RAPPORT

DU JURY CENTRAL

SUR LES PRODUITS

DE L'AGRICULTURE ET DE L'INDUSTRIE
EXPOSÉS EN 1849


SECTION TROISIÈME.

INSTRUMENTS DE MUSIQUE.


EXPOSÉ PRÉLIMINAIRE,

par M. A. Séguier, président.

La commission chargée cette année de l'examen et du jugement des instruments de musique a eu une mission délicate et difficile à remplier ; un nombre plus considérable, une plus grande variété d'instruments ont rendu sa tâcge plus lourge encore qu'aux précédentes expositions. Comprenant bien toute l'importance de ses jugements, elle a eu à coeur de ne pas se départir de toutes les précautions qui assurent, en pareille matière, l'impartialité et la justice des appréciations ; aussi, comme aux concours antérieurs, l'audition des instruments a-t-elle eu lieu, cette année, dans un local convenablement préparé ; des dispositions spéciales ont été prises pour que la pureté des sons ne pût être altérée par aucun écho ou résonnance. Pour soustraire même les instruments successivement essayés à l'influence du placement ou du voisinage, l'examen a été opéré de façon que le talent des exécutants ait sur le mérite réel de l'instrument la moindre influence possible. La position élevée et le caractère personnel de MM. les professeurs du Conservatoire et du Gymnase musical, don le jury a réclamé le concours, devaient être pour les facteurs une garantie d'impartialité ; nonobstant , la sous-commission a désioré que, par des délégués de leur choix, les exposants pussent être témoins de zèle et de la conscience avec lesquels leurs produits étaient examinés et jugés, et MM. Pleyel, Raoux et Bernardel, désignes au scrutin par les partis intéressées, furent chargés du soin de cacher, avant l'examen des instruments, le nom de leurs auteurs, le jury les prend à témoins que le mérite seule a assigné à chaque instrument le rang qu'il a reçu dans le présent concours. Dire que les divers instruments ont été joués par MM. Marmontel, Massart, Ney, Valin, Desmarest, Gouffé, Dorus, Triebert, Gallais, Banneux, Dubois, Dantonnel, Greppo, etc., etc., c'est donner l'assurance que le talent nécessaire pour en faire valoir les qualités était égal à la sincérité qui n'en dissimulait par les défauts.

Le jury s'empresse de remercier MM. les professeurs qui ont bien voulu l'aider dans son laborieux travail ; sa reconnaissance n'est pas moindre envers MM. les délégués, artistes eux-mêmes aussi distingués qu'habiles facteurs ; leur assistance continue, leurs avis officieux, leurs bons conseils pendant les longues séances qui ont duré près d'un mois entier, ont singulièrement allégé la resposabilité des décisions du jury, toutes prises à l'unanimité. La sous0commission ne s'est pas bornée à l'audition des instruments poour en apprécier le mérite, elle a voulu encore, par des visites dans les ateliers, s'enquérir de l'importance et de la durée des établissements, connaître les procédés et les moyens de fabrication ; enfin, elle s'est efforcée de recueillir tous les renseignements qui permettaient de prononcer en pleine connaissance de cause, et la mettaient à même de ne pas confondre des qualités accidentelles ou passagères avec des mérites réels et durables. La sous-commissions, reconnaissante du concours si utile que MM. Érard et Pleyel lui ont prêté, le premier, en sa qualité de membre du jury, le second, en son titre de délégué de MM. les facteurs , regrette pourtant que les généreux désintéressement qui leur a fait accepter des fonctions auxquelles l'estime publique les a si honorablement désignés, aiit mis le jury dans l'impossiblilité de leur rappeler la série des hautes récompenses épuisée pour eux aux précédentes expositions. Elle éprouve le même sentiment vis-à-vis de MM. Pape et Roller, l'un en ne soumettant pas ses instruments à l'examen du jury, l'autre en retirant du concours les produits qu'il avait exposés, ont laissé le champ libre à leurs rivaux, tous deux se contentant, pour leurs travaux présents, des hautes distinctions antérieurement obtenues.


§ 1er PIANOS. M. Pierre Érard, rapporteur. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES.

On peut dire, avec raison, que, si le goût de la musique s'est propagé dans notre société, c'est au piano surtout que l'on doit le développement de cet élément important de civilisation.

L'étude de cet instrument n'est plus accessoire ; elle est devenue une branche presque indispensable de l'éducation. Nous ajouterons encore, le piano c'est l'orchestre des salons ; il met à la portée de tous les amateurs les productions des compositeurs de musique, quel que soit leur style, religieux, poétique ou léger. Sous le double rapport de l'art et de la civilization, ceet instrument moderne a donc rendu des services incontestables. Si nous voulons le considérer sous le point de vue commercial et industriel, il ne perdra rien de son importance.

En consultant les dossiers des quatre-vingt-cinq exposants facteurs de pianos, qui figuraient à l'exposition de 1849, on a trouvé que le chiffre annuel de cette branche de fabrication s'élève à environ huit millions, et, comme elle est en progrès, il n'y a nul doute qu'elle ne s'élève à un chiffre plus important encore.

Lorsqu'on réfléchit que les ouvriers employés par la facture de pianos doivent être des hommes intelligents et posséder des connaissances variées, que leur salaire de 5 francs par jour, au moins, leur permet de vivre honorablement, on reconnaît toute l'étendue des servieces rendus à la classe industrielle par les hommes dont le génie, le talent et la persévérance ont fondé cette belle industrie en France.

A la tête de ces hommes utiles se place Sébastien Érard. Dès 1785, il eut à lutter, pour protéger son établissement naissant, le premier de ce genre en France, contre la concurrence de l'étranger, en possession du marché national ; mais la supériorité de ses pianos mit bientôt un terme aux importations. Plus tard, il alla s'établir à Londres même, où sa maison est également au premier rang.

Le jury de 1849 est heureux de pouvoir constater que la facture français, longtemps en rivalité avec les factures étrangères, leur est aujourd'hui supérieure. Ce fait est surabondamment prouvé par les artistes et amateurs de toutes le contrées où l'on cultive la musique, qui font venir, à grands frais, des pianos français de préférence à ceux de leurs fabriques nationales.

PROGRÈS DE LA FABRICATION.

Ce qui a paru le plus remarquable à l'exposition des pianos de 1849, c'est l'empressement des facteurs à présenter des perfectionnements dans le mécanisme, afin de doner aux claviers de leurs pianos cette étendue de ressources qu'offre à l'exécutant l'invention de Sébastien Érard, connue sous le nom de double échappement, et que ce célèbre facteur produisit pour la première fois en 1823. Comme toutes les découvertes qui tendent à faire révolition dans les arts ou dans l'industrie, elle avait été en butt, dès son apparition, à la critique, et, surtout, à celle des facteurs qui fabriquaient des instruments avec le mécanisme à échappement simple, dit anglais. Ce mécanisme avait été importé d'Angleterre et établie par les frères Érard, à Paris, vers la fin du siècle dernier.

L'échappement simple était lui-même un très-grand perfectionnement, relativement au pilote fixe, son prédécesseur, parce qu'il donnait à la corde, nettement frappée, toute sa liberté de vibration. Mais l'échappement simple laissait beaucoup à désirer sous le rapport de la répétition et de l'expression dans le jeu. En effet, après l'échappement du marteau, on ne pouvait plus le reprendre qu'en laissant la touche remonter à sa place au niveau des autres. Il n'y avait réellement qu'une seule manière d'attaquer la corde ; et, qu'on voulût jouer fort ou faible, il fallait que la touche parcourût la même distance de son point de repos à la corde. Tous les pianistes se plaignaient de ceette imperfection ; ils s'adressèrent à tous les facteurs pour leur demander d'y remédier. De nombreux essais furent tentés sans succès. La solution de ce problème important était réservée au génie de Sébastien Érard, de cet homme infatigable qui n'entreprenait jamais rein sans y apporter ce zèle et cette perséverance qui assurent le succès. Il se mit à l'oeuvre pour perfectionner encore, et, pendant vingt années d'essais et de recherches, il inventa une foule de modèles différents qui forment une colleciton intéressante de mécaniques diverses renfermant toutes les nouvelles idées qui se pressaient dasn son imagination féconde. Au milieu de ces richesses, il choisit deux moyens : 1° l'application d'un ressort pour supporter le marteau après son échappement , et le tenir prêt à obéir de nouveau à l'attaque du pilote ; 2° le jeu alternatif de deux pilotes au lieu d'un sous le marteau. Ces deux moyen, consignés dans sess brevets, ont été mis en grande pratique dans les fabriques de pianos d'Érard, à Paris et à Londres.

Le mécanisme à double pilote renferme peut-être, comme idée mécanique, des combinaisons plus ingénieuses, mais le mécanisme le plus efficace des deux, dans son effet, et celui que l'expérience de vingt-cinq and a consacré comme le plus solide et le plus durable de tous les mécanismes, c'est l'application du ressort.

Sa supériorité sur tous les autres est sanctionnée depuis longtemps par l'approbation et l'usage de tous les grands pianistes et amateurs distingués. Ils reconaissent même un piano à double échappement d'Érard au toucher seul, sans avoir besoin d'en consulter la qualité de son, qui frappe par sa richesse les oreilles les moins exercées.

Deux autres perfectionnements importants, dus également au génie inventif de Sébastien Érard, ont été adoptés par tous les facteurs de l'exposition de 1849. Il n'est pas possible de les citer sans faire connaître les heureux résultats que ces perfectionnements ont amenés dans l'art du facteur de pianos.

Ce fut d'abord le barrage métallique, appliqué dès 1822 par Sébastien Érard aux piano de forme horizontale, avec le frapper par-dessous, et appliqué plus tard aux pianos droits. Il suffira d'une courte explication pour faire comprendre les conséquences de cette invention.

Avant l'application du barrage métallique aux pianos à queue, le tirage des cordes sur la caisse de l'instrument la faisait fléchir ; la table d'harmonie suivait ce mouvement de torsion, et ne pouvait plus vibrer librement. Il en résltait des inconvénients graves : la qualité de son s'altérait et le piano ne tenait plus l'accord. Dans le piiano carré, où la résistance au poids des cordes était plus éloignée du plan de tirage, ces défauts se faisaient sentire davantage.

Sébastien Érard, frappé de cette cause de destruction, imagina d'appliquer un barrage au-dessus du plan de tirage des cordes. Son premier piano construit sur ce principe, exposé en 1823, était armé de onze barres.

Il résulte de l'application de ces barres au-dessus du plan de tirage des cordes dans les pianos à queue et carrés, que le plan de tirage se trouve placé entre deux plans de résistance qui s'equilibrent entre eux.

La solidité obtenue dans la construction des caisses de des sommiers par cet important perfectionnement amena des résultats inattendus sous le rapport de l'intensité des sons et la stabilité de l'accord. On put expérimenter des montures de cordes plus fortes, qui produisirent la belle qualité de son que l'on remarque aujourd'hui dans les pianos de nos meilleurs facteurs. Il suffit d'examiner la monture d'un piano fabriqué il y a 25 à 30 ans, avec celle d'un piano moderne, sur lequel le tirage des cordes est évalué à une force de 5 à 6 chevaux, et de comparer la qualité de son des deux instruments, pour comprendre toute la portée de la révolution que cette invention a opérée dans la fabrication des pianos. Il est évident qu'on ne peut même plus fabriquer un excellent piano sans le secours de ce précieux perfectionnement.

Il est moins indispensable dans le piano droit, où le barrage en bois n'est poit interrompu d'un sommier à l'autre. On l'applique cependant, avec avantage ,surtout aux pianos destinés aux pays d'outre-mer, où ce barrage convenablement adapté sert aussi à maintenir les sommiers dans le cas où les colles viendraient à se décomposer par suite de l'influence du climat des tropiques.

Il est opportun de mentionner ici plusieurs systèmes de contre-tirage en métal appliqué derrière les châssis ou fonds en bois des pianos droits, présentés par plusieurs facteurs à cette exposition. L'effet peut en être excellent, surtout avec le système inventé par M. Domény ; mais le jury pense que le meilleur principe à suivre est celui de Sébastien Érard, où le plan de tirage est équibré entre deux plans de résistance.

Le second perfectionnement, d'une date plus ancienne que le précédent, créée par Sébastien Érard et généralement adopté par les facteurs anglais, allemands et français, est le système d'agrafes pour fixer les cordes sur le sommier de chevilles en remplacement du pointage des chevalets en bois, que les facteurs français et étrangers employaient encore il y a quelques anne;es. Au moyen de ce nouveau système d'attache, les cordes sont supportées un dessus de coup de marteau dans les pianos à frapper par-dessous, ce qui donne en quelque sorte à ce genre de construction les avantages de frapper par-dessus. L'emploi presque générale des agrafes expliquerait pourquoi les pianos à frapper par-dessus étaient en beaucoup plus petit nombre à cette expositon qu'à la précédente.

Ce sont ces découvertes que nous venons de signaler dans le mécanisme, la construction générale et les vibrations des cordes du piano, qui ont si puissamment contribuié à assurer à la facture française cette supériorité que le jury se plaît à constater. En signalant à la reconnaissance publique le génie heureux qui, pendant une longue et laborieuze carrière, de 1775 à 1830, lui donna tous les éléments de cette supériorité, elle remplit un devoir, auquel s'associeront certainement tous les hommes que savent apprécier le vrai mérite.

Mentions
pour ordre.
M. Pierre Érard, rue du Mail, n° 21, à Paris.

Les pianos de M. Érard ont été joués et entendus pendant toute la durée de l'exposition des produits de l'industrie ; mais ils n'ont pu être présentés au concours, par suite de la nomination de M. Érard comme membre du jury central. Cependant les membres de la commission des instruments de précision se sont transportés, sur son invitation, dans les ateliers de la rue du Mail pour examiner les perfectionnements nouveaux apportés par M. Érard dans sa fabrication, depuis la dernière exposition, et M. Séguier, président de cette commission, dans son rapport au jury cntral sur le concours des instuments de musique, a rendu pleune justice au mérite, toujours soutenu des produits de la fabrication de M. Érard.
MM. PLEYEL et Ce, rue Rochechouart, n° 20, à Paris.

Les pianos de MM. Pleyel et Cie ont aussi figuré dans les salles de l'exposition des produits de l'industrie. M. Pleyel a pensé que sa désignation comme délégué de MM. les facteurs lui interdisait de concourir ; on a invoqué pour ses beaux instruments le bénéfice des hautes récompenses dont il avait été honoré aux précédentes expositions et dont il est toujours digne.
Rappels
de médailles
d'or.
M. François WOLFEL, rue des Martyrs, n° 27, à Paris.

M. Wolfel a exposé un grand piano à queue, mis au premier rang des instruments de ce genre. La qualité du son de ce piano est ample et belle ; le clavier, facile, présente pour la répétition les avantages du «double échappement ;» sa construction est solide. Pour rendre son piano plus complet, M. Wolfel a appliqué d'une manière ingénieuse son système de chevilles à vis pour accorder.

Le grand piano droit et le piano droit ordinaire de M. Wolfel ont merité l'un et l'autre le premier rang dand leur genre. Ces deux instruments se ressemblent beaucoup pour la qualité du son ; mais, en raison de leur plus grande longueur, les cordes de basse résonnent mieux dans le premier de ces deux instruments que dans le second.

Tous deux sont bien finis. La construction du grand modèle est supérieure à celle du modèle ordinaire, en ce qu'il possède le système de chevilles appliqué au piano à queue. Son mécanisme perfectionné répète parfaitement bien.

Le piano à cordes obliques de M. Wolfel a obtenu le troisième rang dans cette catégorie d'instruments.

Le jury, prenant en considération les efforts de M. Wolfel pour perfectionner le mécanisme et la construction de ses pianos, lui rappelle la médaille d'or qu'il avait obtenue en 1844.
M. Georges KRIEGELSTEIN, rue Laffitte, n° 53, à Paris.

Le mécanisme des pianos de M. Kriegelstein renferme des perfectionnements ayant pour but d'obtenir du clavier uen répétition plus certaine, comme avec le double échappement. Son piano carré a mérité le premier rang, et son piano droit à cordes oliques a obtenu le même honneur. Ses pianos demi-obliques et à queue, modèle ordinaire, ont été classés au deuxième rang.

Le piano à queue de M. Kriegelstein est un excellent instrument et les pianos de divers modèles exposés par cet habile facteur ont été remarqués pour la précision et le fini du travail.

Le rang distingué qu'occupent au concours quatre des pianos de M. Kriegelstein, et les perfectionnements qu'il s'efforce d'apporter dans sa fabrication générale, déterminent le jury à lui rappeler la médaille d'or qu'il a reçue en 1844.
MM. BOISSELOT et fils, à Marseille (Bouches-du-Rhône).

La fabrique de M. Boisselot commande, par sa position sur la Méditerranée, le commerce d'exportation pour l'Italie, l'Espagne, le Levant et les colonies. Ces facteurs ont su tirer parti de cet avantage pour donner à leur fabrication un grand développement. Le rang distingué obtenu par les produits de cette maison à l'exposition de 1849 ne peut qu'accroître sa prospérité.

Le grand piano à queue de MM. Boisselot a été mis au deuxième rang au concours ; mais leur piano à queue, modèle ordinaire, a obtenu le premier rang.

Cet excellent instrument se distinge par une grande égalité de sons ; les basses et les dessus sont bien en rapport avec le médium.

MM. Boisselot ont présenté, en outre, deux pianos que le jury a classés au nombre des «instruments exceptionnels.»

Tous deux sont des pianos à queue. Dans le premier, les trois cordes cylindriques dont chaque note est ordinairement pourvue, sont remplacées par une lame d'acier représentant une corde plate. Cet instrument ne peut être considéré que comme un essai dont on ne pourra bien juger qu'à l'exposition prochaine, lorsque MM. Boisselot auront porté ce nouveau système au point de perfection dont il est susceptible.

Le second des pianos exceptionnels possède une troisième pédale agissant sur le mécanisme des étouffoirs, de telle sorte qu'après avoir abaissé cette pédale il suffit de donner un certain choc à une ou plusieurs notes du clavier pour en prolonger indémentfubu la vibration tant qu'on tient le pied sur la pédale.

Le jury laisse à MM. les artistes le soin d'apprécier le mérite de cette ingénieuse addition au ressources qu'offre déjà le piano. En considérant le rang distingué que MM. Boisselot occupent au concours et les services qu'ils rendent à leur industrie dans le midi de la France, le jury leur décerne le rappel de la médaille d'or qu'ils avaient obtenue en 1844.
Médaille
d'or.
M. François SOUFFLETO, rue Montmartre, n° 171, à Paris.

M. Souffleto, l'un de nos facteurs les plus anciens et les plus distingués, est à la tête d'une fabrique importante qui a mis en circulation plus de 2,000 pianos. L'expérience du travail, que possède M. Souffleto, se fait remarquer dans ses ouvrages, dont la bonne réputation est généralement reconnue. Il suffit de rappeler ici que les grands pianos à queue de ce facteur ont mérité le deuxième rang auxd expositions précédentes où figuraient encore tous les facteurs sans exception. Les pianos droits à cordes obliques de M. Souffleto sont répandus dans toute la France, et ils ne cèdent en rien à ceux des facteurs admis au concours de 1849. Celui qui a concouru a été jugé digne, par le jury, de partager ex sequo le premier rang avec le piano de M. Kriegelstein.

En conséquence, le jury est d'avis que M. Souffleto, trois fois honoré de la médaille d'argent, est digne, à tous égards, de la médaille d'or qu'il lui décerne.
M. Marie GAIDON, jeune, fauborg Saint-Denis, n° 89, à Paris.

Les pianos droits et les pianos carrés de M. Gaidon jeune ont obtenu le deuxième rang dans leurs catégories respectives. Son piano carré est remarquable par la viguer des sons. SOn piano droit a soutenu, sans trop de désavantage, la lutte avec le n° 1, appartenant à M,. Wolfel, quoiqu'il fût beaucoup plus petit que ce dernier ; et, dans ce genre d'instruments où le peu de longueur des cordes de basses est un obstacle à leur sonorité, il y a beaucoup de mérite à obtenir un résultat aussi satisfaisant.

Tous les ouvrages de M . Gaidon sont remarquables par leur bonne exécution et le fini du travail. Ce facteur prote encore ses vues plus loin : il a présenté au jury le modèle d'un mécanisme ingénieux applicable aux pianos droits de toutes dimensions poour donner à leurs claviers les avantages du double échappement.

M. Gaidon jeune avait obtenu en 1844 une médaille d'argent : le jury, pour récompenser ses nouveaux efforts, lui décerne une nouvelle médaille d'argent.
Nouvelles
médailles
d'argent.
M. Sébastien MERCIER, Boulevard Bonne-Nouvelle, n° 31, à Paris.

La réputation des pianos obliques, petit format, de M. Mercier, s'est bien soutenue au concours. Le piano de ce facteur a été classé au quatrième rang.

M. Mercier a présenté au jury un piano exceptionnel, ayant deux tables d'harmonie reliées entre elles par une pièce qu'il appelle conducteur acoustique.

Le jury, prenant en considération les efforts de M. Mercier et ses relations à l'étranger, lui décerne une nouvelle médaille d'argent.
M. Henry HERZ, rue de la Victoire, n° 48, à Paris.

Depuis environ trois ans, le chef de cette maison voyage aux États-Unis d'Amérique. Son beau talent de pianiste lui permet de faire apprécier au delà de l'Atlantique les qualités des produits de sa fabrique de Paris, dont les exportations ont été assez importantes depuis la dernière exposition.

Les pianos à queue fabriqués par M. Henry Herz sont d'une construction particulière : le mécanisme repose sur le parquet du clavier, comme dans les pianos à queue ordinaire, mais le corps sonore, avec le plan des cordes qui y sont attachées , est renversé sur les marteaux.

Cette disposition, toute ingénieuse qu'elle est, n'a pas paru produire en résultat complet sous le rapport de la sonorité ; le son manque de force quoiqu'il soit harmonieux.

Parmi les instruments que cette maison a exposés, le grand piano à queue et le petit piano à queue ont mérité d'être classés au troisième rang, dans leurs catégories ; le piano droit à cordes obliques a été mis au sixième rang.

Le jury, prenant en considération le clasement des pianos à queue , grand et petit format, de la maison Herz au concours, lui décerne une médaille d'argent.
Médailles
d'argent.
Jean-Denis BORD, Boulevard Bonne-Nouvelle, n° 36, à Paris.

Le grand piano à queue de M. Bord a obtennu la quatrième rang dans sa catégorie. Le jury a remarqué la qualité brillante des sons de cet instrument. Ce facteur a été moins heureux pour son piano droit, qui a été mis au treizième rang.

M. Bord avait obtenu une médaille de bronze en 1844. Le jury, prenant en considération le rang de son piano à queue, lui décerne une médaille d'argent.
MM. Alexandre et Louis MULLIER, rue de Tracy, n° 5, à Paris.

L'établissement de MM. Mullier date de 1826 et produit annuellement de 80 à 100 pianos d'une bonne fabrication. Leur piano carré a obtenu au concours le quatrième rang et leur piano droit le dixième.

MM. Mullier avaient obtenu une médaille de bronze en 1844. Ces facteurs consciencieux méritent d'être récompensés ; en conséquence, le jury leur décerne la médaille d'argent.
M. NIEDERREITHER, rue du Faubourg-Poissonnière, n° 183, à Paris.

Le piano à queue, modèle ordinaire de ce facteur, a été remarqué pour le fini du travail et pour la qualité des sons , plutôt moelleux que brillants. Il a été classé le quatrième de son espèce.

La médaille de bronze avait été accordée à M. Niederreither en 1844 ; le jury lui décerne la médaille d'argent.
M. Claude MONTAL, passage Dauphine, n°36, à Paris.

M. Montal a exposé des pianos de tous les modèles. Son piano oblique a obtenu le septième rang au concours, et son piano droit le huitième ; de plus , M . Montal a soumis à l'examen du jury :

1° Un piano à queue d'une construction particulière. Comme dans quelques pianos de forme horizontal, exposés par d'autres facteurs, le corps sonore de l'instrument est renversé sur la mécanique, placée, comme à l'ordinaire, sur le parquet du clavier.

M. Montal, connaissant par expérience la difficulté de remettre les cordes sur les pianos de ce genre de construction, a imaginé de monter le corps sonore en équilibre sur deux pivots qui lui servent de centre de mouvement, et sur lesquels on peut le faire balancer pour le relever dans une position verticale. Ce moyen permet d'arriver librement au plan des cordes. Cette construction, toute ingénieuse et difficile qu'elle puisse être, n'a pas paru présenter au jury des résultats favorables sous le rapport de la sonorité.

2° M. Montal a presenté un piano droit de grande dimension, pouvant transposer d'un demi-ton dans les dessus, et de trois demi-tons dans les basses : la disposition de cette transposition a paru ingénieuse, en ce qu'elle n'affecte en rien la correspondance directe du clavier à la mécanique.

3° Un piano oblique, dont le corps sonore se développe derrière la caisse, au moyen d'une charnière, de la même manière que le clavier et la mécanique des anciens pianos obliques se développaient par devant.

Le jury a pensé que le défaut de stabilité que l'on a remarqué dans une application de ce principe devait nécessairement se reproduire dans un autre.

4° M. Montal introduit dans ses pianos droits un mécanisme de sa composition pour donner à ses claviers l'avantage du double échappement.

5° M. Montal, ainsi que plusieurs autres facteurs, fait usage dans ses pianos droits du système de contre-tirage métallique, appliqué derrière le fond ou châssis de l'instrument connu sous le nom de système Becquet.

Le jury, prenant en considération le rang qu'on obtenu les pianos ordinaires de M. Montal dans deux catégories, lui décerne la médaille d'argent.
M. Louis-Bastien ESLANGER, rue J.-J.-Rousseau, n° 19, à Paris.

M. Eslanger est un de nos facteurs les plus consciencieux ; il fabrique des pianos des différents genres, qui se distinguent par une excellent exécution. La facilité des claviers de ses pianos à cordes obliques est remarquable. Son piano droit à cordes verticales a été classé au troisième rang pour la bonne qualité des sons.

M. Eslanger avait mérité la médaille de bronze en 1844 ; le jury le croit digne d'une récompense plus élevée, et lui décerne la médaille d'argent.
Rappel
de médaille
d'argent.
M. SCHOEN, rue Basse-du-Rempart, n°46, à Paris.

M. Schoen avait exposé plusieurs pianos de différents genres ; le jury, voulant récompenser les efforts de cet artiste, lui accorde le rappel de la médaille d'argent qu'il avait obtenue en 1844.
Médaille
de bronze.
M. Louis-Hyppolite BEUNON, rue Blanche, n°72, à Paris.

Le piano de M. Beunon a été remarque; à l'exposition pour sa décoration en chene sculpté. Au concours, cet instrument a été mis au premier rang de la deuxième série des pianos obliques. Le jury, voulant récompenser l'heureux début de M. Beunon, lui accorde la médaille de bronze.
M. Alphonse BLONDEL, rue de l'Échiquîer, n° 41, à Paris.

M. Blondel expose pour la première fois ; ses pianos ont obtenu le troisième rang dans deux catégories.

Le jury, pour récompenser les efforts de M. BLondel, lui décerne la médaille de bronze.
M. Hermann VYGEN père, rue Neuve-Saint-Martin, n° 19, à Paris.

Le piano droit, grand modèle, de M. Hermann Vygen a été classé le deuxième ; il vient immédiatement après celui de M . Wolfel, du même genre.

Le jury accorde à M. Vygen la médaille de bronze.
Mme Ve Madelaine-Élisabeth RINALDINI, boulevard Saint-Denis, n° 13, à Paris.

L'établissement fondé par M. Rinaldini est digne d'encouragement ; les pianos qau'on y fabrique sont de bons instruments, et leur réputation s'est bien soutenue au concours. Le piano droit de Mme Rinaldini a été placé le troisième de cette catégorie.

M. Rinaldini avait eu une mention honorable en 1834 : le jury décerne à sa maison une médaille de bronze.
M. Martial-Étienne MONNIOT, rue Neuve-Saint-Roch, n° 34, à Paris.

M. Monniot a obtenue le troisième rang pour ses pianos demi-obliques. Il livre au commerce environ 60 pianos par an.

M. Monniot avait été mentionné honorablement en 1844 : le jury lui décerne la médaille de bronze.
M. HERCE et MAINÉ, boulevard Bonne-Nouvelle, n° 18, à Paris.

La fabrique de MM. Herce et Mainé livre 100 pianos par an au commerce. Leur piano droit, admis au concours, a été classé le cinquième de cette catégorie. L'ancienneté de l'établissement de MM. Herce et Mainé est ene garantie de la bonne confection de leurs ouvrages.

MM. Herce et Maine avaient été mentionnés honorablement en 1844 : le jury leur décerne la médaille de bronze.
MM. AUCHER et fils, rue de Bondy, n° 40, à Paris.

Le piano droit de MM. Aucher, placé au sixième rang au concourse à cause de sa jolie qualité de son dans le médium et les dessus, était en forme de secrétaire. MM. Aucher se sont livrés principalement à la fabrication de ce genre de pianos.

Le jury décerne la médaille de bronze à MM. Aucher.
M. Pierre SCHOLTUS, rue Bleue, n° 1, à Paris.

M. Scholtus a présenté au jury un modèle de barrage dans le genre de celui connu sous le nom de système Becquet, avec cette différence, toutefois, que M. Scholtus établit ses barres de résistance sur le principe du pendule, en intercalant un lame ou barre de cuivre entre deux autres en fer.

Le piano demi-oblique de M. Scholtus a été mis au huitième rang dans sa catégorie. Le jury, voulant récompenser les efforts de ce facteur, lui accorde la médaille de bronze.
M. Frédéric ELCKÉ, rue de l'Université, n° 151, à Paris.

Le piano droit de M. Elke, placé au 7e rang de cette catégorie, se faisait remarquer par sa construction particulière. Il est armé de barres de métal au-dessus du plan des cordes, d'après le système que nous avons signalé au commencement de ce rapport.

Le jury décerne la médaille de bronze à M. Elcké.
M. Jean-Baptiste GIBAUT, rue de la Chaussée-d'Antin, n° 58, à Paris.

L'établissement de M. Gibaut existe depuis plus de 20 ans. Son piano à cordes obliques de l'exposition a obtenu le 8e rang au concours.

M. Gibaut avait été mentionné honorablement en 1844. Le jury lui décerne la médaille de bronze.
M. SCHULTZ, à Marseille (Bouches-du-Rhône).

La fabrique de piano de M. Schültz est à Marseille, et ce facteur partage les avantages de cette position sur la Méditerranée avec la maison Boisselot. Son piano droit a été classé au 9e rang.

M. Schültz avait été mentionné honorablement en 1844 ; le jury, voulant récompenser ses efforts, lui décerne la médaille de bronze.
M. Charles-Louis FRANCHE, rue du Bac, n° 16, à Paris.

M. France a exposé deux pianos droits. L'un de ces instruments a été mis au 11e rang de cette catégorie.

Le jury lui décerne la médaille de bronze.
MM. MUSSARD frères, rue Barbette, n° 12, à Paris.

Leur piano droit a été classé le 12e de sa catégorie.

Le jury accorde la médaille de bronze à MM. Mussard.
M. ZIÉGLER, rue de Sèvres, n° 2, à Paris.

Le piano droit de ce facteur a été mis au 14e range de sa catégorie. M. Ziégler a presenté au jury un perfectionnement pour les centres des touches de clavier.

Le jury, voulant récompenser les efforts de ce facteur, lui décerne la médaille de bronze.
M. Antoine LIMONAIRE, rue Montongueil, nos 27 et 29, à Paris.

Le piano à queue de M. Limonaire, classé parmi les pianos exceptionnels, a fixe l'attention du jury. La disposition du mécanisme, auquel les étouffoirs sont attacés de manière à ne faire qu'un ensemble, a paru nouvelle et ingénieuse.

Le jury, voulant récompenser les efforts de ce facteur, lui décerne la médaille de bronze.
M. KOSKA, rue du Faubourg-Poissonnière, n° 92, à Paris.

Le jury accorde à M. Koska le rappel de la médaille de bronze qu'il avait obtenue en 1839.
Rappels
de médaille
de bronze.
M. MERMET, rue Hauteville, n° 52, à Paris.

Le jury accorde à M. Mermet le rappel de sa médaille de bronze qu'il avait obtenue en 1844.
M. HESSELBEIN, rue Vivienne, n° 23, à Paris.

Le jury accorde à M. Hesselbein le rappel de la médaille de bronze qu'il avait obtenue en 1844.
Rappel
de mention
honorable.
M. ROGEZ, rue Jacob, n° 31, à Paris.

Le jury accorde à M. Rogez le rappel de la mention honorable qu'il avait obtenue en 1839.
Mentions
honorables.
M. VAN-GILS, rue du Bac, nos 64 et 68, à Paris.

A présenté au jury un piano dont la mécanique est garnie en caoutchouc, au lieu d'étoffes de laine, comme cela se protique ordinairement. M. Van-Gils a même imaginé de remplacer les ressorts en métal par des ressorts en caoutchouc.

Le jury, tout en applaudissant aux ingénieux efforts de M. Van-Gils, doit laisser au temps à constater l'utilité de cette innovation.

Le jury lui accorde une mention honorable.
M. VAN-OVERBERGH, à Barignolles (Seine).

A présenté au jury un piano à deux tables sur lesquelles les cordes de basse se croisent avec celles du reste de l'instrument. Entre les deux tables, se trouve le barrage en fer de la caissee, établi avec beaucoup de solidité.

Le jury accorde à M. Van-Overbergh une mention honorable.
M. Jean-Pierre BONIFAS, à Montpellier (Hérault),

A présenté au jury un piano droit auquel il a applique le barrage métallique.

Le jury accorde à M. Bonifas une mention honorable.
M. LABORDE, rue du Faubourg-du-Temple, n° 50, à Paris,

A exposé un piano droit avec un nouvel appareil pour remplacer les anciennes chevilles à accorder, qu'il nomme constant accord. Les avantages de cette innovation ne peuvent être appréciés qu'avec le temps.

Le jury décerne à M. Laborde une mention honorable.
M. PAPELARD, à Montmartre (Seine),

A exposé un petit instrument à clavier où les cordes sont remplacées par des lames d'acier ou cordes plates. L'essai de M. Papelard s'est borné à une octave ou deux dans les dessus ; les sons en ont paru harmonieux.

Le jury décerne une mention honorable à M. Papelard.
M. GUERBER, passage des Panoramas, n° 10, à Paris,

A obtenu du jury, pour ses pianos de différents genres, une citation favorable.
Citation
favorable.
M. VERANY, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

Le jury le cite favorablement pour sa fabrique de pianos.
M. THIBOUT et Cie, rue du Faubourg-Montmartre, n°21, à Paris.

Le jury cite favorablement M. Thibout et Cie.
M. LEVACHER D'URCLÉ, rue Notre-Dame-de-Lorette, n° 18, à Paris.

Le jury cite favorablement M. Levacher, pour un instrument de son invention composé pour faciliter l'étude du piano. Cet instrument est approuvé et mis en usage par des professeurs du Conservatoire.

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