Eddy Merckx |
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Cet article de M. Réal Labbé a été publié par
dans le cadre du concours
tenu en décembre 1999, visant à identifier les 100 athlètes ayant le plus marqué le 20e siècle.
Réal Labbé
RLabbe@lesoleil.com
Août 1974. Le "cannibale" arrive à Montréal avec l'équipe belge pour participer aux Championnats du monde de cyclisme. Après sa première visite au circuit routier du mont Royal, une boucle de 12,5 kilomètres, dont l'imposante côte pour grimper au sommet du mont, que les coureurs devront franchir 21 fois, Eddy Merckx a déclaré tout simplement que "c'est de l'assassinat".
Celui que l'on considère être le meilleur coureur cycliste de tous les temps est revenu sur les lieux du "crime" en juin dernier. Invité du magazine Vélo Mag et du Tour de l'Île pour participer à une cérémonie de balisage du circuit cycliste du mont Royal, Merckx s'est gentiment prêté à une entrevue.
Impressionnant, le palmarès du cycliste belge. Plus de 500 victoires en carrière depuis qu'il a commencé à faire de la compétition amateur en 1964 alors qu'il avait remporté le Championnat du monde de cette catégorie. L'année suivante, il passe dans les rangs professionnels et en 13 ans de carrière, il va chercher 425 victoires. Cinq fois, il a remporté le Tour de France (1969, 1970, 1971, 1972, 1974), cinq fois aussi il termine en tête du Giro (Tour d'Italie); il compte sept victoires de l'épreuve Milan-San Remo; trois dans la classique Paris-Roubaix et trois titres de champion du monde.
Ce n'est pas compliqué, il remportait toutes les courses et dans le peloton, on l'appelait le "Cannibale", tout simplement parce qu'il ne laissait rien aux autres. Comme ce fut le cas lors de sa seule visite à Montréal comme coureur. Le peloton de cette course sur route des Championnats du monde de 1974 comprend des noms prestigieux comme Patrick Sercu, Freddy Maertens, Felice Gimondi, Bernard Thévenet et Raymond Poulidor. "J'étais fatigué, mentionne-t-il, parce que c'était une très grosse année pour moi alors que j'avais, entre autres, remporté le Tour d'Italie et le Tour de France et voilà que j'arrivais aux Championnats du monde. Je me souviens très bien de ce fameux parcours et il n'a pas changé, il est toujours aussi difficile. Et surtout je me disais qu'il fallait faire la boucle 21 fois."
S'il s'en rappelle! Après la cérémonie officielle, lors du tour prévu pour les cyclistes, Eddy Merckx a suivi en voiture. À tout moment, il s'approchait d'un participant pour lui donner quelques conseils sur la façon d'utiliser les braquets. Le Belge avait finalement réussi à arracher la victoire à Poulidor dans cette compétition. "Je me souviens encore beaucoup de l'arrivée et surtout comment c'était une grande joie pour moi d'ajouter un autre titre de champion du monde."
"Mon plus beau souvenir reste ma première victoire au Tour de France. C'est toujours comme ça, difficile d'oublier un premier triomphe dans une compétition d'une telle envergure. Mais j'ai vraiment apprécié chacune de mes victoires, elles avaient toutes quelque chose de spécial."
Né en banlieue de Bruxelles, rien ne destinait Eddy Merckx au cyclisme. Aucun modèle dans sa famille pour suivre ses traces.
"Le vélo était une passion pour moi et dès mon jeune âge, je rêvais d'être coureur cycliste. Quand j'ai remporté mon premier Tour de France, c'était vraiment la réalisation du rêve." Un rêve qui s'est terminé en 1978 quand il a pris sa retraite. Pas question de demi-mesure pour le roi de la route, il ne revient pas sur sa décision.
Toutefois la relève est assurée par le fils, Axel. "Je n'ai jamais poussé sur mon fils pour qu'il devienne lui aussi un coureur. Dans son cas c'est également la passion du cyclisme qui l'a mené à faire de la compétition et il fait aujourd'hui partie de l'équipe Maipei. Je ne crois pas que le nom de Merckx lui mette trop de pression. Je ne suis pas du genre à le talonner continuellement. Je sais ce dont il est capable de faire et si je peux lui glisser un conseil de temps à autre, je suis bien content de l'aider."
Les six-jours
Pour remplir la saison morte, le quintuple vainqueur du Tour de France se lançait dans les épreuves de Six Jours, très populaires en Europe à une certaine époque. Pendant six jours et six nuits, par équipes de deux coureurs, les cyclistes tournaient sur une piste intérieure, dormant dans des petites cabines au centre de la piste, se lançant ensuite dans des chasses endiablées. Tout un spectacle.
"J'ai participé à 34 courses de Six Jours et j'ai remporté 17 victoires dont 15 avec Patrick Sercu. C'est une activité qui me permettait de rester en bonne condition physique et c'était également bon pour l'argent. J'avais également fait les adieux de Rick van Steenbergen, en 1966, à Bruxelles. Il était définitivement le roi des Six Jours.
"C'était une très bonne école pour le cyclisme, car tu apprenais vraiment comment te comporter en vélo dans la circulation et tu devenais habile. Ce qui était utile lorsque l'on roulait en peloton dans les courses sur route. La tendance actuelle favorise moins ce genre de courses qui sont toutefois encore populaires en Allemagne."
Aujourd'hui âgé de 54 ans, Eddy Merckx possède une compagnie de fabrication de vélos. "J'ai mon usine au nord de Bruxelles et j'emploie une vingtaine de personnes. Nous faisons toute la fabrication, sauf le chromage." Il n'était revenu qu'une fois au Canada depuis sa victoire de 1974. C'était lors de Rendez-Vous 1987 alors qu'il avait été invité par les organisateurs. "J'avais eu l'occasion de rencontrer plusieurs autres athlètes célèbres dans le monde, j'avais bien aimé mon séjour."
Le mot de la fin? "Si j'avais à nouveau 16 ans, je recommencerais ma carrière tout de suite."
une page mise à jour le 15 décembre 1999 par SVP