16 février 2004

Les réactions du monde sportif

Des regrets pour un ultime hommage

Bernard Thévenet a estimé que ce drame relève d'un «problème de société. Tout le monde doit être à bloc. Celui qui ne suit pas est condamné. Le véritable problème de Pantani est de n'avoir pas supporté de redevenir un simple mortel alors qu'il était auparavant considéré comme un dieu. On monte certains au pinacle, puis on les descend en flèche. Ensuite on les remplace. Nous vivons dans un monde où la star est reine alors que l'individu n'est rien».

Jean-François Lamour (ministre français des Sports), double médaillé olympique en escrime, qui a instauré la «notion d'accompagnement psychologique» dans le décret relatif à la loi sur le sport, a évoqué «l'isolement, la détresse psychologique et le vide qui attend un champion en fin de carrière», soulignant la nécessité de «sensibiliser le sportif pendant qu'il est en activité. Pantani a reçu des soins spécialisés mais c'était après coup. Il est préférable que cela se fasse pendant la carrière».

Jean-Marie Leblanc (directeur du Tour de France) s'est déclaré à la fois «surpris, parce qu'un champion est terrassé à 34 ans (...), et pas surpris, parce que nous savions tous qu'il n'avait pas bien négocié le passage entre le temps du succès, de la gloire et de l'argent, et le retour à la vie civile». «Je suis toujours perplexe de voir la somme de volonté, de caractère, de force, de détermination qu'il faut pour devenir un champion, et l'incapacité à faire preuve des mêmes aptitudes à l'heure de la retraite sportive.»

L'Union cycliste internationale, dans un communiqué officiel, affirme que «les graves difficultés personnelles et l'immense pression avec lesquelles Marco a dû se confronter dans la dernière phase de sa carrière ne peuvent pas effacer (...) l'image d'un champion parmi les plus aimés du cyclisme».

Laurent Jalabert a regretté que Pantani, qui «avait sans doute commis des erreurs», n'ait pas eu «l'occasion de se racheter».

Romani Cenni (patron de l'équipe Mercatone), a souligné que Pantani était «un grand champion, mais aussi une personne très difficile à gérer».

Alberto Tomba, star du ski italien en retraite, regrette que son compatriote se soit «retrouvé seul au moment où il avait le plus besoin de soutien».

Sandro Donati (médecin conseil du Coni), a pointé «des médecins qui doivent avoir un terrible remord. Il est difficile de commenter, car les années passées j'ai déjà dit ce qu'il fallait dire, et on m'a décrit comme un ennemi du sport».

Miguel Indurain a salué un «génie tragique». «Il existe probablement des coureurs qui ont un plus beau palmarès que lui, mais aucun n'a jamais réussi à attirer les spectateurs autant que lui», a rappelé l'Espagnol quintuple vainqueur du Tour de France.

Fernando Escartin, l'un des anciens rivaux de Pantani, et Vicente Belda, le directeur de Kelme, ont confié à la presse espagnole que le destin du champion italien leur rappelait celui du coureur espagnol José Maria «El Chava» Jimenez, dépressif et hospitalisé dans un hôpital psychiatrique, retrouvé mort dans sa chambre le 6 décembre dernier à l'âge de 32 ans. «Pantani et El Chava ont eu des vies parallèles. Quand quelqu'un entre en dépression ou dans la consommation de drogues... Que ceci serve à ce que cela ne se reproduise plus», a souhaité Vicente Belda.

Jan Ullrich, qui a précisé qu'il n'avait plus de contacts avec Pantani depuis trois ans, a formé le vœu «que les circonstances qui ont conduit à sa mort seront clarifiées rapidement et consciencieusement».

Vittorio Savini (président du club des supporteurs de Pantani) affirme que «quelqu'un l'a sur sa conscience. Lorsqu'il a été arrêté à Madonna di Campiglio, on aurait pu en faire autant avec cent soixante-dix autres coureurs, mais c'était lui la cible».


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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