Eddy Merckx athlète du siècle en Belgique |
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Eddy Merckx le 15 décembre 2000
Sportif du siècle |
Stéphane Thirion
Un intense bonheur. Une émotion impossible à contenir. Eddy l'a vécue avec intensité, persuadé, jusque-là, d'avoir palpé toutes les gratitudes de l'existence. Chacun savait, à commencer par lui, qu'il serait élu Sportif du siècle. Lorsqu'il fut appelé sur scène pour recevoir son prix, le Bruxellois accomplit une démarche effectuée à maintes reprises jusque-là.
Les premiers applaudissements, nourris, en appelaient d'autres et lorsque le public se leva pour accorder à ce cycliste d'exception une « standing ovation » certes plus feutrée que celle de la Grand Place de Bruxelles, le père d'Axel et de Sabrina, l'époux de Claudine Acou ne put retenir ses larmes de joie, d'émotion.
A 55 ans, Eddy a donc écrit une nouvelle page essentielle du sport belge car chacun se souviendra, plus tard, de cette intense communion entre admirateurs et le sportif, entre ce gratin d'athlètes et l'homme le plus représentatif d'entre eux.
L'assemblée était pourtant essentiellement composée de sportifs « olympiques ». Pas d'autres cyclistes ni de footballeurs (à l'exception de Leo Clijsters venu représenter sa fille ).
Eddy Merckx n'a jamais remporté de médaille aux Jeux mais comment le trophée du Sportif du siècle aurait-il pu lui échapper ? Certains, comme Gaston Roelants sont pourtant encore convaincus que le premier sport olympique est au-dessus du lot. Il se contenta d'un « Pas de commentaire » lorsqu'on lui demanda de s'exprimer à propos de la victoire d'Eddy...
Ce fut la seule «bavure» de la soirée mais, heureusement, elle fut réservée à une minorité, dans un coin de la salle de réception.
Serrant son petit-fils Lucas dans ses bras, Eddy avait encore les larmes aux yeux au moment de satisfaire aux exigences de la presse.
C'est un grand moment dans ma vie, je ne peux pas le cacher. Certes, ce prix est symbolique et il est logique pour tout le monde depuis longtemps. Mon plaisir est pourtant intense. Après le discours de Frank Baudoncq (NDLR : un texte somptueux écrit et, surtout, merveilleusement conté par notre ancien confrère de la RTBF), mon émotion était déjà énorme. Lorsque le public s'est levé, je n'ai pu cacher mon bonheur. Etre reconnu par tous, c'est fabuleux. Sportif du siècle, ce n'est pas un titre comme un autre. Je ne saurai jamais, de mon vivant, qui me succédera en 2100.
Eddy, est entré au panthéon du sport belge pour l'éternité. Qui en aurait douté, sinon Gaston Roelants ?
Un duo qui suscitait le rêve
Commentaire : Stéphane Thirion
Qui d'entre nous n'a pas un jour, une heure, une minute penché un tympan vers le transistor du salon pour écouter Luc relatant les exploits d'Eddy ? Personne, dans la génération de celles et ceux qui ont eu le bonheur d'égayer leurs après-midi et soirées au contact impalpable de ces deux monuments du siècle sportif belge.
Car sur ce plan-là, Luc est l'égal d'Eddy. Un journaliste hors du commun qui eut l'immense privilège de partager et de faire partager à ses auditeurs la majeure partie du patrimoine sportif belge d'après-deuxième guerre mondiale, lui qui naquit, précisément, à l'aube de la première, en 1914. Varenne et Merckx formaient un tandem, comme si le premier avait été son entraîneur, son confident, son talisman humain. Comme si l'un ne pouvait exister sans l'autre dans une relation siamoise. Ils stoppèrent d'ailleurs leur carrière à deux ans d'intervalle, laissant chacun quantité d'orphelins... du mythe.
Mythe d'une communion entre l'émotion pure et la traduction de cette émotion. Quel compatriote pourrait refuser à Merckx le titre de sportif du siècle ? Personne, sauf des esprits chagrins persuadés que le cyclisme est un sport de dupe et de dope. Les événements d'aujourd'hui et de demain persuaderont peut-être ceux-là qu'ils ne se sont pas trompés. Les autres, en revanche, périront avec la satisfaction d'avoir vu, vécu, vibré, pleuré et ri au rythme des coups de pédale de cet ogre du bitume surchauffé de Mourenx ou enneigé de Lavaredo. Les générations passent mais Eddy Merckx recueille chez les plus jeunes une adoration presque semblable alors qu'ils ne l'ont jamais vu courir. Est-ce cela, un mythe ? Certainement. L'explication est plus rationnelle. Eddy, le coureur, est resté l'homme qu'il était et sera. Accessible, serviable, généreux. S'il avait été sportif de haut niveau, aujourd'hui, il n'aurait sans doute pas eu l'occasion de supporter son aura avec la même simplicité.
Car, finalement, il nous manque. Le panache et la générosité sont désormais des termes surannés dans la matière sportive. Le dopage, épée de Damoclès, en est en partie responsable. L'absence de talent aussi. Mais ce qui nous manque certainement le plus, c'est la part de rêve que Luc Varenne pouvait transmettre par les ondes. Lui, et lui seul, assis sur sa moto derrière le grand Eddy pouvait nous conter le moindre de ses faits et gestes. Chacun était suspendu aux pulsations des deux hommes. Or, ne vénère-t-on pas davantage quelqu'un ou quelque chose dans la représentation imagée de celui-ci ? Luc Varenne fut, à ce sujet, le champion incontesté de l'image... radiophonique. L'orateur du siècle.
Eddy Merckx appartient désormais au patrimoine universel de l'effort humain. L'inimitable Antoine Blondin généra cette phrase désormais inscrite dans le... patrimoine de Merckx lui-même au lendemain de sa victoire à l'issue de l'étape Luchon - Mourenx, en 1969, sans doute l'année la plus marquante du champion bruxellois. Il s'envola, par la grâce d'une échappée que l'on jugerait aujourd'hui « suicidaire » vers un succès en solitaire d'anthologie. Difficile, impossible même d'énumérer tous les exploits. C'est pourquoi nous avons laissé Luc et Eddy en choisir quelques-uns, ainsi que quelques anecdotes désormais légendaires.
L'étape de Lavaredo (Giro 1968) au cours de laquelle je grignote les neuf minutes de retard que je concédais sur un groupe d'échappés appartient au même registre, rappelle Eddy. Je marchais du tonnerre. Les conditions climatiques étaient épouvantables. Il neigeait, il gelait, cela avait attaqué toute la journée. J'ai certainement pris conscience de mes possibilités ce jour-là, même si c'est après ma première victoire à Milan - San Remo que je me suis dit : « Je suis quelqu'un dans le vélo. »
« Defferre déclara que, de son vivant, le Tour ne ferait plus jamais étape à Marseille »
Un Giro auquel n'assista pas Luc Varenne. En Belgique, on prit définitivement conscience du talent du Bruxellois lors du Tour 1969, son plus grand.
Au Ballon d'Alsace, il signa sa première démonstration. Je râlais, car je ne parvenais pas à obtenir la ligne. Or, j'étais devenu, et j'en suis fier, le témoin privilégié des exploits d'Eddy. Je bénéficiais de moyens techniques considérables, à cette époque, en radio, pour que les auditeurs de manquent rien. Quand Eddy éternuait, je le disais sur antenne. J'ai participé à sa gloire avec ma passion, avec mon cœur et c'est peut-être pour cela que les gens m'aimaient bien. Dans ma profession, j'ai rarement rencontré un seigneur de cette catégorie. Un cycliste que l'on fait baron, c'est tout de même exceptionnel, non ?
Lavaredo, Mourenx et, bien sûr, Mexico, en 1972, pour le fameux record de l'heure. Parler d'un homme qui tourne sur une piste pendant une heure sans discontinuer, cela apparaît invraisemblable et pourtant, j'en garde une émotion intense. C'était fabuleux, poursuit Luc.
C'est sans doute le plus gros effort, dans son intensité, que j'ai dû produire, affirme Eddy. Beaucoup ont dit, à l'époque, que ce record m'avait coûté deux années parce que c'était trop dur. Je ne suis pas de cet avis. J'aurais peut-être dû arrêter un an plus tôt, c'est vrai. Mais on se croit parfois invulnérable. En 1975, par exemple, j'aurais dû abandonner le Tour après ma chute de Valloire (double fracture du maxillaire). Mais j'étais deuxième du classement. Je ne pouvais pas. Et c'est durant ce Tour que j'ai essuyé une grosse déception, peut-être la plus grande de ma carrière lors de ma défaillance dans Pra Loup. J'étais sous médicaments, des calmants, qui ont provoqué des coups de pompe. Avec le coup de poing du Puy-de-Dôme, c'est le souvenir le plus sinistre que je conserve du Tour.
Malade, Eddy le fut, comme beaucoup de coureurs au cours d'une si longue épreuve. Luc Varenne se souvient, ainsi : C'était à Orcières, Eddy n'était pas bien. Au départ, il m'a demandé de ne pas le quitter. Je l'encourageais, je le tenais au courant des écarts, mais je mentais. Quand il avait cinq minutes de retard, c'était huit dans la réalité. Le lendemain, c'était jour de repos. Eddy allait mieux et il en profita pour se ressourcer.
Le surlendemain, ce fut la fameuse étape arrivant à Marseille avec près de deux heures d'avance sur l'horaire le plus rapide. Une étape de fous, rappelle Eddy. Les leaders voulaient faire exploser le peloton et, ce jour-là, le travail de mon équipe fut fabuleux. A l'arrivée, les Marseillais étaient fâchés car certains étaient au bistrot et il n'y avait pratiquement personne. Le maire, Gaston Defferre, avait d'ailleurs déclaré que de son vivant, le Tour ne reviendrait plus jamais dans sa ville.
Luc Varenne est l'un des seuls journalistes encore en vie à avoir eu le privilège d'assister aux grands exploits du sport belge et du sport en général. Des combats de boxe de Delannoit contre Cerdan en passant par la fabuleuse épopée de l'équipe belge de Coupe Davis avec Washer et Brichant, par les rencontres de Coupe d'Europe d'Anderlecht, du Standard, de Bruges, les matchs de l'équipe nationale et bien évidemment les courses cyclistes, il s'est ému, fâché, amusé sur quantité d'événements. Son travail était d'autant plus apprécié et attendu que la télévision connaissait ses premiers balbutiements. Mais, comme il l'indique ailleurs, l'arrivée de Merckx a changé sa vie. Eddy fut son bonheur, sa raison d'être dans une carrière, elle aussi, d'exception. (…)
Eddy est le seul personnage, en Belgique, que personne n'oserait critiquer. Dans le monde entier, il est un phare éclairant l'histoire du sport universel.
A propos de sportif du siècle, Luc Varenne n'hésite pas une seconde. Derrière Merckx, il classe le duo Washer - Brichant et Delannoit. Eddy, lui, a choisi deux autres cyclistes. Les deux Rik, Van Steenbergen et Van Looy, méritent sans aucun doute de figurer dans le top 3. Il ne s'agit pas de défendre à tout prix le cyclisme, mais ma carrière a peut-être étouffé, aujourd'hui, le fabuleux palmarès de ces deux champions exceptionnels. Aucun coureur actuel ne pourrait présenter une telle carte de visite. Je regrette d'ailleurs, cette année, l'absence des cyclistes dans les récompenses attribuées pour l'an 2000. Tchmil, Museeuw et... Axel ont été proprement oubliés parmi les distinctions, mais cela a souvent été le cas avec le vélo. Ce n'est pas parce que je l'ai pratiqué, mais je maintiens qu'il s'agit du sport le plus difficile avec la boxe; 35.000 kilomètres par an, une centaine de courses dans des conditions climatiques qui changent en permanence : le cycliste est le sportif le plus exposé aux souffrances, aux défaillances, aux maladies. Il change chaque jour d'hôtel et il a forcément davantage besoin de soins qu'un autre. Un organisme normalement constitué n'est pas fait pour grimper quatre cols par jour. Il a donc besoin d'un suivi médical. Aujourd'hui, cette belle expression est assimilée au dopage.
Un grand champion peut aussi amener un sujet brûlant sur un plateau sans lui en avoir fait la demande
« On va bientôt légaliser le cannabis mais on hurle au scandale quand un cycliste a pris un spray pour soigner un rhume »
Ne comptez pas sur moi pour prendre la défense de l'un ou de l'autre. Je suis encore le vélo de très près. Je ne suis pas un vétéran en matière de programmes d'entraînement. En revanche, je suis scandalisé par l'attitude générale à l'égard du cyclisme. On passe des publicités à télévision pour du Guronsan afin d'aider les étudiants en blocus, on va bientôt légaliser le cannabis, mais on hurle au scandale quand un cycliste a pris un spray pour soigner son rhume.
Eddy Merckx est aussi hors de prix en matière d'humilité, de classe, de loyauté. Il répète souvent, à propos de son talent, qu'il est impossible de comparer les époques et qu'il refuse, ainsi, de prétendre qu'il était le meilleur coureur de la planète.
Quand j'ai été champion du monde amateur à Sallanches, mon titre est passé inaperçu, ou presque, car, aujourd'hui encore, on ne fait pas une montagne du titre arc-en-ciel amateur. Tous ne réussissent pas, ensuite, leur carrière professionnelle. La différence se situe au niveau de la volonté. Moi, je voulais gagner ma vie grâce au vélo. J'aurais aimé être coureur aujourd'hui, pas seulement parce que le cyclisme rétribue mieux qu'avant mais aussi parce que les machines, les progrès médicaux, l'amélioration des routes et j'en passe ont contribué à moderniser ce sport. Malheureusement, il reste vulnérable, comme en témoignent les affaires de dopage.
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Yves SIMON
Né le 17 juin 1945 à... 11 h 45, Eddy Merckx est sans doute «sorti plus vite que les autres du ventre maternel», comme le souligne notre confrère Olivier Dazat, pour développer une telle obsession de la victoire. Disputer près de 2000 courses et en remporter presque le tiers, il faut encore beaucoup de recul pour réaliser la véritable portée de cet exploit.
Depuis son premier succès à Petit-Enghien (1er octobre 1961) à l'annonce de son retrait après la course de Kemzeke (17 mai 1978), Merckx démontra que derrière la toute dernière limite de l'effort, il y a encore une marge terrible de douleur; qu'après une victoire, il n'y a pas l'après-victoire, mais bien l'avant-victoire, celle de la suivante; que pour aimer les autres et pour s'aimer soi-même, il fallait d'abord savoir souffrir, s'ouvrir le cœur et s'offrir entièrement à son idéal...
Quand l'effort ressemble à la facilité, quand la souffrance semble plaisir, quand la défaite engendre la victoire, c'est que vous avez atteint le sommet de votre art, mystérieuse dialectique entre le bien et le mal.
C'est sans doute dans cette étrange aisance à pouvoir jouer au funambule sur la corde raide de l'extrême qu'Eddy Merckx déchaîna les passions. Un énorme soutien populaire qui se répandit bien au-delà des frontières de notre petit pays, un mythe qui reste bien présent encore dans toutes les consciences. Mais qui dit passion, dit aussi haine. Comme celle qui poussa un spectateur fou à lui asséner un coup de poing dans le ventre lors de l'ascension du Puy-Dôme au Tour de France 1975. Ce sera le coup de trop et bientôt le coup d'arrêt de la légende. Si Merckx n'a plus ses jambes de vingt ans, il n'en a pas moins gardé sa farouche envie de réussite. C'est avec cette mentalité battue par le fer qu'il se lança dans sa reconvertion et on peut maintenant l'affirmer, c'est une nouvelle victoire pour le grand Eddy. Peut-être la plus belle car, au départ, la plus hypothétique.
Le Merckx d'hier et d'aujourd'hui est inconstestablement le sportif belge du siècle: 55 ans d'une incroyable volonté de vaincre, de réussir, de vivre à fond sa vie, toujours plus vite que les autres...
Eddy Merckx, installé à jamais sur des hauteurs inaccessibles, a pulvérisé les statistiques, cannibalisé le cyclisme. En 13 ans de carrière, 525 victoires. Et dire que le coureur le plus titré du cyclisme faillit être recalé avant même son premier titre mondial, chez les amateurs, en 1964. Par la faute d'un souffle au coeur qu'un médecin de la RLVB avait diagnostiqué chez le jeune Eddy, lequel s'était converti au cyclisme en regardant la retransmission télévisée des JO de Rome 1960.
Les exploits ? Ils se comptent par dizaines, souvent gratuits, par les conditions météo les plus diverses. Car le «Cannibale» paraissait indifférent au froid et à la chaleur, inarrêtable en toutes circonstances, irrésistible sur tous les terrains en dépit d'un gabarit relavivement lourd (75 kg pour 1,83 m).
Ce fils d'épicier de Woluwe Saint-Pierre a gagné toutes les courses importantes, hormis Paris-Tours et Bordeaux-Paris. Le Tour de France ? Il le remporte à cinq reprises, la première fois en 1969 après un raid mémorable de 140 kilomètres dans les Pyrénées, pour ajouter à son prestige. Le Tour d'Italie ? Il s'impose là encore par cinq fois et regrette encore d'avoir perdu l'édition 1969 à cause d'un contrôle positif qui alla jusqu'à provoquer une tension diplomatique entre l'Italie et la Belgique.
Quand il s'attaque au record de l'heure, à la fin de la saison 1992, il vient de dominer les classiques (Milan-San Remo, Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, Tour de Lombardie) et les grands tours (Giro-Tour de France). Fatigué ? Saturé ? Merckx ignore ces mots communs. A Mexico, il porte le record à 49,431 kilomètres. «Jamais, je ne recommencerai», conclut-il à sa descente de vélo.
A des qualités physiques extraordinaires, il sut allier une force morale exceptionnelle qui lui permit notamment de surmonter le drame de Blois et l'accident mortel de son entraîneur en 1969. Enfin, entre autres joyaux, Merckx a gagné sept Milan-San Remo, la classique qui était censée être la plus... imprévisible.
- Né le 17 juin 1945 à Meensel-Kiezegem, fils de Jules Merckx et de Jenny Pittomvils.
- 4 ans : il reçoit son premier vélo (à gros pneu), mais sa passion n'est pas encore au goût du jour. Il s'essayera d'abord au basket-ball, au tennis et au football (en minimes au Racing White). Ce n'est que vers 12 ans que le petit Merckx montre de plus en plus d'attrait pour le cyclisme, il est alors fan de Stan Ockers.
- 16 ans : Merckx dispute ses premières courses officielles avec une première victoire le 1er octobre 1961 à Petit-Enghien.
- 17 ans : il arrête définitivement ses études après les vacances de Pâques et remporte, le 15 juillet 1962, le championnat de Belgique des débutants à Libramont !
- 18 ans : première année chez les amateurs avec 28 victoires (dont le Tour du Limbourg) sur 72 courses disputées. Merckx continue son apprentissage sagement, il n'a pas encore couru à l'étranger.
- 19 ans : c'est le déclic, avec sa victoire au championnat du monde amateurs à Sallanches, le 5 septembre 1964. Un mondial qu'il avait pourtant failli rater, Oscar Daemers (sélectionneur national) ne l'ayant pas, dans un premier temps, retenu. Ce n'est que sous l'insistance de la mère d'Eddy et après un nouvel examen médical (on avait soi-disant décelé des problèmes de cœur...) que l'enfant prodige sera repris. On ne mesura sans dout jamais toute l'importance de cet instinct maternel !
- 20 ans : il signe en avril son premier contrat professionnel avec l'équipe Solo où il apprend à côtoyer l'Empereur d'Herentals, Rik Van Looy. C'est le 24 avril 1965 qu'il se lance dans sa première course «pro». Il dispute ainsi la Flèche Walonne et découvre l'énorme fossé qui le sépare des «vieux pros». Il abandonne épuisé et assez impressionné par le niveau, il renonce d'ailleurs à s'aligner à Liège-Bastogne-Liège. C'est le 11 mai à Vilvorde qu'il remporte son premier succès chez les pros en battant Emile Daems au sprint. Le 1er août, il termine 2e du championnat de Belgique (encore à Vilvorde), battu par Walter Godefroot.
- 21 ans : nouvelle équipe (Peugeot) et première de ses sept victoires à Milan-Sanremo, le 20 mars 1966. Mais ce sera la seule grande victoire de la saison, Merckx constatant qu'il lui manque encore pas mal d'expérience pour contrer certains vieux roublards...
- 22 ans : l'apprentissage d'Eddy Merckx est rapide puisqu'il réussit une première razzia sur les courses d'un jour: Milan-Sanremo, Gand-Wevelgem, la Flèche Wallonne et surtout, il remporte son premier titre mondial chez les professionnels, le 3 septembre 1967 à Heerlen. C'est aussi la découverte du premier grand Tour à l'étranger. Il termine, cette année-là, 9e au général du Giro (deux victoires d'étape) et prend conscience qu'il a de réels capacités pour ce genre d'épreuve... Le 5 décembre, il unit sa destinée avec Claudine Acou
- 23 ans : Merckx change d'équipe et passe chez Faema où il découvre l'école italienne. C'est là qu'il apprend vraiment à faire son métier en véritable professionnel avec une préparation et une alimentation beaucoup mieux adaptées à son programme de courses. Le 19 janvier 1968, il participe ainsi à son tout premier camp d'entraînement à Reggio di Calabria. Il se révèle ainsi comme un véritable coureur de Tours puisqu'il remporte son premier Giro, cinq jours avant son anniversaire. Dans la foulée, il gagne les Tours de Sardaigne, de Catalogne, de Romandie et son premier Paris-Roubaix.
- 24 ans : 1969 est l'année de toutes les émotions pour Eddy Merckx et ses supporters. C'est d'abord et surtout l'année de sa première participation au Tour de France et de son premier succès (avec six victoires d'étape et le classement final des grimpeurs)! Mais trois semaines auparavant, il avait été déclaré positif et déclassé au Giro (à Savone). «C'est la plus grande injustice de ma carrière, je suis victime d'un complot», n'a-t-il cessé de clamer. Le 9 septembre, la poisse continue avec une terrible chute sur la piste de Blois qui le blesse au dos. Merckx ne s'en remettra jamais et à chaque souffrance dans les cols, il maudira cette triste journée.
- 25 ans : le mythe Eddy Merckx est en route au grand dam de Felice Gimondi, il réussit son premier doublé Giro-Tour de France (avec 8 victoires d'étapes et le maillot du meilleur grimpeur) et remporte aussi ce qui sera son dernier titre de champion de Belgique ainsi que Paris-Roubaix et la Flèche Wallonne. Et pourtant, Merckx se plaint toujours de son dos. Les victoires faciles, ça n'existe plus pour lui.
- 26 ans : Merckx passe chez Molteni et réussit une véritable razzia en remportant partiquement la moitié des courses auxquelles il participe! Il remporte entre-autres Paris-Nice, Milan-Sanremo, son premier Het Volk, Liège-Bastogne-Liège et son 3e Tour de France marqué par le tragique épisode du col de Mente et la chute de Luis Ocaña. Le 5 septembre 1971, il remporte son 2e titre mondial à Mendrisio. C'est pourtant l'année de la douleur pour Merckx qui se décide enfin à traiter sérieusement ses problèmes de dos et de bassin.
- 27 ans : c'est évidemment l'année du fabuleux record de l'heure à Mexico (le 25 ocotbre 1972) après pourtant s'être fracturé une vertèbre en début de saison, lors d'une chute à Paris-Nice. Heureusement sans trop de conséquences, puisqu'il remporte son 4e Tour de France consécutif et son 3e Giro. L'incroyable appétit du «Cannibale» commence à irriter, l'année suivante, Merckx décidera de ne pas prendre le départ de la Grande Boucle. La famille s'agrandit, le 18 août Claudine Merckx a en effet donné un fils à Eddy, Axel.
- 28 ans : Merckx chamboule son programme, pour la toute première fois, il fait l'impasse sur Milan-Sanremo et sur le Tour de France et s'aligne à la Vuelta qu'il remporte avant le Giro. Le 2 septembre 1973, il perd le championnat du monde à Montjuich à cause d'une mésentente avec Freddy Maertens, il ne lui pardonnera jamais...
- 29 ans : bien qu'il réussisse un nouveau doublé Giro (au cours duquel il rencontre le Pape Pie VI) - Tour de France (il rejoint ainsi le record des 5 succès d'Anquetil), c'est le début de la fin pour Merckx. Il ne remporte aucune classique mais réussit cependant à enlever son 3e titre mondial à Montréal.
- 30 ans : Merckx fait le plein durant le printemps avec les victoires à Milan-Sanremo, le Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège et l'Amstel, cependant dans les Tours, le champion est usé. Le coup de poing qu'il rammasse dans la terrible étape du Puy-de-Dôme et une fracture de la mâchoire lui seront fatals, il n'y aura pas de 6e victoire au Tour, ni au Giro.
- 31 ans : Merckx sort d'une mononucléose, mais remporte néanmoins son 7e Milan-Sanremo. Ce n'est qu'un feu de paille car son organisme n'en peut plus. Les échecs deviennent plus fréquents que les succès...
- 32 ans : c'est la fin de sa longue collaboration avec Molteni (6 ans). Merckx passe chez Fiat avec pour seule grande victoire le Tour Méditerranéen. Au Tour de France (qui sera son dernier), il est victime d'une intoxication alimentaire à Fribourg, il terminera 6e.
- 33 ans : c'est la fin pour Merckx qui a même eu du mal à trouver un sponsor (C&A). Le 19 avril 1978, il dispute le Cicuit du Pays de Waes à Kemzeke, ce sera sa dernière course. Le 18 mai, il annonce officiellement son retrait.
- 35 ans : Merckx achète une ancienne ferme à Meise et crée sa propre usine de vélo, le début du nouvelle aventure...
une page mise en ligne le 16 décembre 2000 par SVP