ROME (FP) - Une autopsie pratiquée lundi devait apporter les premiers éléments de réponse sur les causes du décès samedi à Rimini du champion cycliste italien Marco Pantani, idole déchue et minée par la dépression.
Le médecin légiste Giuseppe Fortuni de l'Université de Bologne devait procéder à l'intervention à la morgue de Rimini, sur la côte adriatique, où le corps du coureur cycliste a été retrouvé samedi soir.
Les premiers résultats devaient être connus en fin d'après-midi, mais il faudra plusieurs jours pour connaître les analyses chimiques qui établiront avec précision la quantité de médicaments que le coureur a ingurgitée et éventuellement la présence d'autres substances.
Car toute la presse italienne parle lundi des problèmes du champion avec la drogue.
Le médecin légiste avait indiqué dès dimanche que Pantani avait succombé à un arrêt cardio-vasculaire, dont la cause n'a pas encore été déterminée.
Trois médicaments contre la dépression ont été retrouvés dans sa chambre d'hôtel, mais le quotidien La Repubblica affirme également que "des traces de poudre blanche" ont été relevées dans la pièce.
Le magistrat en charge de l'enquête Paolo Gengarelli avait cependant affirmé dimanche qu'"aucune trace de stupéfiants n'a été trouvée".
La presse revient pourtant lundi sur ce problème. "La cocaïne, le grand ennemi ces dernières années du champion cycliste", affirme ainsi le quotidien de la capitale italienne, Il Messagero.
Marco Pantani avait eu envie de se défaire de cette dépendance et voulait se faire soigner en Bolivie, annonce pour sa part le Corriere della Sera.
"En Bolivie nous avons une communauté qui dispose de 4000 hectares avec des centaines de jeunes et d'adolescents que nous sauvons de la faim et de la drogue", a déclaré au quotidien le religieux don Pierino Gelmini, fondateur de communautés appelées "Rencontres" où les toxicomanes viennent se faire soigner.
"Pantani refusait d'entrer dans une communauté. En Italie cela aurait fait beaucoup de bruit et lui ne le voulait pas. Il avait peur des rumeurs, des journaux qui ne le laisseraient pas en paix. Alors l'idée est venue de lui proposer une possibilité où personne ne le verrait, personne ne le jugerait, loin des projecteurs", a-t-il révélé.
Selon la presse, la date de son départ avait déjà été arrêtée. Pantani devait partir le 27 février en Bolivie avec don Gelmini.
L'ex-champion, double vainqueur du Giro et du Tour de France en 1998, exclu du Giro l'année suivante à la suite d'un contrôle sanguin (hématocrite trop élevé) au matin de l'avant-dernière journée alors qu'il allait gagner l'épreuve, se sentait seul, abandonné et persécuté.
"Physiquement, Marco était fort. Psychologiquement, non. Un tel déclin depuis 1999 fait penser à une grande fragilité émotionnelle, à un terrible besoin d'aide", a estimé le docteur Massimo Besnati, président de l'Association italienne des médecins du cyclisme, dans une interview à La Stampa.
Neuf feuillets écrits sur le bloc-note de l'hôtel ont été retrouvés dans la chambre qu'il occupait à Rimini, selon le Corriere della Sera.
"Le mot +complot+ apparaît trois fois dans ces écrits", selon le journal qui cite aussi un extrait plus long: "Personne n'a réussi à me comprendre, même pas ma famille. Je me suis retrouvé seul".
"Les derniers mots de Pantani, sur les feuillets laissés dans l'hôtel: +Ils ne voulaient punir que moi+", titrait le quotidien La Repubblica.
Selon l'ancien coureur cycliste Davide Cassani, ami de Marco Pantani, le champion décédé se demandait pourquoi la justice italienne "me punit seulement moi pour des choses que tout le monde fait", dans une allusion limpide au problème du dopage dans le cyclisme.
"Il s'est senti comme étant le seul bouc émissaire, une victime désignée", a estimé Cassani.
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