Julie Cournoyer |
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4 juin 2000
Rêve olympique, mais succès paralympiques
Jean-François Tardif
Comme tous les athlètes de son calibre, Alexandre Cloutier a rapidement caressé le rêve de se retrouver aux Jeux olympiques. Il ne se doutait cependant jamais qu'il gagnerait sa première médaille sur la scène internationale lors des paralympiques, le rendez-vous de l'élite mondiale des sports pour handicapés.
"Une expérience incroyable, a expliqué le médaillé d'or lors de l'épreuve sur route en tandem mixte, où il faisait équipe avec Julie Cournoyer. J'ai vécu des choses que je n'aurais pu vivre autrement. Et en quelque part, les paralympiques furent pour moi un tremplin sur la scène internationale. Sans cette participation, je n'aurais jamais eu la chance de compétitionner aussi rapidement au niveau mondial."
C'est par hasard qu'il s'est retrouvé aux paralympiques d'Atlanta en 1996. La Fédération de cyclisme avait mis sur pied un projet afin d'y envoyer des équipes. Une fois formées, celles-ci ont dû réussir des standards afin de se qualifier pour le rendez-vous mondial. Les formations ayant passé leur test avec succès ont pu prendre part aux paralympiques, même si elles n'avaient pas compétitionné aux championnats du monde deux ans plus tôt.
"Les cyclistes voyants recherchés étaient des athlètes qui n'avaient pas encore mérité une place dans l'équipe nationale, mais qui étaient près d'y arriver. Je cadrais très bien avec le type de cycliste recherché."
Pas de chicane
C'est avec Stéphane Côté que Cloutier a participé à ses premières compétitions à Atlanta. Le duo a fait trois épreuves (10e,12e et 13e places). Puis sans préparation aucune, Cloutier a décidé de faire équipe avec Julie Cournoyer pour la dernière course, une épreuve mixte. On connaît la suite...
"Les choses ont tout de suite cliqué entre Julie et moi. C'est comme si on avait toujours fait équipe. Et notre médaille d'or n'a fait qu'accentuer ce sentiment. C'est ce qui nous a incités à demeurer ensemble et à nous concentrer uniquement pour les épreuves mixtes. Deux ans après les jeux, nous sommes allés aux championnats du monde au Colorado. Nous avons ensuite gagné l'argent du contre-la-montre et le bronze de l'épreuve sur route."
Le cyclisme étant un sport individuel, le fait de compétitionner en tandem demande à la base une bonne capacité d'adaptation pour un coureur voyant. Mais là ne s'arrêtent pas là les conditions préalables.
"Il faut beaucoup de patience. Et il faut être conciliant. Quand je suis avec Julie, je ne dois pas uniquement diriger le vélo. Je dois aussi lui parler sans cesse afin de l'informer de ce qui s'en vient. Quand il y a une bosse, je dois l'avertir pour qu'elle puisse se préparer. C'est aussi à moi que revient la responsabilité de lui dire quoi faire. Ainsi, c'est moi qui décide quand elle peut boire ou manger. C'est comme cela que l'on évite que notre coéquipier se ravitaille au mauvais moment. Comme lorsque l'on s'apprête à prendre une courbe, par exemple.
"De telles situations créent parfois des tensions. C'est pour cette raison que nous sommes suivis par un psychologue. Sauf que Julie et moi, on ne se chicane jamais. Et quand vient le temps de rencontrer le psy, on ne sait jamais quoi lui dire."
Séparés par plus de 250 km (Julie réside à Sherbrooke et Cloutier à Sainte-Foy), le meilleur tandem mixte des Jeux d'Atlanta n'a que très rarement l'occasion de s'entraîner. Pendant que Cloutier roule de son côté, Julie a sept ou huit partenaires avec lesquels elle fait de longues randonnées afin de garder la forme. "Heureusement, on prend part à des camps d'entraînement ensemble. Et on se parle au téléphone à toutes les semaines."
Le tandem sera des paralympiques de Sydney en octobre. Il s'agira de leur dernière compétition ensemble. "On vise au minimum un podium."
une page mise à jour le 3 septembre 2002 par SVP