Yannick Cojan |
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1 août 1994
Il gagne la course Québec-Montréal pour la deuxième fois en trois ans
Mathias Brunet
Yannick Cojan avait l'air soucieux hier matin à Québec, quelques minutes avant le départ de la course Québec-Montréal, la plus longue compétition cycliste au monde che les amateurs. Favori de l'épreuve, Cojan l'était. Mais son récent burn-out, duquel il se remet lentement, le rendait moins confiant. «Je ne sais trop à quoi m'attendre. C'est long 250 kilomètres. Mon retour à l'action est ardu. Ces temps-ci, je suis en forme une journée sur quatorze. Souhaitons que ce soit la bonne.»
C'était la bonne ...
Cojan a attaqué, s'est accroché, a grimacé, a sué mais quelle victoire ! Après une échappée à neuf coureurs longue d'environ 150 kilomètres, le jeune cycliste âgé de 24 ans, des Espoirs Laval, a battu au sprint d'arrivée Fabien Bergeron, Daniel Belleville, François Villemure et Matthew Crockham, en après-midi à Montréal-Nord, à la grande joie des nombreux spectateurs, massée devant le restaurant Corneli, l'établissement de l'organisateur de l'événement, Frédérico Corneli.
Le Montréalais Cojan, dont c'était la deuxième victoire en trois ans à cette classique, est arrivé au fil exalté, mais exténué. Il a eu un moment de faiblesse après la remise des prix. «L'épreuve a été dure, très dure, a dit Cojan. Je me sens étourdi, je vois embrouillé, le coeur me lève. Mais la victoire ne nuira pas à mon moral. Je tiens à remercier mes coéquipiers.»
Une course au parcours généralement plat, sans difficultés majeures, si ce n'est la distance, la chaleur et le vent qui soufflait de face. Plusieurs ont chuté, une trentaine ont abandonné.
Crookham, de Toronto-Italia, Belleville, de Seldane Radiomutuel, Bergeron, de Poliquin CHOI-FM, Sébastien Pilotte, de Sainte-Foy, et deux autres coureurs se sont échappés au 40e kilomètre. Ils ont été rejoint une soixantaine de kilomètres plus loin par Cojan, Villemure, de Seldane et Dominic Faure, de Charlebourg. Le groupe a maintenu une avance d'à peine plus d'une minute sur le peloton de chasse tout au long de la course mais il n'a jamais été rattrapé. «Le peloton n'arrivait pas à s'entendre et nous étions tous pas mal crevés», a admis un des chasseurs, John Malois, du club Montérégie. Au sprint, tous attendaient Cojan, l'un des meilleurs au pays dans le domaine avec Gordon Fraser.
Sans rien enlever à Cojan, plusieurs bons coureurs manquaient à l'appel hier. Jacques Landry et Steve Rover, partis en Europe. Gordon Fraser, maintenant chez les pros. Czeslaw Luckaszewicz, Matt Annan, Peter Wedge et Eric Wohlberg, retenus dans l'Ouest par l'équipe canadienne, une décision qui a beaucoup fait jaser ici.
1 août 1994
Mathias Brunet
Le sourire de Yannick Cojan hier à l'arrivée de la course Québec-Montréal, valait mille mots. Enfin un baume sur ses plaies, après un an de guigne. Blessures, maladie de son paternel, burn-out, tout y est passé. En mai, Cajan, l'un des plus talentueux cycliste au Canada, se croyait même fini pour la saison.
Septembre 1993. Ce coureur des Espoirs Laval chute lors d'une course en Bretagne, il s'ouvre le coude. Deux semaines plus tard, autre malheur, l'alimentation en sang s'effectue mal dans sa jambe. Rétrécissement de l'artère iliaque. Il passe sous le bistouri, en Europe. Quatre mois d'inactivité. À son retour, il met les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu. Erreur. Il abandonne le Tour de Normandie, termine le Tour Franco-belge à quatre pattes et abandonne le Tour des régions italiennes.
En mai, il atteint le fond du baril. «J'étais complètement brûlé, dit Cojan. Monter des escaliers pour accéder au deuxième étage m'épuisait. Je m'entraînais avec un cyclo-touriste, j'avais de la difficulté à le suivre à 22 kilomètres à l'heure. Une fois, je roulais avec mon entraîneur. Il m'a dit monte cette pente à bloc. J'étais à fond, mon coach me suivait à côté ... Il m'a lancé : tu ne vaux même pas un coureur de niveau quatre. Repose toi pour le reste de la saison.»
Il a effectué un retour discret en juin. Pendant que les meilleurs participaient au Grand Prix de Beauce et au Tour du Saguenay-Lac-Saint-jean, il prenait part à des courses de petite envergure à Montréal. Le coeur gros, mais avec la rage de revenir. Sa victoire d'hier nous a rappelé le Cojan des beaux jours ...
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