15 février 2004

Marco Pantani a été trouvé mort
dans un hôtel de Rimini

En une douzaine d'années de carrière, Marco Pantani, grimpeur hors pair aux mensurations de poche (1 m 72, 57 kg), avait fait étalage de ses talents dans les cols des Alpes, des Pyrénées ou sur les pentes du Mont-Ventoux. La fin de sa carrière avait été entachée par des rumeurs et des accusations de dopage.

Marco Pantani, grande figure du cyclisme italien et ancien vainqueur du Tour de France et du Giro, a été trouvé mort samedi 14 février, en Italie. La cause de la mort du champion cycliste, âgé de 34 ans, n'était pas connue tôt dans la matinée de dimanche. Selon l'agence ANSA, le champion a été retrouvé à demi-vêtu à terre près de son lit dans une chambre d'un hôtel-résidence de Rimini, sur la côte adriatique.

Selon la même source, la police a trouvé des produits pharmaceutiques dans la chambre de celui que l'on appelait le "Pirate" et dont il avait le look (petite barbichette, bandana et crâne rasé). On ignore toutefois encore si sa mort est due à des causes naturelles ou a été provoquée par l'absorption de médicaments. Un médecin légiste et le procureur de Rimini, sont arrivés sur place vers 1 heure du matin.

La police a d'ores et déjà exclu l'hypothèse d'une mort violente. De plus, le magistrat Paolo Gengarelli a déclaré dimanche aux journalistes qu'aucune drogue illicite n'avait été retrouvée dans la chambre d'hôtel du coureur mais que des calmants se trouvaient près de son corps et dans le coin cuisine. Il a également dit que Pantani avait laissé des écrits, "mais il s'agit de réflexions à caractère privé sur le sport qu'il pratiquait", laissant entendre que rien dans ces textes ne permettait de conclure à un suicide.

Le procureur du parquet de Rimini, Paolo Gengarelli, a pour sa part écarté l'hypothèse d'un suicide."Personne n'a parlé de suicide et moi je l'exclus", a-t-il déclaré dimanche. M. Gengarelli a également précisé qu'il attendait le résultat de l'autopsie prévue, en principe, lundi en fin de matinée, pour avoir les éléments pouvant aider à reconstruire les dernières heures avant la mort de Pantani : "Il n'y aura pas d'autres éléments avant l'autopsie", a t-il précisé. Le procureur a entendu plusieurs personnes dans le courant de la matinée, dont Manuela Ronchi, la manageur de Pantani.

"BIZARRE ET ABSENT"
L'annonce du décès de Marco Pantani a aussitôt provoqué des réactions attristées dans les mondes sportif et politique italiens, les mots de "tragédie" et de "drame" revenant dans la bouche du champion Mario Cipollini et du dernier directeur sportif de Pantani, Silvio Martinelli, ainsi que de nombreuses personnalités.

Le coureur avait pris pension depuis plusieurs jours à l'hôtel "Les roses" à Rimini, où il était descendu seul et où le personnel de l'établissement l'avait trouvé "bizarre et absent". Le magistrat chargé de l'enquête a indiqué que Pantani "vivait en reclus dans la résidence depuis cinq jours", qu'il n'avait pas de téléphone portable avec lui, ne sortait que pour les repas, mais se faisait le plus souvent apporter la nourriture dans sa chambre. Il n'a passé qu'un seul coup de téléphone depuis sa chambre, le jour de son arrivée, le 9 février, a aussi souligné le magistrat.

C'est le portier de l'hôtel qui a donné l'alarme vers 21 h 30, après avoir frappé à sa porte. Le personnel s'était étonné de ne pas le voir venir dîner. Marco Pantani a été retrouvé sans vie dans sa chambre.

Il avait été acquitté en octobre par le tribunal de Tione (près de Trente, Nord) de l'accusation de fraude sportive pour une affaire de dopage dans le Tour d'Italie 1999. Le grimpeur avait disputé sa dernière course, le Tour d'Italie, en juin 2003 et il avait fini 14e. Depuis il cachait son mal-être dans une clinique spécialisée dans le traitement des maladies nerveuses et les phénomènes dépressifs.

Très populaire en Italie, le "Pirate" avait notamment remporté le doublé Giro-Tour de France en 1998. Mais la suite de sa carrière a été entachée par plusieurs affaires de dopage.

En 1999, à la suite d'un contrôle sanguin non conforme, il était exclu à la veille de l'arrivée d'un Tour d'Italie qu'il avait dominé de la tête et des épaules. Brisé par ce coup dur, Marco Pantani sombra alors dans une profonde crise psychologique dont il ne sortit qu'en juin et juillet 2000 pour une brève renaissance sportive.

"TRAUMATISÉ"
En 2001, dans le Giro, il fut de nouveau soupçonné de dopage après la découverte par la police de seringues douteuses dans sa chambre d'hôtel. Condamné à huit mois de suspension, il avait finalement été acquitté.

"Il a tout payé trop cher. Pendant quatre ans il a été dans l'oeil du cyclone après avoir été le numéro un", a déclaré l'ancien champion cycliste italien Felice Gimondi. "Je suis traumatisé. Je ne me serais jamais attendu à cela". L'entraîneur du club de football de l'Inter Milan Alberto Zaccheroni, qui s'est dit "bouleversé", a déclaré : "Je savais, nous savions tous, qu'il avait des problèmes, mais je n'imaginais pas à quel point".

Pour Umberto Bossi, chef du parti populiste de la Ligue du Nord et ministre chargé des réformes qui a exprimé sa grande "peine", Pantani "s'est laissé mourir".

"La nouvelle de sa mort est tellement bouleversante qu'elle en paraît incroyable", s'est exclamé Franco Ballerini, directeur technique national italien. "Il sera difficile d'en retrouver un autre comme lui. C'était un personnage et en plus il gagnait les courses. Il a enthousiasmé les experts et les foules".

Avec AFP et Reuters


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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