John Malois

14 août 1991

Le jeune cycliste conserve son titre à Lachine

François Béliveau

Toute la gomme. John Malois y est allé à fond de train. Il était chez lui. C'était sa course. Celle d'hier, celle de toute la saison à Lachine, celle des deux dernières années le mardi.

Dans la foule bigarrée, décorée de pancartes, plusieurs dédiées au jeune champion de 20 ans, il y avait son père Raymond qui sautillait, sa mère qui pleurait parfois. Malois était de toutes les attaques de cette dernière de dix étapes et il a ainsi gagné les cinq sprints avant de conquérir pour la deuxième année de suite les Mardis cyclistes Miko de Lachine. Champion sur toute la ligne, monarque incontesté. Rien ne lui résistait. Il aurait pu gagner mollo, sans risquer. Mais il était une bête déchaînée.

Plus encore, menant presque de bout en bout, ou tirant le peloton, ou animant les avant-postes, Malois a aussi inscrit le meilleur chrono de la saison à Lachine, 49 min 28 sec, ce qui a fait crier encore plus fort au micro le président-promoteur-organisateur-gérant de cette épreuve de 14 ans, Joseph «Tino» Rossi, qui a débouché du mousseux pour en arroser ses coureurs.

Au son d'un orchestre genre anciennes tombolas, devant des chaudrons bouillant le blé d'inde gratuit, la course s'est vite déroulée et Malois est entré les bras en l'air, devançant John Harris, du Toronto Italia, son coéquipier Yvan Dion du club Médico-Sportif et le junior François Villemure du CKMF-Sprite.

Avant les cérémonies protocolaires qui ont duré aussi longtemps que l'épreuve, le torontois Harris a tenu à remercier publiquement la foule enthousiaste et l'organisateur pour l'ambiance gros village des Mardis de Lachine.

Dissension ? Départ ?
«J'étais nerveux. Je ne voulais pas laisser de chance à personne», a pour sa part raconté le gagnant. «J'ai travaillé plus fort que d'habitude.»

Il n'a pas eu le temps d'en dire davantage, assailli par tous ses admirateurs. La cycliste Anne Sant, entre autres, brandissait la pancarte : «T'es mon idole».

Mais ce «forcing» de Malois cache quelque chose. Son père a parlé de dissension dans l'équipe Médico-Sportif, ce qui n'est pas nouveau quand un leader veut s'affirmer. Son coéquipier Michel Nepveu a mentionné des rumeurs d'offres mirobolantes pour Malois, la saison prochaine, avec d'autres clubs.

Yvan Dion, le 2e de la saison avec 277 points, 55 de moins que le gagnant, restera avec son club. Villemure, 270 points, avait pour sa part une bonne avance sur le 4e, Nepveu, 187 points.

Chez les cadets, victoire de Brian Forget, du club Le Suroît (19 min 58, chrono record de la saison), devant Alexandre Laberge et Ghislain Larose, des Espoirs Laval, Eric Jacques, de Repentigny et Jean-Michel Fahey du Vélo-Excel. Ce dernier a remporté le combiné de la saison devant Forget et Larose. Le champion cadet de l'an dernier, Guillaume Koszegi, s'est classé 9e chez les juniors et séniors, hier, pour les couleurs de CKMF.

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