17 février 2004

Les investigations pour déterminer les
causes de la mort de Marco Pantani
prendront plusieurs jours

L'autopsie pratiquée, lundi 16 février, sur le corps du champion italien n'a pas permis de déterminer ce qui a provoqué son décès. Le coureur s'estimait victime d'un "complot".

Une seule certitude, après l'autopsie pratiquée, lundi 16 février à Rimini, sur le corps de Marco Pantani : l'ancien champion cycliste italien a succombé à "un arrêt cardio-respiratoire consécutif à deux œdèmes, un cérébral et un pulmonaire".

Pour le médecin légiste, Giuseppe Fortuni, "il faudra plusieurs jours pour connaître la vérité" sur les causes réelles du décès du vainqueur du Tour de France 1998. Au moins deux semaines, peut-être davantage. "Nous n'en sommes qu'au premier stade d'une longue série d'investigations", a-t-il expliqué devant la presse, en rappelant que la justice lui avait accordé un délai de deux mois pour remettre ses conclusions définitives.

Un expert a été mandaté par la famille du coureur pour participer aux investigations. Des examens approfondis seront menés en laboratoire sur les prélèvements effectués au cours de l'autopsie, qui a duré trois heures. Seront également analysés les divers médicaments - des anxiolytiques - retrouvés dans la chambre d'hôtel où Marco Pantani a passé ses cinq derniers jours.

"Nous prendrons en considération toutes les hypothèses sans en exclure ni en privilégier aucune", a affirmé le professeur Fortuni, qui s'était rendu, avant toute chose, sur les lieux du drame "pour mieux se rendre compte de l'environnement dans lequel il s'est produit".

Il faudra encore attendre pour savoir ce qui s'est réellement passé, samedi 14, dans les dernières heures du tragique huis clos de l'appartement D5, au dernier étage de l'hôtel-résidence Les Roses. Marco Pantani avait demandé qu'on ne le dérange pas, selon le témoignage du concierge. Téléphone décroché, rideaux baissés, il s'était carrément barricadé, bloquant la porte à l'aide de meubles entassés.

Le personnel et les autres clients de l'étage n'ont rien entendu. Ceux qui l'ont aperçu dans les jours précédents décrivent un homme au "comportement un peu étrange", le "regard perdu", "indifférent", tenant parfois des propos "peu cohérents".

Alors que le procureur de Rimini, Paolo Gengarelli, avait annoncé, peu après la découverte du corps, qu'aucune trace de stupéfiants n'avait été relevée dans la chambre, plusieurs quotidiens italiens faisaient état, lundi 16 février, de "traces d'une poudre blanche" ou "d'une poudre suspecte" sur une table de nuit.

DÉPENDANCE À LA COCAÏNE
Plusieurs amis du champion déchu ont confirmé publiquement, dans la journée de lundi, qu'il était devenu dépendant à la cocaïne. Après avoir refusé à plusieurs reprises de se soigner, Marco Pantani aurait récemment donné son accord pour entrer, fin février, dans un centre de désintoxication créé en Bolivie par un prêtre italien, Don Pierino Gelmini. Cette volonté de s'en sortir apparaît dans quelques-unes des dernières phrases écrites par le cycliste italien : neuf feuillets griffonnés sur le bloc à en-tête de l'hôtel. "Je veux aller me désintoxiquer en Bolivie, je veux arrêter avec ça. Je veux remonter sur un vélo", y lit-on notamment.

Les enquêteurs ont trouvé également des mots tendres adressés par Marco Pantani à son ex-fiancée danoise, Kristine. D'autres plus virulents, pour dénoncer à trois reprises au moins "un complot" mené contre lui.

"Ce sont les réflexions d'un homme qui, sans doute à tort, se sentait trahi par tous et avait un besoin désespéré de solitude", a estimé le procureur. "Personne n'a réussi à me comprendre, ni le monde du vélo ni ma famille, a encore écrit Marco Pantani. Je me suis retrouvé tout seul."

Connus ou anonymes, ses amis et ses admirateurs devraient pourtant être nombreux pour ses funérailles, qui auront lieu vraisemblablement mercredi 18 février à Cesenatico, sa ville natale, en Romagne. Rentrés précipitamment de vacances en Grèce, ses parents se sont rendus, lundi soir, à la morgue de l'hôpital de Rimini pour veiller leur fils.

Depuis deux jours, sur le front de mer, des tifosi déposent des bouquets de fleurs et des messages devant cet hôtel funeste où leur "Pirate" est passé de vie à légende.

Jean-Jacques Bozonnet


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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