par Philip Pullela
ROME - Marco Pantani, ancien vainqueur du Tour de France et du Giro, grimpeur d'exception, a été retrouvé mort samedi soir dans un hôtel de Rimini, a confirmé le gérant de l'établissement.
L'annonce du décès de ce cycliste de 34 ans, surnommé le Pirate en raison de son crâne rasé et du bandana qu'il arborait, a provoqué un choc dans le monde du cyclisme.
"C'est une tragédie aux proportions énormes pour tout le monde du cyclisme", a commenté le sprinter Mario Cipollini, champion du monde 2002. "Je ne peux pas trouver de mots."
Selon l'agence italienne Ansa, les causes du décès ne sont pas encore connues mais la police a précisé qu'il ne s'agissait pas d'une mort violente et, toujours d'après l'agence italienne, des produits pharmaceutiques ont été découverts à proximité du corps.
"C'est quelque chose de si énorme, cela semble incroyable", a déclaré l'entraîneur de l'équipe nationale de cyclisme d'Italie, Franco Ballerini.
En une douzaine d'années de carrière, Marco Pantani, grimpeur hors pair aux mensurations de poche (1m72, 57 kg), avait fait étalage de ses talents dans les cols des Alpes, des Pyrénées ou sur les pentes du Mont-Ventoux.
En 1998, il avait remporté dans la foulée le Giro d'Italie et le Tour de France, devenant le premier Italien à s'imposer dans la Grande Boucle depuis Felice Gimondi, 33 ans plus tôt.
"Je garde l'image de son étape des Deux-Alpes dans le tour 98 où il avait pris des risques insensés dans la descente du Galibier pour distancer (l'Allemand Jan) Ullrich", a réagi sur France Info l'ancien coureur Bernard Thévenet, double vainqueur de la Grande Boucle et consultant de la télévision.
Jean-Marie Leblanc, directeur du Tour de France, a estimé pour sa part que Marco Pantani était "sans doute le dernier grand grimpeur que l'on ait connu dans le Tour de France, dans le Tour d'Italie, dans le cyclisme".
* Mais la suite de sa carrière avait été entachée par des rumeurs et des accusations de dopage. L'année suivant son sacre, Marco Pantani avait été exclu du Tour d'Italie à la veille de l'arrivée, alors qu'il portait le maillot rose de leader, en raison d'un taux d'hématocrite anormalement élevé. Sans pour autant le prouver, un taux excessif d'hématocrite peut signaler le recours à des produits dopants tels que l'EPO (érythropoïétine).
Les rumeurs et accusations de dopage n'allaient plus le lâcher.
"Il a payé un prix élevé. Depuis quatre ans, il était au centre de la tempête", a souligné Felice Gimondi, qui fut le manager de Marco Pantani.
"LE PHYSIQUE D'UN TAURILLON"
Au printemps 2003, le Pirate avait participé à son dernier Giro, finissant à une décevante 14e place, avant d'entrer dans une clinique proche de Padoue spécialisée dans le traitement des dépressions.
"Je demande à tout le monde de respecter mon droit à l'intimité et de mettre fin à ces visites et requêtes incessantes", écrivait-il dans une lettre ouverte diffusée en juin depuis la clinique du Parco dei Tigli, à Teolo.
Blanchi en octobre par un tribunal de la province de Trente des poursuites ouvertes après le Giro 1999, Marco Pantani avait laissé entendre que sa carrière professionnelle, entamée en 1992, était terminée.
"Je fais toujours du vélo, juste pour tourner les jambes. Mais le cyclisme est la dernière chose à laquelle je pense. Je n'ai pas fréquenté de salle de sports depuis des mois, j'ai pris 15 kg et j'ai le physique d'un taurillon", avait-il déclaré à un journal italien, la Voce de Rimini.
Il se disait également "fatigué" par l'atmosphère du cyclisme et abandonné par la motivation.
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