18 février 2004

Les habitants de Cesenatico
rendent hommage à Pantani

Stephen Ferrand

CESENATICO, Italie (Reuters) - Par centaines, les habitants de Cesenatico, la ville natale de Marco Pantani, ont défilé mardi devant le cercueil du champion cycliste italien retrouvé mort samedi soir dans une chambre d'hôtel de la ville voisine de Rimini.

Une autopsie préliminaire a révélé que le décès du vainqueur du Tour et du Giro 1998 était dû à une accumulation de sang dans le cerveau et les poumons, mais les causes exactes de la mort du "Pirate", mis en cause ces dernières

années dans plusieurs affaire de dopage, n'ont pas encore été élucidées. Le médecin légiste a simplement exclu l'hypothèse d'une mort violente.

Des magistrats enquêtent sur l'hypothèse selon laquelle Pantani se serait procuré de la cocaïne, un produit qui, associé aux médicaments antidépressifs qu'il prenait, aurait pu provoquer un décès, a-t-on appris de sources judiciaires.

Pantani était l'un des sportifs les plus populaires de la Péninsule jusqu'à sa disgrâce, en plein Tour d'Italie 1999, qu'il dut abandonner à la veille de l'étape finale pour un hématocrite trop élevé, qui peut indiquer sans la prouver une prise de substances illégales comme l'EPO.

Le cercueil de Pantani a été transféré mardi de la morgue de Rimini à l'église San Giacomo de Cesenatico, petite station balnéaire de l'Adriatique, qui devait garder ses portes ouvertes toute la nuit et jusqu'aux funérailles du champion programmées mercredi à 13h30.

30 000 PERSONNES ATTENDUES AUX OBSÈQUES
Seuls les proches et amis seront autorisés à pénétrer dans l'église pendant les obsèques, mais des hauts-parleurs permettront aux 30 à 40.000 personnes attendues d'écouter la cérémonie.

A l'arrivée du cercueil mardi après-midi, de nombreuses personnes s'étaient déjà rassemblées, applaudissant au passage du convoi funéraire.

Selon l'agence italienne Ansa, le corps de Pantani est revêtu d'un costume bleu nuit et de son habituel bandana, qui lui avait valu le surnom de "pirate".

Le cercueil a été placé près de l'autel, orné d'une grande couronne de fleurs jaunes et blanches et d'un portrait de Pantani souriant.

Quand des équipes de télévision ont été autorisées à pénétrer dans l'église, la mère du champion, Tonina Pantani, les a chassées. "Vous l'avez tué, vous l'avez persécuté pendant quatre ans. Laissez nous seuls pour le pleurer en silence!" a-t-elle lancé aux journalistes.

Après un premier hommage réservé aux parents et proches du cycliste, la foule des anonymes, en larmes pour la plupart, a pu à son tour rendre hommage à Pantani, signant un livre de condoléances, touchant brièvement le cercueil.

Parmi eux figuraient des dizaines de coureurs cyclistes, dont les anciens équipiers de Pantani Marco Velo et Igor Astarloa, l'actuel champion du monde sur route, ainsi que Felice Gimondi, l'actuel manager de l'équipe Mercatone Uno de Pantani.

L'"Elefantino" était devenu en 1998 le premier Italien à remporter le Tour de France depuis Gimondi, 33 ans plus tôt.

Pour Arnaldo Bartolini, un ami du champion qui allait chasser avec lui dans la campagne environnante, Pantani était "à part". "Personne d'autre que lui n'était capable d'enthousiasmer la foule comme il l'a fait dans les montagnes du Tour de France ou du Tour d'Italie."

"On en a fait un bouc émissaire pour tous les problèmes de dopage dans le cyclisme, mais il est le seul qui l'a payé de sa vie. Malheureusement, il s'est isolé de lui-même et a refusé de tourner la page et de continuer à vivre. Beaucoup de gens ont essayé de l'aider mais il a simplement refusé à chaque fois. Maintenant c'est trop tard."


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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