Pierre Harvey aux Jeux olympiques de Los Angeles

6 août 1984

Réjean Tremblay

Los Angeles
«Finies les folies, je retourne au ski pour de bon. Je voulais absolument tenter l'expérience de participer aux Jeux d'hiver et d'été, dans la même année, mais c'est dans le ski que je me sens le plus à l'aise. Ce sont les Jeux de Calgary que je vise maintenant.»

Pierre Harvey a terminé sa carrière de cycliste sur une note aigre douce. Aigre parce que son équipe a été décevante lors du 100 kilomètres contre-la-montre par équipe en terminant 14e en 2h 09m 44s alors qu'on visait un temps d'au plus 2h 04m. Douce parce qu'il a été de loin l'équipier le plus efficace au cours de la course, tirant ses trois compagnons beaucoup plus souvent qu'à son tour.

C'est une équipe italienne qui a raflé l'or avec un temps incroyablement rapide de 1h 58m 28s, plus de trois minutes d'avance sur les médaillés d'argent, une équipe suisse. Les États-Unis ont mérité le bronze.

«Que veux-tu que je te dise ? Ils avaient le compteur bloqué comme on dit, ils étaient coincés dans une de ces journées où il n'y a rien qui va. Moi je roulais facilement, même que je me demandais comment il se faisait qu'on ne tirait pas plus. Quand je prenais la tête pour faire mes 25 coups de pédales, je devais me ménager pour ne pas les lâcher. Pendant les 50 derniers kilomètres, je pédalais souvent 50 ou même 60 coups sans forcer et ils avaient de la peine à suivre» d'expliquer Harvey après la course.

«C'est dommage que Robert Pulford, Alain Masson et Martin Willoch aient connu ces problèmes puisque nous étions fort bien entraînés. A Ste. Catherine nous avons réussi 2h 04 m aux qualifications et nous pensions mieux réussir ici. Surtout que nous travaillons avec un psychologue pour nous aider dans la préparation mentale. Nous étions juste bien nerveux mais ça ne voulait pas avancer».

Pierre Harvey aura passé un mois de sa vie en 1984 dans un village olympique. A Igman aux Jeux de Sarajevo et dans le bout de Mission Viejo aux Jeux de Los Angeles.

Il a dit adieu au cyclisme hier après-midi, étendu par terre au milieu du campus universitaire Southern California : «J'ai bien aimé renouer avec le cyclisme surtout que j'avais déjà participé aux Jeux de Montréal. Je craignais un peu de nuire à l'équipe, de voler la place d'un autre Canadien mais je réalise aujourd'hui que c'était loin d'être le cas».

Pierre entre à Montréal aujourd'hui et recommence à travailler à l'usine Vachon de Sainte-Marie de Beauce comme ingénieur en mécanique. Il participera aux Championnats canadiens de cyclisme de la fin de semaine prochaine pour rembourser un peu de sa dette de reconnaissance à la fédération de cyclisme et ensuite se concentrersur sa carrière de skieur de fond de calibre international.

«Ca fait déjà quatre ans que je suis dans les vingt premiers. Je suis tanné. Je sais que c'est mon attitude que je dois changer, que je dois apprendre à réagir en gagnant, à suivre l'exemple de Gaétan Boucher pour enfin gagner des courses. Je le sais mais le faire, c'est une autre paire de manches. Ça demeure mon objectif, apprendre à gagner, devenir un vrai gagnant.»

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