Annie Gariépy

VÉLO MAG Automne 1999


photo : Serge Desrosiers

Pierre Hamel

Organiser une grande course par étapes au Québec était déjà un exploit en soi. Rassembler un peloton féminin de fort calibre relevait d'une certaine folie. Cette année, Jean Lessard et son clan ont été récompensés par les filles du peloton. Annie Gariépy et Lyne Bessette ont offert une saprée belle course.

Ce Grand Prix est parti sur les chapeaux de roue. Au 20e kilomètre de la première étape, le peloton a été secoué. Une dizaine de kilomètres plus loin, un quatuor mené par la Québécoise Annie Gariépy a profité des belles routes sinueuses de la région pour prendre la poudre d'escampette. À la fin, Andrea Ratkovic, la gagnante et Dede Demet, la coéquipière de Lyne Bessette, puis Annie Gariépy, franchissaient la ligne d'arrivée avec plus de deux minutes d'avance sur le peloton principal où l'on retrouvait Lyne Bessette.

Ce jour-là, personne - y compris la grande Bessette - ne croyait qu'Annie Gariépy allait poursuivre sur sa lancée. Pourtant, dès la deuxième étape, une autre échappée, avec à son bord Bessette, Linda Jackson, Mélanie Dorion et Sarah Ulmes, deux coéquipières de la toujours présente Gariépy, ont foncé vers Lac-Brome sous l'impulsion de l'équipe Elita et d'une Annie Gariépy littéralement survoltée. Bilan : une victoire pour Bessette et un maillot or (emblème de la leader au classement général) pour Gariépy. Très sereine, celle-ci a confié : « Si je réussis à maintenir un écart d'une quarantaine de secondes sur Lyne, je pense être capable de tenir jusqu'au bout. »

Et rebelote le lendemain à l'étape reine de ce Grand Prix qui se terminait par une longue ascension de 8 km vers Val-Sutton. Bessette remporte sa deuxième victoire d'étape, mais l'histoire du jour, c'est la formidable leçon de cyclisme donnée par l'équipe Elita à un peloton un peu médusé. Bien appuyée par ses coéquipières, Mélanie Dorion et Cybil Di Guistini, Annie Gariépy a résisté à toutes les accélérations de Lyne Bessette. « Je n'ai jamais paniqué », a expliqué la vedette du jour, qui a terminé à 10 s de la grande blonde. « Je l'avais toujours en point de mire et je montais à mon rythme. » Bessette, elle, ne cachait pas sa déception. « Je suis contente de ma victoire d'étape mais je pensais reprendre beaucoup plus de temps à Annie. Ça va être difficile de la rejoindre. »

Elle avait bien raison puisqu'Annie Gariépy et son équipe ont cadenassé le peloton le reste de la semaine. Même au contre-la-montre individuel, gagné encore une fois par Lyne Bessette dans un temps canon (vitesse moyenne de 44 km/h), Annie Gariépy s'est littéralement vidée - en temps normal, ce n'est vraiment pas son activité préférée - et n'a finalement concédé que 63 s à sa grande rivale. Mieux, elle a devancé Linda Jackson, l'une des grandes dames de cette discipline à l'échelle mondiale.

Une semaine de rêve pour celle qui avait la réputation d'être limitée sur la route, surtout lorsque celle-ci monte.

NOTES
En déclarant forfait, Geneviève Jeanson en a attristé plus d'un. Imaginez le combat de coqs auquel on aurait assisté. Le passage du peloton féminin et de la caravane, sous l'oeil amusé des douaniers américains (poste frontière de Richford) et de plusieurs spectateurs, était un maudit beau flash. Et comme dirait Pierre Foglia, peut-on, en terminant, féliciter le paysage ?


une page revisée le 5 décembre 1999 par

SVP

Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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