Steve Bauer |
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10 juillet 1990
Cantin, Philippe
Le Tour de France s'animera aujourd'hui avec la tenue de la première étape alpestre. Les coureurs quitteront Genève en direction de Saint-Gervais-Mont-Blanc, le royaune de Charly Mottet.
Mottet, le petit coureur de l'équipe RMO, est un as de la montagne. Comme tous les grimpeurs, il accuse un retard important sur Steve Bauer. «Je retrouverai ma région et le soleil, a lancé Mottet, hier. Alors je me sens très bien.»
Pour Bauer, il s'agit d'un test majeur. Il devra se méfier de Raul Alcala (retard de 7min19s); Greg LeMond (10min09s); Gianni Bugno (11min24s); Pedro Delgado (11min49s) et Mottet (12min26s).
La plupart des coéquipiers de Bauer chez 7-Eleven ne sont pas des rois de l'ascension. «Ce sera à Steve de pédaler», dit Sean Yates, un vétéran des grands tours. «Tout dépendra de ses jambes. Nous, on ne peut pas faire grand-chose pour lui...»
SOS à Hampsten
Heureusement, Bauer peut compter sur un coéquipier fort dans les montées : l'Américain Andy Hampstem, le leader théorique de la formation. A son palmarès, Hampsten revendique une victoire dans le Giro (Tour d'Italie) et deux dans le Tour de Suisse.
«Toute la saison, Steve et moi avons fonctionné de la même façon, explique Hampsten. Celui qui se sentait le mieux était le leader. Dans le dernier Tour de Suisse, c'était moi. Là, c'est Steve. Je suis très heureux d'avoir la chance de l'aider dans la montagne. Ce qu'il accomplit est extraordinaire. Toute l'équipe est très excitée par ses performances.»
Hampsten a un visage d'ange. La douceur de ses traits camoufle la solidité de l'athlète. Discret, il répond aux questions avec un petit sourire en coin et ne s'attarde jamais auprès d'un journaliste.
«Je peux aider Steve de plusieurs façons dans la montagne, dit-il. S'il est en forme et grimpe bien, je pourrai influencer positivement sa course.»
Bauer aura besoin de toute l'aide qui lui sera offerte. «Je pense avoir des alliés dans la montagne, dit-il. Si des gars comme Alcala et Mottet décident d'attaquer, Delgado et LeMond ne prendront pas le risque de les laisser partir. Alors j'irai avec eux et ça m'aidera.»
Bauer ne prendra pas l'initiative de la course dans les deux prochains jours. Les retards des grimpeurs sur son premier rang sont importants et il peut observer leur comportement. Mais une seule mauvaise journée pourrait lui coûter très cher.
S'il n'est pas au sommet de sa forme, Bauer peut perdre plusieurs minutes dans la montagne. Pour conserver son maillot jaune, il devra se battre mieux que jamais.
«Les coureurs sont nerveux avant d'aborder les Alpes, avoue LeMond. Moi aussi.»
Hampsten, en fin de semaine dernière, jugeait bonnes les chances de Bauer de rester en jaune. «Il est plus calme à chaque jour et demeure plein d'énergie. Les favoris sont embarrassés parce qu'ils lui ont laissé une avance de dix minutes dès la première étape. C'est pour ça qu'ils essaient de minimiser ses chances en disant que la montagne lui fera mal.»
Si Bauer tient le coup aujourd'hui et demain, tous les espoirs sont permis.
une page mise en ligne le 16 mars 2000 par