RIMINI (AFP) - La justice italienne a orienté mercredi sur la piste de la cocaïne son enquête après la mort du champion cycliste Marco Pantani, retrouvé samedi dans une chambre d'hôtel de Rimini, une station balnéaire sur l'Adriatique.
Le parquet de cette ville, où le corps du "Pirate" a été retrouvé sans vie, a ouvert mardi "une information contre X pour trafic de stupéfiants" dans le cadre de l'enquête sur la mort du coureur.
"La police passe au peigne fin le monde des dealers de Rimini, a affirmé mercredi la chaîne de télévision publique italienne RAI. Ce n'est pas une grosse opération, elle vise seulement à retrouver la même qualité de drogue qui a été trouvée chez Pantani."
Alors que Cesenatico, une petite ville non loin de Rimini, enterrait le champion surnommé le "Pirate", les amis de ce dernier étaient entendus par la police, selon des sources proches de l'enquête. Les policiers tentent de reconstruire la dernière semaine de la vie du coureur, ses déplacements et ses fréquentations à Rimini.
Selon la presse, les recherches visent à identifier "un homme à l'allure distinguée" qui aurait été vu discutant avec Marco Pantani dans son hôtel la veille du décès.
"C'était un secret de Polichinelle que Marco était devenu un toxicomane", "Chasse au dealer après la mort de Pantani", "Le Pirate tué par la cocaïne", pour la presse italienne le doute n'est plus de mise: la drogue est bien, au moins en partie, à l'origine de la mort du champion cycliste, vainqueur en 1998 du Tour de France et du Giro.
Marco Pantani a succombé à un oedème cérébral et pulmonaire, selon les premiers résultats de l'autopsie effectuée lundi. Il faudra cependant attendre plusieurs semaines pour avoir le résultat complet des analyses qui devraient permettre de déterminer les causes exactes de la mort.
Selon La Repubblica, qui cite un "important bureau du parquet" de Rimini, "les traces de poudre blanche relevées dans la chambre du coureur étaient bien de la cocaïne".
"C'était de la cocaïne, nous l'avons compris tout de suite. Nos policiers savent la reconnaître immédiatement, ici sur la Riviera, nous en saisissons tous les jours", a déclaré cette source au journal. Rimini est la plus grande station balnéaire italienne sur l'Adriatique, célèbre pour ses discothèques et fréquentée par des milliers de jeunes.
"Les dealers ne l'ont pas laissé vivre. Ils étaient toujours derrière lui", a pour sa part déclaré, dans une interview à au quotidien sportif français L'Equipe, le journaliste local Mario Pugliese qui connaissait Marco Pantani.
"Rimini, comme toutes les grandes villes de tourisme est une ville dangereuse, avec sa part d'ombre, une véritable criminalité, de nombreux trafics, avec la drogue qui circule", a ajouté M. Pugliese.
"Je sais que les amis de Marco ont tenté ces derniers mois de dresser un cordon sanitaire autour de lui. Ils ont contacté les dealers pour leur dire: maintenant ça suffit, Marco est en train de mourir, ne lui donnez plus rien", a-t-il déclaré mardi soir à la télévision italienne.
"Selon mes informations, ils ont même recueilli de l'argent pour le donner au dealer en échange de la promesse de laisser en paix le champion", a ajouté M. Pugliese. "La drogue ici, dans la région, a provoqué une véritable hécatombe parmi les jeunes. Il y a même eu des morts du sida", a dit à l'AFP une mère de famille.
Fait significatif, la région de Rimini abrite la plus grande communauté européenne pour la guérison des toxicomanes, San Patrignano, qui accueille 1800 toxicomanes en moyenne, outre 160 volontaires et éducateurs. 18.000 jeunes y sont passés depuis sa création en 1978.
Mgr Antonio Lafranchi, évêque de Cesena, a par ailleurs appelé le monde du sport à faire "un examen de conscience", au cours de la messe de funérailles du champion cycliste à l'église San Giacomo Apostolo, de Cesenatico, dans une allusion aux problèmes de drogue et de dopage.
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