Vingt mille tifosi ont assisté aux funérailles de Marco Pantani, sans doute tué par la cocaïne
CESENATICO Tandis que Marco Pantani était conduit à sa dernière demeure, au terme d'une cérémonie émouvante suivie, dans et aux alentours de la petite église San Giacomo Apostolo de Cesenatico, par une vingtaine de milliers de personnes, très souvent en pleurs, l'enquête sur sa mort mène droit à la drogue.
L'évêque de Cesena, qui présidait la messe, a appelé chacun à faire son «examen de conscience», allusion au dopage et à la drogue. Car selon des enquêteurs, le Pirate est décédé samedi après avoir absorbé un mélange de cocaïne et d'antidépresseurs. Des traces de poudre blanche ont été retrouvées dans la chambre où il est mort. Le parquet de Rimini a ouvert, «une information contre X pour trafic de stupéfiants». Hier, la police faisait la chasse aux dealers dans le but de retrouver la même drogue que celle découverte auprès de Pantani. Certains de ses amis ont aussi été entendus par les enquêteurs qui veulent retracer son récent emploi du temps.
Mario Pugliese, un ami d'enfance du coureur, devenu journaliste au quotidien local, a dévoilé aussi les efforts, parfois pathétiques mais vains, faits par l'entourage de Marco Pantani pour tenter de l'éloigner de la drogue. Il y a quelques jours encore, l'ancien maillot rose et jaune aurait retiré en liquide une somme de vingt mille euros dont bien peu ont été retrouvés et qui, plus que vraisemblablement, lui a servi à s'acheter de la cocaïne. Un «homme à l'allure distinguée», aperçu en discussion avec Pantani la veille de son décès, est notamment recherché.
Tandis que les journalistes étaient tenus écartés, et que les commerces de Cesenatico restaient fermés, seuls ses proches et amis, ses équipiers de la Mercatone, de nombreux coureurs (Bartoli, Motta, Gaul, Ballerini, Cipollini, Adorni, Moser,...) et le champion de ski Alberto Tomba ont pu prendre place dans la minuscule église envahie par les fleurs et messages de soutien. Une partie des textes découverts près du corps de Pantani a été lue, dévoilant la douleur du Pirate.
«... mes collègues ont été humiliés dans les hôtels avec des caméras cachées (...) qui ont cherché à briser des familles», a-t-il écrit. » Si j'ai fait des erreurs, j'aimerais qu'on me le prouve. Mais quand ma vie sportive et surtout ma vie privée ont été violées, j'ai été perdu.»...
Eric de Falleur
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