18 février 2004

Quand l'Audimat met la pression

Thiébault Dromard

Le sport fait encore recette à la télévision. A condition de respecter certains critères. Pour faire de l'audience, les grands événements sportifs comme la Coupe du monde de football, la Formule 1, le Tour de France ou encore les Jeux olympiques doivent s'appuyer sur le triptyque gagnant «l'incertitude, le drapeau et les stars», analyse Frédéric Bolotny, économiste au Centre de droit et d'économie du sport. «Le cumul de ces trois facteurs permet d'expliquer que certains spectacles sportifs rassemblent des audiences records dans l'histoire de la télévision», poursuit-il.

La Coupe du monde de football en est la parfaite illustration. Le plus grand événement sportif au monde a de nouveau pulvérisé l'Audimat en 2002. La Coupe du monde a été retransmise sur quasiment toute la planète, dans 213 pays, et pas moins de 41 000 heures de programmes lui ont été consacrées. Cela représente une couverture en hausse de 38% par rapport à l'édition de 1998, malgré les horaires peu propices aux spectateurs d'Europe ou d'Amérique du Sud. L'audience cumulée lors des 25 jours de match de la compétition de 2002 s'est élevée à 28,8 milliards de téléspectateurs. Ces chiffres impressionnants font de cette Coupe du monde l'événement le mieux couvert et le plus suivi de toute l'histoire de la télévision. Il n'est donc pas étonnant que les droits sportifs d'une telle compétition connaissent une envolée. En 1990, les droits audiovisuels de la Coupe du monde s'établissaient à 95 millions de francs suisses. En 2006, ils s'élèveront à 1,5 milliard.

La tension, l'inconnu du résultat, le jeu des stars du sport, la force des identités nationales sont autant d'éléments favorables à la montée de l'audience et donc à la surenchère des droits sportifs. La chaîne américaine NBC sait bien que les Jeux olympiques répondent à ces critères et restent un des rendez-vous sportifs les plus rentables. Elle n'a donc pas hésité à signer un chèque de 2 milliards de dollars au comité olympique pour rester la chaîne des Jeux olympiques en 2010 et 2012. Un montant en hausse de 32,6% par rapport au contrat précédent.

A contrario, le tassement de l'audience peut s'expliquer par la surdomination d'un acteur. C'est le cas du pilote numéro un, de l'écurie Ferrari, Michael Schumacher. A force de remporter toutes les compétitions de F 1, il a cassé tout effet de surprise. Inquiète, la Fédération internationale de sport automobile s'est vue dans l'obligation de faire évoluer les règles pour tenter de casser la domination de Ferrari. De même, la domination des coureurs cyclistes comme Lance Amstrong ou Miguel Indurain dans le Tour de France ont pu jouer sur les audiences de Francetélévisions, détentrice des droits de cette épreuve. Pour autant, cette manifestation reste une référence. Après la Coupe du monde de football et les Jeux olympiques, le Tour de France est le troisième événement sportif mondial. Malmené par les affaires de dopage, le Tour de France a toutefois connu une chute de son audience. En 1997, cet événement avait rassemblé 5,1 millions de téléspectateurs en moyenne par jour. En 2000 et 2001, les chiffres d'audience sont tombés à 3,5 millions pour remonter à 4,3 millions en 2004. L'effet du centenaire, le scénario de la course ont sublimé l'attractivité d'une épreuve que tout le monde sait aujourd'hui fort prospère. Le nombre d'heures retransmis par Francetélévisions a joué aussi sur l'augmentation de l'audience cumulée. Le service public est le seul acteur de l'audiovisuel à pouvoir retransmettre une épreuve sportive pendant 6 heures d'affilée. Ce «monopole» de Francetélévisions permet aux droits sportifs de connaître une croissance raisonnable puisque, entre 1994 et 2003, les droits versés à Amaury Sport Organisation sont passés de 9,7 millions d'euros à 23 millions.

En moyenne, le sport représente 5% du temps d'antenne des chaînes généralistes hertziennes, mais 15% des coûts de programmes. Les chaînes ont donc compris qu'il leur fallait miser sur les grands événements générateurs d'audience. «Le sport par définition est mobilisateur d'audience. D'autres programmes de télévision comme la téléréalité copient aujourd'hui le principe de la compétition sportive en utilisant les mêmes recettes», avance Frédéric Bolotny.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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