19 février 2004
Plusieurs milliers de personnes, des cyclistes mais également des citoyens ordinaires, ont rendu un dernier hommage à Marco Pantani lors de ses obsèques dans la station balnéaire de Cesenatico, sa ville natale. L'enquête s'oriente sur la piste de la cocaïne.
Tous les membres de son équipe, Mercatone Uno, l'entraîneur de l'équipe d'Italie de cyclisme Franco Ballerini, l'ancien skieur Alberto Tomba, ainsi que de nombreux cyclistes, étaient présents. Quelque 20 000 personnes étaient rassemblées à l'extérieur et à l'intérieur de la petite église où s'est déroulée la cérémonie religieuse.
Marco Pantani, 34 ans, a été retrouvé mort dans une chambre d'hôtel de Rimini samedi soir. L'autopsie effectuée lundi a révélé qu'il était mort des suites d'un oedème cérébral dont les causes restent encore à déterminer. Une dizaine de flacons de tranquillisants ont été découverts dans sa chambre.
La mort du vainqueur du Tour de France et du Tour d'Italie en 1998 a profondément choqué l'Italie. Surnommé «Le pirate» à cause du bandana qui recouvrait son crâne chauve et de la boucle d'oreille qu'il portait, Pantani rivalisait de popularité en Italie avec les plus grandes vedettes du football.
De nombreuses banderoles rendant hommage au champion décoraient sa ville natale, tandis que certaines personnes avaient entouré leurs bras d'un bandana.
Selon Michele Fiumi, un responsable de Cesenatico, environ 3.000 personnes se sont agenouillées devant son cercueil mardi après-midi dans l'église San Giacomo Apostolo, laissant des fleurs et des petits mots, ou priant en silence. Les obsèques se sont déroulées dans cette église, qui peut accueillir jusqu'à 300 personnes.
Marco Pantani avait souffert de dépression dans le passé, mais les enquêteurs ont écarté la possibilité d'un suicide, une hypothèse qui a beaucoup circulé dans la presse. Frappé par les accusations de dopage ces dernières années, Pantani était arrivé à Rimini quelques jours avant sa mort. L'été dernier, il avait passé plusieurs semaines dans une clinique spécialisée dans le traitement des dépressions et des dépendances.
Armstrong: "Un véritable choc"
La mort de Marco Pantani «est un véritable choc pour moi et pour le cyclisme», a déclaré mercredi l'Américain Lance Armstrong, à Albufeira, avant le départ de la première étape du Tour de l'Algarve. «C'était un bon compagnon et un grand champion. Je suis vraiment triste. J'ai appris la nouvelle la nuit de sa mort. Ce fut désagréable.
Cette nuit-là, j'étais très triste», a déclaré le quintuple vainqueur du Tour de France. Avant de prendre le départ de la première étape du Tour de l'Algarve, le peloton a respecté une minute de silence à la mémoire de Marco Pantani.
La cocaïne au centre de l'enquête
La justice italienne a orienté son enquête, mercredi, sur la piste de la cocaïne après la mort de Marco Pantani.
Le parquet de Rimini, où le corps du "Pirate" a été retrouvé sans vie, a ouvert, mardi, "une information contre X pour trafic de stupéfiants" dans le cadre de l'enquête sur la mort du coureur.
"La police passe au peigne fin le monde des dealers de Rimini", a affirmé, mercredi, la chaîne de télévision publique italienne RAI. "Ce n'est pas une grosse opération, elle vise seulement à retrouver la même qualité de drogue qui a été trouvée chez Pantani".
Alors que Cesenatico enterrait le champion, les amis de ce dernier étaient entendus par la police, selon des sources proches de l'enquête. Les policiers tentent de reconstruire la dernière semaine de la vie du coureur, ses déplacements et ses fréquentations à Rimini. Selon la presse, les recherches visent à identifier "un homme à l'allure distinguée" qui aurait été vu discutant avec Marco Pantani dans son hôtel la veille du décès.
"C'était un secret de Polichinelle que Marco était devenu un toxicomane", "Chasse au dealer après la mort de Pantani", "Le Pirate tué par la cocaïne", pour la presse italienne le doute n'est plus de mise: la drogue est bien, au moins en partie, à l'origine de la mort du champion cycliste, vainqueur en 1998 du Tour de France et du Giro.
Marco Pantani a succombé à un oedème cérébral et pulmonaire, selon les premiers résultats de l'autopsie effectuée lundi. Il faudra cependant attendre plusieurs semaines pour avoir le résultat complet des analyses qui devraient permettre de déterminer les causes exactes de la mort.
Selon La Repubblica, qui cite un "important bureau du parquet" de Rimini, "les traces de poudre blanche relevées dans la chambre du coureur étaient bien de la cocaïne".
"C'était de la cocaïne, nous l'avons compris tout de suite. Nos policiers savent la reconnaître immédiatement, ici sur la Riviera, nous en saisissons tous les jours", a déclaré cette source au journal. Rimini est la plus grande station balnéaire italienne sur l'Adriatique, célèbre pour ses discothèques et fréquentée par des milliers de jeunes.
"Je sais que les amis de Marco ont tenté ces derniers mois de dresser un cordon sanitaire autour de lui. Ils ont contacté les dealers pour leur dire: maintenant ça suffit, Marco est en train de mourir, ne lui donnez plus rien", a déclaré Mario Pugliese, un journaliste qui connaissait le cycliste, mardi soir à la télévision italienne. "Selon mes informations, ils ont même recueilli de l'argent pour le donner au dealer en échange de la promesse de laisser en paix le champion".
Antonio Lafranchi, évêque de Cesena, a par ailleurs appelé le monde du sport à faire "un examen de conscience", au cours de la messe de funérailles du champion cycliste à l'église San Giacomo Apostolo, de Cesenatico, dans une allusion aux problèmes de drogue et de dopage.
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