Un an après la mort du grimpeur italien, un cortège a défilé devant sa tombe. Deux milles fidèles rendent hommage à Marco Pantani.
Cesenatico, de notre envoyé spécial Guillaume Prébois
"Marco Pantani : 13.01.1970 - 14.02.2004." Un an après le décès du coureur, à la suite d'une overdose de cocaïne, environ 2 000 personnes ont défilé, dimanche 13 février, devant sa tombe, à Cesenatico, en Emilie-Romagne. Le cycliste italien, qui s'envolait dans les cols, avant d'être soupçonné de dopage, repose aujourd'hui près de son grand-père Sotero, dans une niche funéraire logée deux mètres au-dessus des dalles froides du "cimetière des pêcheurs".
La tombe est fleurie et décorée de photos du sportif. Ses admirateurs murmurent une prière, se signent, envoient un baiser léger du bout des doigts, déposent une fleur, écrivent une pensée dans le livre d'or, ou chuchotent un "Ciao Marco".
Le cortège commémoratif a lentement pris forme devant l'église San Pietro Pescatore, à 200 mètres du cimetière, où une messe, diffusée à l'extérieur par des haut-parleurs, s'est tenue à 14 h 45.
En ce dimanche, un malaise diffus flotte pourtant dans l'air printanier. Chacun cherche sa place et un visage de circonstance. Les parents du champion marchent en tête, silencieux et graves. Les enfants de l'équipe cycliste de Forli, rebaptisée "Pantani Corse" ("Pantani courses"), ouvrent maladroitement le chemin sur leur vélo jaune. Tonina, la mère, s'est réfugiée dans le silence après avoir crié son désespoir dans les journaux. Paolo, le père, le visage douloureux, lâche : "Marco a lutté, il a souffert, mais il n'a pas résisté, je suis sûr qu'il nous regarde de là-haut et qu'il nous pardonne."
Plus loin, un adolescent agite le drapeau noir du Pirate - le surnom du coureur - dans le vent qui souffle de l'Adriatique. Certains ont coiffé le célèbre bandana jaune que le défunt jetait sur le bord de la route lorsqu'il portait ses attaques. Maillots et foulards sont vendus par la Fondation Marco Pantani Onlus, une organisation caritative dont le responsable, Stefano Traldi, assure que l'objectif est d'"assurer la pérennité du nom de Marco en l'associant à de bonnes œuvres".
"Vous vous rendez compte, il est mort un soir de Saint-Valentin, seul comme un chien, dans un hôtel anonyme de Rimini. On est tous coupables", se désespère Nicola, 23 ans, qui vient de Bologne. Vittorio Savini, dirigeant du principal fan-club de Marco Pantani, explique qu'il compte encore "un millier d'adhérents" et que, chaque lundi, quelques-uns se réunissent pour "visionner les exploits de Marco sur cassette vidéo".
Les lacets d'un col
Une sensation d'inachevé gagne les participants, une fois le court pèlerinage accompli. L'inauguration d'une statue de bronze à l'effigie du champion a été annulée. Le musée qui lui est consacré, dont l'ouverture est prévue en mai, n'est pour l'heure qu'un squelette de ciment. La chambre 5D de l'hôtel Le Rose, à Rimini, où Marco Pantani est mort, a été détruite. Aucun homme politique de renom n'est présent lors de la cérémonie. Et les coureurs et ex-coureurs professionnels ayant fait le déplacement se comptent sur les doigts d'une main.
Les derniers admirateurs du grimpeur, bientôt, pourront pourtant lui rendre hommage devant une sépulture monumentale, avec pierres de parement, où son cercueil va être transféré. Son toit, qui s'enroule comme les lacets d'un col, sera orné d'une roue de vélo transpercée d'une croix.
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