16 février 2004

Décès de Pantani :
"tragédie humaine et médiatique"
pour la presse européenne

PARIS (AFP) - La presse européenne s'attachait à commenter lundi "la tragédie humaine et médiatique" qui a abouti à la mort du champion cycliste italien Marco Pantani suite à un arrêt cardio-vasculaire.

"Comment vivre la descente aux enfers après avoir entr'aperçu le paradis?", s'interroge le quotidien portugais Diario de Noticias. Pour lui, la mort de Marco Pantini, samedi soir dans sa chambre d'hôtel de Rimini (Italie), vient grossir "la liste déjà longue des idoles sportives qui, pour des raisons diverses, n'ont pas résisté à la chute après avoir atteint des sommets".

"Pantini a également découvert que le succès est éphémère. Savoir vivre sans, tel est le grand défi de la vie", commente le quotidien sportif de Lisbonne, Record.

En France, "Dopé, lâché, sacrifié", titre en Une France Soir, pour qui "Marco Pantani vient de mourir en victime des excès d'un monde sportif destructeur ravagé par la dictature de la performance". "Miné par le dopage et la dépression", titre en Une Le Figaro. "Le vainqueur du Giro et du Tour de France 1998 est mort seul, à 34 ans, loin de tous ceux qui l'ont aimé, sans illusion, en emportant avec lui le secret de sa fragilité", constate l'Equipe.

"Avec Marco Pantani, ce sont cinq sportifs de haut niveau, dont deux cyclistes, qui sont morts depuis le 29 décembre", soit en seulement 45 jours, rappelle Libération.

En Suisse, Le Temps estime dans un éditorial intitulé "le sabordage du Pirate" que Pantani est une victime "de cette course à la gloire qui pousse les sportifs d'élite à se +charger+ pour atteindre les poussières magiques du succès et de nous tous qui, en toute connaissance de cause, nous enflammons pour ces exploits". Il s'agit "du dernier acte pitoyable et profondément triste d'une tragédie humaine et médiatique", ajoute l'éditorialiste.

Le Matin met lui aussi en cause "une société qui ne regarde que les vainqueurs", expliquant que "légende vivante, Marco Pantani n'a pas supporté l'idée de ne plus gagner".

En Espagne, El Pais estime que Pantani a été "écrasé par son mythe". "Il avait déjà le rang de héros. Pantani était déjà dans l'imaginaire collectif comme le champion des grimpeurs, l'homme qui s'en remettait au côté romantique du cyclisme".

El Mundo, qui titre "Attendant la mort dans la solitude", affirme qu'à "Noël, (Pantani) avait effectué un étrange voyage à Cuba duquel il était rentré obèse et incapable de récupérer. Il avait grossi de 30 kg".

En Italie, la presse insiste sur la grande solitude de son "campionissimo" qui se sentait "persécuté et incompris". "Les derniers mots: +Un complot contre moi+", écrit le Corriere della Sera. "Mourir du sport: un triste destin, affirme le Corriere dello sport. Marco est mort parce qu'il était trop fragile, parce que le vice s'était emparé de lui".

"Suicide dû à un chagrin d'amour?, s'interroge pour sa part le journal populaire allemand Bild. La Danoise avec qui Pantani partageait sa vie depuis neuf ans l'avait quitté il y a six mois". Pour le quotidien munichois Sueddeutsche Zeitung, le coureur était passé du "statut de héros à celui de coupable public".

Le quotidien bruxellois Le Soir écrit pour sa part que "Marco Pantani est parti pour sa dernière échappée en solitaire", et qu'il n'était plus qu'un "Pirate naufragé dans l'oubli".


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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