Stephen Farrand
CESENATICO, Italie (Reuters) - Supporteurs et proches en pleurs ont rendu mercredi un dernier hommage au cycliste italien Marco Pantani, qui pourrait être décédé samedi après avoir absorbé un mélange de cocaïne et d'antidépresseurs, ont fait savoir les enquêteurs.
"Marco, permets-nous d'examiner sérieusement nos consciences, d'observer le sport et tout ce qui est brisé dans le sport", a déclaré l'évêque Antonio Lanfranchi dans son sermon prononcé dans l'église San Giacomo de Cesenatico, la même où le coureur a été baptisé, il y a 34 ans.
"L'homme est plus grand que ses victoires et ses défaites. L'homme vaut davantage que le cycliste (...). Dans le corps du champion bat le coeur d'un enfant (...)", a-t-il dit.
Seuls la famille et les proches du "Pirate", parmi lesquels certains de ses anciens compagnons de peloton et le skieur italien Alberto Tomba, avaient été autorisés à prendre place dans cette église.
Mais à l'extérieur, des milliers de supporteurs suivaient grâce à des haut-parleurs les funérailles du coureur, dans sa ville natale de la côte nord-est de l'Italie.
Dans le public, des fans aux couleurs du maillot jaune de leader du Tour de France, d'autres brandissant des drapeaux à l'effigie du "Pirate", des fleurs et des messages déposés.
"PERDU"
Pantani, qui a électrisé les foules de la Grande boucle et du Giro par ses attaques de pur grimpeur, est mort samedi soir dans un hôtel de Rimini en raison d'une accumulation de sang dans son cerveau et dans ses poumons, mais les causes exactes de son décès n'ont pas encore été élucidées. La piste d'une mort violente a toutefois été écartée par l'autopsie.
Il était l'un des plus populaires sportifs de la péninsule jusqu'à sa disgrâce, en plein Tour d'Italie 1999, qu'il dut abandonner la veille de l'étape finale pour un hématocrite trop élevé, qui peut indiquer, sans la prouver, une prise de substances illégales comme l'EPO.
De sources judiciaires, on affirme que des traces de ce qui ressemble à de la cocaïne ont été retrouvées dans la chambre du coureur. Les enquêteurs cherchaient à vérifier si le décès a pu être provoqué par une prise de cette drogue cumulée aux médicaments que Pantani prenait contre sa dépression.
Le maire de Cesenatico, qui n'avait plus vu autant de supporteurs de Pantani réunis dans sa ville natale depuis sa victoire dans le Tour en 1998, avait déclaré une journée de deuil. Les magasins de la petite station balnéaire sont restés fermés pendant l'après-midi et des affiches de Pantani ont fleuri sur les devantures des commerces.
La plupart des médias, qui ont traqué les hauts et les bas de la carrière de Pantani dans leurs moindres détails, étaient pour la plupart tenus à l'écart de la cérémonie.
Pendant les funérailles, une partie des pages retrouvées près du corps du coureur a été lue, montrant la colère, la frustration et la tristesse que ressentait alors Pantani.
"Le monde sait que tous mes collègues ont été humiliés dans leurs chambres d'hôtel avec des caméras cachées (...) qui ont cherché à briser des familles", a-t-il écrit.
"Si j'ai fait des erreurs, j'aimerais qu'on me le prouve. Mais à partir du moment où ma vie sportive et surtout ma vie privée ont été violées, j'ai été perdu."
Rien ne permet de déterminer quand ces pages ont été écrites. Mais il semble qu'une partie l'ait été lors d'un récent voyage du coureur à Cuba.
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