EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1862

A LONDRES.

SECTION FRANC,AISE.


CATALOGUE OFFICIEL

[1665]

KRIEGELSTEIN, facteur de pianos de S. M. l'Empereur, fournissur du mobilier de la Couronne, rue Lafitte, 53, à Paris.
   Établi depuis 1831 et récompensé à toutes les Expositions nationales et universelle en France, il débuta à l'Exposition de 1834 par la médaille d'argent ; en 1839, il obtint une nouvelle médaille d'argent ; en 1844, la médaille d'or ; en 1849, un rappel de la susdite médaille d'or, et la médaille de première classe à l'Exposition universelle, en 1855.
   Au concours de cette dernière Exposition, ses instruments figurèrent avec succès et furent parmi les premiers. En parlant des pianos système oblique, le Jury, dans son rapport, s'exprime ainsi (page 1357 du Rapport du Jury international) : «Le Jury en a distingué un dont l'élévation n'était que de 1m,07, et dont le sont était brillant, clair et sympathique. M. Kriegelstein, un des meilleurs facteurs de Paris, est l'auteur de ce joli instrument.»
   Tous les instruments de sa maison se font remarquer non-seulement par leur force et leur belle qualité de son, mais aussi par la supériorité de leur mécanisme à répétition dont il est l'inventeur, et pour lequel il a été breveté ; mécanisme dont le rapport du Jury, en parlant du double échappement, dit encore (page 1359 du Rapport du Jury international) : «Celui de M. Kriegelstein est ingénieux ; il reprend la note à moitié de l'enfoncement de la touche.» La combinaison simple de ce mécanisme offre, en même temps, une grande solidité et une longue durée.
   C'est à ses longs travaux et à ses recherches que ce facteur doit le rang distigué qu'il occupe dans son industrie.


[1678]

MONTAL, facteur de pianos , boulevard Bonne-Nouvele, 32, à Paris.
   C'est une gloire pour beaucoup d'industriels d'invoquer et de rappeler sans cesse l'ancienneté de leur maison ; c'en est une plus grand pour M. Montal d'avoir fondé la sienne et de n'être redevable de ses succès qu'à lui-même.
   Préparé des études sérieuses ayant porté sur les sciences exactes, la musique, sur l'accordage des piano et l'examen comparatif des différentes factures, tant françaises qu'étrangères, M. Montal, s'établit, en 1830, dans un modeste atelier, sans autres ressources que la conscience de ses forces et de son intelligence, jointe à une incessante activité.
   Un Traité de l'accordage des pianos le fait conntaître à l'Exposition de 1834. A celle de 1839, il se fait remarquer par un piano combiné avec un orgue expressif, à clavier unique isolant ou réunissant à volonte le jeu des deux instruments.
   En 1844, M. Montal obtient au concours le titre de facteur de l'institution des jeunes aveugles de Paris. A l'Exposition de 1844, il figure avec des pianos de tous formats, munis d'un système breveté de mécanisme à double échappement, et obtient une médaille de bronze.
   En 1846, il reçoit : 1° une médaille d'argent, de l'Athénée des arts ; 2° une médaille d'argent, de la Société libre des beaux-arts ; 3° une médaille de platine, de la Société d'encouragement (nouveau système de transposition ; divers mécanisme à double et simple échappement, etc.) ; 4° une médaille d'or, de la même Société (nouveau système de contre-tirage ; chevalets et table d'harmonie perfectionnés, etc.).
   L'année d'après, il remporte la médaille d'or à l'Académie de l'industrie.
   En 1849, M. Montal présenté à l'Exposition de magnifiques pianos droits et un piano à demi-queue, à table renversée, avec de nouveaux mécanismes et des perfectionnements importants ; il obtient une médaille d'argent.
   En 1851, il ajoute à ses précédentes inventions sa pédale d'expression, si appréciée des artistes, et fait figurer à l'Exposition universelle de Londres quatre pianos droits. La prize-medal lui est décernée, et, de retout en France, il reçoit la croix de la Légion d'honneur de la main même de l'Empereur.
   En 1853 et 1854, il reçoit le titre de fournisseur breveté de S. M. l'Empereur et Imprératrice des Français et celui de fournisseur de S. M. l'Empereur de Brésil.
   A l'Exposition universelle de Paris, en 1855, M. Montal présente neuf pianos à queue, demi-queue et droits, et obtient la médaille de 1re classe.
   En 1856, il reçoit de Sa Majesté le roi de Hanovre, acquéreur d'un piano ayant figuré à l'Exposition de Londres, la médaille d'or dite médaille de mérite.
   En 1859, M. Montal obtient, à l'Exposition de Bordeaux, le Diplôme d'honneur, la plus haute récompense de cette Exposition.
   Telles sont les phases de la carrière industrielle et artistique de M. Montal, carrière marquée par d'incessants progrès, par des travaux et des succès nombreux, par six brevets importants, représentant une facture propre et originale, et par douze médailles et récompenses de toute sorte.
   M. Montal présente aujourd'hui à l'Exposition de Londres universelle, tant dans la XVIe classe que dans les sections de l'Algérie et des colonies, quatre pianos renfermant les inventions et les perfectionnements de sa fabrication, et dont nous allons donner une description sommaire :
   1° Grand piano à queue, en palissandre, avec filets et moutures en cuivre doré, dans lequel il convient de remarquer principalement : un sillet en cuivre perfectionné pour les dessus ; un perfectionnementde la mécanique ayant pour résultat de rendre le clavier plus léger et plus docile, de faciliter la répétition des notes, et d'augmenter la puissance du coup de marteau, tout en empêchant le contre-coup, qui produit un effet si désagréable sous le doigt de l'artiste. Ce piano renferme de plus la pédale d'expression, et une pédale d'accrochement pour soutenir les sons a volonté.
   2° Piano droit, en ébène mouchetée, avec moulures et bronzes dorés. Ce piano, construit sur un nouveau plan, est à cordes obliques en éventail, avec division plus large dans la basse qeu dans les dessus ; il présente comme notables perfectionnements : un système de contre-tirage avec chappes en fer, ayant pour résultat de maintenir les sommiers et de prolonger la duréé de l'accord ; un mécanique transpositeur. Il contient, en outre, avec la pédale de forté, la pédale d'expression, la pédale d'accrochement et la pédale-jalousie.
   3° Piano droit, en thuya d'Algérei, à cordes obliques en éventail ; nouveau modèle décoratif avec marqueterie et incrustations en métal blanc. Mêmes perfectionnements que ci-dessus.
   4° Piano droit, en ébène verte de la Guiadeloupe, avec frises en bois de rose et filets en cuivre, style Louis XV. Mécanisme transpositeur et pédale d'expression.
   Les inventions et les perfectionnements appliqués dans ces instruments et énumerés ci-dessus sont consagrés par l'expérience et appréciés par les artistes les plus éminents.
   M. Montal est aujourd'hui placé au premier range dand la facture française.
   Disons, en terminant, qu'il est aveugle, et que, le premier, il a ouvert aux aveugles de tous les pays une carrière nouvelle et fructueuse, celle de l'accordage des pianos.


[1689]

HENRY HERZ. Manufacture de pianos et salle de concerts, rue de la Victoire, 46, à Paris.
   Cet artiste , dont la célèbrité est répandue dans le monde entier, ne s'est pas borné à cultiver l'art seul, il a voulu que l'industriee qui s'y rattache profitât de ses études spéciales : aussi ses instruments ont-ils obtenu la grande médaille d'honneur à l'Exposition universelle de 1855. L'impression produite sur le jury, à l'audition de ces instruments, est constatée dans l'extrait du rapport officiel qui suit : «A l'audition des grands pianos exposés, faite dans la salle des concerts du Conservatoire, un de ces instruments frappa le Jury d'étonnement et fixa particulièrement son attention.
Plusieurs épreuves de comparaison furent faites, et toujours la même instrument emporta les suffrages unanimes du Jury. Il portait le n° 9.
   «Dans la séance suivante, consacrée à l'examen et à l'audition des pianos à queue de petit format, un instrument de cette espèce se distingua aussi des autres, sous le rapport de la sonorité, par une supérioré incontestable. Le résultat des diverses épreuves auxquelles ce piano fut soumis lui conserva toujours le premier rang, à l'unanimité des votes du Jury. Il portait ne n° 28.
   Enfin, dans la séance du 17 août, pendant laquelle les pianos demi-obliques de diverses dimensions furent entendus et examinés, les deux instruments numérotés 30 et 40 obtinrent, à l'unanimité des suffrages, la première et la cinquième place dans la première série, sur 73 pianos de cette espèce.
   A l'ouverture des listes qui suivit le concours, on reconnut que les quatre pianos dont il vient d'être parlé sortaient des ateliers de M. Herz. En présence d'un si beau succès, le Jury, dans sa séance du 31 août, a accordé, à l'unanimité, à cete artiste industriel, le premier rang du concours, sous le rapport du volume et de la qualité du son.»


BLANCHET fils (de l'ancienne maison Roller et Blanchet fils), facteur de l'Empereur, due d'Hauteville, 26, à Paris.

   La fondation de cette maison remonte à 1750 ; elle est due à Pascal Taskin, garde des instruments de la musique du roi Louis XV.
   Pendant plus d'un siècle, elle jouit, à juste tire, d'une haute réputation, et obtient successivement toutes les récompenses réservées à l'industrie musicale.
   La médaille d'or fut décernée à l'Exposition de 1844.
   La croix de la Légion d'honneur fut accordée à Roller, alors associé de Blanchet fils et inventeur du piano droit.
   La prize-medal fut le prix de la supérité de cette manufacture à l'Exposition universelle de Londres, en 1851.
   Blanchet fils, ancien élève de l'École polytechnique, arrière-petit-fils de Pascal Taskin, héritier de plusieurs générations de facteurs, persévéra dans la carrière de ses pères ; il appliqua le fruit de ses études scientifiques à son industrie, et les nombreux perfectionnements qu'il t apporta lui valurent une distinction hors ligne à l'Exposition universelle de Paris, en 1855 : il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur.
   Les qualités qui distinguerent les instuments de Blanchet dils sont la puissance et le charme du son, la docilité du clavier, la solidité de la construction, qualités qi répondent aux exigences complexes de l'art du pianiste et qui constituent le véritable piano d'art.
   Ces résultats sont dus à de sérieuses études sur les tables d'harmonie, à de nombreuses expériences sur la force et l'élasticité des cordes et à d'ingénieuses innovations apportées dans le mécanisme.
   Enfin la précision avec laquelle ces pianos sont contstruits permet de leur appliquer le procédé de la transposition, au moyen duquel on peut instantément les changer de ton par un simple tour de clef.
   Indépendamment de ces avantages, les pianos de Blanchet fils réunissent deux qualités essentielles, celle de pouvoir être réglés par la main la moins exercée et celle de ne subit auxune altération, quel que soit le climat oùF ils sont placés.
   Nul doute que l'Exposition universelle de Londres ne donne une fois de plus l'occasion de ratifier la haute supériorité de la maison Blanchet fils, à laquelle on doit la création du piano droit et l'impulsion imprimée à l'art lui-même par la facilité des moyens de le cultiver.


PLEYEL, WOLFF et Cie, facteurs de pianos, rue Rochechouart, 22, à Paris. Dépôt et location, rue de Richelieu, 95. - Atelier de construction, rue des Récollets. - Chantier et scieries, rue des Portes-Blanches, à Paris (Montmartre).


F. WÖLFEL, facteur de pianos, 27, rue des Martyrs, à Paris.
   M. F. Wölfel a fonde son établissement en 1834 ; ses connaissances scientifiques et pratiques lui ont permis de donner à ses pianos une supériorité incontestée. A l'Exposition nationale de 1839, le Jury lui décerna une médaille d'argent ; à celle de 1844, une médaille d'or ; à l'Exposition de 1849, la médaille d'or lui a été rappelée.


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