Cesenatico, petite station balnéaire italienne, enterre aujourd'hui son idole déchue, le champion cycliste décédé dans la solitude et la dépression.
Parents, amis, voisins, cyclistes: des milliers de personnes défilaient mercredi matin dans l'église de Cesenatico pour dire adieu à l'enfant chéri de cette petite localité balnéaire italienne, Marco Pantani, le champion cycliste décédé samedi à l'âge de 34 ans.
Entre 4.000 et 5.000 personnes ont signé les trois épais registres installés à l'entrée de l'église San Giacomo Apostoli où le coureur repose dans un cercueil fermé couvert de roses blanches, a indiqué la paroisse. La messe solennelle, avec la participation du choeur de la paroisse, doit débuter à 13h30 GMT et seuls les proches, parents et amis sélectionnés par la famille du sportif, pourront entrer dans la petite église, selon la même source.
Des hauts-parleurs doivent retransmettre la cérémonie religieuse pour la foule et pour les médias, venus de plusieurs pays pour suivre les obsèques, qui devront se masser sur les deux rives du canal dessiné par Léonard de Vinci traversant le centre historique de Cesenatico.
"Il était notre orgueil, nous l'avons beaucoup aimé", confie Vanda, 78 ans, une habitante complètement étrangère au monde du cyclisme.
"On savait qu'il avait des problèmes, mais il était devenu riche et il aurait pu se refaire une vie en s'occupant de choses qui l'intéressaient", soupire-t-elle, alors que les enquêteurs du Parquet de Rimini, où le coureur a été retrouvé mort dans une chambre d'hôtel samedi soir, étaient à la recherche d'un dealer qui lui aurait vendu de la drogue.
Journée de deuil
La municipalité a proclamé mercredi journée de deuil et a fait distribuer des affichettes sur fond jaune représentant le coureur faisant le V de la victoire avec l'inscription "Cesenatico: à son champion pour toujours".
L'un des deux fleuristes de la localité a indiqué avoir reçu de nombreuses commandes de couronnes mortuaires, dont une émanant d'Emmanuel Philibert de Savoie, fils de Victor Emmanuel, chef de la famille royale italienne.
Plusieurs coureurs cyclistes, dont le champion du monde, l'Espagnol Igor Astarloa (Cofidis), sont venus rendre hommage à la dépouille de leur ancien camarade à la morgue de Rimini.
Marco Pantani a été trouvé mort samedi soir dans une chambre d'un hôtel-résidence de la station balnéaire de cette ville, voisine de Cesenatico. Il a succombé à un oedème cérébral et pulmonaire, selon les premiers résultats de l'autopsie effectuée lundi. Mais le médecin légiste a précisé qu'il faudrait au moins plusieurs semaines pour pouvoir se prononcer sur les causes exactes de la mort du coureur. La presse italienne, qui a évoqué l'hypothèse d'un suicide, continuait mardi à essayer de comprendre la descente aux enfers de celui que l'on appelait le "Pirate" et à disséquer son existence.
L'argent sujet de disputes
Plusieurs journaux affirmaient ainsi que Marco Pantani et son père se disputaient au sujet de la gestion de l'argent gagné par le coureur et que ce dernier dépensait sans compter.
"Les rapports, déjà difficiles, entre père et fils, se sont complètement rompus quand le père lui a enlevé l'argent. Il ne lui a laissé qu'une carte de crédit avec un compte limité, selon La Stampa, le quotidien du groupe Fiat, citant "un dirigeant sportif". Le Corriere della Sera affirmait également, en première page, que Marco Pantani "se disputait avec son père qui gérait l'argent", à propos d'une éventuelle cure de désintoxication.
Le journal local Il Resto del Carlino indique seulement pour sa part que le père de Marco Pantani se contentait de "contrôler scrupuleusement les dépenses du fils qui a toujours aimé les voitures de luxe et les motos".
Au cours des derniers mois de son existence, Marco Pantani était "coupé du monde, en froid avec sa famille et en crise avec lui-même", a confié un ami d'enfance du coureur, Cesare Cortesi.
"Je ne sais pas s'il s'est suicidé, mais je n'arrive toujours pas à m'expliquer comment quelqu'un que j'ai connu fort et orgueilleux a pu sombrer dans une telle dépression et arriver à un tel dépérissement physique", s'est-il demandé en estimant que le succès et la richesse avaient peut-être été trop lourds à porter.
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