Julie Cournoyer |
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14 octobre 2000
Pas question de mettre la pédale douce à Sydney pour la cycliste sherbrookoise
Sonia Bolduc
L'expression peut paraître malvenue, mais Julie Cournoyer n'a pas froid aux yeux! Atteinte d'une maladie dégénérative de la vue, la jeune femme ne perçoit plus que la lumière, les contrastes et quelques couleurs. Mais elle ne veut rien manquer de ce qui l'entoure, veut faire tout ce qui lui chante et prend les moyens pour y arriver.
C'est ainsi qu'elle est devenue quadruple médaillée en cyclisme des Jeux paralympiques d'Atlanta en 1996. Après quatre mois d'entraînement sur tandem avec Guylaine Larouche, le duo féminin rafle l'or sur route, l'argent en poursuite et le bronze au kilomètre sur piste. Comme si ce n'était pas suffisant, on forme sur place des paires mixtes à la dernière minute, et Julie monte de nouveau sur la plus haute marche du podium, cette fois avec Alex Cloutier sur route.
Au retour d'Atlanta, Guylaine a décidé de prendre sa retraite, rappelle la Sherbrookoise d'adoption. Alors Alex et moi avons conclu de poursuivre l'entraînement en vue des Jeux de Sydney. On s'entraîne chacun de notre côté, lui à Québec et moi à Sherbrooke, et on se retrouve lors des compétitions et qualifications auxquelles nous participons. La complicité et la communication naturelle que nous avions tout de suite développées à Atlanta compensent pour l'entraînement séparé.
En région, Julie n'a aucun problème à se dénicher un pilote pour chacun de ses entraînements sur route ou sur piste. Membre du Club cycliste de Sherbrooke, elle s'y est vite fait de bons amis qui se relaient pour prendre la tête du tandem et permettre à leur athlète local de se taper plusieurs kilomètres sur roues par semaine.
Privilégiée
Je me sens privilégiée d'être aussi bien entourée ici, précise la jeune femme originaire de Longueuil. C'est plus facile à Sherbrooke d'établir les contacts, d'obtenir de l'aide et de savourer une vie sociale que ça ne l'est à Montréal. Et c'est une belle ville où je me sens de plus en plus chez moi.
Son implication auprès de l'Association des personnes handicapées visuelles et son travail de coordonnatrice à l'Association québécoise des droits des retraités lui apportent par ailleurs l'équilibre nécessaire à sa vie. Elle veut bien être une athlète, mais désire aussi savourer pleinement tous les aspects de sa vie. Son goût de la vie, c'est d'ailleurs ce qui l'avait amenée à Sherbrooke en 1990, pour y décrocher son baccalauréat et sa maîtrise en service social.
J'ai toujours voulu me réaliser de tous les côtés, explique-t-elle. Et le sport, mes parents m'y ont initiée dès mon jeune âge, en dépit de mon handicap. Du patin au ski de fond, en passant par la natation, que je pratique toujours d'ailleurs, en plus du ski alpin. Ça me détend! Et j'ai toujours eu l'esprit de compétition, mais c'est le vélo qui m'a permis de le développer pleinement. Et de la compétition, elle sait qu'Alex et elle en auront encore davantage à Sydney qu'à Atlanta. Les Espagnols, les Italiens et les Biélorusses leur promettent une chaude lutte dans toutes les disciplines, mais le duo est confiant.
Il va nous falloir encore maintenir un excellent contact sur le tandem, commente Julie Cournoyer. Mais Alex est un véritable maître qui prend bien le contrôle de la course. Il m'indique bien les tours, les montées, les attaques. Et de mon côté, je perçois très bien les mouvements des compétiteurs. De plus, nous avons déjà eu l'occasion d'essayer le circuit sur route là-bas à Sydney, alors j'ai pu le mémoriser un peu. Pour le reste, il nous faut pédaler fort et intelligemment.
Peu importe les résultats de ces Jeux, Julie et son pilote Alex prendront au retour des routes différentes. Alex Cloutier se concentrera en effet désormais à une carrière en solo, alors que Julie Cournoyer prendra un temps de réflexion avant de décider si elle poursuivra ou non sa carrière en tandem.
une page mise à jour le 3 septembre 2002 par SVP