " serious listeners ". Qui n'a pas entendu dans son entourage le fameux " petit, je me suis battu dans la cours d'école pour sauver l'honneur du groupe "... C'est un sentiment fort, que seul les fans qui l'ont vécu peuvent comprendre. Des fois, cette sympathie qu'on retrouve entre fans me fait penser aux juifs qui ont survécu aux Allemands. C'est comme une confrèrie international; le fait de savoir qu'on n'est pas tout seul vient renforcer notre détermination. Et en dedans de nous, le désir de vaincre veille rageusement...


C'est véritablement spécial, unique et beau d'être fan de KISS. On a longtemps eu la planète entière contre nous, on se souvient tous de la fois qu'on s'est fait dire que notre groupe était gai, etc. Et si aujourd'hui la critique semble s'être apaisé, on reste qu'en même en mode alerte quand on pique une discussion avec un fan de rock ou qu'on lit James Hetfield dire que KISS n'a jamais rien amené d'original.

Des fois, j'ai l'impression qu'on aime ça comme ça. Le respect que peuvent avoir d'autres groupe, on l'envie, oui. Mais quand on regarde les fans de U2, Pink Floyd ou des Rolling Stones, ils n'ont pas l'air d'avoir la même fougue que nous, et ça, ça ne fait que rehausser notre amour pour KISS. De prendre pour le plus fort, ça nous intéresse pas. On préfère le combat. On a besoin de se prouver, de convaincre. Et même si on est conscient que le groupe peut avoir l'air ridicule par moment, quelque chose en nous nous force à croire que KISS est le groupe - ce que j'appellerai le côté martyrisant.


S'il se retrouve principalement chez les fans, ce sentiment, on le retrouve aussi chez les membres du groupe. Simmons et Stanley auront beau dire que le Rock and Roll Hall of Fame ne les intéresse pas, ils seront les premiers  à dire que même des médecins peuvent être fan, même des recteurs d'Université. Comme dans le vidéo
Extreme Close-Up où Paul nous raconte qu'un tel s'est battu dans la cours d'école, qu'un tel est devenu avocat... on est toujours en mode défense. On veut prouver et ça sent à plein nez.


Regardez seulement les sites sur internet. Aussitôt que le mot KISS apparaît sur un panneau de circulation en banlieu d'Omaha, Nebraska, on l'indique sur nos sites et on se congratule, on en vient fier. On porte une attention démesuré à la couverture que les médias peuvent faire du groupe. C'est comme si ça venait nous réconforter. Que Paul ait crié dans telle publicité d'Honda, que Nirvana ait fait un
cover de Do you love me en 1989, ça nous aide à avaler la pillule. De savoir que Lenny Kravitz, Garth Brooks, Marylin Manson, Trent Reznor et Kirk Hammet ait été introduit à la musique grâce à KISS, ça nous permet de dormir en paix. Il y a cette perpétuelle quête à la reconnaissance qu'on tente d'extirper de je ne sais où... Et comme je le disais, j'ai l'impression des fois que c'est justement ce qui nous attire. Ça fait partie intégrante du fan de KISS.


Prenez les conventions. Combien d'autres groupes rêvent que certains de leurs fans organisent d'eux-même des conventions à leurs honneurs ? On parle de la location d'une salle d'Hotel, des invitations pour les commerçants, des invitations pour les specials guest... Je ne pense pas que ce genre d'événement apporte un quelconque profit à son organisateur. C'est simplement une question de dévouement. On le fait pour notre amour du groupe. Est-ce qu'on peut imaginer une convention sur Rush ? Ou bien sur U2 ? Et qu'est-ce qu'on y vendrait ? Vous comprenez. Bref, quand un reportage, ou un article de journal, mentionne nos conventions, sachant qu'on est pratiquement les seuls à en faire, on en tire une satisfaction.


Mais j'arrête tout de suite. Les fans occasionels, ou temps partiel, peu importe le nom qu'on leurs donne... bref, ceux-ci ne se reconnaîtront surement pas dans ce texte. Même chose pour les nouveaux fans qui auront découvert le groupe récemment. La raison ? Il semble que le ressentiment envers KISS soit à la baisse. Et j'ai l'impression que c'est une tendance qui, tranquilement, continuera à disparaître. Les jeunes d'aujourd'hui n'en ont rien à foutre des vieux groupes de 60 ans qui jousent encore du Hard Rock. Ça fait pépère. Tandis que pour le fan des tout début, à l'époque, le pauvre avait à faire face à 56 000 autres groupes du même styles et hautement plus convaincant pour ce qui est de la crédibilité. Est ce qu'un jeune d'aujourd'hui va se faire écoeurer s'il arrive à l'école avec un T-Shirt de quatre bonhommes maquillés ? Surement pas. Évidemment, il est facile de généraliser. Personnellement, j'aimerais penser que c'est parce que le groupe gagne du respect. Mais l'autre explication me semble plus probable; le groupe passe inaperçu parmi les SlipNok et autres Gwar. Dit en d'autres mot, KISS devient conformiste et commence à être inconnu des tout jeunes. Pourquoi donc rire d'eux ?


Mais pour revenir à nous... Cette admiration, ce dévouement qu'on porte envers nos quatre bonhommes maquillés, elle va même jusqu'à nous rendre aveugle par rapport à l'histoire réelle du groupe. Comme on peut le lire dans le livre de Dale Sherman, l'histoire de la prise d'assault de la station de radio en 1975 serait construite de toute part. Tandis que pour la fameuse BD imprimé en vrai sang de KISS, une erreur aurait fait que l'encre ait servi à imprimer le numéro du Sport Illustrated de la même semaine... Bref, même si le groupe faisait les plus grands shows de l'époque, ils étaient loin d'avoir le statut qu'on ose leur donner aujourd'hui. Allez seulement voir le site de la RIAA en ce qui à trait aux fameux GOLD album pour un groupe en Amérique. Oui, KISS arrive en premier si on ôte les groupes non-Américains comme les Beatles et les Rolling Stones... mais regardez qui les tâlonnent; Chicago avec 22 albums GOLD. Chicago ! C'est dire à quel point on peut divaguer si on se réfèrre aux nombres d'albums Gold pour évaluer la grandeur d'un groupe.


Soyons claire. Je n'essaie pas de dénigrer KISS. Même que réellement, je pense qu'il ont été énormément plus influent que certains voudraient le penser. Comme le disait un fan dans
KISS Hotter than Hell, le nouveaux livre sur KISS, sans les Melvins il n'y aurait pas eu Nirvana et sans KISS, il n'y aurait pas eu les Melvins... Sans KISS, pas de Nirvana... Et sans Nirvana, les attentats du 11 septembre n'auraient peut-être pas eu lieu, qui sait (rire). Vous voyez où je veux en venir. Mais encore là, je retombe dans le fameux discours d'auto-proclamation et de "self congratulation". Que voulez vous.


Toujours dans la même veine, et qui touche davantage les fans, c'est de voire à quelle point le nombre d'albums hommages ne cesse d'augmenter. Si au début, je ne leur portait pas attention, j'ai commencé récemment à les collectionner (plan ambitieux, j'en suis déjà à une dizaine et il doit y en avoir une cinquantaine en tout). C'est fou de voire à quel point le groupe continue à avoir une emprise sur plusieurs autres. Pourquoi j'en parle ici ? Ça me semble important si on veux comprendre l'amplitude que le groupe peut avoir. Chose qui nous rend tous fier n'est-ce pas. Bref, quand on y regarde de plus près, on peut découvrir certaines choses intéressante.  Le groupe KISS était aimé par deux groupes distincts; les gamins de 6 ans et quelques fans de rock. En ayant ça en tête, on en vient à pouvoir découper le groupe en deux. Il y a KISS et il y a Ace Frehley. Avez vous déjà tombé sur un Tribute hommage à Peter Criss ? Non. J'ai regardé et j'en ai pas trouvé. Peter se fait donc avaler par KISS. Il a passé inaperçu. Pourquoi ? Est-ce que vous avez aimé son album solo de 78. Et les trois autres qui ont suivi ? En général, non. Est-ce que vous avez aimé l'album solo de Frehley et les trois autres qui ont suivi ? En général, oui. KISS est rock-bonbon, Frehley est rock. Peter est R'n'B. Est ce que les fans de R'n'B écoute du Peter Criss ? Non. Voilà donc comment par la seule analyse des albums hommages, on en vient à pouvoir diviser le groupe en deux pôles; KISS et Ace Frehley. Et par le fait même, on réalise à quel point la carrière solo de Peter était condamné dès le départ. Oui, oui. Il nous sortira bientôt un album jazz enregistré dans sa cave, mais est-ce que les fans de Tony Bennet vont se l'arracher ?


Mais là je dévie du sujet initial.


               
* * * * *   À partir d'ici, le tout sera teinté de sarcasme. Vous aurai été prévenu   * * * * *


J'aimerais bien en dire d'avantages; on a tous comme fan des tas de souvenirs, des rencontres qu'on a fait, des discussions tordus qui nous ont rendu fou de rage. Mais j'ai l'impression que je ne ferais que radotter si je vous les contait. De plus en plus, j'aspire à la sagesse, sérieux, je ne blague pas. Dans le fond de mon être, je connais la bonne nouvelle. Tellement que j'en perd l'envie d'essayer de convaincre les autres. Qu'ils restent dans l'ignorance. Je m'en sacre. Et comme la phrase que j'ai mis sur la page d'acceuil l'indique (une phrase qui n'est pas de moi, mais bien d'un fan trouvé sur un message board);


                     "I basically think that if someone doesn't like KISS... it's their loss, not mine."



C'est beau n'est-ce pas. Quand j'ai lu cette phrase pour la première fois, j'ai n'ai pu m'empêcher de rire. Si elle ne vous dit rien qui vaille, considérez vous comme un fan à temps partiel. Non pas que ça soit réducteur pour vous, il n'y pas de mal à ça. Mais dites vous bien que si KISS est encore là aujourd'hui, c'est bien parce que des milliers de vétérans de la première heure ont cru, se sont battu, et ont vaincu. Sérieusement, quand j'y pense, ça mériterait qu'on s'offre un monument à Washington, à côté du Vietnam Veterans Memorial.


Je suis en train de tourner la chose au ridicule. Oui oui, j'en suis conscient, j'suis loin d'être fou. Mais il y a seulement KISS qui peut me faire délirer de la sorte. Raison pour laquelle je les adorre. Dans ce monde qui nous exige tous à nous identifier à une étiquette, moi, je m'identifie à KISS; le groupe le plus ridicule qui ait vu le jours sur Terre. Je les aime. J'en suis fier. Et de savoir qu'on forme ensemble une armée, nous les fans, chose assez unique dans l'univers du rock, hmm.... ça me rend heureux.



Longue vie à vous tous (rire) !
On sera toujours là
Et on vaincra

(Et maintenant, allez tous écouter
I pledge Allegiance to the state of Rock and Roll).

Dominic, Chambly
août 2003