Jean-Yves Donor
L'Italie reste sous le choc émotionnel après la mort de Marco Pantani décédé «d'un arrêt cardio-vasculaire consécutif à une congestion pulmonaire et un oedème cérébral» selon les premiers résultats de l'autopsie pratiquée hier après-midi par le médecin légiste, le professeur Giuseppe Fortuni qui précisait «aucune hypothèse n'est encore exclue sur les causes de la mort. L'autopsie pratiquée est seulement le premier acte d'une longue série d'examens. Il faudra plusieurs semaines pour pouvoir déterminer les raisons exactes du décès.»
Tôt dans la matinée, avant de pratiquer les premiers examens sur le corps du champion, le professeur Giuseppe Fortuni, s'était d'abord rendu à l'hôtel résidence Les Roses, où le drame a eu lieu. Accompagné de plusieurs fonctionnaires de police et d'experts scientifiques, il était immédiatement monté au cinquième étage dans le petit appartement qu'occupait Pantani depuis le début de la semaine. L'inspection avait duré environ une heure. Sans commentaire. Seul un inspecteur de police confirmait l'autopsie à venir et, à la rumeur qui faisait état de la présence de cocaïne dans la chambre de Pantani, s'emportait à l'égard de la presse : «Poudre blanche ? Il n'y a que vous qui en parlez !» Il faisait, par là même, allusion aux propos d'un religieux, don Pierino Gelmini, fondateur des communautés appelées «Rencontres» pour toxicomanes, et repris par le quotidien Corriere Della Sera. «l'idée est venue de proposer à Pantani une possibilité de soin où personne le ne verrait, personne ne le jugerait, loin des projecteurs», avançait l'ecclésiastique qui devait l'accompagner en Bolivie, où il aurait subi une cure de désintoxication.
La presse transalpine dans son ensemble relayait, d'ailleurs, l'information d'un Pantani devenu toxicomane au fil des années ; jusqu'au journal Il Messagero qui soulignait : «la Cocaïne, le grand ennemi ces dernières années du champion cycliste».
La famille de Pantani a, par ailleurs, mandaté un expert scientifique pour aider à déterminer les causes du décès du champion. L'avocat de la famille, Me Roberto Manzo, avait participé à l'inspection du professeur Giuseppe à l'hôtel Les Roses avant de rencontrer les parents du «Pirate» Paolo et Tonina, rentrés à la hâte de Grèce.
Roberto Manzo leur communiquera la teneur des ultimes confessions que le champion avait couchées sur neuf feuillets de bloc-notes. Pantani s'y disait «persécuté et incompris», évoquait un «complot contre lui». «Il ne voulait punir que moi.» «Personne n'a réussi à me comprendre, même pas ma famille. Je me suis retrouvé seul.»
Toute la journée d'hier, les déclarations se sont succédé. «Marco Pantani est une victime du sport de notre temps. Sur lui, sept parquets ont ouvert des enquêtes. Cela me paraît exagéré. La responsabilité pénale des athlètes est une absurdité», soulignait Mario Pescante, sous-secrétaire d'État chargé des Sports. «Il y a des réflexions à faire sur la psychologie des grands champions du sport», mentionnait Alessando Del Piero, l'attaquant de la Juventus de Turin. La voix de l'Eglise se faisait entendre également par l'intermédiaire de Mgr Carlo Mazza : «Le bien des athlètes commande le retour à un sport propre. La mort de Pantani est un événement qui nous fait réfléchir sur le sport.»
La municipalité de Cesenatico, dont le champion était originaire, décidait, elle, de décréter le deuil au moment des obsèques dont la date n'a pas été fixée. Durant la cérémonie funèbre en l'église San Giacomo, la ville dira «adieu» à son champion maudit.
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