18 février 2004

Via plusieurs sites accessibles sur la Toile, tous les produits ou presque sont accessibles

Internet, le grand bazar de la dope

S'il ne «bénéficie» pas d'une filière de dopage organisé sous contrôle médical, réservé à une élite argentée du sport professionnel, un individu résidant ou agissant sur le territoire français peut s'approvisionner de deux manières. Virtuellement via Internet, ou physiquement via la route ou le chemin de fer, l'ouverture des frontières au sein de l'espace Shengen et le démantèlement de l'ancien bloc de l'Est, qui fut le laboratoire de l'Europe du dopage, permettant en effet de faire son marché à peu de frais et de risques.

Ph. C.

Le marché en ligne connaissait voici encore peu de temps deux «holdings» de poids, grâce auxquels des chimistes autobaptisés «nutritionnistes» commercialisaient leurs propres créations sous aucun contrôle. Mais le site Anabolic Extreme, auquel collaborait le «père» des «designers steroids», l'Américain Patrick Arnold, soupçonné d'avoir contribué à la création de la fameuse THG, a récemment été fermé par son créateur. Quant à celui du laboratoire Balco (www.balcolab.com), qui tient le devant de la scène depuis l'été dernier, on imagine qu'il a peu de chances de survivre à l'offensive de la machine fédérale américaine.

Reste qu'il suffit de surfer quelques minutes pour commander ici ou là tout un panel de produits introuvables en France, en tout cas sans prescription thérapeutique. A condition de n'être pas toujours pointilleux sur la provenance. On trouve ainsi de la méthandrosténolone d'origine russe, de la testostérone d'origine yougoslave, des hormones de croissance «d'origine naturelle» en provenance de Roumanie («mais là pas question d'y toucher !», prévient un adepte de la performance assistée), de la serostin fabriquée aux Etats-Unis («qualité garantie»), de la testostérone d'origine mexicaine... Tout cela généralement sans ordonnance, à quelques exceptions près. Il est ainsi a priori impossible d'obtenir du Modafinil, rendu célèbre par l'Américaine Kelly White lors des derniers championnats du monde d'athlétisme, sans joindre une justification médicale. De quoi faire réfléchir même les plus inconscients.

Les modes de règlements sont aussi variés que les produits proposés puisque, outre les cartes de crédit, chèques et virements bancaires, sont également maintenant acceptés les paiements E-Gold, dernier cri du paiement en ligne.

Le point le plus obscur, qui n'est pourtant pas le moindre, reste celui de la posologie. Il est possible de trouver sur la Toile, et encore pas toujours, les modalités liées à certains produits, mais il ne faut pas oublier que ceux-ci sont d'abord des médicaments. Les dosages sont donc établis en fonction d'autres objectifs que ceux de la performance. C'est donc l'empirisme qui reste roi, avec tous les dangers que cela comporte.

Les risques judiciaires ne sont pas non plus à négliger. Le Web est surveillé, et à la livraison la police peut toujours se substituer au facteur. C'est pourquoi beaucoup d'usagers ou trafiquants choisissent de faire leur marché eux-mêmes. La plupart des substances interdites en France sont en vente libre dans les pharmacies de Turquie et de Grèce, pour ne pas aller géographiquement plus loin, et, hormis les hormones de croissance, qui nécessitent de rester réfrigérées sous peine de dégénérescence, les produits ne craignent pas un voyage en voiture «ou, mieux, en train, explique un habitué. Il n'y a quasiment jamais de contrôles douaniers, on peut ramener des cartons pleins. Et ça coûte jusqu'à dix fois moins cher que de s'approvisionner sur le Web ou via des filières organisées».


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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