17 février 2004

L’Italie se culpabilise

Les premiers résultats d’autopsie sont livrés. Le champion cycliste Marco Pantani a succombé à un arrêt cardio-vasculaire consécutif à un oedème cérébral et à une congestion pulmonaire. Partout en Italie, l'émotion est vive.

GUILLAUME PREBOIS
MILAN

Quarante-huit heures après son décès, Marco Pantani est au centre des débats et polémiques, entouré et défendu comme il ne le fut jamais de son vivant. La mielleuse rhétorique dont on enveloppe les défunts couplée à un facile moralisme de circonstance absout Pantani de tout péché : la justice inquisitrice, les médias sans scrupule, ses amis et sa famille sont déclarés « responsables ». Don Gelmini, un prêtre qui dirige une communauté qui aide les victimes de la drogue, a pourtant révélé que le 27 février, Marco devait partir à ses côtés en Bolivie pour se désintoxiquer.

L’émotion populaire déborde: poésies, lettres et fleurs sont déposées contre le mur de sa villa. Un village calabrais lui dédiera une place. La région du Lazio a décidé de rebaptiser le col du Terminillo « Cime Pantani ».

Le pays entier attendait un vague soulagement des résultats de l’autopsie effectuée par le professeur Fortuni. Ses premières conclusions ont déçu : Marco Pantani est mort d’un œdème pulmonaire et cérébral, il faudra attendre les résultats de l’analyse toxicologique pour en savoir plus.

Les deux questions fondamentales sur lesquelles l’Italie butte obstinément restent donc sans réponse : pourquoi et comment ? La morbide curiosité de la presse italienne a malheureusement dérapé dans la désinformation : Même ma famille ne m’a pas compris. Kristine, la vie sans toi est d’une tristesse infinie. J’ai été la victime d’un complot.

Ces phrases publiées par plusieurs journaux ont fermement été démenties par les enquêteurs. Les neuf pages manuscrites qui traînaient sur une table de sa chambre ne contiennent pas ces propos. Et les traces de poudre blanche soi-disant retrouvées sur un meuble ? Ce sont les journalistes qui en parlent, pas nous, a sèchement répondu le magistrat Paolo Gengarelli.

Ses parents, rentrés d’un voyage en Grèce, se sont retranchés dans le mutisme. D’insistantes rumeurs évoquent les mauvaises relations familiales du clan Pantani. Lors de son dernier anniversaire, le repas s’était terminé en rixe.

On a appris que le patrimoine économique et immobilier de Pantani était géré par son père Ferdinando. Pantani disposait d’une carte bancaire qui lui permettait de prélever du liquide sur un compte pour faire face aux petites dépenses.

Avant que de rudes vérités n’émergent, l’Italie veut rendre un hommage au coureur qu’ils ont déjà élevé au rang de mythe national. Les obsèques devraient se tenir mercredi dans une petite église située le long du canal de Cesenatico. Je veux m’en aller comme je suis arrivé, sur la pointe des pieds, récite la chanson que Marcello Pieri avait composée pour lui. Il sera enterré dans le vacarme des polémiques.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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